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17 novembre 2020

À cause de l'intimidation homophobe, je ne sais plus trop où j'en suis en termes d'orientation sexuelle...

Bonjour Alterheros, j’espère que vous pourrez me donnez des conseils à mes différents soucis.
J’ai 17 ans. En premier, on se moque de moi à l’école tous les jours depuis que je suis entré au collège à 11 ans et je peux vous dire que le confinement est une bénédiction pour moi (comme les vacances scolaires) contrairement à beaucoup et je voudrais que ça dure une éternité, mais ça ne durera pas. Comment faire cesser les moqueries ? M’inscrire à un sport de combat pourrait il me permettre de me faire respecter par les autres ?
Parfois, on se moque de moi en me traitant de «pd» ou «sale pd» et autre insulte homo pour me rabaisser alors que je ne fais rien pour ressembler à une personne homosexuelle. Pourquoi ? Est ce lié à je ne suis jamais sorti avec une femme ? Comment faire pour séduire une fille, sortir et coucher avec elle, je suis vraiment un loser et je ne me sens pas bien dans ma peau ?
Je suis très renfermé sur moi même, je suis timide et incapable de me défendre face aux moqueries, je ne sais pas pourquoi. Des conseils ?

Ces derniers temps, je passe de plus en plus de temps sur la pornographie, même si je sais que ce n’est pas la réalité, je me sens très seul romantiquement et je ne sais pas comment combler ce vide. Des conseils ?
Mais voila, je consomme de la porno gaie maintenant, ça me plait beaucoup et je m’identifie comme gay à ces moments là, et des mecs à l’école me plaisent de plus en plus, autant que certaines jolies filles, en fait c’est depuis mes 11 ans que je rencontre des gars qui me plaisent autant qu’une fille, chaque année, je ne peux pas le nier ! Mais je suis de plus en plus démuni à cause de toutes ces moqueries, donc je suis bloqué avec les garçons pour sortir avec et je ne sais plus trop si je veux sortir avec une fille pour être simplement mieux dans ma peau et me valoriser auprès des autres ou par amour.
Je vendrai actuellement mon âme au diable pour sortir et coucher avec une femme pour être mieux vu socialement, mais aussi pour savoir ce que ça fait un rapport sexuel avec une femme.
Mais en même temps, je voudrai par moment pouvoir sortir avec un garçon, mais ce n’est pas possible, je vais mourir si je fais ça, ça finira par se savoir et je ne suis pas prêt à le supporter, on se moque déjà trop de moi. Par moment, pour me sentir moins seul, je voudrai juste un rapport sexuel avec un garçon, ça suffirait, mais ça n’arrivera pas si je ne sors pas avec un garçon, alors que j’ai quand même envie de vivre avec un garçon par moment. Puis je n’oserai jamais aller vers un homme sans savoir au préalable s’il est homosexuel.

Donc, quels conseils me donnerez vous pour séduire des femmes ? Aller sur des sites de rencontre ? Il faudrait que j’arrive à sortir avec une femme pour faire taire les moqueries et aussi pour savoir ce que ça fait une relation sexuelle avec une femme pour me rassurer sur mon hétérosexualité. Je voudrai rester hétérosexuel pour la vie et pas rester homosexuel, comme j’ai l’impression de l’être par moment, parce que j’ai encore plus envie de savoir ce que ça fait une relation sexuelle avec un homme qu’avec une femme, mais l’homosexualité a beaucoup d’impacts négatifs pour soi et je ne pourrai jamais les supporter actuellement.

Je vous parle que de sexe mais parce que dans le passé je suis déjà tombé amoureux de filles mais ça n’a jamais marché, on s’est même moqué de moi et je me sens dans l’incapacité à aimer quelqu’un de nouveau à cause des moqueries, encore moins une fille. Et aussi c’est parce que j’ai l’impression que personne (femme ou homme) ne pourra m’aimer un jour, aucune femme ne m’a jamais fait comprendre qu’elle pouvait s’intéressait à moi.
Je serai toujours seul et donc, j’envisage uniquement des rapports sexuels avec les personnes (pour cette raison j’ai mis aromantique dans mon orientation romantique), uniquement avec les garçons de préférence si c’était possible, ça semble plus facile et plus simple le sexe avec les hommes.
Si cela était possible sans les impacts négatifs liés à l’homosexualité, ça ne me dérangerait pas au fond de connaitre que des rapports sexuels gays même si ça pourrait me manquer de ne jamais connaître de rapports sexuels avec une femme, .
C’est compliqué et je ne sais plus trop où j’en suis en termes d’orientation, vivre ou ne pas vivre avec un homme ou une femme un jour, avoir des relations sexuelles avec un homme ou une femme un jour, toutefois si j’ai la chance que ça m’arrive un jour !

Malheureux

Guillaume Perrier

Bonjour Malheureux!

