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25 mai 2020

Je pense être touchée par le toc homo. Je n'arrête pas de me demander si je suis bisexuelle ou gouine...

Bonjour, je me présente sous le nom de « Aglagla » pour vous faire par de mon problème. Depuis 1 mois et demi environ je pense être touché du toc homo qui m’a fais tomber en déprime : J’ai peur d’être lesbienne , j’ai déjà eu cette peur auparavant enfaite elle revient quand je n’ai pas de relations avec des hommes . Pendant les vacances par exemple ou pendant le confinement ou cette phobie s’est empiré.. En effet au début du confinement j’étais tres heureuse et je me posais meme pas la question de savoir si j’étais bi ou autres car j’étais folle amoureuse d’un garçon ( d’ailleurs j’ai toujours aimer que des hommes et j’ai jamais été attiré pas des femmes ) Mais avec le
Confinement je me suis lassé et donc le toc est revenu comme a chaque fois , je suis tout le temps angoissée à l’idée d’être bi ou guine je me vois pas du tout dans le futur avec une femme . J’ai l’impression de plus profiter de la vie comme avant . J’ai ces pensées intrusives 24/24h qui tournent dans ma tête a force j’ai l’impression d’être « lesbienne » puis il y a des moments ou je me rends compte que je suis hetero et la je revis mais cela dure un court moment et après je replonge dans mes angoisses .. Je tiens a faire part aussi que j’ai déjà regardé du porno lesbien qui ma exciter mais je sais que c’est juste une sorte de fantasme et que j’ai pas forcément envie de tester mais depuis ce toc , le fait que cela m’ai excité je suis encore plus perdue alors que avant j’arrivais tres bien a faire la différence entre ce “fantasme” et la réalité. Quand j’ai des relations avec les hommes ( sans parler de relations sexuelles) Le toc part complètement et je me rends bien compte que ces pensées étaient stupides mais bon . Maintenant je suis stressée a l’idée de croiser des femmes par peur de tomber amoureuse ou d’être attiré . Cette situation est insupportable. Jai besoins d’aide merci beaucoup ..
Aglagla

Marion Brodeur-Laperrière
Salut Aglagla!
Merci de nous écrire pour nous parler de tes inquiétudes! De ce que je comprends, depuis quelques semaines, tu remets ton orientation sexuelle en question et tu vis beaucoup d’anxiété à l’idée d’être lesbienne ou bisexuelle. Toutefois, tu notes que la pornographie lesbienne t’excite, mais que tu ne ressens pas d’attirance pour les femmes pour autant. D’ailleurs, lorsque tu es en relation avec un garçon, tu ne doutes plus de ton hétérosexualité.
Puisque, dans ton message, tu nommes croire avoir un «TOC homo», j’aimerais commencer par citer un extrait d’une réponse de mon collègue Guillaume à ce sujet :
« Chez AlterHéros, nous sommes généralement très prudent.e.s à aborder le sujet du TOC homo. Pourquoi? Parce qu’il s’agit d’un concept en psychologie utilisé par des thérapeutes professionnel.le.s et qu’il est souvent mal interprété et mal utilisé au quotidien par les internautes. De plus, c’est un concept sur lequel il est possible de trouver une tonne d’informations fausses sur Internet. En effet, ce concept est trop souvent utilisé afin d’invalider des questionnements sains et normaux dans le développement identitaire d’une personne. Ceci peut donc contribuer à une forme d’homophobie intériorisée en offrant la prémisse que les questionnements sur l’orientation sexuelle sont liés à un trouble psychologique et non pas à un développement psychologique normal. Alors avant d’approfondir la question du TOC homo, rappelons-nous ces quelques éléments :

