[TW: inceste] Après ce que je pensais être de l'exploration sexuelle normale avec mon frère dans mon enfance, j'ai des visions involontaires de fellations et je n'arrive pas à relaxer lors de relation sexuelles...
Bonjour,
Désolé, cela va être un peu long.
Entre mes 7 et 9 ans, j’ai eu ce que je pensais être des expériences sexuelles de découvertes normales entre frère avec justement mon frère qui à 5 ans de plus que moi. Sauf que je ne me rappelle quasiment de rien sauf un souvenir de fellation. Et ce souvenir m’a un peu ruiné ma vie. Depuis, j’ai des impressions qu’un pénis invisible veut entrer dans ma bouche, à tel point que souvent je cache ma bouche sous mon pull ou avec mon bras, comme pour bloquer l’entrée de ma bouche. J’ai aussi des visions involontaire de moi qui reproduit cet acte avec des hommes, avant c’était avec tous les hommes de ma famille, et maintenant c’est avec des gens aléatoires ou des amis. Ce qui me provoque quasiment direct une crise d’angoisse. Pendant longtemps, je ne comprenais pas d’ou cela venait, et je me suis posé des questions sur mon orientation sexuelle. Je pensais que c’était peut être un fantasme.
A mes 17 ans, j’ai eu une grosse dépersonnalisation qui à été provoqué par une consommation de cannabis et qui à duré environ 4-5 mois. J’étais perdu et j’avais l’impression de voir ma vie sur un écran. Et la je crois avoir un peu ouvert les yeux sur ce que j’avais pu subir enfant et que peut être cela m’avait traumatisé. Pourtant je n’ai pas le souvenir qu’il y ait eu de la violence, après je ne me rappelle de presque rien donc bon, sauf d’une fois ou je pleurais mais je sais plus pourquoi. Mais ça m’a apporté un autre problème, un sentiment de honte intense. Et surtout un souvenir de moi enfant qui »offre volontairement » une fellation, et le sentiment de vouloir le faire pour faire plaisir. Comme un sentiment de soumission volontaire. Et c’est devenu encore pire. Je n’arrive pas à me dire que c’est un sentiment que j’ai eu enfant, et que je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’ai l’impression d’avoir eu ce sentiment hier, dans ma vie adulte. Ce qui fait que quand j’ai la sensations, comme j’expliquais avant, qu’un penis veut entrer dans ma bouche ou que j’ai des visions de moi le faisant à des inconnus random, je pense à ce sentiment et j’ai l’impression d’en avoir envie, et cela me terrifie. En fait, je n’arrive pas à m’en débarrasser, et maintenant ça occupe la totalité de mes journées. Dès que je vois quelqu’un je pense à cela et c’est horrible.
Je tiens à préciser, que ces sensations et ces pensées ne m’ont jamais déclenché d’érection. Juste de la peur.
J’ai aussi l’impression d’être tout le temps tendu et je n’arrive pas à me relaxer. Surtout durant les rapports. Je suis très pudique de mon propre corps, je n’aime pas vraiment être nu. Et je n’arrive pas à prendre correctement du plaisir. Enfin, je n’arrive pas à finir, même si je suis très excité. Defois, j’ai vraiment l’impression que je vais avoir un orgasme mais il ne vient pas et j’ai des fourmis dans les jambes et la tête qui tourne, j’ai comme l’impression qu’il y a quelque chose qui bloque mon orgasme.
Ce qui perturbe ma copine car elle à l’impression de mal faire alors que non, mais je n’y arrive juste pas. Mais cela ne me dérange pas vraiment, j’aime l’acte même sans finir.
La seule période de ma vie ou j’ai vraiment pu prendre du plaisir et sentir la puissance d’un orgasme était avec mon ex petite amie, avec qui je suis resté 6 ans et j’ai ressenti cela que au bout de 4 ans. Comme si j’avais mis 4 ans à prendre confiance et à oser me lacher face au plaisir.
Le fait que je n’arrive pas à avoir d’orgasme et que j’ai des visions et des sensations que je ne veux pas, me perturbe dans ma sexualité.
J’ai l’impression d’être obsédé par l’acte de la fellation, il est même un peu dur pour moi d’écrire ce mot. Je ressens quotidiennement un gros sentiment de honte, je ne comprends pas pourquoi j’ai fait cela et pourquoi ça me hante autant. Defois, ça déclenche des questionnements sur mon orientation, ce qui est ok et j’essaie de le prendre avec bienveillance, mais c’est quand même étrange de s’imaginer cela, surtout avec des membres de sa famille. Je n’aimerais pas découvrir mon homosexualité sur des pensées sexuelles de soumission non volontaire, je préférerais juste tomber amoureux d’un garçon. Mais comme je l’ai dis, je n’ai jamais eu d’erection ou même l’envie de me masturber à ce sujet. J’ai juste peur.
J’aimerais beaucoup pouvoir passer mes journées sans avoir continuellement des pensées sexuelles dans la tête ça me perturbe énormément.
Voila merci beaucoup de m’avoir lu, et j’espère que vous pourrez m’aider
Bonjour sako,
Merci beaucoup de t’avoir confié à nous, c’est très courageux de ta part. Nous sommes sincèrement désolé·e·s de notre réponse tardive. J’espère que ta situation s’est améliorée depuis que tu nous as envoyé ta question, mais que ma réponse peut encore t’aider.
