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28 septembre 2020

Le mot bisexuel ne me définit pas, comment me définir si mes attirances ne cessent de fluctuer?

Salut Alterheros,

Je n’arrête pas de changer, je suis un peu perdu.
Comment me définir ?
Ado, j’étais persuadé être gay de 11 à 17 ans, avec tout le temps envie de sexe avec des mecs de mon âge, c’était de la folie, mais trop timide à l’époque pour oser.
De 17 à 19 ans, j’étais persuadé être hétéro avec tout le temps envie de sexe avec des femmes, c’était aussi de la folie, mais aussi encore trop timide pour essayer.
De 19 à 25 ans, de nouveau gay.
De 25 à 28 ans hétéro.
Et là encore gay à 29 ans.

Mes premières expériences sexuelles avec quelqu’un ont été tardives (je ne savais pas sur quel pied danser avant de me dire «il faut te lancer sans honte» à 21 ans et en prenant courage sur ma timidité).
Mes toutes premières ont donc été gays à partir de 22 ans et mes toutes premières avec des femmes à partir de 26 ans.

Je suis seul actuellement, mes relations n’ayant jamais dépassé le stade de quelques mois !

Le mot bisexuel ne me définit pas du tout et je n’aime pas ce terme pour moi, durant chaque phase, je suis très axé sur une seule genre de personne (soit homme, soit femme) pendant plusieurs années mais jamais sur les 2 genres en même temps ou très peu.
Je ne sais pas ce qui déclenche ces phases. Avez vous une idée ?

Je ne sais pas quel terme utiliser pour ces personnes sans les blesser dans mon message (désolé, beaucoup perdu aussi là-dessus avec toutes les définitions qu’il y a maintenant sur le web), mais avec le temps, si ça arrivait un jour, je me suis aussi ouvert à la possibilité d’aimer romantiquement et avoir des rapport sexuels avec d’autres personnes qui ne se définissent ni homme – ni femme, ou qui auraient changé de sexe au cours de leur vie ou avec des hommes avec un corps féminin ayant gardé un sexe masculin, ou une femme avec un corps masculin ayant gardé un sexe féminin.
Je ressens de l’excitation romantique et sexuelle à rencontrer et découvrir des personnes différentes du classique duo homme/femmes.
Si ça arrivait, ça serait tout nouveau pour moi.

Je n’ai jamais fait de coming-out, mes attirances fluctuant trop dans la durée.
Comment m’identifier et mettre des mots sur ce que je vis, c’est le bordel dans ma tête, c’est un peu stressant toutes ces fluctuations sexuelles ?
Pouvez vous me donner des pistes et des clés pour me mettre au clair dans ma tête et me déstresser ?

Julien.

Marianne

Bonjour Julien! 

 

Ça prend toujours une bonne dose de courage pour partager ses incertitudes, merci de t’adresser à AlterHéros et de nous faire confiance avec tes interrogations! Je te félicite au passage d’avoir réussi à surmonter ta grande timidité pour te rapprocher de personnes qui te plaisent, ce n’est pas rien! Tu nous écris parce que tu es perdu et que tu ne sais pas comment te définir. Tu expliques que tes attirances sont changeantes. Tu te sens, pendant de longues périodes et en alternance, très attiré par les femmes, puis très attiré par les hommes. Par ailleurs, tu es enthousiaste à l’idée de rencontrer des personnes qui ne correspondent pas au modèle binaire traditionnel « homme ayant (toujours eu) un pénis / femme ayant (toujours eu) un vagin ». Tu te demandes quels mots mettre sur ta situation et comment te sentir plus apaisé devant ces fluctuations qui te causent du stress. J’espère que mon message t’apportera des pistes de réflexion éclairantes.

 

D’abord, je tiens à te dire que tu n’es absolument pas tout seul à vivre la réalité que tu décris (par exemple, tu peux cliquer ici pour consulter la réponse envoyée à une autre personne qui ne savait pas dans quelle case se loger en raison de ses attirances changeantes). C’est très fréquent de ressentir de l’attirance envers des gens de différents genres, à des degrés variables au cours de sa vie. Je connais personnellement un grand nombre d’individus dans cette situation qui, comme toi (et moi 😉), ont traversé des périodes d’intense questionnement, à la recherche des bons termes pour se définir. 

 

Je ne crois pas être en mesure d’identifier les éléments qui font que tu te sentes parfois attiré par un genre plutôt qu’un autre. De nombreux facteurs peuvent entrer en jeu et s’influencer les uns les autres. Est-ce que tu as remarqué des indices à ce sujet? Est-ce que ça te semble envisageable de vivre avec tes attirances sans nécessairement pouvoir en décortiquer toutes les causes? 

