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4 novembre 2021

Je fait des crises d'angoisses car j'ai peur d'être homosexuel ou de refoulé mon homosexualité.

Je fait des crises d’angoisses car j’ai peur d’être homosexuel ou de refoulé mon homosexualité.
Bonjour, j’ai 16 ans et pendant que j’étais en vacance dans mon lit pour aucune raison, je me suis dit imagine tu est homosexuel et j’ai commencé à faire une crise d’angoisse.
J’ai toujours eu de l’attirance pour le sexe opposé que ce soit sentimentalement que sexuellement. Je précise que j’ai fait beaucoup de crise d’angoisses pour des choses complètement différentes, pour la peur de la mort, de faire une crise cardiaque ou d’avoir un cancer. Mais cette fois cette question qui a déclencher cette crise m’a beaucoup troublé. Sela fait deux mois et je ne sais pas comment faire. Je tient à dire que je n’ai rien contre les homosexuelles, bi et autres, c quelque chose que j’ai toujours accepté et qui ne m’a jamais posé de problèmes. Mais je ne sais pas pourquoi je me pose cette question, ducoup j’ai peur d’être dans le déni et j’angoisse. Je n’ai jamais eu d’attirance pour le sexe opposé. Je pensais que sa allait passé mais des fois je pense tient aujourd’hui tu t’ai pas posé la question et après je refait une crise. Pour être sûr que je n’était pas gay, je suis allé sur un site pornographique gay et sa m’a angoissé et rien que de penser à un couple d’homme qui font l’amour m’angoisse et je me sens pas du tout à l’aise, je ne sais plus quoi faire et je n’ai vraiment pas envie d’en parler à mon entourage sa me gêne beaucoup trop. Auriez vous une solution qui pourrait potentiellement m’aider ?

