Je suis pas sure si je suis vraiment lesbienne ou asexuelle... Peut-on faire plus d'un coming-out?

Bonjour/ bonsoir,
Je sais pas vraiment par où commencer. En fait je sais pas si vous allez trouver ça bizarre ou un truc du genre. Mais bon… Je m’appelle Sam je suis une adolescente de sexe féminin de 15 ans(16 ans l’année prochain). Lorsque j’avais 12-13 ans, je voyais mes ami(e)s et mon entourage avoir des petit(e)s ami(e)s ou faire leur coming out. Dans ma tête, c’était genre une « mode » à cause des films et séries qui mettent en vedette des perso LGBT mais y en a que c’est « vrai ». Au départ, j’étais genre « ouais c’est cool » ou « nice bravo ».
Mais moi, j’ai avais pas d’intérêt pour les gars sexuellement ou émotionnelle (à part les trouver beaux d’un point esthétique). Même si je leur parlent ou fait des projets avec eux(même avec le plus beau gars de la classe), ça m’affecte pas. J’en avais parlé à mon ami (qui est un gars trans qu’on va appeller Tom pour la suite) de mon désintérêt pour le sexe opposé et il m’a dit que peut-être que j’étais lesbienne, aromantique ou asexuelle ou bi-curieuse(je crois ça s’écrit comme ça) ou encore que c’est un peu trop tôt(retenez le mot « trop tôt » pour la suite). Le plus drôle, mon entourage me dit souvent que j’étais lesbienne à cause que je m’habille en garçon manqué voir carrément en gars(cliché) ou que je montre un désintérêt pour les gars. Alors, il m’a expliqué l’univers LGBT+(j’étais une novice dans ce monde) et d’aller voir des forums d’aide pour comprendre mieux. Puis, c’est peut-être là que je me suis dit que j’étais aromantique et asexuelle(à cet époque je me suis pas posé la question sur le même sexe) dans ma tête c’était un genre de mini coming-out entre ami. J’en ai parlé à ma cousine, puis elle me dit que c’était trop tôt et que j’étais trop jeune et, que j’ai pas trouvé le « bon »(je parle d’un gars cisgenre)… Un jour en cours de science, Tom, mon ami m’a confessé son amour pour moi(en chuchotant). Lui étant un gars à mes yeux, je lui dis que je l’aime comme ami mais pas pour ce genre de relation.
À 14 ans, je me suis imaginer embrassé mon amie bi que je trouve bizard vu, que c’est ma meilleur amie. Alors, j’ai nier tout sentiment à son égard. Puis, un jour, j’ai écouté un film LGBT où l’héroine était lesbienne et, que étrangement j’ai pu m’identifier à elle. Là, je me questionnais sur ma sexualité: peut-être je suis hétéro, c’est juste que je n’ai pas encore trouvé le « bon » et que c’est teop tôt ou peut-être que je suis bi ou lesbienne. Déjà, que ma ma famille est religieuse donc ça m’aide pas et que j’étais trop timide de demander conseils aux intervenants de l’école. Et c’est par la même année, que j’ai abandonné le faite que j’étais aromantique et asexuelle. J’avais plutôt commencé à avoir un étrangement un peu plus d’intérêt sur les filles. Dans mes ami(e)s m’harcelaient sur le fait que je suis lesbienne alors j’ai tout dis que je suis lesbienne et j’en ai même parlé à des camarades de classe les plus proches d’on j’avais confiance. Puis, une de mes ami m’a dis: « Sam t’es que c’est juste par un coup de tête. Prend ton temps. Parce que tu sais il y a beaucoup de filles que j’ai connu qui se prétend bi(ou lesbienne) et après elles sortent juste avec des mecs. Genre c’est devenu une « mode ».  »
Honnêtement, j’ai réfléchi à ces mots(pendant le confinement) je sais que je ne suis pas attiré par le sexe opposé mais pour les filles ça reste vague. Au départ j’ai repris les paroles de ma cousine peut-être que j’ai pas trouvé le « bon » ou la « bonne ». C’est un peu vrai, la seule personne avec qui j’ai « sortit » c’était un gars(on va l’appeler Josh) en 6ème année du primaire. En fait, je sortais pas avec lui c’est à cause que tout le monde me « ship » avec lui. Pour simple et bonne raison, qu’il est beau (et je l’avoue) et que le tolère dû fait, qu’il est très bête et assez impulsif (c’est les raisons pourquoi les filles ou gars sortent pas avec lui. En plus, Josh démontre des signes d’amour/affection: câlins, qu’il essaie de me tenir la main, il dîne avec moi, il s’assoit à côté de moi en classe, faire des projets scolaires ensemble, on joue au basket. Des trucs comme ça que pour moi c’était de la pure amitié. Puis, un jour j’en ai assez que mes camarades de classe et des élèves du même cycle ainisi que mon propre prof me fassent des clins d’œil ou des sourire alors je lui ai parlé qu’on peu plus se fréquenter. Donc c’est quoi notre amitié c’est détruite. Puis, y avait un nouveau (qu’on va appeler Gabriel)qui est venu et on c’est lié d’amitié avec Tom(qui était une fille autrefois) et une autre fille(qu’on va appelker Jess). Et ça recommence, Tom et Jess me font des clins d’œil (ou sourit) et me disent directement si je l’aime car le fait que je traine plus souvent Gabrielle même mon prof de 6ème. Et cet fois, je me suis mis en colère, l’amitié homme-femme ça n’exsite pas dans leur mentalité. Même Gabrielle était sur le même avis que moi. L’avantage, on est resté ami jusqu’en secondaire 2 mais on se fréquente de temps en temps.
Mais, j’ai jamais eu d’expériences avec une fille. Dire comme ça c’est bête. Mais comme dit mon amie bi: « On ne fait pas d' »expériences » pour savoir notre orientation sexuelle. Alors comment les hétéro on fait pour savoir qu’ils sont hétéro ». Encore aujourd’hui, je suis pas sure si je suis vraiment lesbienne. En plus, je sais pas si faire un deuxième coming-out se fait genre j’ai dit à mon entourage le plus proche que je suis lesbienne mais on peut en faire un deuxième. Non?
Alors si vous avez des conseils à me fournir je serai très heureuse car je trouve que ma situation étrange et compliqué. Et j’espère que ma situation vous gênerait pas ou que que vous trouviez pas trop étrange. Sinon désolé