 

Je te propose un peu de vocabulaire, quelques outils théoriques et langagiers pour t’aider à te retrouver. En ce qui concerne ta recherche de termes pour t’identifier, tu sembles déjà avoir commencé à bien t’informer et posséder une bonne base 🙂. Es-tu familier avec les mots abrosexuel.le, abrosexualité, abroromantique et abroromantisme? Il s’agit de termes popularisés relativement récemment. Ils sont utilisés pour désigner les personnes dont l’orientation sexuelle et/ou romantique est fluctuante. Penses-tu que ces mots cernent bien ta réalité? 

 

Ash Hardell, qui a d’ailleurs signé (sous un autre nom) le livre The ABC of LGBT+, a réalisé une capsule YouTube sur l’abrosexualité. Tu peux la consulter en cliquant ici (le début est principalement constitué de petites blagues, tu peux aller directement écouter le passage allant de 3 min. 25 sec. à 4 min. 25 sec. pour le contenu plus informatif). Je te propose également de jeter un coup d’œil à ce guide rédigé par l’organisme américain The Trevor Project. La page numéro 3 (5e page du fichier PDF) liste plusieurs orientations ayant en commun l’attirance envers plus d’un genre. J’ajoute quelques précisions concernant certains des termes les plus fréquents et rappelle qu’il est tout à fait possible et légitime d’adopter plus qu’une étiquette pour se décrire. 

 

Les personnes bisexuelles/biromantiques peuvent ressentir du désir sexuel/des sentiments amoureux envers certaines personnes qui ont le(s) même(s) genre(s) qu’elles ainsi qu’envers certaines personnes qui n’ont pas le(s) même(s) genre(s) qu’elles. Contrairement à ce qu’on entend parfois, être bisexuel.le ou biromantique n’implique pas nécessairement de ressentir une attirance égale envers des gens de divers genres. On peut être bisexuel.le ou biromantique tout en étant plus souvent ou plus vivement attiré.e par des personnes d’un genre plutôt que d’autres. Il y a autant de façon de vivre une bisexualité qu’il y a de personnes bisexuelles. Ces petits diagrammes l’illustrent bien. Par ailleurs, ma collègue Cat répond à plein de différentes questions sur la bisexualité. Je tiens simplement à te préciser que la bisexualité n’est pas nécessairement de se sentir attiré.e, ici et maintenant, par des personnes de différentes identités de genre, mais plutôt d’avoir la capacité de ressentir des attirances pour des personnes de différents genres et que, oui, ces attirances peuvent varier au rythme du temps, au rythme de nos rencontres sociales, au rythme de nos besoins ou de nos curiosités, etc. 

Les gens pansexuels/panromantiques peuvent ressentir du désir sexuel/des sentiments amoureux envers certaines personnes, peu importe le(s) genre(s) de ces dernières. Les mots pansexuel.le et panromantique sont formés à partir de la racine grecque pân, qui signifie « l’ensemble », « la totalité ». Selon les circonstances, une personne pansexuelle ou panromantique pourra donc être attirée par des gens de tous les genres, de n’importe quel(s) genre(s), sans que ce(s) genre(s) ne soi(en)t un critère déterminant de l’attirance. 

 

Par ailleurs, même si la pression ressentie peut être très forte à cet égard, il n’est pas obligatoire de s’identifier à partir de termes très pointus. Par exemple, il existe plusieurs individus qui choisissent simplement de dire que leur orientation est fluide, sans préciser davantage. C’est absolument valide. 

 

Est-ce que queer est un mot que tu connais? Il s’agit originellement d’une insulte anglophone signifiant « étrange » ou « bizarre », insulte visant les personnes dont le(s) genre(s), l’orientation sexuelle, l’orientation romantique, les pratiques sexuelles, etc. diffèrent du modèle dominant traditionnel (modèle qui se présente à la fois comme hétéro, cisgenre, monogame, respectant les codes conventionnels de féminité et de masculinité, étranger aux pratiques BDSM, rejetant les personnes qui font le travail du sexe, etc.). De nombreuses personnes issues notamment des minorités sexuelles et/ou de genre se sont réapproprié le mot queer. C’est un terme vaste qui recoupe un très grand nombre d’éléments. Il est maintenant utilisé sans connotation négative dans plusieurs contextes : 

  • pour décrire une personne n’étant pas à la fois cisgenre et hétéro;
  • pour mettre de l’avant des identités ou des orientations fluides;  
  • pour célébrer et revendiquer certaines ruptures, certaines différences, avec le modèle dominant classique (il ne s’agirait pas simplement d’être toléré.e. en marge du modèle dominant, mais de se sentir valide, digne et légitime sans avoir à se plier au fonctionnement du modèle dominant, sans avoir à s’effacer ou à s’édulcorer pour préserver l’ordre établi); 
  • pour rejeter les systèmes binaires, les modèles de pensée qui induisent une classification rigide forçant les individus à choisir l’une de deux options très strictement définies (ex. : « entièrement et exclusivement femme OU entièrement et exclusivement homme », « entièrement et exclusivement homo OU entièrement et exclusivement hétéro », etc.);
  • pour valoriser, légitimer et célébrer une multiplicité de possibilités exclues, voire condamnées par le modèle dominant;
  • pour refuser des qualificatifs fixes et précis qui, en raison de leur rigidité, ne seraient pas en mesure de rendre compte des innombrables nuances de la réalité;   
  • etc. 

