9 juillet 2020

Devrais-je faire mon coming-out trans ou pas?

Bonjour,

Ça fait maintenant 5 mois que j’ai compris que j’étais transgenre. Au cause de mon âge jeune je préfère ne pas le dire tout se suite à ma famille et à mes amis. Mais je tate le terrain. M’a mère est très ouverte, je l’ai déjà dit à ma sœur, par contre mon père a une amie qui tiens des propos transphobe et homophobe et des fois il rigole à ses blagues (une photo ou il y a deux hommes qui s’embrassent et elle dit : au moins ça ça éteindra l’humanité) donc j’ai un peu peur de lui dire, puis y’a mes grand-parents du côté de mon père, j’ai prétexté un devoir du collège pour leurs pose des questions et ma grand mère aucun problème mais mon grand père lui dit que les personnes lgbtqia+ devrait moins se faire remarqué surtout les trans donc ca me fait aussi très peur. Mais mes grands parents du côté de ma mère j’en ai aucune idee.

Donc je ne sais pas trop quoi faire, et j’aimerais savoir votre avis sur la question si je devrait faire mon coming out ou pas ?

Merci beaucoup de m’avoir lu.

J’espère que vous pourrait répondre,

Bonne journée.

Au revoir

Charly

Séré

Bonjour Charly!

Merci de faire confiance à AlterHéros avec ta question! Je comprends que tu aimerais faire ton coming-out, mais que tu hésites à cause des propos de certains de tes proches sur les réalités LGBTQIA+.

D’abord, je crois que c’était vraiment une bonne idée de tâter le terrain auprès des personnes dont tu ne connais pas l’avis sur les personnes trans, afin de voir si c’est sécuritaire de faire ton coming-out auprès d’elles. Ça te permet de savoir un peu mieux à quoi t’attendre et de pouvoir anticiper certaines réactions négatives.

Tu sais, le coming-out est souvent présenté comme une seule grande étape unique et obligatoire, mais ce n’est pas nécessairement comme ça dans la réalité. Tu n’es jamais obligé de faire ton coming-out à certaines personnes si tu crois que ce ne sera pas bien accueilli. Ta priorité doit toujours être ta sécurité.

Tu peux donc y aller par étapes. Tu peux commencer par faire ton coming-out aux personnes de qui tu es plus proche ou qui sont plus ouvertes sur les questions trans, comme tu l’as fait avec ta sœur. D’ailleurs, comment ça s’est passé avec elle? A-t-elle bien réagi?  Penses-tu qu’elle pourrait t’aider à faire ton coming-out à d’autres personnes de ta famille? De la même façon, crois-tu que tu ce serait une bonne idée de faire ton coming-out à ta mère, que tu dis très ouverte, et de lui demander de l’aide pour aborder le sujet avec ton père?

Moi, c’est exactement ce que j’ai fait. Je savais que ma mère réagirait beaucoup mieux à mon coming-out que mon père, alors je lui en ai parlé en premier. Même si elle était très ouverte à ce sujet, ça lui a pris quelques semaines avant de réellement assimiler la nouvelle. Ensuite, j’ai pu avoir son soutien de sa part quand j’ai décidé d’en parler à mon père et qu’il n’a pas très bien réagi. Si je leur avais annoncé en même temps, je crois que ça ne se serait pas très bien passé, puisque ma mère avait besoin d’un peu de temps pour bien comprendre l’importance et les impacts de ce coming-out. En lui donnant ce temps, elle a pu gérer ses émotions, se renseigner sur le sujet et apprendre à être une bonne alliée pour moi, ce qui lui a donné la capacité de m’aider lorsque j’ai décidé de faire mon coming-out à mon père. De plus, en parler d’abord à des personnes plus ouvertes m’a donné de la pratique pour faire face aux personnes de qui j’avais davantage peur. Répondre aux questions de ma mère, qui était très ouverte, mais qui avait peu de connaissance sur les enjeux des personnes trans, m’a préparé à répondre aux questions des personnes qui étaient moins ouvertes et pas du tout renseignées sur les enjeux LGBTQ+. Si tu veux de l’aide pour déboulonner certains mythes par rapport aux personnes trans, je te conseille de lire cette réponse que j’ai donnée à ce sujet!

