Pourquoi est-ce que j'aime autant les shemale?
Pourquoi j’aime autant les shemale ?
J’ai une obsession pour les shemale, mais je sais pas d’où ça vient, et pourquoi je les aimes autant
Les photos, les vidéos de shemale m’excite énormément ! Souvent, quand j’suis dans mon lit, avant de dormir, je fais que penser à ça. J’ai un besoin constamment de me masturber sur des shemale. Ça me prend à n’importe quel moment et quand je me branle, je suis excité, j’éjacule beaucoup et 1h après j’ai encore envie
Ça m’excite énormément !
Je considère pas ça comme un problème, mais des fois quand je suis dans une situation du genre : être à table, au boulot, parler avec des gens, et que l’envie me prend, ça devient problématique. Je me retiens de me masturber. J’aimerais, si possible, réduire cette obsession.
PatrickAntoine
Bonjour PatrickAntoine!
Merci de la confiance que tu portes (une fois de plus?) envers AlterHéros. Si je comprends bien ta situation, tu affirmes avoir une grande obsession envers les shemales, pour reprendre tes mots. Tu nous partages un besoin constant de te masturber devant ce type d’images pornographiques. Tu aimerais avoir des conseils sur comment réduire cette obsession qui, selon tes mots, devient problématique vue la place importante que cela occupe dans ton quotidien.Si je comprends bien ta situation, tu affirmes être grandement excité par des vidéos mettant en vedettes des femmes trans qui ont toujours leur pénis de naissance, communément surnommées dans le langage pornographie shemale.
Tout d’abord, j’aimerais rectifier une information. Le terme shemale est un terme utilisé par l’industrie pornographie pour désigner une femme trans qui a toujours son pénis de naissance, mais qui a des caractéristiques physiques secondaires traditionnellement associées à la féminité. Ce terme est toutefois jugé très péjoratif par les différentes communautés trans à travers le monde. En effet, le terme »she-male » (elle-mâle) tend à invalider l’identité de genre de ces femmes en les identifiant à leurs caractéristiques génitales d’abord et avant tout. Ce terme est très violent et est dénoncé par les femmes trans elles-mêmes. Je t’invite donc à demeurer critique à l’égard de l’usage de ce terme et à demeurer prudent sur l’image que ce terme renvoie au grand public. Une bonne façon de démontrer du respect envers ces femmes qui semblent occuper une grande place dans ton imaginaire sexuel est de s’informer sur les enjeux qui les concernent, par exemple en s’interrogeant sur Comment être un allié des personnes trans ou sur Les différentes questions à ne pas poser à une personne trans ou non-binaire.
Par la suite, permets-moi de citer un extrait de cette ancienne réponse que j’ai composée à une personne qui vivait une situation similaire à la tienne : Je me branle sur du porno trans. Suis-je attiré par les trans?
D’abord, la pornographie est une grande industrie dont l’objectif premier est de faire de l’argent. On s’entend là-dessus, n’est-ce pas? Pour ce faire, la porno nous vend des images et des scénarios dont l’objectif est d’allumer notre imagination et, conséquemment, nous exciter. Puisque notre cerveau est notre principal organe sexuel, il est normal d’être excité par certaines images dont nous n’avons pas l’habitude de voir au quotidien.
En ce sens, il est nécessaire de distinguer que ce qui nous excite sur la pornographie ne constitue pas nécessairement ce qui nous excite dans la vraie vie. Certaines personnes hétérosexuelles vont préférer regarder de la pornographie homosexuelle par exemple, sans pour autant que ces personnes veulent avoir une expérience intime avec une personne du même genre qu’elles. Il est donc complètement normal d’être excité par des scènes ou des acteurs/actrices pornographiques sans pour autant que cela constitue des activités sexuelles que nous désirons expérimenter. Or, ces préférences pornographiques ne sont pas forcément liées à nos attirances de la vie de tous les jours.
Une fois cette distinction faite, abordons un peu la question de la représentation des personnes trans dans l’industrie de la pornographie. D’abord, le terme trans est un adjectif, il ne s’agit pas d’un nom. En ce sens, il est préférable d’utiliser le terme en adjectif comme suit : personnes trans, hommes trans ou femmes trans. Une personne trans est une personne dont l’identité de genre ne correspond pas à au genre qui lui a été assigné à la naissance. Plusieurs acteurs et actrices pornographiques sont effectivement des personnes trans. (À l’inverse, une personne cisgenre est un homme ou une femme qui est confortable avec le genre qu’on lui a assigné à la naissance).