Sur ce passez une bon journée/ soirée
-Sam

Ps.: Désolé pour la longue du texte, qu’il soit incompréhensible et les fautes d’orthographe.

Marianne

Salut Sam!

Merci (vraiment!) de prendre le temps de nous écrire aujourd’hui. Je comprends que tu te sens assez mélangée et que tes questionnements te grugent du temps et de l’énergie. On va régler une chose tout de suite : je ne trouve pas ta situation bizarre du tout. Au contraire, je me reconnais beaucoup dans ce que tu décris. D’ailleurs, ton texte est tout à fait compréhensible, pas de soucis de ce côté! 😉 Tu t’exprimes bien, et c’est super de voir ta capacité de réflexion à l’œuvre. Tu as parcouru beaucoup de chemin dans ta recherche de réponses. Tu pèses le pour et le contre des propos que tu entends, tu arrives à tenir compte de nombreux éléments et de leurs interactions particulières, tu es capable de t’observer et de t’analyser…. C’est une grande force! Je suis sincèrement impressionnée 😊

 

Je résume ton message : tu ne sais pas exactement quelle est ton orientation sexuelle et romantique. Cela fait plusieurs années que tu cherches à mettre des mots sur ce que tu vis. Parmi tes ami.e.s, tu as plusieurs allié.e.s ou membres de la communauté LGBTQ+, ce qui t’a permis de te familiariser avec certains mots, certains concepts et certaines réalités. Même si ce n’est pas nécessairement son intention, ton entourage semble te mettre de la pression pour que tu t’identifies d’une certaine manière ou pour que tu adoptes certains comportements (commencer des relations de couple, etc.). Tu as fait un coming-out lesbien, mais tu te demandes si ça correspond vraiment à ta réalité. Tu te demandes aussi si c’est acceptable de faire plus qu’un coming-out au cours d’une vie. C’est bien cela? 

