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13 mai 2025

J'ai l'impression de devenir lesbienne et ça me fait peur...

Bonjour,
Je me confie à vous car je suis en grande détresse… J’ai 27 ans et je me suis toujours considérée comme hétérosexuelle jusqu’à maintenant.. Je vis une « relation » très intense avec un homme depuis que j’ai 17 ans, il m’a tout appris, c’est mon 1er amour. Cette relation me transcende et me consume car elle est impossible (différence d’âge , distance etc. ..). Cela fait 10 ans que je vis comme ça, mais il ne peut pas me donner ce que je veux, une relation durable.. On se voit de temps en temps, c’est très difficile mais je l’aime.. Si c’était difficile au début (vaginisme), la sexualité est un point central entre nous.
On devait se voir et même si j’en avais envie, j’avais peur de ne pas être à la hauteur. J’ai alors commencé à regarder de la pornographie. J’ai bien aimé plusieurs thèmes, mais d’un seul coup, j’ai regardé des femmes et j’ai eu comme « une surcharge dopaminergique » dans ma tête, je suis devenue très excitée par leur corps et les actes sexuels entre elles, je pense à ça toute la journée… Même avec les hommes, je n’ai jamais ressenti ça même si j’aime beaucoup la sexualité avec lui (et j’ai eu une autre relation avec un homme et ça s’était bien passé). Je ne comprends pas ce changement soudain, je détestais les parties intimes féminines maintenant j’ai l’impression que c’est l’inverse (sauf la poitrine que j’ai toujours trouvé attirante) Je rejette le corps masculin et ça me rend très triste de me voir comme ça car j’ai l’impression de devenir lesbienne et j’ai des idées suicidaires. Je suis en phase de dissociation complète, guidée par ces nouvelles pulsions qui me stressent aussi parce que j’ai l’impression que ça ne me ressemble pas mais je suis aussi tellement dans la douleur de ne pas être avec lui.. J’ai développé un TOC également, je n’arrête pas de remplacer ces pensées par des hommes mais ça ne marche pas.. J’ai l’impression d’être un « monstre » (pas à cause d’une homosexualité, je suis à l’aise avec ce sujet avec les autres) mais à cause de ce changement soudain qui remet en cause mon identité et toutes mes valeurs… Je n’ai jamais été attirée par des femmes dans la vraie vie, aucune connexion avec elles.. J’ai toujours trouvé leurs corps plus attirants mais jamais jamais sexuellement.. L’univers lesbien ne m’a jamais intéressée, jamais une femme ne m’a fait de l’effet… Mais je souffre tellement que j’ai même des hallucinations de femmes qui me touchent qui sont contre moi, c’est très perturbant, j’ai l’impression que je vais devoir toujours vivre comme ça.. J’ai peur de le perdre et de perdre à jamais mon attirance pour les hommes que j’avais si j’expérimente et que je me suis peut être mentie toute ma vie.. Je ne sais plus faire la différence entre la réalité et le virtuel car c’est parti uniquement d’images virtuelles, mais maintenant mon cerveau a trouvé une nouvelle obsession en voulant coucher avec des femmes… Ce sont comme des pulsions qui sont à l’exact opposé de ce que j’avais avant et de l’anxiété à la fois… Je sais que je ne serai jamais avec lui, donc c’est comme si mon cerveau me disait d’aller voir les femmes car je suis malheureuse et que je ressens une excitation plus forte pour elles en ce moment et que pour moi c’est « l’homme de ma vie »… Je sais que l’orientation sexuelle est fluide pour certaines personnes. Est-il possible que la souffrance causée par cette relation ait poussée mon cerveau à autre chose temporairement (comme des désirs automatiques) pour compenser ou est-ce que je me suis mentie toute ma vie et je suis lesbienne sans le savoir et que je n’ai rien vu suite à cette relation qui prend beaucoup de place ?…
PS / il y a quelques années, j’ai « rompu » avec lui et j’ai également eu le « toc homo » diagnostiqué mais je savais que je ne voulais pas de ces pensées, c’est différent d’aujourd’hui…
Je vous remercie pour votre aide et de m’avoir lue !

Mégane

Bonjour Hannah,

Je remarque, à la suite de la lecture de ton message, que tu sembles souffrir beaucoup en ce moment. Je tiens à commencer par aborder les idées suicidaires que tu as. Bien que nous puissions aider à répondre à certaines questions des gens sur les différents aspects de la sexualité, nous ne sommes pas un organisme pouvant offrir des soins actifs sur les idées suicidaires. Il serait donc important que tu contactes une personne ou un autre organisme pouvant t’aider en ce sens. Il est important d’adresser la souffrance que tu vis et d’avoir un plan d’action concret sur quoi faire lorsque ce type d’idées est présent. Voici quelques ressources que j’ai trouvées :

Appelez le 3114, le numéro national de prévention du suicide.