Pour en savoir un peu plus sur les ramifications du mot queer, je te propose de consulter d’autres réponses d’AlterHéros : celle de Guillaume, celle de Marie-Édith et celle de Marie-Claire

 

Avec ces quelques précisions concernant l’abrosexualité/l’abroromantisme, la bisexualité/le biromantisme, la pansexualité/le panromantisme, la fluidité et le mot queer, penses-tu te reconnaître dans une ou plusieurs de ces catégories? Tu seras toujours l’unique personne qui peut déterminer les étiquettes qui représentent bien ta réalité. Tu es libre d’en adopter ou d’en rejeter à ta guise, selon ce qui te convient le mieux, selon ce qui, à un moment donné, coïncide le mieux avec tes réflexions, tes envies, tes besoins, tes sentiments et tes perceptions. 

 

Je reviens maintenant sur ce passage de ton message : Je ne sais pas quel terme utiliser pour ces personnes sans les blesser dans mon message (désolé, beaucoup perdu aussi là-dessus avec toutes les définitions qu’il y a maintenant sur le web), mais avec le temps, si ça arrivait un jour, je me suis aussi ouvert à la possibilité d’aimer romantiquement et avoir des rapports sexuels avec d’autres personnes qui ne se définissent ni homme – ni femme, ou qui auraient changé de sexe au cours de leur vie ou avec des hommes avec un corps féminin ayant gardé un sexe masculin, ou une femme avec un corps masculin ayant gardé un sexe féminin. Je te félicite d’être soucieux de trouver les mots adéquats pour parler de manière respectueuse et je t’encourage à continuer dans cette voie 🙂! Je crois que les mots que tu cherches sont personnes non-binaires et personnes trans. Je te laisse des définitions un peu plus bas.  

 

Rappelons-nous avant tout que nos sociétés ont tendance à attribuer des genres aux humain.e.s dès la naissance, voire alors que les fœtus sont encore en train de se développer dans l’utérus. Cette attribution repose habituellement sur un simple examen visuel. Je pense au fameux « C’est un garçon! » ou « C’est une fille! » annoncé par les médecins. C’est un raccourci parfois très sournois. Tu l’as bien compris, ce n’est pas parce qu’un bébé a une vulve que l’identité féminine lui conviendra. Ce n’est pas non plus parce qu’un bébé a un pénis qu’il s’identifiera plus tard comme un homme. Notre identité de genre dépend de notre propre perception de nous-mêmes. Elle ne dépend pas de nos caractéristiques corporelles ni du regard des autres

 

Pour la suite, j’ai emprunté des passages de cette autre réponse auxquels j’ai fait quelques ajouts indiqués entre crochets ([ ]), j’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur.

  • On dit d’une personne qu’elle est cis ou cisgenre lorsque son genre correspond à celui qui lui a été assigné à la naissance. 

 

  • On dit d’une personne qu’elle est trans lorsque son « genre ne correspond pas (pas du tout, pas tout à fait, pas parfaitement, pas entièrement, pas toujours, etc.) à celui [qui lui a été] assigné à la naissance. Trans est un terme qui regroupe des identités binaires (comme “homme ou femme”) et non-binaires.

[Un autre petit rappel en passant : quand on parle d’un homme trans ou d’une femme trans, on choisit le mot “homme” ou le mot “femme” en fonction du genre que la personne revendique comme le sien, pas en fonction du genre qui lui a été attribué jadis par un.e inconnu.e. 

Une femme trans et une femme cis sont toutes les deux des femmes (peu importe leurs caractéristiques génitales), le genre féminin leur correspond à toutes les deux. La différence entre ces deux femmes est simplement que le genre féminin a été attribué à la femme cis dès sa naissance, ce qui n’est pas le cas de la femme trans. De la même façon, un homme trans et un homme cis sont tous les deux des hommes (peu importe leurs caractéristiques génitales). Le genre masculin leur correspond à tous les deux. Il a été assigné à l’homme cis dès sa naissance, alors qu’un autre genre a été attribué à l’homme trans lorsqu’il est né.] 

