Bonjour Tolza,
Premièrement merci de nous faire confiance et de te confier à nous dans la plus grande écoute et douceur possible. Si je comprends bien, tu te poses des questions sur ton orientation sexuelle et romantique et malgré ce sentiment grandissant, tu n’arrives pas à en parler à des gens proches de toi par honte ou peur d’être étiquetée comme étant lesbienne.
Prime à bord, je tiens à te rassurer et te rappeler que tu n’es pas seule à te poser des questions sur ton orientation sexuelle et romantique. Entre autres à ce qui a trait au dévoilement de notre orientation sexuelle ou romantique à nos proches. Malgré les avancements en ce sens, il y a encore beaucoup de gens qui croient que les gens sont «tous hétéro jusqu’à preuve du contraire et c’est un obstacle très important pour les jeunes ressentant des attirances diversifiées et ne s’inscrivant pas dans le modèle hétérosexuel dominant», comme le dit bien mon collègue Guillaume dans cette réponse. Je sens aussi qu’il y a une certaine pression au niveau familial qui peut augmenter ce sentiment de honte et d’anxiété face à toi-même. Est-ce que je me trompe? Mais je tiens à te dire que tu es ta meilleure ressource pour savoir ce qui te convient ou non dans la vie. Fais-toi confiance : il n’y que toi pour choisir les mots et définir ton orientation sexuelle. Je t’encourage à faire preuve de compassion envers toi-même comme je suis certain.e que tu le fais envers tes ami.e.s. Qu’est-ce qui aurait de mal à être perçue comme une femme qui aime les femmes? Je crois d’autant plus que c’est le jugement extérieur porté sur cette orientation qui vient teinter ta perception de la chose. Sois bien à l’aise de me dire si ma perception est fausse. Je t’invite à ne pas être trop dure envers toi-même. Je tiens à souligner ton courage de nous avoir écrit pour nous parler de ton attirance envers les filles. Félicitation. Célèbre cette petite victoire! C’est un très grand pas! 🙂
Il n’y a pas une orientation meilleure qu’une autre. Que tu sois hétérosexuelle, bisexuelle, lesbienne ou gaie, chacun de ces termes reste égal aux autres. Je le répète, il n’y a que toi qui peux entièrement te définir et il n’y a rien à avoir honte. Au contraire, c’est magnifique de pouvoir ressentir de l’amour. L’amour c’est universel et sans jugement.
Puis, je me permets de citer ma collègue Cat qui a un talent remarquable pour répondre aux jeunes sur des questions concernant le coming-out de l’orientation sexuelle :
« Ensuite, la question du coming out ou du dévoilement de cette partie de ton identité avec les autres t’appartient. Le coming out n’est pas une obligation, et il s’agit d’un processus qui peut se vivre en différentes étapes. Qu’est-ce que j’entends par là ? Je veux dire que tu peux choisir comment et avec qui tu as envie d’en parler. Tu n’es pas tenue d’en parler à tout le monde dans ton entourage. Tu peux déterminer le moment et l’endroit qui te convient pour en discuter. Il s’agit donc de ton processus et il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de le faire, tant que tu restes à l’écoute de tes besoins dans tout ça.
Je vois que tu as tenté à plusieurs reprises d’en discuter avec ton entourage et ton ami. Peut-être pourrais-tu tenter d’écrire sur papier ce que tu aimerais leur dire ? Cela aide beaucoup à recentrer ses pensées. De plus, je sais que pour ma part, d’en avoir parlé à quelqu’un qui je savais avait passé sensiblement par la même épreuve, et qui n’allait pas me juger, m’a beaucoup aidé.e.
