Ma famille est transphobe et j'ai envie de fuguer... J'ai besoin de votre aide!

Bonjour je suis trans je les dit à mes parent mais il sont transphobic alors il ont mal prit, je vit mal à la maison ma mère me corrige tout le temps et elle m’appelle par mon dead name même si elle sais que je n’aime pas cela,j’ai des envie de fuguer mais j’ai peur que cela ce passe mal, je suis vraiment mal en ce moment. J’ai besoin de votre aide!
Merci

Rose Dorian

Bonjour Nekoden-chan,

Merci de faire confiance à AlterHéros pour répondre à ta question!

Tu nous demandes de l’aide parce que tu sens que tu étouffes chez toi. Tu as fait ton coming out comme personne trans à tes parents et cela s’est mal passé. Depuis, ta mère ne cesse de te corriger et de t’appeler par ton prénom attribué à la naissance au lieu de ton prénom. La situation commence à être intolérable et tu penses à fuguer.

Je te comprends vraiment! On dirait que certaines personnes mettent un point d’honneur à utiliser les mauvais prénoms, pronoms et accords pour parler de nous dès qu’elles apprennent que nous sommes trans. Pourtant, ces mêmes personnes vont souvent faire de gros efforts pour éviter de mégenrer des personnes inconnues qu’elles présument être cisgenres, des bébés ou des animaux. Tu as raison, c’est de la transphobie. Et ça fait mal.

C’est aussi vraiment décourageant de se sentir pris au piège lorsqu’on habite avec sa famille. On a souvent nulle part d’autre où aller et on aimerait souvent que ça se passe mieux avec les gens qu’on aime et qu’on côtoie chaque jour ou presque. C’est probablement encore plus difficile avec les restrictions liées à la pandémie COVID-19.

Je veux te dire que je reçois clairement ton message : tu es à bout, tu as atteint ta limite dans cette situation. Félicitations d’être capable de t’exprimer et de nous demander de l’aide! Ce n’est jamais facile à faire et je trouve que c’est important de le souligner.

J’aimerais commencer par t’informer sur tes droits! Au Québec, tu as le droit de consentir à des soins ou de les refuser à partir de l’âge de 14 ans. Il y a des exceptions dans le cas des soins non requis par l’état de santé ou d’un séjour de plus de 12h dans un établissement de soins. C’est important parce que cela te permet de demander de l’aide à des ressources scolaires, communautaires ou publiques sans avoir besoin de la permission de tes parents et sans que ceux-ci ou toute autre personne en soit informée. Il y a quelques exceptions qui demeurent (par. ex., si toi ou une autre personne est en danger imminent, sur ordre de la cour, etc.), mais de façon générale tu peux compter sur le respect de la confidentialité de tes informations.

Je te propose de communiquer avec une personne de confiance ou une ressource d’aide pour obtenir du soutien spécifique à ta situation. Voici quelques propositions :

  • Project 10 / questions@p10.qc.ca : organisme montréalais qui offre notamment des rencontres virtuelles et l’accès à des accessoires d’affirmation de genre ainsi que certaines activités réservées aux personnes 2STQBIPOC (personnes noires, autochtones, racisées bispirituelles, trans ou queer);
  • Neuro/Diversités / neurodiversites@alterheros.com : un volet d’AlterHéros dédié aux jeunes neuroatypiques qui offre notamment du soutien individuel et des rencontres virtuelles de groupe;
  • REZO : organisme montréalais pour les hommes gais ou bisexuels, et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH), qu’ils soient cis ou trans;
  • Jeunesse, J’écoute! : aide 24h/7 par texto, téléphone ou clavardage en direct;
  • Si tu fréquentes un établissement d’enseignement, tu peux faire appel aux ressources de soutien et d’intervention qui sont disponibles. Il y a peut-être même déjà un comité ou une association pour la diversité sexuelle et de genre avec qui tu peux communiquer! Tu peux aussi toujours te tourner vers ton CLSC ou d’autres organismes de ta communauté.

Je te suggère aussi de consulter la réponse Comment naviguer la transphobie de ma famille ? Si tu le souhaites et que tu te sens en sécurité de le faire, tu peux aussi transmettre le guide Familles en transition à tes parents ou leur proposer de communiquer avec une des ressources mentionnées précédemment pour avoir plus d’informations. Il arrive que notre famille soit vraiment sous le choc après une telle annonce parce que c’est vraiment très loin de ce qui est connu et confortable. Les relations peuvent parfois s’améliorer avec du temps, de l’éducation et du soutien.

Entre-temps, je te propose aussi de prendre un moment pour réfléchir à quel besoin l’idée de fuguer correspond. Je m’explique! C’est souvent plus facile de trouver des solutions concrètes ici et maintenant si tu sais quel objectif tu veux atteindre. Par exemple, si c’est pour retrouver ta liberté ou ta sécurité, tu peux essayer de voir si tu pourrais passer quelques jours chez une personne proche. Tu peux aussi tenter de trouver un endroit à l’extérieur (parc, organisme, etc.) ou à l’intérieur de chez toi où tu peux «avoir la paix» et te ressourcer. De la même façon, si le fait de te faire deadname et mégenrer constamment porte atteinte à ton identité, tu peux essayer de refaire un équilibre en t’entourant de ce qui te crée de l’euphorie de genre. Personnellement, je m’étais fait une petite trousse de survie avec des vêtements qui me plaisaient, un soutien-gorge de sport, des images inspirantes et un packer fait maison. Qu’est-ce qui te remonte le moral habituellement? Tu peux essayer de voir ce qui a déjà fonctionné dans le passé pour trouver des idées.

Je ne te conseille pas de fuguer, c’est sûr, mais en même temps, si jamais tu es vraiment à bout et que tu es sur le bord de sortir de chez toi, rappelle-toi de penser à ta sécurité en premier et de planifier où tu vas aller, ce que tu vas apporter et ce que tu vas faire. Tu peux communiquer avec Jeunesse, J’écoute! de façon anonyme et confidentielle en tout temps pour t’aider à prendre des décisions et trouver quoi faire. Je ne peux pas te dire quoi faire, mais ce que je peux dire, c’est que pour beaucoup de gens qui luttent contre l’acceptation de leur famille et de leur identité sexuelle/de genre, le fait d’avoir une certaine distance physique avec leurs parents peut faire toute la différence. Nous sommes plusieurs, par exemple, à avoir pris l’excuse de poursuivre des études dans une autre ville pour justifier un déménagement dès 17 ans. Bref, un départ de chez ses parents peut se planifier, sans que ce soit précipité non plus. Je t’invite néanmoins à noter les ressources montréalaises suivantes au cas où tu en aurais de besoin :

En Marge 12-17 : Un organisme offrant de l’hébergement d’urgence et temporaires à des jeunes de 12 à 17 ans.

Les Auberges du coeur : Des maisons d’hébergement pour les jeunes de 12 à 35 ans vivant des difficultés.

 

Il est possible que cette réponse d’un.e autre jeune trans réfléchissant fuguer de chez ses parents puisse trouver un écho à ta situation : J’ai fait mon coming out à mes parents asiatiques, mais je vis toujours dans le peur en plus de la dysphorie…

J’espère que j’ai pu t’aider un peu à trouver de la lumière au bout du tunnel! Tu peux nous réécrire en tout temps pour nous donner des nouvelles ou pour poser d’autres questions.

Prends soin de toi,

Rose Dorian, technicien.ne en travail social pour AlterHéros

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