 

Pour répondre le plus nettement possible à l’une de tes questions : oui, c’est tout à fait valide de faire plusieurs coming-out successifs. Je comprends que tu peux avoir des appréhensions. Je comprends que tu peux, par exemple, avoir peur de ne pas être prise au sérieux si tu fais un deuxième (ou un troisième, un quatrième, un dixième, un centième…) coming-out (à ce sujet, je te suggère de lire cette réponse de Séré). Cela dit, c’est normal de ne pas nécessairement se décrire d’une seule et même manière pendant toute notre vie. De ce que je comprends, à un certain moment, pour certaines raisons, lesbienne était le terme que tu trouvais le plus approprié pour parler de toi. Aujourd’hui, tu as vécu de nouvelles choses, tu as réfléchi à de nouveaux éléments et tu veux vérifier si d’autres mots collent mieux à ta réalité. Ça me semble très cohérent et très valide comme processus. Non? C’est normal que nos étiquettes puissent évoluer au cours de notre vie. Le langage est constamment en train de se renouveler, les humains évoluent eux aussi… Ça peut prendre du temps pour découvrir, apprivoiser et comprendre les nuances de notre propre orientation. D’ailleurs, c’est encore plus fréquent de se poser ces questions lorsqu’on a l’impression de ne pas faire partie de la majorité hétéro (ou de la majorité cisgenre, d’ailleurs). À mon avis, les mots comme lesbienne, asexuel.le, aromantique, homo, hétéro, bi, fluide, queer, etc. sont des outils que nous pouvons employer si on les trouve utiles, mais ce ne sont pas des boulets auxquels on se retrouve enchaîné.e. On n’est certainement pas obligé.e de s’en servir s’ils ne nous conviennent pas ou s’ils ne nous correspondent plus

 

Je reviens sur ce que ton amie a dit : « on ne fait pas d’expériences pour savoir son orientation sexuelle ». Je suis d’accord avec elle à propos d’un élément. On ne peut pas traiter les gens comme des cobayes et essayer de découvrir son orientation en faisant des tests sur eux sans prendre en compte leurs envies, leurs limites ou leurs sentiments (ex. : embrasser des gens qui n’en ont pas envie, etc.). Par contre, il y a des personnes qui ont effectivement besoin de vivre certains événements afin de pouvoir déterminer leur orientation sexuelle ou romantique. Il y a des individus pour qui tout est très clair, depuis un très jeune âge. Iels (contraction de « Ils » et « Elles ») savent quelle est leur orientation sans avoir eu de relations amoureuses ni de contacts sexuels ou sensuels avec d’autres personnes. Mais il y a aussi un très grand nombre d’individus qui ont besoin de plus de temps ou d’un vécu plus diversifié pour cerner leur orientation. Chaque personne est unique. Chaque personne a son propre rythme, son propre parcours et ses propres particularités. Et il n’y a pas de cheminement meilleur qu’un autre. C’est correct de nommer rapidement son orientation, comme c’est correct d’avoir besoin d’y réfléchir plus longuement ou de vivre certaines choses avant de se sentir sûr.e.  

 

D’ailleurs, les personnes hétéros peuvent elles aussi traverser des périodes de questionnement. Tu serais surprise de voir le nombre de questions qu’AlterHéros reçoit de la part de personnes hétérosexuelles/hétéroromantiques qui ont une forte intuition à propos de leur orientation sans en être entièrement convaincues! Tu te demandes comment les hétéros font pour savoir qu’iels sont hétéros. La vérité, c’est qu’il n’y a pas deux parcours identiques à 100%. Certain.e.s d’entre elleux (contraction de « elles » et « eux ») ne remettent pas vraiment en question leur orientation. D’autres s’interrogent minutieusement, ont des contacts intimes avec plusieurs types de personnes et étudient leurs propres réactions et leurs propres envies avant de conclure que l’étiquette hétéro est celle qui décrit le mieux leur réalité. Un autre facteur dont il faut tenir compte est que nous vivons dans une société qui a souvent tendance à croire (en faisant erreur) que tout le monde est hétéro et que l’hétérosexualité est le modèle « de base » ou le modèle « normal ». Depuis l’enfance, on voit une infinité de représentations hétéros un peu partout (livres, films, publicités, télé, etc.). Les personnes hétéros n’ont donc pas à faire de coming-out et il est très rare que quelqu’un ait à se justifier après avoir mentionné son hétérosexualité. Des questions ou des commentaires comme « tu es trop jeune pour le savoir », « tu n’as pas rencontré la bonne personne », « as-tu essayé avec telle personne avant de dire ça? », « tu dis seulement ça pour faire comme telle personne! », « c’est devenu une mode, tu agis comme ça parce que ton idole dit elle aussi qu’elle est hétéro! », « es-tu vraiment vraiment vraiment certain.e? » ou « mais pourtant… tu as des yeux et tu peux reconnaître que telle personne est belle » sont rarement adressés à des personnes hétéros. Alors que quand on fait un coming-out, on a parfois l’impression de devoir avoir les mots exacts ainsi qu’une abondance de preuves et d’explications détaillées pour se sentir crédible (petit rappel : tu es valide, tes attirances, tes émotions, ton vécu et ton orientation le sont aussi, peu importe si tu peux les exprimer avec clarté, élégance et précision ou non 😉).   