Par la suite, ces personnes peuvent potentiellement devenir une ressource et t’aider dans ton coming out auprès d’autres personnes. Qu’en dis-tu ? Aussi, tu peux déterminer si tu as envie de parler de [tes attirances] à plusieurs personnes en même temps, ou d’en parler à chaque personne de manière individuelle ? Tu peux décider d’en parler en personne ou bien par écrit. Par exemple, si tu choisis de l’annoncer en personne, tu pourrais demander à tes [amis.es] de se regrouper […] et en discuter avec elleux (contraction de elles et eux). Tu pourrais aussi choisir d’écrire un petit texte que tu pourrais envoyer de manière individuelle ou collective à [tes amis.es]. Parfois, le fait de l’écrire peut t’aider à mettre en mot ta propre réalité. Même si tu choisis de leur annoncer en personne, cela peut être une bonne idée d’écrire ce que tu as envie de partager avec elleux et de réfléchir à comment tu souhaites le faire.
Peu importe la façon que tu décides de faire ton coming out il est important de t’écouter et de suivre ton rythme. Prends soin de toi sans te mettre trop de pression.
Je crois que la pandémie joue aussi un rôle concernant ton mal être en lien avec le quotidien, car malgré nous nous sommes isolé.e.s et très souvent pris dans notre tête avec nos pensées, mais cela ne veut pas dire que l’on est seul.e.s pour autant. De ce fait, je t’invite à tenir un petit journal d’amour comme j’aime bien l’appeler et de le remplir de pleins de choses que tu aimes comme : des autocollants, des citations inspirantes, te faire une liste de chose que tu aimes chez toi, y faire des dessins, etc. T’abandonner à la créativité. Cela pourrait te permettre de mieux te connaître et ainsi déposer tes états d’âme librement et sans jugement.
Je me permets aussi de citer une ancienne réponse qu’une collègue a écrit à ce sujet pour approfondir ta réflexion. « Il se peut que ta famille te pose des questions, je te propose donc de te préparer mentalement pour savoir ce que tu as envie de partager. Je te fais parvenir certaines questions pertinentes que proposent Interligne quant à ton dévoilement :
- Est-ce que tu es confortable avec [ton orientation sexuelle] ?
- Pour quelles raisons souhaites-tu partager cette information à ta famille ?
- Est-ce que tu es généralement à l’aise pour parler de trucs personnels avec ta famille ?
- Est-ce que tu as des ami. e. s ou frère/soeur/un. e meilleur. e ami. e qui pourrait t’aider dans cette démarche ?
- Comment est-ce que tu anticipes la réaction de ta famille ? Est-ce que tu as déjà entendu certains commentaires de leur part à l’égard des personnes LGBTQ+ ? Est-ce que c’était des commentaires positifs, neutres ou négatifs ? As-tu déjà partagé une nouvelle de l’actualité LGBTQ+ ou une information sur une vedette LGBTQ+ pour analyser la réaction de ta famille ?
- Est-ce que tu te sens confortable de répondre à leurs questions concernant [la diversité sexuelle] et, le cas échéant, de défaire les fausses conceptions de leur part ?»
Toutes ces questions ne sont que des lignes directrices pour t’aider à approfondir ton propre cheminement et te sentir prête le moment venu. Si jamais tu sens que ton groupe d’ami.e.s n’est pas supportant comme tu aurais envie qu’ils et elles le soient, as-tu déjà pensé à fréquenter des espaces pour les jeunes LGBTQ+ ? Je comprends qu’il est difficile en ce moment de se réunir à cause du contexte de la pandémie mondiale, mais il existe également différents groupes de support virtuels. » Par exemple, tu peux contacter l’association jeunesse LGBTQ+, C’est Comme Ça, qui travaille précisément avec les jeunes LGBTQ+ ou en questionnement habitant en France. AlterHéros étant au Canada, il nous est parfois difficile de pouvoir référer les jeunes aux services actifs dans leur pays.
Je t’invite à consulter ce lien pour trouver la ressource LGBTQ+ la plus près de chez toi.
Bonne chance pour la suite, Tolza. Sache que tu n’es pas seule et que tu peux nous écrire à n’importe quel moment si tu en ressens le besoin. Je t’envoie une grosse dose de chaleur et de lumière.
Mel.