– Un·e professionnel·le de soins (infirmier ou psychologue), spécifiquement formé·e à la prévention du suicide, sera à votre écoute afin d’évaluer votre situation et vous proposer des ressources adaptées à vos besoins ou à ceux de vos proches.
La ligne est ouverte 24h/24, 7j/7. L’appel est gratuit et confidentiel.
En cas de risque suicidaire imminent, appelez le SAMU (15) ou le 112 (numéro européen).
Vous trouverez des conseils et des ressources sur le site www.3114.fr, que vous soyez personnellement concerné ou que cela concerne l’un de vos proches.

– SOS Amitié

Service d’écoute bienveillant, gratuit, anonyme et confidentiel destiné à ceux qui, à un moment de leur vie, traversent une période difficile.
Permanence d’écoute téléphonique 24h/24 et 7j/7.
Tél. 09 72 39 40 50
Tél. 01 46 21 46 46 (English)
Tchat du lundi au dimanche de 13h à 3h du matin.
Service gratuit d’écoute par messagerie électronique.

– Fil Santé Jeunes

Service d’écoute anonyme et gratuit pour les 12-25 ans sur les thèmes de la santé, de la sexualité, de l’amour, du mal-être, etc.
Permanence d’écoute téléphonique tous les jours de 9h00 à 23h00.
Tél. 0 800 235 236
Tchat individuel ouvert tous les jours de 9h00 à 22h00.

– Dites Je suis Là

Plateforme nationale de prévention du suicide pour le grand public, dont la vocation est de permettre à chacun d’agir face à un proche en crise suicidaire.
Annuaires et lieux de consultation

– Suicide Écoute

Écoute anonyme des personnes confrontées au suicide.
Permanence d’écoute téléphonique 24h/24 et 7j/7.
Tél. 01 45 39 40 00

– SOS Suicide Phénix

Accueil et écoute anonyme de toute personne confrontée à la problématique du suicide.
Permanence d’écoute téléphonique de 13h00 à 23h00.
Tél. 01 40 44 46 45
Permanence d’écoute par messagerie sur le site de l’association.

J’aimerais également explorer avec toi les autres sujets de ton message. Tu mentionnes être en relation avec un homme de façon ponctuelle depuis environ 10 ans. C’est ta première relation amoureuse, si j’ai bien compris, et elle t’a apporté plusieurs joies (une intensité passionnelle, la découverte de la sexualité, etc.), mais également plusieurs souffrances (une instabilité, une anxiété de performance, etc.). Cela doit être difficile de concilier ces deux aspects de la relation.

Tu indiques que cette relation ne t’offre pas la possibilité d’une relation durable et je me demande donc : qu’est-ce que tu souhaites dans une relation de couple ? Cela peut être intéressant de faire l’exercice d’écrire sur les valeurs, les intérêts et les projets de couple que l’on souhaite. Ce qui est vraiment important pour nous et ce sur quoi on est prêt·e à faire des compromis. Par exemple, on pourrait désirer s’entendre sur des valeurs comme la générosité, l’honnêteté, le partage. Au niveau des intérêts, partager le désir de faire des activités de plein air, de faire des activités sociales, etc. Et finalement, sur les projets de couple, comme le désir d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants, de partager un logis, etc. Je me demande si cette relation te freine dans la réalisation de ces projets et rêves que tu pourrais avoir, ou encore si des discussions avec ton partenaire pourraient aider à modifier certains aspects de votre relation afin de vous rapprocher de ce but.

On peut s’investir dans des relations dites impossibles, comme tu le dis, pour plusieurs raisons. Parfois, le côté interdit nous plaît. Le fait de faire une chose « interdite » nous donne un sentiment d’adrénaline assez fort. Parfois, cela peut être pour éviter de s’engager dans des relations plus intimes qui peuvent être plus confrontantes. Dans le sens où construire des projets, développer une relation de confiance, s’engager activement dans une relation demande beaucoup de travail et ce travail n’est pas toujours plaisant à faire (ex. : faire des compromis, s’ajuster à l’autre, nommer nos limites, etc.). Parfois, on peut choisir ce type de relation, car on se dévalorise, on ne se croit pas capable d’une relation durable alors on choisit (consciemment ou inconsciemment) une relation qui ne fonctionnera pas de toute façon. Se mettre en situation d’échec d’emblée nous empêche donc même d’essayer. Bref, ce ne sont que quelques exemples de raisons qui peuvent nous pousser à entretenir ce type de relation. Peut-être que tu te reconnais dans certaines d’entre elles, ou peut-être que non. Mon but était seulement d’explorer différentes pistes pour t’aider dans ta réflexion par rapport à cette relation qui est significative et importante pour toi.

