#anorexie
#coming-out
#Famille
#hyponcondriaque
#mutilation
#non-binaire
#prénom
#syndrome de Münchausen
#Trans
28 mars 2024

Je fais de la dysphorie et m'identifie comme non-binaire, mais ma famille ne me soutient pas...

Bonjour,
j’ai 13 ans, je me questionne beaucoup par rapport à mon identité de genre, je me cherche, mais je me reconnais plus dans la non-binarité en tout cas. Je me sens mal dans mon corps de toutes façons. Je me suis scarifié en faisant attention pour que ça ne fasse pas moche il y a longtemps mais je ne le fais plus.
Depuis que je vois un psy depuis un an je ne fait plus ça. En plus sa laisse des traces irreversibles donc je ne prefere pas.
J’ai réussi à imposer un prénom non-binaire dans mon collège même s il est catholique, donc on ne m’appelle plus A****, un prénom que je n’ai pas choisi, mais Anaël.
Ma belle-mère ne trouve pas ça bien et ne me soutient pas, même si elle est gentille est à l’écoute. Mes parents me soutiennent mais personne ne m’appelle Anaël chez ma mère ou mon père.
Mais je vis chez mon père et ma belle-mère.
Ma belle-mère dit que je suis une fille et que je dois attendre de voir si je suis bien dans mon corps de fille avant de changer quelque chose, même mon prénom.
Quand pensez vous ?
Elle pense qu’il faut que je grandisse et apprenne à me connaître d’abord. Qu’il ne faut pas faire des changements de prénom trop jeunes car après cela change le regard des autres sur nous et donc notre propre regard sur nous mêmes et qu’en plus, on ne dois pas avoir des étiquettes sur nous. Elle dit qu’on est libres d’être qui on veut, de faire ce qu’on veut sans avoir besoin de préciser qu’on est cis, non-binaire etc. ni de changer notre nom.
Quand elle dit que je dois d’abord creuser le fait que je me sens mal dans mon corps je pense que c’est vrai
Après j’ai un frère handicapé qui est trisomique et autiste, elle pense comme certaines personnes de ma famille, que c’est aussi pour ça que je veut montrer que je suis différente, c’est vrai que je me demande souvent si je suis différente des autres, comme bipolaire par exemple ou anorexique
Quand je lis ça sur le net, je me dis que c’est ça que je suis, je pense que j’ai d’autres choses. La nourriture me dégoute et c’est vrai que je change beaucoup d’humeurs en fait, donc je crois que c’est ça.
J’ai un psy mais il ne m’écoute pas je pense qu’il s’en fout comme mes parents et mes beaux parents
Je crois que personne ne me comprend en fait. Je ne pense pas que je soi différente pour montrer que je suis comme mon frère qui est différent.
Mais c’est vrai que mes deux frères et moi on se erssemble pour plein de choses comme mon frère handicapé avec des problèmes alimentaire et de la lenteur.
Je voudrai savoir ce que vous en penser en fait
J’ai plein d’amis qui pensent être trans et en tous qui ont de la dysphorie de genre, on est trois à vouloir changer pour être nous même.
Pensez vous que c’est bien ? et qu’est ce que je peut dire à ma famille et ma belle mère qui est contre s’il vous plaît ?
Je l’ai entendu dire que je souffrais du syndrome de Münchausen et que j’étais hyponcondriaque car ma mère et mon père disent que je me plains d’avoir mal ou des maladies depuis que je suis petite et que je me reconnais dans plein de choses, comme l’anorexie et la disphorie du genre
Ils pensent que je dois changer de psy parce que le mien c’est une fois endormi et qu’il ne fait rien.
après il est vieux donc ce n’est pas de sa faute.
Qu’est ce que vous pensez ?
merci de me le dire afin que je puisse me trouver.
merci
Anaël

« sois toi même pour pouvoir être toi » (c’est ma devise)

Billie-Lou

Bonjour Anaël, quel joli prénom!

Premièrement je tiens à te remercier d’avoir fait appel à nous. Cela a dû te demander du courage et je tenais à le souligner. J’espère pouvoir répondre à tes questions et pouvoir t’aider dans ton processus.

