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28 mars 2024

Serais-je lesbienne plutôt que bisexuelle?

Bonjour,
Je m’appelle Elena et j’ai 28 ans depuis toute petite je me suis toujours senti, attirée par les femmes et les hommes. Certes j’ai eu beaucoup plus de relations amoureuses avec des garçons car je vivais dans une région ou le mot lesbienne, gay, bi, trans, tous ça était tabou. Aujourd’hui j’ai rencontré une fille avec qui je me sens bien en total osmose, c’est comme si le destin nous avait réunit et c’est pareil pour elle et je me rend compte, que je me sens plus l’aise dans une relation avec une femme dans tout les niveaux. Avec les hommes, je peux tomber amoureuse mais je ne vais pas éprouvé d’attirance sexuel, je n’arrive pas à prendre du pLaisir c’est plus une torture pour moi qu’autre chose et intellectuellement parlant c’est pas ça. Dans ma famille on ma toujours dit quand j’étais ado et que je venais à parler de mon orientation: d’homosexualité de bisexualité , que tout simplement je me cherchais, alors que au fond de moi je savais que j’avais de l’attirance et du désir pour les filles. Après par la suite quand j’ai fait mon coming out à ma mère elle à du mal à le digéré au debut et maintenant ça va beaucoup mieux elle m’accepter telle que je suis. Mais la j’en viens à me questionner donc sur le fait d’être non pas bisexuelle mais totalement Lesbienne ? Peut-être parce que la peur de s’avouer qu’au fond je n’aime que les femmes et que les hommes étaient un substitue. Je suis un peu perdu.
MERCI de bien vouloir m’éclairé sur ce sujet.

Elena

Guillaume Perrier

Bonjour Elena! 🙂

Merci grandement pour la confiance que tu accordes envers l’équipe d’AlterHéros! C’est super touchant de te lire concernant la nouvelle fille que tu as rencontrée! Je suis réellement content pour vous deux, votre relation semble super belle. 🙂

Si je comprends bien ta situation, tu te demandes si tu ne serais pas lesbienne plutôt que bisexuelle. Ta nouvelle relation amoureuse auprès de cette fille se passe tellement bien que celle-ci t’ouvre certaines réflexions entourant ton orientation sexuelle et tu t’autorises ainsi une sorte de rétrospective sur tes relations du passé, en particulier celles avec des hommes. Tu te demandes aujourd’hui si tu n’utilisais pas le terme bisexuelle par crainte de t’avouer à toi-même que tu n’aimes que les femmes.

J’aimerais t’abord te rassurer : ce genre de questionnements est entièrement sain et normal. Je trouve même cela super positif que tu t’autorises à réfléchir à tes attirances, à la façon que tu souhaites t’identifier, le tout en contextualisant les différentes et possibles pressions sociales entourant la diversité des orientations sexuelles que nous pouvons être confrontées en grandissant. Néanmoins, l’orientation étant quelque chose de super personnel et d’intime à chaque personne, tu demeures la meilleure personne pour pouvoir mettre des mots sur ton orientation sexuelle. Je ne peux ainsi pas me prononcer à ta place à savoir si tu es lesbienne ou bisexuelle, mais je peux toutefois t’offrir quelques pistes de réflexions! Sache que peu importe le résultat de tes réflexions, le choix des mots pour définir la complexité et la beauté de tes attirances demeure valide!