 

Un autre petit rappel au passage… Je me doute que tu le sais déjà, mais des fois, ça peut faire du bien de l’entendre à nouveau : l’hétérosexualité est peut-être plus fréquente, mais elle n’est pas plus importante, plus normale, plus souhaitable ou plus naturelle que les autres orientations. Elle est simplement plus visible. On peut établir ce parallèle : les gens aux cheveux noirs sont les plus nombreux sur la planète, mais ça ne veut pas dire que les personnes chauves et celles aux cheveux bruns, gris, blonds ou roux devraient porter des perruques ou se teindre la tête pour ressembler à la majorité, n’est-ce pas? Ça ne veut pas dire non plus que tous les bébés naissent avec des cheveux noirs qui deviennent ensuite d’une autre couleur… Il y a simplement plusieurs types de chevelure chez les êtres humains. Ils ne sont ni pires, ni meilleurs que les autres types, ils sont diversifiés, c’est tout. Tu me suis?

 

Maintenant, quelques précisions à propos des orientations sexuelles et romantiques… Tu as déjà saisi que les attirances amoureuses et les attirances physiques ne sont pas nécessairement pareilles. C’est super d’être capable de comprendre cette distinction! Je reprends un extrait de ce message, si tu le permets (j’y ai fait quelques ajouts, que j’ai encadrés de crochets [ ] ) : « Quand on parle d’orientations sexuelles (attirance physique, désir sexuel, etc.) et romantiques (attirance émotionnelle, sentiments amoureux, etc.), ça peut être difficile de s’y retrouver. Voici quelques définitions pour essayer d’y voir plus clair (il existe d’autres orientations et d’autres manières de se nommer que celles listées ici, si tu ne te retrouves pas dans les définitions ci-dessous, ce n’est pas parce qu’il y a un problème avec toi, c’est simplement parce que j’ai pris quelques raccourcis en rédigeant ce message, tu peux nous réécrire si tu veux connaître plus d’options) :

  • Une personne asexuelle/aromantique ne ressent pas (ou très peu) de désir sexuel/sentiments amoureux envers les autres. 
  • Une personne bisexuelle/biromantique a le potentiel de ressentir du désir sexuel/des sentiments amoureux envers certaines personnes qui ont le(s) même(s) genre(s) qu’elle ainsi qu’envers certaines personnes qui n’ont pas le(s) même(s) genre(s) qu’elle. 
  • Une personne hétérosexuelle/hétéromantique a le potentiel de ressentir du désir sexuel/des sentiments amoureux envers certaines personnes qui n’ont pas le(s) même(s) genre(s) qu’elle.
  • Une personne homosexuelle/homoromantique a le potentiel de ressentir du désir sexuel/des sentiments amoureux envers certaines personnes qui ont le(s) même(s) genre(s) qu’elle.
  • Une personne pansexuelle/panromantique a le potentiel de ressentir du désir sexuel/des sentiments amoureux envers certains individus, peu importe leur genre. 
  • [Une personne demisexuelle/demiromantique a le potentiel de ressentir du désir sexuel/des sentiments amoureux envers certaines personnes, après avoir développé un lien de complicité et une connexion émotionnelle avec celles-ci. Quand il est question de demisexualité ou de demiromantisme, il est courant d’indiquer une précision supplémentaire. Par exemple, une personne peut être demi-hétérosexuelle, demi-biromantique, demi-homosexuelle, etc.]