Je remarques que tu parles de toi-même avec des accords féminins dans ton message (ex. différente), c’est tout à fait valide si c’est ce que tu préfère mais je vais essayer d’utiliser des accords neutres ou épicènes dans ma réponse (ex. étudiant·e ou heureuxe). Il y a difféenrtes façon d’écrire et de parler un français neutre mais tu peux déjà commencer à voir ce que tu préfères.

Alors, si je comprends bien, tu te reconnais davantage dans la non-binarité, tu a choisi un nouveau prénom, tu en a parlé à ton Collège et à tes parents et tes beaux-parents qui ne sont pas très ouverts, c’est bine ça? Sache que tu n’es pas seul‧e dans cette situation et que tu as le droit de prendre ton temps avant de ramener le sujet et que tu pourrais même décider de ne pas le faire et ça serait tout à fait correct aussi. Certain·e·s adolescent·e·s dans des familles plus conservatrices attendent d’être adultes avant d’affirmer et d’exprimer leurs identités, simplement parce qu’iels sont plus en sécurité ainsi. Faire son coming out n’est pas une obligation pour savoir que tu es une personne non-binaire. Si toutefois tu décides de franchir le pas et d’en reparler je me permets de reprendre un de extrait d’une réponse d’un de mes collègues qui a déjà rassemblé une petite liste de conseils dans cette réponse à un‧e ado qui voulait faire son coming out en tant que genderfluid. C’est aussi pertinent pour les personnes non binaire, et ça pourrait être un bon endroit pour commencer :

  • Tu peux le faire graduellement, en exprimant petit à petit des pans de ton identité genderfluid (par exemple, en changeant ta coupe de cheveux ou ta garde-robe) pour permettre à ta mère de s’habituer.
  • Tu peux choisir la façon de l’annoncer à ta mère, en fonction de tes préférences (lieu, moment, canal de communication écrit ou verbal…), ainsi que le temps que tu veux consacrer à la discussion (courte ou longue).
  • Tu peux demander à une personne de confiance de t’accompagner au moment de faire ton coming out à ta mère pour te soutenir.
  • Tu peux insister sur l’aspect positif de la nouvelle: lui dire que c’est un moment important pour toi, que c’est une preuve de confiance et que tu ressens du soulagement à lui dévoiler cette partie de toi.
  • Tu peux essayer de répondre à ses questions, nuancer ou reformuler ses propos. Sache toutefois que tu n’as pas à faire son éducation ou à subir d’insultes.
  • Si la conversation prend une tournure qui te met mal à l’aise, planifie une «porte de sortie», c’est-à-dire un endroit où tu peux te retirer. Tu pourrais ensuite réessayer d’aborder le sujet plus tard, si tu en as envie

Deuxièmement, en ce qui concerne ton prénom, il est tout à fait compréhensible que tu souhaites avoir le soutien de ta famille. Un prénom est une part centrale de notre identité et tu mérites d’être respecté‧e dans le choix que tu effectues pour toi. Apr;;s tout, se nomme c’est exister. Je tiens à préciser ici que changer ton prénom au sein de ton entourage n’est pas dangereux ni irréversible. On ne parle pas pour l’instant de procédure légale de changement de nom. Tu as tout à fait le droit de prendre le temps d’explorer et tu as surtout le droit d’être respecté‧e dans le choix que tu effectues pour toi.

De plus, tu mentionnes que ta belle-mère dit que tu devrais attendre de voir si tu es confortable dans ton « corps de fille » avant de changer quelque chose, même ton prénom? c’est un commentaire très invalidant. J’entends la souffrance que ça t’occasionne que ta famille n’utilise pas ton prénom choisi. Pour ma part, je penses qu’au contraire changer ton prénom pourrait t’amener à apprécier davantage ton corps et ta personne. Même à 13 ans, il n’y a que toi qui peux dire de quelle façon tu t’identifies. Apprendre à se connaître c’est aussi explorer, essayer des choses, faire des erreurs et recommencer. Il n’y a pas un meilleur chemin qu’un autre.

Il est assez ironique que ta belle-mère dise que tu as l’entière libertié d’être qui tu veux, mais pas de te dire non-binaire ni changer de nom. Dis-moi si je me trompe, mais je ressens beaucoup d’incompréhension de la part de tes parents et beaux-parents en lien avec ton identité de genre et les choix que tu fais pour toi afin d’être bien. Je te mets donc deux liens qui pourrait aider celleux-ci à mieux comprendre ta réalité.