Je suis désolé·e que tu aies traversé des situations aussi traumatisantes à un si jeune âge. Comme tu l’indiques, il est possible de ne pas se rappeler tous les détails survenus au cours d’une expérience qui suscite des émotions difficiles. Cependant, ce que tu as vécu et vis en ce moment est tout de même valide. Sache que je t’entends et que je te crois. Je t’entends lorsque tu exprimes les difficultés que tu as éprouvées pendant tant d’années à cause de pensées involontaires et de la peur qui les accompagne. J’entends que cela affecte ta vie sexuelle et que, même à ce jour, ces pensées te préoccupent quotidiennement.
Je tiens à souligner que ce qui s’est passé n’est aucunement de ta faute. C’est valide que tu te sentes coupable et honteux, ce sont des émotions que beaucoup de victimes ressentent malheureusement, mais tu étais le plus jeune dans cette situation, et ton frère aîné a profité de ta confiance. Il aurait dû savoir que ce qu’il faisait était inacceptable, mais il a tout de même continué à agir. Ce qui s’est passé est entièrement de sa faute. Comme tu dis, tu ne pouvais pas comprendre ce qui se passait, car tu étais trop jeune, en plus d’être isolé, et que cet auteur soit une personne proche et de confiance, surtout un membre de ta famille. Bien qu’il n’y ait pas eu de violence physique, il y a eu de la violence psychologique comme de la coercition. C’est une agression invisible, mais qui a des conséquences réelles.
C’est super que tu puisses tout de même avoir une belle vie sexuelle avec ta copine. Tu y prends plaisir, même s’il n’y a pas d’orgasme. C’est en effet possible que ta difficulté à atteindre l’orgasme en général soit partiellement ou majoritairement causé par ce que tu as vécu pendant ton enfance. Les premières expériences sexuelles peuvent avoir un impact significatif sur la sexualité d’une personne, en particulier les expériences négatives. C’est pourquoi je recommanderais de consulter un·e professionnel·le comme un·e psychologue, thérapeute ou sexologue afin d’explorer cet impact, et possiblement réduire le temps avant d’atteindre des orgasmes avec ta copine. De plus, iels pourront t’aider à trouver des stratégies pour gérer la détresse qui survient en réponse aux pensées sexuelles involontaires, réduisant leur fréquence avec le temps.
C’est aussi tout à fait correct de s’interroger sur son orientation sexuelle dans ce genre de situation. C’est un scénario assez commun lorsqu’une agression est commise par une personne du même genre. Cependant, ça n’indique pas forcément que tu es attiré par les hommes, puisque, comme tu l’as compris, c’était une expérience sans consentement de ta part. Tu mentionnes ressentir de la peur à l’idée d’avoir une sexualité avec un homme, ce qui me confirme que ce n’est pas une expérience désirable pour toi en ce moment. Peut-être le serait-elle éventuellement, mais ce que tu as vécu est encore trop envahissant pour pouvoir envisager une telle sexualité. Il est possible que tu sois tout de même attiré romantiquement par les hommes, puisque tu sembles à l’aise avec l’idée de tomber amoureux d’une personne du même genre. Mais bref, tu n’es pas du tout obligé d’explorer cette partie de ta sexualité, surtout si ça t’apporte une détresse. En ce moment, j’espère que ta relation avec ta copine te satisfait et te confirme que même après avoir vécu ces expériences traumatisantes, tu es capable d’aimer, d’être vulnérable, et de ressentir du plaisir. C’est un grand pas de l’avant.
J’aimerais te demander, es-tu toujours en contact avec ton frère ? Vis-tu encore avec lui ? Te sens-tu en sécurité ? Si tu veux, tu peux faire une dénonciation à la police et porter plainte pour le cas d’inceste, même si cela fait plusieurs années que ce soit survenu. Je te propose également une approche de justice restaurative, définie comme un dialogue entre les victimes et les auteur.e.s pour trouver des solutions. Cette approche à tendance à mettre en priorité le processus de guérison des victimes, à comparer au système de justice pénal qui offre peu de soutien à celleux-ci. Voici une association que tu peux contacter qui pourront t’offrir cette option si ça t’intéresse. De plus, il existe des ressources en Suisse dédiées aux victimes d’agression sexuelle comme aide-aux-victimes, le centre LAVI (pour victimes d’infraction), le Centre thérapeutique Traumatismes et Agressions Sexuelles (CTAS), et le PAV (s’adresse aux victimes LGBTQIA+ mais potentiellement plus ouvert.e à une agression perpétrée par le même genre).
Également, j’aimerais savoir si ta famille est au courant de ta situation. As-tu leur soutien ? Ça serait important que ton entourage soit au courant, mais surtout que des membres de ta famille te soutiennent dans ton processus de guérison. Il est possible que celleux-ci préfèrent garder le silence sur ce qui est survenu, alors je recommande au moins de trouver de l’aide avec les services mentionnés ci-dessus, et d’en parler à ta copine, à des ami.e.s proches, et à un.e professionnel.le. J’espère que tu as un cercle de soutien pour ne pas souffrir seul. C’est une bonne étape vers la guérison.
Je te souhaite une guérison sans complication et une sexualité épanouie, et j’espère que ma réponse t’aidera à trouver des outils pour mieux gérer ta situation. N’hésite surtout pas à nous recontacter si jamais tu en ressens le besoin. Bon rétablissement.
Lorena (iel), étudiant.e en sexologie