 

Te reconnais-tu dans certaines de ces descriptions? Toutes les combinaisons que tu peux imaginer sont possibles et valides (ex. : une personne peut être homosexuelle et aromantique, pansexuelle et panromantique, asexuelle et biromantique, etc.). Il se peut aussi que tu découvres de nouvelles facettes et de nouvelles nuances à tes orientations et tes attirances. Ce serait tout à fait correct, et c’est totalement acceptable de changer d’étiquettes ou de “catégories” en cours de route. Il n’y a aucune règle universelle pour se “classer dans certaines catégories”. Le seul critère, c’est que tu te sentes en accord avec les mots que tu utilises. 

 

Tu seras toujours la seule personne qui peut trancher et dire quelles sont les catégories qui te correspondent. D’ailleurs, même si on peut parfois ressentir une grande pression à le faire, rien ne nous oblige à nous “loger dans une case” en particulier. Par exemple, plusieurs personnes refusent de s’identifier selon des termes précis ou bien vont choisir de simplement dire que leur orientation est fluide, qu’elles sont ouvertes aux rencontres ou qu’elles sont queer (c’est-à-dire qu’elles ne se reconnaissent pas dans la majorité hétéro et cis; au besoin, voir [ce riche glossaire]). C’est à toi de voir avec quel vocabulaire tu es à l’aise. Les étiquettes qu’on adopte (ou rejette) pour se définir relèvent de perceptions et de choix personnels. Par exemple, la grande majorité de mes relations amoureuses et sexuelles ont été avec des hommes, mais quelques-unes ont été avec des femmes. Les mots bisexuelle et biromantique sont ceux avec lesquels je suis le plus à l’aise. D’autres femmes ayant exactement le même parcours que moi pourraient plutôt s’identifier comme hétérosexuelles, hétéroromantiques, pansexuelles, panromantiques, etc. Utiliser des mots différents pour décrire des situations similaires ne veut pas dire que certain.e.s ont raison et d’autres, tort. Chacun.e est libre de s’identifier en fonction de ses propres observations, de son propre ressenti et de ses propres critères. C’est toi qui te connais le mieux, c’est à toi de sélectionner les mots et les catégories qui te conviennent, tu comprends? »

 

Être capable de reconnaître qu’une personne a un joli physique ne détermine pas notre orientation sexuelle/romantique; se faire ship avec une personne ne détermine pas notre orientation; préférer certains types de vêtements, certaines coiffures ou certains loisirs ne détermine pas notre orientation; être capable de développer un lien d’amitié avec une personne ne détermine pas notre orientation… Tu vois où je veux en venir? La seule manière de déterminer son orientation, c’est de soi-même trouver qu’elle correspond bien à son vécu et de décider soi-même qu’il s’agit des bons mots pour se décrire. D’ailleurs, tu as bien raison. Un homme et une femme peuvent certainement être des ami.e.s. En fait, des personnes de tous les genres et de toutes les orientations peuvent construire de belles et de solides amitiés. 

 

Tu as eu un bon nombre de conversations avec tes proches. C’est super que tu sentes que tu peux faire confiance à tes ami.e.s, ta cousine et tes camarades de classe pour avoir des discussions intimes et profondes! Je remarque toutefois que ton entourage semble parfois te mettre beaucoup de pression dans ta recherche identitaire ou encore te pousser dans une direction ou une autre (mon entourage me dit souvent que j’étais lesbienne, mes ami(e)s m’harcelaient sur le fait que je suis lesbienne alors j’ai tout dis que je suis lesbienne, J’en ai parlé à ma cousine, puis elle me dit que c’était trop tôt et que j’étais trop jeune et que j’ai pas trouvé le « bon », il y a beaucoup de filles que j’ai connu qui se prétend bi(ou lesbienne) et après elles sortent juste avec des mecs. Genre c’est devenu une « mode »…). 

 

J’imagine que tes proches veulent bien faire, mais je trouve ça dommage que tu aies à subir toute cette pression. Trouves-tu ça difficile à porter? Peut-être qu’iels n’ont pas réalisé que ça ne t’aide pas, au contraire. Peut-être qu’iels ont besoin de se faire rappeler tes limites. Crois-tu que ce serait une bonne idée de faire une mise au point avec ton entourage? Par exemple, voudrais-tu dire à « Tom » et « Jess » : « Je suppose que vous n’avez aucune mauvaise intention, mais quand vous me demandez sans cesse si j’aime quelqu’un, quand vous me faites des clins d’œil et des sourires remplis de sous-entendus, je ne me sens pas bien du tout. Ça me stresse et ça me bloque. Je me sens bousculée. Je veux que ça arrête »? Ou leur dire « J’ai dit que j’étais lesbienne, mais en fait je n’en suis pas complètement certaine. Pour l’instant, c’est le mot que j’utilise. Peut-être que d’autres termes me correspondent mieux… Je vais continuer d’y penser et je vous tiendrai au courant de mes réflexions. Je compte sur vous pour respecter mon rythme et ne pas me brusquer dans mon cheminement »?    