Maintenant, pourquoi les personnes trans constituent une catégorie dans la pornographie? Il est possible de nous questionner sur cette forme de classification. Par exemple, pourquoi la majorité de la pornographie met de l’avant des acteurs et actrices à la peau blanche sauf pour les acteurs et actrices noir.e.s qui, pour leur part, sont regroupé.e.s dans la catégorie ethnique ? Cette forme de classification de la pornographie soulève certaines formes d’inégalités sociales vécues au quotidien par certains groupes de la société et participent à une forme de fétichisation et d’objectivation de certains groupes sociaux. La classification de la pornographie permet aussi de perpétuer certains stéréotypes à l’égard de certains groupes : par exemple, la taille des pénis selon la couleur de la peau. Ce même processus de production de stéréotypes est réalisé lorsqu’on réfléchit sur la pornographie mettant en scène des personnes trans.
Lorsque nous nous interrogeons sur quelles sont les représentations positives des personnes trans dans la sphère publique ou dans les médias, on s’aperçoit qu’elles sont malheureusement souvent représentées uniquement sous une forme de fétichisation sexuelle via l’industrie du sexe. La fétichisation, c’est le fait de réduire les corps de personnes trans uniquement à un objet d’excitation. La pornographie met souvent en scène des femmes trans ou des hommes trans n’ayant pas eu d’opération au niveau des organes génitaux. Toutefois, il existe une multiplicité d’expériences et de trajectoires vécues par les personnes trans. Chaque personne trans, qu’elle s’identifie comme homme, comme femme ou comme non-binaire est ainsi unique et il est extrêmement problématique de les définir uniquement par rapport à leurs caractéristiques génitales. Une prudence que l’industrie de la pornographie n’applique pas en représentant les personnes trans de façon uniforme avec exactement les mêmes caractéristiques corporelles.
Par ailleurs, il est possible de se questionner sur les raisons pour lesquelles les images sexuelles d’une femme avec un pénis ou un homme avec une vulve puissent être une source d’excitation. Il arrive que nous soyons sexuellement excités par certaines formes de tabous ou d’interdits que notre société véhicule. Le fait d’être sexuellement excité par de la pornographie trans peut donc directement être lié à cette sphère du tabou ou de l’interdit. Il s’agit simplement de scénarios ou d’images dont nous ne parlons généralement pas, dont nous n’avons jamais nécessairement imaginé possible, dont nous n’avons pas d’autres représentations médiatiques positives outre la pornographie. Le fait d’être excité par ce type d’images est donc très normal.
Maintenant, je suis entièrement d’accord avec toi lorsque tu dis que tu ne vois pas de problème avec le fait de consommer de la pornographie. La pornographie peut faire partie de la sexualité de plusieurs personnes et c’est en soi très sain pour plusieurs personnes de se masturber! Néanmoins, tu nommes le fait que ta consommation de pornographie peut t’entraîner certains problèmes au quotidien en ayant un impact direct sur tes activités sociales et professionnelles. La consommation de pornographie peut effectivement être jugé néfaste si les effets de ladite consommation de pornographie a des effets négatifs sur notre quotidien, comme tu sembles le décrire dans ta situation. Tu aimerais donc réduire cette consommation et, globalement, réduire ton obsession envers les corps des femmes trans ayant un pénis.
Plusieurs stratégies peuvent être mises en place afin de t’aider progressivement. Par exemple :
- L’installation de filtres sur ton ordinateur ou ton téléphone intelligent pour restreindre l’accès à des sites pornographiques.
- Occuper ton temps libre par d’autres activités qui te procurent également du plaisir.
- Rechercher d’autres sources de plaisir par le contact humain, le sport, la lecture ou d’autres passions & passe-temps favoris.
- Parler de notre situation à un.e adulte de confiance ou avec un.e professionnel.le de la santé, comme un.e sexologue, qui pourra te proposer des solutions concrètes adaptées à ta situation.
- Modifier les séances de masturbation solo en diversifiant les sources de stimulations sexuelles, comme en écoutant des podcast érotiques, en lisant des nouvelles érotiques, en utilisant différents jouets sexuels, en explorant d’autres parties de son propre corps, comme les mamelons, l’anus, les testicules, etc. L’objectif ici est de modifier l’expérience de la masturbation afin de la déconnecter du simple visionnement de la pornographie.
il est possible d’installer des filtres sur ton ordinateur ou ton téléphone intelligent pour restreindre l’accès à des sites pornographiques - Finalement, lire et s’intéresser à la diversité des parcours des personnes trans et aux différents enjeux dont vivent les personnes trans, en écoutant par exemple ce nouveau documentaire de Netflix Disclosure. De la sorte, il pourra être possible de donner une nouvelle image à ces femmes trans qui va au-delà de l’image dont l’industrie pornographique nous vend.
N’oublie pas que durant cette démarche, ton propre bien-être est très important. Plusieurs questions en lien avec la pornographie et la masturbation sont disponibles sur le site d’AlterHéros. Je te recommande également de consulter une question similaire sur le sujet : Je suis dépendant de la pornographie et de la masturbation. Comment m’en sortir?
J’espère que tu y trouveras des pistes de réflexion intéressantes. N’hésite pas à nous contacter de nouveau si tu en ressens le besoin.
Solidairement,
Guillaume (il/he) pour AlterHéros