Les deux abordent spécifiquement les réalités des jeunes (moins de 18 ans) trans et non-binaires, comment bien les soutenir en tant que parent et adressent plusieurs mythes et stéréotypes (ex. « 13 ans est trop jeune pour savoir qui on est » et « certain·e·s disent être trans pour l’attention d’être différent·e »). Tu pourrais leur envoyer par courriel ce lien et attendre de voir leur réaction si cela serait mieux pour toi où bien leur montrer en personne et avoir une discussion ensemble, mais je réitère que ta sécurité est importante, alors choisi l’option qui te conviendrait le mieux.

Troisièmement, en ce qui concerne ton frère qui est trisomique et autiste, il n’y a rien d’anormal ici. Être en situation de handicap n’est pas mauvais, au contraire. Ce qui est mauvais, ce sont les préjugés qui entourent les différentes situations de handicap. Tout comme les préjugés qui entourent le fait d’être une personne trans. C’est beau et merveilleux que pouvoir être soi-même. Tu n’as pas à éduquer ta famille ni ta belle-famille surtout si tu ne te sens pas en sécurité pour le faire, mais sache que ce n’est pas chercher de l’attention que de vouloir le meilleur pour soi.

Tu mentionnes que ton psy ne t’écoute pas et s’est déjà endormis en pline séance. Je peux voir pourquoi tes parents aimeraient que tu change de professione·le, ce n’est pas respectueux et aucunement professionnel. Tu mérites un ou une professionnel‧le de la santé qui te sois à l’écoute surtout en ce qui concerne les enjeux de la dysphorie, de l’anorexie et de la mutilation. Pour trouver un·e psy trans-affirmatif, ou au moins ouvert·e à la diversité de genre, en France tu peux consulter cette liste ou bien cette carte.

Je terminerais en te mettant quelques références qui pourraient t’aider concernant ces différents enjeux. Je prends cela au sérieux et je souhaites ton bien-être. J’espère que tu trouvera à nouveau le courage d’avoir recours aux ressources lorsque tu en ressens le besoin.

Si tu aimerais rencontrer et parler à d’autres personnes trans et non-binaires,  tu pourrais jetter un coup d’oeil du côté des associations trans françaises, comme les membres de la Fédération trans et intersexe de France, ou des communauté trans en ligne comme la chaîne Discord Fransgenre.

En France, il y a La Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB) qui a regroupé un bottin des ressources sur ce sujet disponible ici. Il y a aussi la ligne téléphonique « Anorexie Boulimie, Info écoute » à sa disposition au 0 810 03 70 37

La permanence téléphonique est assurée quatre jours par semaine, de 16h à 18h, par :

  • Lundi : des psychologues (tu pourrais demander d’être référé.e afin d’avoir un suivi régulier)
  • Mardi : des associations spécialisées en troubles du comportement alimentaire (TCA)
  • Jeudi : des médecins
  • Vendredi : tous les spécialistes, en alternance

Voici quelques lignes d’écoute et de clavardage lorsque tu as besoin de parler ou d’écrire et de recevoir une réponse rapidement :

  • Ligne Azur (diversité sexuelle et de genre et détresse, appels et courriels, 8h-23h) : 0 810 20 30 40
  • Suicide écoute (crises et pensées suicidaires, 24h) : 01 45 39 40 00 (24/7) 
  • SOS Amitié (période difficiles, appels et chat en ligne, 9h-23h) : 09 72 39 40 50 
  • Fil Santé Jeunes (santé, sexualité, amour, mal être, etc.) : 0 800 235 236 
  • SOS Suicide Phénix (crises et pensées suicidaires, appels et chat en ligne, 13h-23h) : 01 40 44 46 45

Enfin, il est toujours possible de nous écrire lorsque tu as des questions ou que tu as besoin de soutien!

 

J’espère que ma réponse pourra t’aider et t’apporter un peu de lumière. Je te souhaites surtou « d’être toi-même pour pouvoir être toi » comme tu le dis si bien 🙂

 

Sincèrement,

 

Billie-Lou (iel), bénévole à AlterHéros

Similaire