29 mars 2024

Je voudrais avoir un torse mais je ne sais pas si je veux un pénis, je suis complètement perdue et appeurée

Bonjour, je suis une fille de 13 ans et quand je me regarde dans le miroir je déteste mes seins je voudrais avoir un torse mais je ne sais pas si je me sentirai prête à avoir un pénis j’ai aussi énormément peur de la réaction de ma famille quand je leurs dirais en fait je ne sais pas si je veux être fille ou garçon mais je sais que je n’aime pas mes seins et que je préférerais un torse, pouvez vous m’aidez svp je suis complètement perdue et apeurée

Séré
Bonjour J!
Merci beaucoup de faire confiance à AlterHéros en nous posant ta question. Si je comprends bien, tu éprouves un grand malaise à l’égard de tes seins, mais tu ne souhaite pas avoir un pénis. De plus, tu as peur de la réaction de ta famille si tu leur fais un coming-out en leur annonçant que tu ne te sens pas comme une fille. Est-ce bien ça?
Tout d’abord, c’est important de comprendre que chaque transition est unique. Lorsque tu exprimes le besoin d’avoir un torse, cela n’a pas besoin de vouloir dire que tu veux également un pénis. En effet, il y a beaucoup de personnes qui ont une mastectomie, qui est une chirurgie pour retirer les seins et créer un torse, mais qui n’ont pas le désir d’avoir un pénis et ne cherchent donc pas à avoir une chirurgie génitale. Pour ma part, j’ai fait l’inverse: j’ai décidé de garder mes seins, mais d’avoir une chirurgie pour avoir un pénis! C’est ce qui avait le plus de sens pour moi et je suis vraiment content de ma décision. Ça fait maintenant deux ans que j’ai un pénis, et j’en suis très heureux, tout comme je suis content d’avoir gardé mes seins.
Ceci dit, c’est normal d’avoir peur. J’étais complètement terrifié quand je me suis rendu compte, à 17 ans, que je ne pouvais plus supporter de faire semblant d’être une fille. Je savais que je voulais changer certaines choses: mon prénom, mes pronoms, la façon dont je m’habillais, etc. Je voulais peut-être prendre des hormones, je voulais peut-être essayer de changer mon corps pour qu’il me convienne plus.
Mais même si je savais que j’avais besoin de ces changements, je ne savais pas par où commencer et, surtout, j’étais terrifié d’en parler à mes parents! Tout ça m’apparaissait comme une montagne beaucoup trop imposante. Finalement, j’ai décidé d’y aller une chose à la fois, tranquillement. C’est plus facile lorsqu’on ne se projette pas trop loin dans le futur et qu’on y va une étape à la fois. Et, surtout, c’est normal de ne pas savoir où l’on se situera dans quelques années, ou même dans quelques jours! Une transition, c’est un cheminement que l’on doit souvent réajuster, et c’est tout à fait normal. Que dirais-tu de commencer par essayer de voir comment tu te sens si tu portes un soutien-gorge de sport qui comprime ta poitrine ou encore un binder, si tu peux y avoir accès?
Tu dis ne pas savoir si tu veux être fille ou garçon. Tu sais, moi ça fait presque huit ans que j’ai commencé à faire ma transition, que j’ai réalisé que je n’étais pas bien avec le fait d’être perçu comme fille, et je ne suis pas encore sûr de ce que je suis. Au début, je m’identifiais définitivement comme non-binaire: je ne me sentais ni totalement fille, ni totalement garçon. J’ai essayé plusieurs mots pour décrire mon identité au fil des années: genderqueer, genderfluid, demiboy, bigenre et j’en passe. Aujourd’hui, je me décris comme un homme trans genderqueer. Peut-être que dans un mois, dans un an, dans dix ans, je ne m’identifierai plus comme ça, mais l’important, c’est qu’aujourd’hui je me sens bien quand j’utilise ces mots pour me décrire. Aimerais-tu explorer différentes façons de nommer les genres qui ne sont ni garçon ni fille?
Tu parles aussi de la peur de faire un coming-out à ta famille. Premièrement, c’est important de dire que tu ne devrais jamais te sentir obligé‧e de faire un coming-out si tu n’en as pas envie ou que tu crois que ça te mettrait en danger. Si tu décides que de parler de ton identité à ta famille est la meilleure option pour toi, nous avons toute une section qui y est consacrée sur le site d’AlterHéros! Voici d’ailleurs un extrait d’une réponse donnée par mon collègue Hadrien sur le sujet:
« Voici quelques conseils pour planifier ton coming out au mieux:
  • Tu peux le faire graduellement, en exprimant petit à petit des pans de ton identité genderfluid (par exemple, en changeant ta coupe de cheveux ou ta garde-robe) pour permettre à ta mère de s’habituer.
  • Tu peux choisir la façon de l’annoncer à ta mère, en fonction de tes préférences (lieu, moment, canal de communication écrit ou verbal…), ainsi que le temps que tu veux consacrer à la discussion (courte ou longue).
  • Tu peux demander à une personne de confiance de t’accompagner au moment de faire ton coming out à ta mère pour te soutenir.
  • Tu peux insister sur l’aspect positif de la nouvelle: lui dire que c’est un moment important pour toi, que c’est une preuve de confiance et que tu ressens du soulagement à lui dévoiler cette partie de toi.
  • Tu peux essayer de répondre à ses questions, nuancer ou reformuler ses propos. Sache toutefois que tu n’as pas à faire son éducation ou à subir d’insultes.
  • Si la conversation prend une tournure qui te met mal à l’aise, planifie une «porte de sortie», c’est-à-dire un endroit où tu peux te retirer. Tu pourrais ensuite réessayer d’aborder le sujet plus tard, si tu en as envie. »
J’espère que ma réponse t’aide à envisager des pistes de solution pour te sentir mieux avec ton corps et commencer à explorer ton identité. N’hésite surtout pas à nous recontacter si tu en ressens le besoin, nous sommes là pour toi!
Bon courage,
Séré, bénévole pour AlterHéros

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