 

Tu trouves ta situation étrange et compliquée, tu te demandes quoi penser… À force d’y réfléchir, tu as conclu que les garçons ne t’attirent pas. C’est déjà une grande réalisation, non? Tu te demandes si tu agis sur un coup de tête, si tu es trop jeune ou si tu te laisses influencer. Je te trouve plutôt sévère envers toi-même. Moi, ce que je lis dans ton message, c’est que ça fait plusieurs années que tu t’interroges, que tu t’informes, que tu observes, décodes des signes et exerces ton sens critique en remettant toujours les éléments dans leur contexte ainsi qu’en ayant le souci de la nuance. Cette attitude est admirable, c’est tout à ton honneur! 😀 Pour la suite des choses, je te suggère simplement de t’écouter toi-même. Je comprends qu’on peut avoir hâte de trouver les bons mots pour s’identifier, mais ils ne sont pas obligatoires. C’est correct de prendre du temps pour réfléchir. Tes sentiments et tes désirs vont te donner des indices sur ton orientation. À toi de leur accorder de l’espace et de l’attention. Je te propose de lire le premier tiers de cette question, écrite par une jeune femme qui se demandait notamment comment se poser les bonnes questions sur son orientation romantique/sexuelle. J’ai l’impression qu’une bonne partie de la réponse pourrait t’intéresser et alimenter tes réflexions. 

 

C’est aussi correct de se donner une pause de réflexion. C’est parfois très libérateur d’essayer d’accepter qu’on est dans une zone floue, pour se concentrer sur ce qu’on vit (plutôt que sur l’analyse de ce qu’on vit). Si, en ce moment, les connexions que tu formes spontanément avec les autres sont de nature amicale, c’est tout à fait légitime, et c’est super. C’est plaisant d’avoir des ami.e.s avec qui partager toute sorte de choses! Si une personne te bouleverse tout à coup et que tu réalises que tu la désires ou que tu es en train de tomber amoureuse d’elle, je crois que tu peux te permettre d’explorer ce que tu ressens et de t’investir dans cette relation (si c’est ce que tu souhaites, bien sûr) même si tu ne sais pas exactement comment nommer ton orientation. Qu’est-ce que tu en penses? 

 

J’ai noté que tu n’es pas super à l’aise de discuter de certaines facettes de ta vie personnelle avec ta famille, car elle est religieuse. Si tu souhaites consulter des réponses d’AlterHéros concernant la religion et la diversité sexuelle, tu peux cliquer ici ou . Tu expliques aussi que tu te sens trop timide pour parler aux intervenant.e.s de ton école. Connais-tu le GRIS? C’est un organisme qui démystifie les réalités des personnes LGBTQ+. Si tu le souhaites, tu peux inviter (en tout anonymat!) le GRIS à venir à ton école. Je te laisse au passage les liens menant aux pages de deux groupes montérégiens, Divers-Gens et JAG. Tu n’es pas toute seule dans ta région. 😊 

 

J’ajoute d’autres réponses d’AlterHéros, ce que tu décrivais m’y a fait penser. Peut-être qu’elles t’apporteront un éclairage nouveau. 

    • La section Je me demande si je ne serais pas asexuelle de cette question pourrait t’intéresser. D’ailleurs, son auteure a recontacté AlterHéros pour parler de relations entre femmes et d’asexualité. Si tu jettes un coup d’œil à la deuxième réponse, tu verras que Guillaume a fait une grande liste de ressources utiles. 
    • Mary Lee a écrit cette superbe réponse concernant le spectre de l’asexualité. 
    • Marie-Édith a aussi rédigé cette réponse bien intéressante à propos des personnes dont l’orientation sexuelle ne correspond pas à l’orientation romantique.  

 

J’espère que mon message te sera utile. Tu peux nous réécrire quand tu veux pour poser de nouvelles questions ou poursuivre cette discussion. 

 

Amitiés,

 

Marianne

 

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