 

  • Être non-binaire implique d’avoir une identité qui n’est pas bien reflétée dans un système de pensée qui offre uniquement deux options opposées, comme “homme ou femme” (le mot “binaire” renvoie à un système où il n’y a que deux options). Les catégories “exclusivement homme ou exclusivement femme” ne parviennent pas à bien rendre compte d’une identité non-binaire. Ainsi, un individu non-binaire pourrait être fluide, à la fois homme et femme, ni homme ni femme, tantôt plutôt homme et tantôt plutôt femme, etc. » Pour en savoir un peu plus sur les identités non-binaires et leur diversité, tu peux consulter cette section du site d’AlterHéros.  

 

J’ajoute une petite mise en garde. Je me doute bien que tes intentions sont bienveillantes, je veux simplement m’assurer que tout le monde se comprenne bien. Tu es ouvert à l’idée de rencontrer des personnes trans pour développer une connexion amoureuse et/ou sexuelle avec elles, c’est tout à fait valide! Cela dit, beaucoup de personnes trans se font malheureusement fétichiser. J’emprunte un passage rédigé par ma collègue Amélie (tu peux cliquer sur ce lien pour avoir accès à l’entièreté de son texte) : quand on parle de fétichisation « dans un contexte sexuel, il s’agit d’être attiré.e par des stéréotypes ou des caractéristiques d’une population basées sur des généralisations. […] Ce type de fétichisation exclut les caractéristiques spécifiques des individus, ce qui peut être très blessant et participe souvent à la marginalisation de minorités de genre, minorités sexuelles et culturelles. […] Il est […] important de comprendre que les [personnes] trans […] sont [avant tout] des individus uniques, physiquement comme psychologiquement. Réduire les [personnes] trans à des corps, des objets de désir, est blessant et [dommageable] pour celles-ci ». Après tout, comme l’a écrit mon collègue Guillaume ici, « lorsque nous sommes en processus de séduction avec une personne, qu’est-ce qui nous intéresse? Sa personnalité? Notre capacité à communiquer et créer une forme de connexion ensemble? Sa beauté en général? » Chacun.e « est d’abord et avant tout un individu. Une personne à part entière, peu importe [ses caractéristiques corporelles ou son genre] », n’est-ce pas? Parfois, la frontière entre l’attirance et la fétichisation peut être difficile à discerner. Pour continuer à faire preuve de prudence et éviter de tomber dans la fétichisation des personnes trans, je te propose de poursuivre tes réflexions à partir de ces lectures : 

 

Quelques mots à propos du coming-out… Tu mentionnes que tu n’as jamais fait de coming-out, car tes attirances sont changeantes. Je prends un instant pour te rappeler que rien ne t’oblige à faire un coming-out. Peu importe si nos attirances sont stables ou ne cessent de fluctuer, le coming-out relève d’une décision personnelle. Nous sommes libres de choisir si nous souhaitons en faire un. Et si c’est le cas, nous sommes libres d’en déterminer nous-mêmes les paramètres : qu’est-ce qui est dit? À qui? À quel moment? De quelle manière? Dans quelles circonstances? Etc. Par ailleurs, ce serait tout à fait légitime de faire plusieurs coming-out différents si tu le souhaites ou si tu en ressens le besoin. Nos comportements, nos sentiments, nos attirances, nos perceptions et notre vocabulaire peuvent changer au cours de notre vie, c’est tout à fait normal. Nous sommes toujours en train d’évoluer. Parfois, cela fait en sorte qu’on a l’impression que des étiquettes qu’on utilisait auparavant ne nous conviennent plus tout à fait ou plus du tout. Ça me semble alors absolument cohérent de délaisser des étiquettes désuètes et d’en adopter de nouvelles qui nous correspondent mieux. Qu’est-ce que tu en penses? À ce sujet, tu peux consulter cette question envoyée à AlterHéros, ou encore celle-ci.

 

Des fois, on peut croire que c’est nécessaire d’avoir des mots très précis pour se décrire ou encore pour faire un coming-out « légitime ». Cette vision, même si elle peut parfois être très solidement enracinée en nous, n’est pas fondée dans une vérité absolue. Pour certaines personnes, ça peut être très soulageant d’avoir des mots exacts à mettre sur une réalité, mais ce n’est certainement pas une obligation. Si tu choisis de parler de ta vie intime avec des gens de ton entourage, ce serait valide, par exemple, de simplement dire : « je ne sais pas vraiment quels mots utiliser, je n’ai pas trouvé ceux qui me conviennent, mais je sais que je suis attiré par des individus de divers genres ». Tu ne dois d’explications à personne. C’est ta vie, c’est ta réalité. Tu peux choisir de partager ou garder pour toi les informations de ton choix, qu’il s’agisse d’informations générales ou bien très ciblées.

 

J’espère que mon message pourra te fournir des outils adéquats et t’aidera à faire diminuer ton stress. Tu peux nous réécrire quand tu veux!   

 

Je te souhaite d’avancer dans tes réflexions déjà bien entamées et de faire de belles rencontres,

 

Marianne, bénévole pour AlterHéros

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