Pouvez-vous me dire des choses positives sur l'homosexualité pour me rassurer?
Bonjour, vous avez du connaitre ça. J’essaie de résister en me disant, allez la prochaine fois François, ton prochain crush c’est une fille, ça loupe pas mon crush c’est un mec la fois suivante. J’essaie de me forcer à regarder du porno straight durant cette période, mais je craque très vite (au bout d’une minute même pas) et je regarde du gay. Il y a comme une excitation chez moi d’être gay pour visualiser des personnes de même sexe s’embrasser (femme ou homme) ou faire du sexe. J’essaie actuellement de rendre positif ce que ej vois (couple de 2 femmes ou de 2 hommes) en me disant qu’il ne faut pas se faire une montagne avec mes parents si je suis gay, ils sont ouverts sur ce sujet, j’ai de la chance par rapport à d’autres. Y-a-t-il un moyen de ne plus craquer ? Si pas possible, pour m’aider et pour me rassurer, dites moi des choses positives sur l’homosexualité, que c’est cool d’être gay et qu’il n’y a pas de honte à aimer les pénis, je crois que je ne résiste plus du tout, avec tout ce confinement et je me sens explosé à essayer de résister, je voudrais craquer une fois pour toute et avoir des rapports homosexuels un de ces 4. Ca fait du bien de vous parler en ce moment, vous êtes les premiers avec qui je fais un coming out. J’espère ne aps avoir été trop long, mais je suis très anxieux et très ansiogène actuellement, j’ai arrêté de regarder totalement la télé qui m’angoisse trop et je lis des bouquins pour rester serein.
JeCraque
Bonjour!
Et félicitations JeCraque pour ton premier coming out! C’est une grosse étape et tu peux être fier de toi! Merci de nous avoir fait confiance avec ton vécu et tes sentiments, j’entends ce que tu ressens, je te crois et je ne te juge pas. Je suis passé par là moi aussi et je pense pouvoir t’aider à trouver une lumière au bout du tunnel.
Pour reprendre tes mots, tu es attiré par les garçons autant dans tes crushs que dans ta consommation de porno. Tu fais énormément d’efforts pour résister à ces tentations, mais cela ne semble pas fonctionner. Tu aimerais trouver un moyen pour arrêter ces pensées ou pour mieux les accepter.
Pour répondre à ta première question, je dois t’avouer qu’il n’y a tout simplement pas de technique pour changer tes attirances et tes fantasmes. Bien que illégales dans plusieurs pays, il existe des pseudo thérapies de conversion visant à modifier l’orientation sexuelle. Ces pratiques sont non-scientifiques, malsaines, dangereuses et violentes. Non seulement elles ne fonctionnent pas, elles entraînent de graves conséquences sur la santé physique et mentale des personnes qui les ont subies. À AlterHéros, on reçoit souvent des questions de jeunes qui veulent contrôler ou changer leur homosexualité et qui se forcent à faire des choses qui les rendent inconfortables. Je me souviendrai toujours de cette question :
Avez vous des solutions psychologique pour avoir des fantasmes avec des filles ? Si je rencontre un gay je serai gay à mon tour avec lui et ça sera trop tard. J’ai un feu qui brûle dans tout mon corps quand je sui avec un garçon que je trouve physiquement mignons, je ne sais pas pourquoi c pas bien d’être gay
Si je te partage cela c’est pour te montrer que plus on essaye parfois de réprimer et de refouler ses pensées et ses sentiments, plus cela finit par les renforcer. Tes désirs sont valides et les écouter ne te fera pas de mal. 🙂
Avant d’aller plus loin, j’aimerais te mettre les 2 définitions suivantes :
Hétérosexisme : Ensemble des attitudes, préjugés et discriminations en faveur de l’hétérosexualité, qui est alors établi comme seul modèle relationnel. L’hétérosexisme prétend qu’il est plus normal, moral ou acceptable d’être hétérosexuel-le que d’être gay, lesbienne ou bisexuel-le.
Hétéronormativité : Ensemble des normes qui font apparaître l’hétérosexualité comme cohérente, naturelle et privilégiée. Elle implique la présomption que toute personne est hétérosexuelle et la considération que l’hétérosexualité est idéale et supérieure à tout autre orientation sexuelle.
Je crois que cela permet de comprendre un peu mieux d’où ce désir de changer peut venir. C’est l’une des manifestations de ce que l’on appelle l’homophobie intériorisée. Je te mets aussi une définition pour que tu puisses me suivre.
Homophobie intériorisée : Fait pour une personne homosexuelle ou bisexuelle de rejeter sa propre homosexualité ou bisexualité. Celle-ci peut venir d’une homophobie sociale ou familiale, et empêche de se représenter comme lesbienne, gay ou bi. Cela peut se traduire par des sentiments négatifs comme la honte ou la culpabilité, par des tentatives d’ignorer ou de refouler ses attirances, voire même de les changer en se “forçant” à vivre comme une personne hétérosexuelle
Maintenant, tel que demandé, des choses plus positives! Non seulement c’est cool d’être gay et il n’y a aucune honte à aimer les pénis, je vais aller plus loin : s’affirmer d’une orientation sexuelle marginalisée est une source de joie, d’amour, de guérison et de fierté. Tu as sûrement déjà vu le drapeau arc-en-ciel, mais sais-tu ce qu’il signifie?