Tu peux aussi te préparer à faire ton coming-out en te demandant pourquoi c’est important pour toi que tes proches soient au courant que tu es trans. Cela t’aidera à mieux leur expliquer ce que tu attends d’elleux, car parfois quand on fait un coming-out, il y a certaines choses qui paraissent tout à fait évidentes pour nous peuvent ne pas l’être du tout pour les autres!

Par exemple, quand j’ai dit à ma mère que je n’étais pas une fille, je m’attendais à ce qu’elle en comprenne que je ne voulais plus qu’elle m’appelle « ma belle » ou qu’elle me présente comme était « sa fille aînée ». Sauf qu’elle n’avait pas vraiment pensé tout de suite au vocabulaire qu’elle devait changer, et ça a causé beaucoup de friction entre nous. J’ai donc appris que je devais nommer explicitement ce que je voulais changer pour que mes besoins soient respectés. 

Donc tu peux te demander : veux-tu que tes proches utilisent un nouveau prénom et des nouveaux pronoms (il, elle, iel, etc.) pour parler de toi? Aimerais-tu qu’iels t’aident à acheter des nouveaux vêtements? Voudrais-tu qu’iels t’aident à trouver un.e professionnel.le de la santé pour entamer des démarches de transition médicale comme la prise de bloqueurs de puberté? C’est très important que tu connaisses tes besoins et tes limites pour pouvoir les nommer et répondre à leurs questions. 

C’est aussi pertinent de penser à ce qui ne changera pas! Souvent, quand on fait un coming-out trans, les personnes qui ne sont pas très renseignées sur les enjeux trans ont l’impression que l’on veut « devenir » quelqu’un d’autre. Tu peux les rassurer en leur disant que tu restes la même personne qu’elles ont toujours connue, que tu gardes la même personnalité et les mêmes intérêts, et que faire ce coming-out est important pour toi et est une façon de te sentir authentique avec elleux. 

Ensuite, si tu détermines que tu es prêt à faire un coming-out auprès d’une personne et que tu as préparé ce que tu veux lui dévoiler, tu as plusieurs choix de moyens pour faire ce coming-out. Tu peux le faire en personne, mais tu peux aussi le faire par écrit! Voici ce que j’ai écrit à ce sujet dans une ancienne réponse :

« Si tu veux faire ton coming-out en personne, mais que tu n’y arrives pas quand tu es en face de tes parents, tu peux essayer de ne pas leur faire face : c’est beaucoup plus facile de commencer une conversation difficile quand tu es côte à côte avec une personne plutôt qu’en face d’elle. Tu pourrais par exemple faire ton coming-out pendant une marche en famille ou bien lorsque tu es assis.e à côté de tes parents à une table ou sur un divan. 

Faire un coming-out par écrit, soit en donnant une lettre à tes parents ou en leur envoyant un courriel, permet de préparer tout ce que tu veux dire à l’avance sans avoir à craindre d’être interrompu.e. Cela permet aussi de prévoir un espace pour que tes parents puissent réagir à cette nouvelle et gérer leurs sentiments par rapport à cela sans que tu aies à en être témoin. Par exemple, tu pourrais leur remettre la lettre juste avant d’aller prendre une marche. Un autre avantage de cette méthode est de permettre de leur donner des ressources. Tu peux par exemple leur envoyer des articles, comme celui-ci qui donne des conseils aux parents d’ados LGBTQ+ ou celui-ci qui explique que les enfants et ados trans se sentent autant fille ou garçon que les enfants et ados cisgenres. “

J’espère que ma réponse t’aidera à déterminer si tu es prêt à faire ton coming-out à tes proches! Si tu as besoin de parler davantage, n’hésite surtout pas à nous réécrire. Nous sommes là pour toi.

Je te souhaite bonne chance pour ton coming-out et je t’envoie tout plein de courage,

 

Séré, intervenant pour AlterHéros

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