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17 mars 2022

Je réalise que je voudrais pouvoir être confondu avec un homme, malgré ma non-binarité.

Salut! Cela va sûrement sembler étrange, mais je ne sais pas comment poser cette question qui me trotte dans la tête depuis un moment.
J’ai parfois l’impression d’être bien dans ma peau tandis que parfois je réalise que je voudrais pouvoir être confondu avec un homme, malgré ma non-binarité. Mes parents refusent catégoriquement que je m’achète un binder, ce qui ne fait que renforcir ces insécurités qui me font paniqué par moment.

J’admire énormément les gens qui s’assument pour qu’ils sont, mais j’ai l’impression que ça ne sera jamais mon cas. J’ai peur de perdre mes proches si je fais quoi que se soit et la possibilité de regretter par la suite m’effraie… Je ne sais plus quoi faire.

Je ne sais pas si cette question étrange et pas vraiment claire pourra être répondue mais j’espère que vous passez une belle journée 🙂

Asher

Billie-Lou

Bonjour Asher,

Je tiens à te remercier de nous avoir écrit. J’espère pouvoir répondre à tes questionnements avec justesse. Si je comprends bien, tu te sens non-binaire, mais tu voudrais par moment être confondu pour un garçon tout en restant non-binaire? De plus, tu as des réticences à faire ton coming out, car tu crains que ta famille ne t’accepte pas pour qui tu es?

Sache que ta question n’est pas du tout étrange et que tu n’es pas la seule personne à se poser ce type de question. Moi-même je m’identifie comme étant non-binaire et femme en même temps. Il y a un terme pour ce sentiment que certaines personnes revendiquent et c’est demi-fille ou demi-garçon. Bien évidemment, chaque personne a la possibilité de mettre les mots qui lui conviennent le mieux sur sa propre identité de genre et sur son sentiment personnel envers celle-ci, cela ne signifie pas qu’il s’agit d’un terme auquel tu auras envie de t’identifier dans le futur, il n’y a que toi qui peux en juger!

Pour mieux expliquer ma suggestion, j’aimerais ici, reprendre la définition de ce lexique sur les termes non-binaires tiré du blog La Vie en Queer : Les genres partiellement masculins ou féminins

Demi-garçon, demi-homme : une personne dont le genre est partiellement homme et partiellement autre chose. Par exemple, être homme et neutre.
En ce sens, une personne demiboy ressent un lien partiel avec le genre masculin, peu importe le pourcentage que cette personne lui accorde. Ces personnes peuvent ou non s’identifier à d’autre(s) genre en addition au fait de se sentir partiellement garçon. Certaines personnes trans assignées filles à la naissance peuvent revendiquer cette identité lorsqu’elles se sentent davantage appartenir au genre masculin que féminin, socialement ou physiquement, mais sans nécessairement vouloir s’identifier entièrement comme un garçon.

Je pense que de se poser ces questions est déjà un pas vers un toi authentique et unique. Rien n’est creusé dans le béton, donc permet toi d’explorer ton identité de genre de la manière ou les manières qui te plairont et surtout te feront sentir bien. C’est normal de changer d’idée et d’expérimenter pour comprendre ce que tu aimes et surtout ce que tu n’aimes pas. Permets-toi une flexibilité afin de te rencontrer en chemin.

Comme un‧e collègue l’a si bien nommé dans cette réponse, je me permets de te partager ce passage avec toi :

Être non-binaire c’est de ne pas être un garçon ni fille, rien de plus ni de moins. Pour certaines personnes c’est une absence complète de genre, un vide ou une absence, pour d’autres il s’agit d’un genre qui est présent mais neutre, ni masculin ni féminin, et cela peut vouloir dire bien de choses selon ce qu’on associe personnellement à ces concepts. Il y a des gens non-binaires pour qui leur genre varie et fluctue continuellement, ou pour qui leur genre est un mystère, difficile à expliquer mais ne rentrant pas vraiment uniquement dans l’une ou l’autre de ces cases.

En ce qui concerne ta famille, je ne sais pas si tu envisageais faire un coming-out à ta famille ou tes ami‧e‧s, mais j’aimerais tout de même reprendre un extrait d’une réponse et compléter par la suite.

Mon collègue Hadrien a déjà rassemblé une petite liste de conseils dans cette réponse à un‧e ado qui voulait faire son coming out en tant que genderfluid, ça pourrait être un bon endroit pour commencer :

  • Tu peux le faire graduellement, en exprimant petit à petit des pans de ton identité genderfluid (par exemple, en changeant ta coupe de cheveux ou ta garde-robe) pour permettre à tes parents de s’habituer.
  • Tu peux choisir la façon de l’annoncer à tes parents, en fonction de tes préférences (lieu, moment, canal de communication écrit ou verbal…), ainsi que le temps que tu veux consacrer à la discussion (courte ou longue).
  • Tu peux demander à une personne de confiance de t’accompagner au moment de faire ton coming out à tes parents pour te soutenir.
  • Tu peux insister sur l’aspect positif de la nouvelle: leur dire que c’est un moment important pour toi, que c’est une preuve de confiance et que tu ressens du soulagement à leur dévoiler cette partie de toi.
  • Tu peux essayer de répondre à leur questions, nuancer ou reformuler ses propos. Sache toutefois que tu n’as pas à faire son éducation ou à subir d’insultes.
  • Si la conversation prend une tournure qui te met mal à l’aise, planifie une «porte de sortie», c’est-à-dire un endroit où tu peux te retirer. Tu pourrais ensuite réessayer d’aborder le sujet plus tard, si tu en as envie