Pour commencer, laisse-moi citer cette récente réponse que j’ai écrite : «L’important à se rappeler, c’est que les orientations sexuelles sont d’abord et avant tout des mots pour décrire des expériences humaines parfois très complexes! C’est le choix de chaque personne à déterminer quels termes lui correspond le mieux – et si elle veut en choisir un! Il faut aussi garder en tête que la façon que l’on s’identifie aujourd’hui et la façon que nos attirances se manifestent aujourd’hui peuvent varier dans le temps, au rythme de certaines rencontres, de certaines découvertes, de certaines explorations ou même de certaines curiosités. Il n’y a aucun mal à cela! 🙂 En gros, les principales composantes de l’orientation sexuelle sont les désirs, les comportements et l’identité. Pour citer ma collègue : ”Les désirs, ce sont nos attirances et envers qui elles se déclarent (est-ce qu’on est plutôt attiré‧e par tel ou tel type de corps, tel ou tel type de personne, qui on aurait envie d’embrasser, etc.). Les comportements, ce sont les actions que l’on pose réellement, à l’inverse des désirs qui renvoient à l’imaginaire (ex : avoir embrassé notre amie, avoir eu une relation sexuelle avec un homme, avoir regardé les fesses d’une personne dans la rue). Finalement, l’identité, c’est l’appropriation et le choix de mots pour se décrire par rapport à notre identité sexuelle (hétéro, lesbienne, bisexuel‧le, etc.)”.» En d’autres mots, les termes comme hétéro, bisexuelle, lesbienne ou asexuelle sont d’abord et avant tout des outils pour mettre des mots sur des expériences, des désirs et des identités. Une fille qui a des désirs (romantiques ou sexuels) à la fois pour des gars et des filles, mais des comportements sexuels principalement avec des filles, pourrait par exemple s’identifier comme bisexuelle, car cela correspond à ses désirs, ou comme lesbienne, car cela correspond à ses comportements, ou tout autre mot qui lui fait sentir bien! L’important, c’est uniquement d’être confortable avec les mots que nous choisissons. Et surtout, il n’y a pas de presse! Ces mots peuvent changer et fluctuer. Et c’est vraiment correct!

Ensuite, tu fais référence au fait que tu as grandi dans un environnement social peu bienveillant à l’égard de la diversité sexuelle et de genre. C’est malheureusement encore le cas pour une très grande majorité d’entre nous! Et c’est tout un défi, lorsqu’on grandit, d’apprendre à mieux se connaître tout en déconstruisant tous les biais, la honte et les préjugés que nous avons inconsciemment intériorisés envers soi-même et envers toutes les autres personnes LGBTQ+. J’aimerais poursuivre en te partageant une citation d’Alexander Leon, un activiste pour les droits des personnes LGBTQ+. Elle est en anglais, je me permets donc une traduction personnelle si tu es moins familière avec la langue anglaise : Les personnes queer (ou LGBTQ+) ne grandissent pas en étant elles-mêmes, mais nous grandissons en jouant une fausse version de nous-même, en sacrifiant notre authenticité pour minimiser l’humiliation et les préjugés. Notre principale tâche en grandissant en tant qu’adulte  est de déceler quelles parties de nous-mêmes nous appartiennent vraiment et quelles parties avons-nous créer pour nous protéger. 

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Je ne sais pas si cette citation résonne dans ta propre expérience personnelle? Pour ma part, j’ai rarement trouvé une citation aussi parlante pour décrire mon propre parcours personnel lié à la compréhension et l’acceptation de mon homosexualité. Mais je serais super curieux de t’entendre à ce niveau!

En gros, ce que Alexander Leon décrit, c’est ce que l’on nomme la contrainte à l’hétérosexualité, voire même l’hétéronormativité, soit le fait de considérer l’hétérosexualité comme étant la norme à suivre et comme étant une orientation plus importante que les autres. Bien sûr, toi et moi pouvons certainement critiquer cette norme et aller à l’encontre de ces standards, mais ce n’est pas toujours facile. Pour citer une ancienne réponse : «Plusieurs jeunes bisexuel‧le‧s ou homosexuel‧le‧s grandissent en intériorisant un sentiment de honte à l’égard de leur orientation sexuelle. Notre principal défi en grandissant est de déconstruire tous ces préjugés que nous avons inconsciemment intériorisés et de transformer ce sentiment de honte en quelque chose de plus positif ; en un sentiment de fierté d’être simplement nous-mêmes. Ce n’est pas quelque chose de facile pour tout le monde, c’est pourquoi il est important de s’entourer de personnes envers qui nous avons confiance et de respecter notre propre rythme dans ce processus. Il n’y a pas de presse.» Conséquemment, c’est tellement normal d’avoir des idées possiblement négatives entourant la bisexualité ou l’homosexualité lorsque ça peut possiblement nous concerner nous-mêmes! Ce n’est pas de notre faute, mais tu as tous les outils pour avancer dans ces réflexions.