Par rapport à l’homosexualité, je ressens une certaine ambivalence/incertitude vis-à-vis le sujet. Tu dis ne pas vouloir de ces pensées par le passé, mais que c’est différent aujourd’hui. Je me demande donc : qu’est-ce qui a changé pour toi ?
Je ne sais pas si on te l’a déjà présenté, mais il existe la licorne du genre. Je vais m’attarder avec toi sur les 2 spectres du bas :

  • L’attirance sexuelle qui correspond à nos désirs en termes de sexualité. L’attirance du corps de l’autre, des actions possibles à faire comme donner un câlin, embrasser, toucher l’autre, etc.
  • L’attirance sentimentale ou émotionnelle est davantage avec qui on aimerait entretenir une relation amoureuse. Avec qui on se sent bien pour partager nos pensées, nos émotions, nos projets, etc.

Ces deux spectres sont un continuum, ce qui signifie que ce n’est pas nécessairement 100 % une attirance homosexuelle ou 100 % une attirance hétérosexuelle. On peut être à 15 %, 50 % ou 75 % plus d’un côté que de l’autre. De plus, ce ne sont pas des réponses fixes dans le temps. On peut se considérer hétérosexuel·le pendant 15 ans et tomber amoureux·se d’une personne de même sexe par la suite. Cela ne signifie pas que l’on n’était pas un·e vrai·e hétérosexuel·le les 15 dernières années. Je comprends cependant que cette fluidité peut occasionner de l’anxiété. Nous sommes dans une société qui aime les catégories claires et cela peut être confrontant de ne pas rentrer dans ce moule. Toutefois, j’ai envie de dire que l’absence de réponse est valide comme réponse. Nous avons le droit de ne pas savoir. Alors, quand tu dis avoir peur de t’être menti toute ta vie sur la possibilité d’être lesbienne, j’ai envie de te répondre que si tes sentiments envers ton partenaire étaient sincères au moment où tu les as vécus, alors c’est que ton vécu hétérosexuel était authentique.

D’un autre côté, il est possible que la peur d’avoir une attirance envers les femmes limite l’exploration de tes émotions vis-à-vis cette possibilité. Je tiens à dire, par contre, que l’expérimentation n’efface pas toutes les expériences positives que tu as eues avec les hommes. De plus, la question de ton orientation sexuelle t’appartient entièrement. Ainsi, si on dit qu’avoir une attirance pour le même sexe est équivalent à aimer les fraises par exemple. Certaines personnes vont seulement sentir des fraises et ne pas aimer cela. D’autres vont devoir y goûter afin de savoir s’iels aiment ou pas. Si un·e personne a goûté et n’a pas aimé les fraises, alors iel n’aime pas les fraises, tout simplement. Bon, c’est une image très simplifiée, mais c’est seulement pour illustrer que d’essayer ne donne pas la réponse à savoir si on est hétérosexuel·le, bisexuel·le, pansexuel·le, homosexuel·le, queer, etc. Seul·e toi peux connaître la réponse (ou comme je le disais plus tôt, accepter de ne pas connaître la réponse).

Pour ce qui est du toc homo, de la dissociation, des hallucinations et des pensées intrusives, cela ne doit pas être facile à gérer. Je te félicite d’être venu chercher de l’aide et pour ta confiance envers nous, car il est important de ne pas rester seul·e face à ces moments et expériences plus difficiles. Je ressens dans ton message un grand désir de mieux comprendre tes sentiments, tes pensées et tes émotions. C’est pourquoi je t’invite à aller chercher de l’aide dans les organismes ou établissements en santé de ta région afin d’avoir accès à un·e psychologue, un·e travailleur.se social·e ou un médecin. Les professionnel·le·s de la santé sont habilité·e·s à mieux évaluer si une condition en santé mentale, par exemple, peut exacerber la souffrance d’une personne lorsqu’elle vit des épreuves et à t’orienter vers les outils disponibles pour faciliter la gestion de cela. Cela ne signifie pas nécessairement que c’est le cas pour toi, mais ce sont des symptômes qui, je crois, méritent d’être explorés plus en profondeur afin de pouvoir t’aider au maximum dans ta démarche.

Cela a été un plaisir de te lire, et n’hésite pas si tu as d’autres questions!

Mégane (elle/la)

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