Je tiens à te remercier chaleureusement pour la confiance que tu portes envers AlterHéros. Je suis épaté par le courage que tu as eu à nous écrire et pour mettre à l’écrit, peut-être pour une première fois, tes différents questionnements et nommer la violence que tu vis au quotidien à ton école. Je comprends que la période de confinement actuelle est quelque chose de positif pour toi en fonction du climat d’études non sécuritaire présent à ton école. C’est correct de profiter de ce type de pause et de nous permettre de recharger nos batteries un peu. 🙂

Si je comprends bien ta situation, tu vis d’une part de l’intimidation à caractère homophobe dans ton école. Que l’on soit homosexuel, bisexuel, asexuel ou hétérosexuel, personne n’est malheureusement à l’abri de ce type d’insultes. Je tiens à ce que tu saches que tu n’es pas responsable de ces insultes, tu n’es pas responsable de la violence que tu vies. Les seules personnes responsables sont tes agresseurs ainsi que l’ensemble des personnes qui ne réagissent pas devant ces propos. Je comprends que les mots utilisés par ces personnes pour se moquer de toi peuvent être très blessants, en particulier lorsqu’on est soi-même en réflexion et en questionnement sur notre sexualité et que les modèles que nous avons de l’homosexualité ou de la bisexualité sont récupérés par ces personnes en insultes. C’est difficile et mes mots que je t’écris ne pourront pas, à eux seuls, effacer la douleur que cela peut te procurer. On est plusieurs personnes homosexuelles, bisexuelles et même hétérosexuelles à avoir vécu ce type de violence à différents moments de leur vie (moi le premier!). Bref, tu n’es pas seul. J’ai personnellement catalysé cette énergie en m’impliquant dans divers groupes de défense de droits des personnes LGBTQ+, mais chaque personne réagit différemment à ces moqueries. Une façon aussi de se protéger par rapport de ce types d’insulte est de pouvoir en parler librement avec des personnes de confiance, comme un.e thérapeute, ou de pouvoir s’entourer de personnes ouvertes à la diversité sexuelle et de genre. C’est pourquoi prendre contact avec l’association belge AlterVisio qui est spécialement dédiée à soutenir les jeunes LGBTQ+ en Belgique. C’est aussi possible de jeter un coup d’oeil à la Fédération Les CHEFF qui regroupent sept associations par et pour les jeunes LGBTQ+ de moins de 30 ans dans différentes régions de la Wallonie ou à Bruxelles. C’est un excellent moyen de rencontrer d’autres jeunes vivant des situations et questionnements similaires aux tiens! Le tout dans un environnement bienveillant et sécuritaire. Puis, il est de la responsabilité de chaque établissement scolaire à créer un climat sécuritaire et exempt d’intimidation : as-tu déjà parlé à un.e adulte de confiance de ton école de la situation difficile que tu vis? Cette personne pourra t’aider et être un.e allié.e important.e pour toi. 🙂

 

Tu affirmes ressentir l’incapacité d’aimer à cause des moqueries que tu vis. Sache qu’il est compréhensible de tenir ce type de réflexion : les personnes vivant de l’intimidation doivent mettre beaucoup d’énergie à guérir et se reconstruire. Prend le temps dont tu as de besoin. C’est un long processus, mais c’est aussi un magnifique cadeau que tu peux t’offrir en prenant certaines actions pour améliorer ton bien-être – et le fait de nous écrire est une magnifique première étape! Les petits agresseurs repèrent parfois les personnes qui semblent plus fragiles, moins armés pour se défendre, en manque d’estime d’elles-mêmes. Ceci n’a absolument aucun lien avec notre orientation sexuelle. Mais une belle façon de travailler sur notre estime personnelle et de participer à des activités de groupes avec des personnes dont tu as confiance et avec qui tu te sens confortable. Est-ce que tu as des idées en tête d’activités que tu aimes dans lesquelles tu pourrais t’impliquer? Ou de joindre des groupes par et pour des jeunes LGBTQ+ de ta région? Cela peut même être une belle façon de rencontrer d’autres personnes pouvant possiblement remplir ce creux romantique dont tu fais référence. 🙂

 

Tu dis avoir la capacité de ressentir de l’attirance physique et émotionnelle envers des garçons et des filles. L’orientation sexuelle est quelque chose de très intime et personnelle : il n’y a que toi qui peut mettre des mots sur ce que tu ressens et choisir des mots ou étiquettes qui reflètent le mieux tes attirances. Il n’y a toutefois aucune obligation à vouloir s’identifier à une orientation sexuelle plutôt qu’une autre : c’est vraiment une décision personnelle. Toutefois, dans ton message, tu sembles mettre en opposition ton attirance pour les filles ainsi que ton attirance pour les garçons. Rien ne t’oblige non plus à devoir choisir entre l’un ou l’autre : les deux peuvent vivre ensemble sans problème. Si jamais tu as des interrogations au sujet de la bisexualité, je te suggère de lire cette réponse de ma collègue Cat, une femme fièrement bisexuelle : J’ai beaucoup de questions concernant ma bisexualité. De plus, les attirances ne sont pas non plus fixes et rigides dans le temps. Il peut arriver que nous ressentions davantage d’attirances envers un type de personnes, puis envers un autre type. C’est vraiment ok!