Pour te préparer à toute sorte d’éventualités, tu pourrais survoler cet article de l’association française pour jeunes LGBT C’est comme ça qui mentionne les réactions négatives possibles des parents (mises en doute, déni, questions sur l’origine, honte ou dégout, idées reçues, etc.) lors d’un coming out en tant que gay ou bisexuel·le. Il y aurait quelques adaptations à faire pour la non-binarité, mais je crois que ça peut être une base utile quand même!

Je me permets une fois de plus de reprendre un extrait pertinent qu’un‧e collègue a rédigé  concernant les binders : «ceux-ci sont généralement sécuritaires lorsqu’ils sont utilisés correctement. Puisqu’il s’agit de vêtements serrés au niveau de la cage thoracique, une utilisation à long terme (tous les jours pendant des années) peut poser certains risques tels que douleurs au dos, changements de posture, changements de la forme du torse, difficultés respiratoires et irritation de la peau. Toutefois, notez-bien que ces risques peuvent être palliés en suivant les conseils suivant (rédigés par TransEstrie) :

  • Prévoir des moments durant la journée afin de s’étirer et de respirer profondément;
  • Bien s’hydrater et rester au frais lorsqu’on porte un binder l’été;
  • Ne pas porter un binder trop petit;
  • Ne pas porter un binder plus de huit heures de suite;
  • Ne pas porter un binder pendant son sommeil;
  • Ne pas porter un binder si on a un rhume, une grippe, une bronchite ou toute autre infection qui affecte les poumons;
  • Ne pas porter un binder pour faire du cardio (course, vélo, etc.);
  • Ne pas porter un binder pour faire de la musculation ou alors porter un binder une taille plus grande;
  • Il est possible de porter un binder pour se baigner, mais cela peut l’abîmer à la longue;
  • Arrêter de porter le binder et consulter un.e médecin si on éprouve des douleurs prolongées;

Ces règles peuvent être difficiles à suivre à la lettre (par exemple lors de longues journées à l’école ou lors des cours d’éducation physique). L’équipe de TransEstrie ajoute donc certaines alternatives au binder pour comprimer/camoufler la poitrine : les soutiens-gorge de sport, porter plusieurs couches de vêtement ou des vêtements plus grands/amples (t-shirt et chemise ou coton ouatés selon la température), ou encore des vêtements foncés ou avec des motifs. Il est important de savoir que les binders sont bien plus sécuritaires que l’option des tapes et des bandages fait-maison, qui peuvent entraîner certaines blessures.

Voici quelques sites que vous pourriez consulter pour comparer vous-même les tailles/modèles/prix disponibles pour les binders :

Et finalement, quelques derniers sites avec plus d’informations et de détails qui pourraient aussi être utiles :

Ne perds pas espoir et vas-y surtout à ton rythme. J’espère que ces conseils pourront t’aider si tu décides un jour de faire un coming out en lien avec ton identité de genre.

Avant de conclure, j’aimerais te proposer quelques ressources tirées de cette réponse :

Es-tu en contact avec des gens qui font partie des communautés trans et LGBTQIA+? Pouvoir parler à des personnes qui sont passées par ces étapes peut aider énormément à mieux se comprendre et se penser. Si ce n’est pas déjà le cas, tu pourrais penser à rejoindre des groupes Facebook comme Personnes non-binaires du Québec (territoires non-cédés) ou Euphorie Trans Montréal – Tio’Tia:Ke par exemple. Beaucoup d’organismes communautaires comme Projet 10 et l’Aide aux Trans du Québec organisent des activités de socialisation en ligne pour personnes LGBTQIA+ pendant ces temps de COVID-19. De plus, si tu habites dans la région de la Ville de Québec, tu connais possiblement le groupe Diversgenres qui a comme mission de visibiliser les enjeux trans à Québec et de créer une communauté de personnes trans, non-binaires ou créatif‧ve‧s dans le genre dans la Capitale-Nationale. Si tu as 21 ans ou moins, il est aussi possible de prendre contact avec la gang de l’Accès qui assure des services aux jeunes 2SLGBTQIA+ de 14 à 21 ans habitant dans la Capitale-Nationale. L’Aide aux Trans du Québec a également un satellite de services dans la Ville de Québec dont il est possible de contacter par courriel : groupe_quebec@atq1980.org ou par téléphone : 1-855-909-9038 #3

Je t’envoie une bonne dose d’amour de soutien. Tu peux nous écrire à nouveau si tu en ressens le besoin.

Billie-Lou, bénévole à AlterHéros

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