Marion Brodeur-Laperrière
Salut!
D’abord, je tiens à m’excuser pour le temps de réponse. Mais merci de nous avoir écrit, tu peux être certain que tu trouveras toujours une oreille pour t’écouter (ou des yeux pour te lire?) chez AlterHéros!
Dans ton message, tu dis vivre régulièrement des crises d’anxiété pour différentes raisons. Plus récemment, tu t’es mis à questionner ton orientation sexuelle et l’idée de refouler une potentielle homosexualité s’est mise à te stresser. Tu indiques ne pas avoir de problème avec les personnes qui ne sont pas hétéros, mais lorsque tu as regardé de la pornographie gaie dans l’idée de te « tester », tu as ressenti un malaise. Enfin, tu nommes toujours avoir eu une attirance exclusive romantique et sexuelle pour les femmes.
La première chose que j’ai envie de te demander, c’est : qu’est-ce qui t’angoisse à l’idée d’être gay? As-tu peur de « ne pas être normal »? De vivre de la discrimination? De la réaction de ton entourage? Tu dis d’ailleurs être trop gêné pour parler à tes proches. Répondre à cette question peut déjà t’amener un début de réponse, tant que tu sois honnête avec toi-même. Cela dit, c’est certain que ce n’est pas facile de faire face à ses craintes et, potentiellement, ses propres préjugés.
Peut-être que tu te demandes pourquoi je parle de tes potentiels préjugés, alors que tu as précisé dans ton message ne pas avoir de problème avec les personnes de diverses orientations sexuelles. En fait, il est plus facile de démontrer de la compréhension et de l’acceptation face aux autres que face à soi-même. Crois-tu que ça pourrait être le cas avec toi? Tu vis plusieurs émotions qui pourraient relever de ce qu’on appelle l’homophobie intériorisée (peur, malaise, etc.). Ce concept, c’est lorsque l’on intègre les préjugés et la peur qui sont transmis par la société par rapport à l’homosexualité. C’est insidieux parce que c’est lié à nos émotions. Du coup, il est tout à fait possible que, rationnellement, on comprenne que toutes les orientations sexuelles sont aussi acceptables ou « normales », que l’on sache que les hommes gais ne sont pas tous « féminins » et que l’on souhaite que tout le monde ait le droit au mariage, quelle que soit leur orientation sexuelle, par exemple. Pourtant, il est possible d’en même temps ressentir toutes ces émotions négatives et d’entretenir des craintes face à l’idée de ne pas être hétéro. Certaines craintes, malheureusement, peuvent être fondées, comme la peur de vivre de l’incompréhension ou de l’hostilité de la part de notre entourage. Par contre, le fait d’avoir une orientation sexuelle qui n’est pas celle de la majorité n’a rien de mal en soi et ne devrait pas nous faire sentir mal. Évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais ça vaut la peine de faire une introspection. S’interroger sur les préjugés et les fausses croyances que l’on peut entretenir afin de les démystifier et un bon moyen pour les déconstruire et être plus en paix avec nos interrogations sur notre orientation sexuelle, quelle qu’elle soit.
Parlant de ton orientation sexuelle, qu’est-ce qui te fait douter de celle-ci? Tu dis toujours avoir été attiré sexuellement et romantiquement par les femmes et ne jamais avoir ressenti d’attirance pour les hommes. Il est vrai que tu peux par exemple développer des sentiments pour des personnes de divers genres ou te rendre compte que tu as du désir pour les hommes avec le temps. Néanmoins, je t’invite à te faire confiance. C’est un sentiment qui vit en toi, ton orientation sexuelle, alors tu es le mieux placé pour la connaître. Si ça peut t’aider, tu peux guider tes interrogations en réfléchissant aux trois aspects de l’orientation sexuelle, soit les désirs, les comportements et l’identité. Les désirs, ce sont nos attirances et envers qui elles se déclarent (est-ce qu’on est plutôt attiré par tel ou tel type de corps, tel ou tel type de personne, qui on aurait envie d’embrasser, etc.). Les comportements, ce sont les actions que l’on pose réellement, à l’inverse des désirs qui renvoient à l’imaginaire (ex : avoir embrassé notre amie, avoir eu une relation sexuelle avec un homme, avoir regardé les fesses d’une personne dans la rue). Finalement, l’identité, c’est l’appropriation et le choix de mots pour se décrire par rapport à notre identité sexuelle (hétéro, gay, pansexuel‧le, etc.). Certains hommes, par exemple, qui auraient des désirs invariablement de l’identité de genre des personnes qui l’intéressent, mais qui n’auraient eu des expériences sexuelles qu’avec d’autres hommes, pourraient se définir comme gais (se basant plutôt sur leurs comportements) ou comme pansexuels (se basant davantage sur leurs désirs) ou même d’autres termes s’ils lui conviennent mieux! L’identité, c’est vraiment propre à chaque personne, sa façon de se percevoir et son sentiment d’appartenance à une orientation sexuelle plutôt qu’une autre. Quoi qu’il en soit et qu’importe ce que cette réflexion pourra t’amener comme réponse, je t’invite à faire preuve de bienveillance envers toi-même. Rappelle-toi qu’il est tout à fait sain et normal de t’interroger à propos de ton orientation sexuelle et que chacune est aussi valide et belle qu’une autre.
Je m’éloigne maintenant un peu du sujet de l’orientation sexuelle parce que tu as soulevé autre chose qui semble te causer beaucoup de détresse : ton anxiété. À te lire, je comprends que c’est une problématique récurrente pour toi. Je sais ce que c’est que de vivre avec de l’anxiété et je peux imaginer à quel point c’est énergivore. Une chose qui m’a beaucoup aidée et que je t’encourage à faire si ce n’est pas déjà le cas, c’est d’en parler avec un·e spécialiste. Ça permet d’amorcer une réflexion dans un cadre sécuritaire et confidentiel, d’être accompagné dans nos questionnements et d’avoir un soutien professionnel par une personne objective. Je crois que ça pourrait te faire beaucoup de bien d’avoir cet espace pour aborder les différents sujets qui t’angoissent.
En bref, je t’invite à t’interroger sur les préjugés et les craintes que tu pourrais avoir intériorisés par rapport à l’homosexualité et la bisexualité. Parfois, ce que l’on pense de manière rationnelle et consciente ne va pas de pair avec ce que l’on ressent. Sois indulgent avec toi-même, mais sois aussi honnête; cela pourra te donner des pistes de réflexions sur ce qui alimente ta peur d’être gay. En parallèle, je t’invite à faire confiance à ce que tu ressens au niveau de ton désir et de tes fantasmes, tout en te rappelant que de se questionner par rapport à son orientation sexuelle est on ne peut plus normal! Enfin, si tu souhaites aborder l’anxiété que tu vis dans un cadre professionnel et sécuritaire, je t’encourage à faire appel aux services d’un·e spécialiste qui pourra t’accompagner dans tes questionnements et tes craintes.
J’espère avoir pu t’aider un peu aujourd’hui. Si tu as besoin de quoi que ce soit, qu’il s’agisse de précisions, d’autres questions ou d’un tout autre sujet, n’hésite surtout pas à faire appel à nous à nouveau!
Prends soin de toi et rappelle-toi de faire preuve de douceur envers toi-même,
Marion (elle/she), intervenante à AlterHéros

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