J'ai peur de dire à mes parents et à mes amis que je suis gay. Que dois-je faire?

J’ai déjà faite mon coming out à mes 2 meilleures amies et ma sœur(sans le savoir! Je sais, c’est bizarre). Je veux être out à 100%. Mais je sais que la famille du côté de mon père n’est pas très ouvertes la dessus. Ils sont du genre à être homophobe naturellement. J’ai aussi très peur de le dire à mes parents et à mes amis. Je ne veux surtout pas que les personnes dans mon sport se disent qu je suis facile à battre à cause que je suis gay. Que dois-je faire?
Olivier

Guillaume Perrier

J’ai déjà faite mon coming out à mes 2 meilleures amies et ma sœur(sans le savoir! Je sais, c’est bizarre). Je veux être out à 100%. Mais je sais que la famille du côté de mon père n’est pas très ouvertes la dessus. Ils sont du genre à être homophobe naturellement. J’ai aussi très peur de le dire à mes parents et à mes amis. Je ne veux surtout pas que les personnes dans mon sport se disent qu je suis facile à battre à cause que je suis gay. Que dois-je faire?
Olivier
 
Salut Olivier !
 
Merci de la confiance que tu portes envers AlterHéros! D’abord, milles excuses pour le délai. On reçoit une quantité impressionnante de questions ces jours-ci.
Si je comprends bien ta situation, tu aimerais être 100% out concernant ton orientation sexuelle, mais tu as peur de la réaction de ta famille et de ton équipe sportive. Pour l’instant, deux de tes amies ainsi que ta soeur sont au courant.
Je voudrais d’abord te féliciter. Il faut tout un courage pour désirer vivre en harmonie avec qui nous sommes et tenter de retirer un certain poids qui pèse sur nos épaules. En avoir parler avec deux amies ainsi qu’avec ta soeur est déjà une immense étape! Bravo! Et puis, tu sais que tu n’es pas seul. À n’importe quel moment, tu peux compter sur ces trois personnes pour t’accompagner, te soutenir ou simplement pour parler de ta situation. Tes amies pour tout ce qui concerne l’école, puis ta soeur pour tout ce qui concerne ta famille. Qu’en penses-tu?
Puis, j’aimerais te nommer que le coming-out est un processus extrêmement personnel. Il n’existe aucune bonne ou mauvaise façon de faire un coming-out. Certaines personnes désirent le faire très tôt, d’autres préféreront attendre. Certaines personnes prennent aussi la décision, pour plein de raisons qui leur sont personnelles, de ne jamais dévoiler cette partie très intime d’elles-mêmes. Ainsi, le coming-out est un processus qui t’appartient à 100% et tu es le seul qui peut déterminer l’ensemble des modalités : le rythme, les personnes à qui en parler, les environnements où en parler, la façon d’en parler, en parler ou non, etc.
Tes craintes concernant la réaction de ton entourage sont certainement valides : l’homophobie et la biphobie, malgré tous les efforts collectifs pour les éliminer, existent toujours, même au Québec. Il est donc complètement compréhensible que tu ressentes cette crainte. J’ai moi-même vécu beaucoup de stress au moment où j’ai commencé à parler de mon orientation sexuelle lorsque j’étais à l’école secondaire. Toutefois, à chaque nouvelle personne à qui je dévoilais cette information intime, je me sentais à chaque fois un peu plus léger, malgré les boules de stress dans l’estomac au moment d’en parler. Bref, sache que tu n’es pas seul. 🙂
Maintenant, abordons plus précisément l’environnement familial. Est-ce que tu as une belle relation avec ta soeur? Est-ce que tu crois que celle-ci peut être une alliée et te supporter dans cette démarche auprès de ta famille? Est-ce qu’elle serait elle-même prête à prendre parole devant tes parents pour appuyer tes propos? Est-ce qu’elle serait prête à être présente avec toi au moment où tu décideras d’aborder le sujet avec tes parents (et si tu décides de le faire, naturellement, c’est ton choix!). Dévoiler son orientation sexuelle à nos parents peut être très difficile parfois, c’est pourquoi tu fais bien de nous écrire pour avoir quelques astuces afin de te sentir bien outillé à vivre ce moment. Tes parents, étant eux-mêmes hétérosexuels, n’ont