Chacune des couleurs symbolise un aspect de la vie des personnes LGBTQ+. Depuis plusieurs générations, 1978 pour être exact, le drapeau est un symbole universellement reconnu de liberté, tolérance et diversité qui est ancré dans les revendications politiques d’une communauté riche et solide. Si tu veux en apprendre davantage sur l’histoire LGBTQ+ (je te jure c’est vraiment intéressant!) je te recommande le documentaire United in anger (gratuit sur YouTube, mais en anglais)
Toutes les personnes LGBTQ+ sont différentes et uniques, et loin de moi l’idée de vouloir encourager des stéréotypes. Toutefois, le fait de passer à travers des épreuves et de surmonter des obstacles permet de développer certaines qualités comme la résilience, la persévérance, la force, le courage, l’empathie, la créativité, etc. Le fait de grandir et de naviguer dans le monde en faisant partie d’un groupe opprimé, marginalisé et invisibilisé n’est pas toujours facile, mais cela permet aussi de développer des qualités et des compétences impressionnantes. Vivre en tant que soi-même et être entouré de personnes qui nous comprennent apporte également des émotions de différentes intensités tel le soulagement, l’excitation, le plaisir, l’euphorie, la libération, la joie, le bonheur, la sérénité, la paix, etc. J’aurais tendance à dire que cela en vaut quand même la peine.
Si tu me permets de parler de mon expérience personnelle, j’ai pris beaucoup de temps avant de comprendre et d’accepter mon orientation sexuelle. Je savais que les garçons m’attiraient, mais je n’arrivais pas à m’associer au concept de l’homosexualité et à ce qui venait avec. J’ai longtemps préféré la simplicité de la solitude à la violence de la visibilité. Mais c’est quand je me suis donné la permission d’explorer le monde et de rencontrer des gens que j’ai vraiment commencé à vivre. J’ai demandé conseil à mon amoureux et voici ce qu’il en pense :
“Il est difficile de voir les aspects extraordinaires de l’homosexualité si l’on croit que cela est impossible. Apprendre à accepter son orientation c’est aussi apprendre à accepter que l’on peut être heureux, que l’on peut avoir la vie que l’on souhaite et rencontrer l’amour de sa vie. Il est possible de découvrir une force intérieure insoupçonnée en embrassant cette partie de soi.”
Il y a plein de parcours différents, il est possible que cela résonne avec toi ou non, et c’est correct. C’est pour ça qu’il est important d’écouter des points de vue variés.
C’est ce qui m’amène à mon prochain point : les modèles positifs. Il n’y a pas une quantité énorme de couples gays vivants et heureux dans les médias, et cela fait en sorte qu’il est plus difficile de s’imaginer un avenir positif en tant que personnes gays lorsque cela n’est pas représenté nulle part. Même si tu n’écoutes pas la télé, je mentionnerais que les émissions “Love, Victor”, “Sex Education” et « Schitt’s Creek » mettent en scène des personnages et des couples homosexuels de façon touchante, nuancée et réaliste. Sinon, à l’extérieur du petit écran, tu pourrais peut-être écouter des chansons, lire des poèmes, lire des témoignages sur notre site, ou suivre des artistes et illustrateur.ice.s sur Instagram. Bref, il y a beaucoup d’options pour t’exposer à des modèles différents selon ce que tu préfères.
Je pourrais te parler de pratiques sexuelles sécuritaires, de consentement, de coming out et de relations au temps du confinement, mais je crois que ma réponse est déjà plutôt longue. N’hésite pas à nous réécrire si cela t’intéresserait! Il nous arrive d’offrir des rencontres individuelles sur le web avec l’un.e de nos intervenant.e.s. À toi de voir si c’est quelque chose qui peut t’intéresser! En attendant, en guise de conclusion, je t’invite à faire preuve de patience et de compassion envers toi-même… Et à travailler, tranquillement, à modifier ce sentiment de honte en un sentiment de fierté. Qu’en penses-tu? Ces questions et ces sentiments prennent du temps à adresser. Pourquoi ne pas essayer de faire des choses qui te font du bien? Tu mentionnes la lecture par exemple, écrire est aussi un bon moyen pour ventiler ses émotions… ou nous écrire! 😉
Je t’invite à lire cette réponse de mon collègue Guillaume concernant notre sentiment d’appartenance aux communautés LGBTQ+ : Je ne suis pas entièrement certain que je ressens un certain attachement à la communauté LGBTQ+ … Est-ce normal?
Bon courage,
Maxime, stagiaire pour AlterHéros