Il est possible, pour revenir plus directement à ta question, que tu te sois partiellement protégée dans le passé du regard des autres en entretenant des liaisons amoureuses et sexuelles avec des hommes. Il est possible que c’était moins confrontant pour toi, dans le passé, de revendiquer une étiquette bisexuelle plutôt que lesbienne. Cela n’empêche pas que ces sentiments amoureux envers les hommes étaient entièrement valides et authentiques! C’est aussi super parlant que tu précises que tu n’as jamais eu de plaisir avec des hommes et que tu qualifies la sexualité avec ceux-ci comme étant une forme de torture. En aucun cas on ne devrait avoir de la sexualité lorsque nous en n’avons pas envie…! Toutefois, c’est aussi super normal et sain de ressentir une différence entre notre orientation sexuelle et romantique. Certaines personnes ont la capacité de ressentir des sentiments amoureux à la fois pour certains hommes et certaines femmes, mais n’ont la capacité de ressentir des attirances sexuelles que pour les femmes par exemple. Dans tous les cas, il est certain qu’il n’y a que toi qui puisses réellement savoir ce que tu ressens.

Maintenant, est-ce que tu es bisexuelle ou lesbienne? Je ne peux point répondre. Mais ce que je peux néanmoins te confirmer, c’est que peu importe le terme que tu souhaites utiliser, tu as entièrement la légitimité de le réclamer! Si tu souhaites poursuivre à t’identifier comme femme bi parce que ceci reflète mieux la diversité de tes expériences et l’étendu de tes attirances romantiques, c’est super bien! Il y a plein de façons d’être bisexuel‧le et c’est vraiment okay d’être bi tout en ayant une préférence pour un certain gerne! Si tu souhaites utiliser maintenant le terme lesbienne parce que tu es de plus en plus à l’aise et confortable dans tes attirances romantiques et sexuelles envers des femmes et parce que tu n’es pas intéressée à avoir de nouveau une intimité physique avec des hommes, c’est aussi super bien! Les orientations sexuelles et romantiques ne sont pas nécessairement super fixes et rigides, et surtout, elles peuvent fluctuer dans le temps! Chaque individu est plein de nuances! Par exemple, je suis un homme gai, mais j’ai déjà eu des expériences sexuelles et romantiques avec des femmes. Le terme gai ou queer sont les termes qui correspondent le mieux à comment je me sens, ici et maintenant, même si j’ai déjà revendiqué le terme bisexuel pendant un certain temps de ma vie! Mais cela peut encore changé! Je ne suis pas fermé non plus à redéfinir mes attirances dans le futur en fonction de futures rencontres que je peux faire! C’est ma nuance à moi. Et toi, quelles sont tes nuances personnelles? 🙂

Simple petite précision avant de conclure, il existe encore le stéréotype selon lequel on associe la bisexualité à une  »phase », au fait d’être  »indécis‧e » ou à des  »personnes homo qui ont du mal à s’assumer ». Il s’agit, encore là, de pression sociale, de biais ou de préjugés que nous devons collectivement déconstruire, mais qu’il est possible qu’ils aient inconsciemment influencés notre propre compréhension de soi. Il s’agit ici de stéréotypes et ceux-ci sont, par définition, entièrement faux. Si je précise cela en ce moment, c’est que la bisexualité est une orientation sexuelle à part entière qui s’exprime différemment pour chaque personne bisexuelle! Tu peux consulter cette réponse si tu souhaites lire davantage sur ce sujet : J’ai beaucoup de questions entourant ma bisexualité…

Au final, je t’invite à consulter ces différentes questions qui sauront compléter mes propres mots! 🙂

En guise de conclusion, autorise-moi à citer cette récente réponse : «Mes recommandations? T’autoriser le fait de prendre du temps à démêler tout ce qui concerne tes différentes attirances, t’autoriser à changer de discours au rythme de tes réflexions, t’autoriser à expérimenter si tu en as envie, t’autoriser à réfléchir sur l’importance ou non d’une étiquette pour définir ton orientation sexuelle, t’autoriser à réfléchir à la possibilité de définir différemment nos attirances romantiques et nos attirances sexuelles, t’autoriser à écouter tes désirs, tes besoins, tes limites et tes craintes. T’autoriser à te questionner sur la source de ces dites craintes. Et surtout, t’autoriser à nous écrire de nouveau si tu en ressens le besoin. Deal? »

Merci encore une fois pour ta confiance! N’hésite pas à nous écrire à nouveau, que ce soit pour nous donner de tes nouvelles, pour rebondir sur certains éléments de cette présente réponse ou pour nous adresser de nouvelles questions! On est là pour toi. 🙂

Chaleureusement,

Guillaume (il/he), pour AlterHéros

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