  • Il est complètement sain d’avoir des questionnements sur son orientation sexuelle. Il n’y a pas d’âge ou de moments précis pour avoir des questionnements, des réflexions ou des idées érotiques au sujet de l’orientation sexuelle.
  • Toutes les orientations sexuelles sont aussi belles les une que les autres. Aucune orientation sexuelle n’est meilleure ou inférieure à l’autre.
  • Les orientations sexuelles ne sont pas limitées à l’hétérosexualité ou l’homosexualité, mais que les personnes bisexuelles, pansexuelles et asexuelles existent. Il est donc possible que nos désirs et comportements ne s’inscrivent pas dans une case précise.
  • Les orientations sexuelles comprennent plusieurs composantes liées aux attirances physiques et aux attirances romantiques. Il est donc possible d’être romantiquement attiré par un type de personnes et sexuellement attiré vers plusieurs types de personnes.
  • La sexualité est quelque chose de fluide : nos préférences, besoins, intérêts, désirs et libido peuvent varier avec le temps, selon les contextes et selon les rencontres que nous faisons.
  • Ce n’est pas parce que quelqu’un a eu une idée, une attirance, un questionnement ou un fantasme homosexuel que cela nie son hétérosexualité. »
En bref, il faut faire attention à ne pas confondre un diagnostic officiel de trouble obsessionnel compulsif émis par un.e professionnel.le et un questionnement sur son orientation sexuelle, ce qui est on ne peut plus sain et normal! Il n’y a rien de mal à s’interroger, tout comme il n’y a rien de mal à ressentir de l’attirance pour différents types de personnes. T’es-tu demandée pourquoi tu as peur d’être attirée par les femmes? Est-ce parce que tu as peur de «ne pas être normale»? Est-ce parce que tu aurais peur de la réaction de ton entourage si c’était le cas? Tu écris aussi que tu as eu des relations avec des garçons et que, lorsque c’est le cas, tu es convaincue de ton hétérosexualité. Par contre, lorsque tu redeviens célibataire, tu te mets à te questionner. En quoi est-ce lié, tu crois? Te poser ces questions pourrait peut-être te permettre de mettre le doigt sur l’origine de ta peur.
Par ailleurs, tu dis que tu as déjà regardé de la pornographie lesbienne et que ça t’avait excitée. Comme tu l’avais déjà compris si j’en crois ce que tu as écris, ressentir de l’excitation par rapport à des fantasmes et désirer reproduire ces fantasmes dans la vraie vie sont deux choses distinctes. Évidemment, il est aussi tout à fait possible de vouloir réellement vivre un scénario de notre imaginaire érotique! Par contre, ce n’est pas parce que quelque chose nous excite que l’on veut le vivre en dehors de notre imagination. D’ailleurs, il y a beaucoup de gens qui regardent de la pornographie ne correspondant pas à leur orientation sexuelle pour diverses raisons. Il y a entre autres plusieurs femmes qui préfèrent la pornographie lesbienne parce que leurs besoins et leurs désirs y sont mieux représentés que dans la pornographie hétérosexuelle où la femme est plutôt utilisée pour le plaisir de l’homme. Ainsi, le fait de regarder de la pornographie lesbienne et de ressentir de l’excitation n’est effectivement pas un indicateur de l’homosexualité d’une personne.
En fait, pour reprendre l’explication que j’aime bien donner aux personnes qui nous écrivent, l’orientation sexuelle se décline en trois aspects : les désirs, les comportements et l’identité. Les désirs, ce sont nos attirances et envers qui elles se déclarent (est-ce qu’on est plutôt attiré par tel ou tel type de corps, tel ou tel type de personne, qui on aurait envie d’embrasser, etc.). Les comportements, ce sont les actions que l’on pose réellement, à l’inverse des désirs qui renvoient à l’imaginaire (ex : avoir embrassé notre amie, avoir eu une relation sexuelle avec un homme, avoir regardé les fesses d’une personne dans la rue). Finalement, l’identité, c’est l’appropriation et le choix de mots pour se décrire par rapport à notre identité sexuelle (hétéro, lesbienne, bisexuel.le, etc.). Certaines femmes, par exemple, qui auraient des désirs pour les hommes et les femmes, mais n’avoir eu des expériences sexuelles qu’avec d’autres hommes, pourraient se définir comme hétérosexuelles (se basant plutôt sur leurs comportements) ou comme bisexuelles (se basant davantage sur leurs désirs) ou même d’autres termes s’ils lui conviennent mieux! L’identité, c’est vraiment propre à chaque personne, sa façon de se percevoir et son sentiment d’appartenance à une orientation sexuelle plutôt qu’une autre. Tu comprendras que l’on ne peut pas contrôler nos désirs, mais que l’on a le choix d’agir ou pas en fonction de ceux-ci et que personne d’autre que nous ne peut choisir notre manière de nous identifier. Si tu découvrais, par exemple, que tu avais bel et bien du désir pour les filles, mais que tu ne souhaitais pas avoir de relations sexuelles ou sortir avec elles pour diverses raisons ou que tu te considérais toujours comme hétérosexuelles, ces choix t’appartiendraient.
En résumé, je t’invite à t’interroger sur l’origine de ta peur de développer du désir pour les femmes parce que, souvent, lorsque les gens font référence à un TOC homo (non-diagnostiqué), c’est très lié à de l’homophobie intériorisée. N’oublie pas que les orientations sexuelles sont toutes aussi valides les unes que les autres et qu’il est tout à fait normal de s’interroger sur nos attirances et nos désirs. Par ailleurs, il est tout à fait possible d’être excitée par des scénarios lesbiens sans être attirée par les femmes dans la vraie vie. L’important, c’est d’être à l’aise avec ta sexualité et avec les mots que tu choisis pour parler de tes expériences personnelles. Personne ne t’oblige à être dans une relation ou à avoir des comportements sexuels si tu n’en as pas envie, tout comme personne ne peut choisir à ta place comment tu choisis de t’identifier, et ce, quels que soient tes attirances.
J’espère avoir pu t’aider à brasser un peu tes idées et avoir alimenté ta réflexion sur ta peur face à l’idée d’avoir de l’attirance pour les femmes. N’hésite pas à nous réécrire si tu as davantage de questions!
Marion, intervenante pour AlterHéros

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