 

Ensuite, tu dis possiblement préférer l’idée d’avoir un rapport sexuel avec un homme qu’avec une femme, ce qui te semble, à ton avis, quelque chose de plus simple. Sache que ceci est une perception personnelle de ta part, et que tout le monde peut trouver cela plus ou moins simple selon le genre de la personne. Si cette affirmation fait du sens pour toi, alors tant mieux! À ce sujet, tu peux lire ma réponse : Quelles sont les précautions à prendre lors d’une première relation sexuelle entre hommes? Tu affirmes que le plus grand obstacle que tu vies à l’idée d’avoir une relation sexuelle avec un autre garçon est les impacts négatifs liés à l’homosexualité. Si tu me permets de te corriger ici, s’agit-il réellement des impacts négatifs de l’homosexualité? Ou plutôt les impacts négatifs de l’homophobie? Car, à mon avis, je trouve des millions de choses positives au fait que je sois homosexuel! Le plus difficile, effectivement, est l’homophobie que l’on peut vivre. Or, je t’encourage à ne pas t’empêcher de vivre des expériences positives, affirmatives et plaisantes avec d’autres garçons qui t’attirent. Je comprends la peur associée au fait que notre sexualité puisse être connue d’autres personnes, mais absolument rien ne t’oblige à dévoiler ces informations tant et aussi longtemps que tu ne te sens pas prêt. Ici, encore une fois, il est primordial d’être à l’écoute de ton propre rythme et de tes propres limites… mais aussi de tes propres besoins. 😉

 

Enfin, tu te demandes où tu en es en termes d’orientation sexuelle : vivre ou ne pas vivre avec une homme ou une femme, avoir des rapports sexuels ou non avec un homme ou une femme… Comme je disais plus haut, le fait d’avoir un rapport sexuel avec une personne (un homme par exemple) ne t’empêchera jamais de tenter une expérience avec une autre personne (une femme par exemple). J’ai moi-même déjà eu des expériences sexuelles avec des filles, même si je m’identifie comme homosexuel aujourd’hui. Bref, tu n’es pas obligé de choisir entre les garçons et les filles si les deux t’attirent sur différents niveaux. Tu n’es pas non plus obligé de réfléchir immédiatement à l’identité de genre de la personne avec qui tu voudras vivre lorsque tu seras plus vieux… Cela peut possiblement te mettre une pression particulière de te projeter dans le futur de la sorte, alors qu’il est possible de demeurer à l’écoute de nos sentiments, ici et maintenant, et de s’interroger sur le type de personnes avec qui nous avons envie de faire un bout de chemin en ce moment. 

 

Puis, je tiens à te préciser que tu n’es pas un loser si tu n’as pas couché avec personne à ce jour. Je comprends qu’il existe une pression malsaine dans nos sociétés entourant la performance sexuelle, mais l’important est d’abord et avant tout d’écouter ses propres limites et son propre rythme. De plus, si ça peut te rassurer, la moyenne de l’âge où les jeunes en France expérimentent leurs premières relations sexuelles tourne autour de 17-18 ans. Alors qui dit moyenne, dit aussi qu’il y a beaucoup de personnes qui auront leur première expérience plus tard pendant leur vie adulte. Les loser, si je peux me permettre, ce sont celleux qui se moquent des personnes en fonction de leur vie intime et sexuelle. Ce ne sera jamais toi. <3

 

J’espère que tout cela a pu t’aider un peu. N’hésite pas à nous écrire de nouveau si tu en ressens le besoin, AlterHéros demeurera à ta disposition à tout moment. Je te laisse également ces autres réponses qui sauront peut-être te guider dans tes réflexions :

Je vis de l’intimidation et de la violence. Comment m’en sortir?

J’aimerais explorer mon homosexualité, mais les humiliations de mon passé remontent constamment à la surface…

Comment affirmer mon homosexualité malgré la honte et la peur de faire rire de moi?

Enfin, tu peux lire les autres questions dans la catégorie “Comment rencontrer?” de notre site web. Tu y trouveras d’autres pistes. Je te laisse aussi cette page du gouvernement du Canada au sujet de rencontres en ligne sécuritaires.

 

Bonne route, cher Malheureux, et au plaisir de pouvoir connaître ton nouveau pseudonyme lorsque les choses iront mieux pour toi. 🙂

Guillaume, pour AlterHéros

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