possiblement jamais imaginé que leur propre enfant pouvait ressentir des attirances romantiques et sexuelles qui ne sont pas hétéro. Ainsi, cela peut parfois être un choc pour eux. Généralement, un peu de temps leur suffit pour apprivoiser. D’autres fois, cela se passe terriblement mieux que ce qu’on avait prédit. Chaque coming-out étant différent, sens-toi bien confortable de m’écrire au fur et à mesure que ton processus se déroule. Avant des oreilles attentives pour t’écouter et te supporter est important dans ce moment : nous sommes là pour cela, ainsi que tes deux amies et ta soeur, j’en suis convaincu.
Avant d’aborder le sujet avec tes parents, j’ai quelques questions pour te permettre de te préparer un peu. Est-ce que tu es à l’aise avec ton homosexualité? Est-ce que tu serais capable de répondre à leurs différences questions à ce sujet et, au besoin, dissiper les fausses conceptions? Est-ce que tu aimerais être accompagné pour aborder le sujet? Est-ce qu’il y a une façon d’aborder le sujet avec lequel tu te sentirais plus confortable? Certaines personnes prennent la décision d’écrire une lettre, soit pour donner directement à leurs parents, ou soit pour se pratiquer sur les mots à dire. D’autres personnes vont aborder un sujet d’actualité lié à la diversité sexuelle ou de genre ou proposer l’écoute d’un film en famille qui aborde ce sujet. C’est une façon d’introduire le sujet sans se mettre immédiatement au centre de la discussion. Tu peux aussi demander à ta soeur de l’aide dans ce processus, je suis certain qu’elle saura t’éclairer.
Et puis, même si on a parfois entendu des commentaires négatifs dans notre famille concernant les personnes de la diversité sexuelle et de genre, tes parents t’aiment pour ce que tu es. Tu demeures la même personne, avec les mêmes loisirs et les mêmes valeurs. Et puis, une étape à la fois : rien ne t’oblige à aborder le sujet avec le reste de la famille élargie immédiatement. Les mononcles et les matantes peuvent bien attendre, car rien ne presse. Tu respectes tes propres limites, ton propre rythme, et si tu ne ressens pas le confort nécessaire à aborder le sujet avec cette famille élargie pour l’instant, c’est très correct.
Maintenant, concernant ton équipe sportive, tu dis avoir peur de recevoir des moqueries de la part de tes coéquipiers selon lesquelles tu serais plus faible parce que tu es homosexuel. L’homophobie et ce type de comportements existent malheureusement dans le milieu sportif, toutefois, on prend de plus en plus parole pour dénoncer ce type de propos. De plus, si ce type de commentaires devait survenir à ton école, c’est entièrement dans tes droits de dénoncer ces propos à un.e adulte responsable de ton école et l’établissement scolaire devra prendre mesure pour corriger la situation auprès des fautifs. Les écoles se doivent d’instaurer un climat sans intimidation, ce qui comprend l’intimidation basée sur l’orientation sexuelle. En ce sens, est-ce qu’il y a un.e adulte de confiance à ton école à qui tu pourrais en parler s’il survenait quelque chose?
Toujours concernant l’école, est-ce qu’il y a un regroupement pour jeunes LGBT+ ? De plus en plus d’élèves d’écoles secondaires à travers le Québec créent des associations Alliances Genres, Identités et Sexualités, peut-être est-ce quelque chose qui se passe dans ton école? Ou bien, en cliquant sur ce lien, tu pourras télécharger la trousse d’outils pour pouvoir créer ce type d’initiative avec d’autres jeunes. Après tout, tu n’es pas seul à ton école à vivre ce type de stress : pourquoi ne pas se regrouper pour affronter cela ensemble?
Voilà. J’espère que ceci t’aide un peu. Il n’y a malheureusement pas de recettes miracles pour comment faire un coming-out, car c’est quelque chose de tellement personnel et unique à chaque personne. L’important, c’est de bien t’entourer. Et de parler de ce que tu vis avec des personnes de confiance.
N’hésite pas à nous contacter à nouveau si tu en ressens le besoin,
Solidairement,
Guillaume, pour AlterHéros

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