J'ai des sentiments contradictoires par rapport à mes relations amoureuses et sexuelles...
Bonjour, je vais essayer de retranscrire mon histoire et mes sentiments aux mieux, bien que cela risque d’être très fouilli, ce n’est que le résultat de ma confusion générale. J’ai actuellement 18 ans, ce n’est pas parce que ce texte sera au passé qu’il n’est plus d’actualité, je me suis mise spontanément à écrire à l’imparfait, car c’est plus naturel pour moi. Je m’excuse d’avance pour la possible longueur de ma question et les fautes d’orthographe qui auront échappé à ma brève relecture. En espérant une réponse.
J’ai longtemps pensé être uniquement hétérosexuelle, de mon enfance jusqu’au début de mon adolescence, je n’étais attirée que par les jeunes garçons asexué, j’imaginais de nombreuses histoire à l’eau de rose, mes crush de primaire n’étaient que des garçons, et les filles ne provoquaient en moi aucun émoi, plus tard l’idée de les embrasser me répugnait, comme s’il s’agissait de gens de ma famille. Il y avait à la fois ce désir instinctif et primal d’être protégée par les garçons, comme une petite fille sans défense, mais je détestais tout autant ce désir ou fantasme, me sentir associer aux clichés des jeunes filles farouches incapables de se défendre et de savoir ce qui était bon pour elles-mêmes m’était insupportable, alors j’ai réprimée ce fantasme, j’admirais ces filles indépendantes et autonomes, en pleine capacité de leur potentiel, qui ne laissait personne décider de ce qui était bon pour elle. Mais je m’égare.
Au début de mon adolescence, je voulais me sentir appartenir à la communauté lgbtq (je ne sais pas pourquoi), toujours est-il que j’ai commencé à m’imaginer avec des filles et à guetter chaque attirance potentielle à l’intérieur de moi, j’essayais presque de me convaincre que j’étais lesbienne. Plus le temps passait, plus le désir envers les filles et envers leur corps grandissait en moi. Mais j’avais l’impression de me mentir à moi même, comme si je ne ressentais pas une réelle attirance. Et c’est ainsi que pendant toute mon adolescence j’ai basculé de garçon à fille, pourtant quand je m’imaginais avec des filles, je ne me sentais pas réellement satisfaite, comme s’il manquait quelque chose.
Vers 17 ans, n’ayant rien trouvé du coté amour (je me sentais amoureuse d’un ami mais il était gay, et c’est la seule fois ou j’ai ressenti véritablement de l’amour et du stress amoureux), je ne recherchais plus de relation romantique, je pensais que ce qu’il me plairait, ce serait uniquement le sexe. J’avais ce besoin compulsif que l’on me fasse l’amour, en d’autres termes j’avais la dalle (je n’avais encore jamais eu de rapports).
L’année de ma majorité, je me suis mise en couple avec un garçon, je n’ai jamais su si je l’aimais réellement, à la fois je ressentais un attachement sincère mais jamais les sentiments puissant que nous promets l’amour. Au début de notre relation, j’avais souvent envie de pleurer pour un rien : une phrase de lui que je prenais pour un rejet, (j’étais très sensible au rejet réel ou perçu.Cela me plongeait dans une profonde tristesse, et me faisait physiquement mal, il apparaissait alors en moi des envies de morts) ou le simple fait de me tenir debout ou assise à devoir lui parler ou l’écouter de choses qui ne m’intéressait pas tellement, cela me rendait malade, j’en avais la nausée et la tête qui tourne, je me sentais fatiguée, éreintée. Je ne me sentais bien que dans la douceur de ses bras, allongée (il faut savoir que j’avais une grande anxiété sociale, qui se manifeste encore à ce jour, je n’arrive pas à parler aux gens, je n’ai rien d’intéressant à dire et je ressens une fatigue intense dès que je parle avec eux. J’ai toujours cette sensation d’être à part, de ne pas être faite pour les relations sociales ou de voir les autres à travers une vitre qui me sépare d’eux et de la vie en général, j’étais une adolescente très seule), j’ai rapidement eu des rapports sexuel avec lui, la première fois il me fut assez facile de mettre nu devant lui, j’en fus très étonné, cela s’est fait naturellement. Mais je n’ai jamais ressenti aucune excitation, encore aujourd’hui. Le sexe masculin m’a toujours provoqué au mieux de l’indifférence, au pire du dégoût. Je détestais lui faire des fellations, l’odeur et le goût de son appareil génital me donnaient la gerbe, mais je continuais à lui en faire par peur qu’il prenne ce dégoût personnellement, et pour lui faire plaisir. Alors je prenais sur moi, et j’ai vite appris ce qui lui faisait le plus d’effet, afin d’expédier le truc et lui faire lâcher sa sauce dans ma bouche. L’affaire terminée, j’étais soulagée, je me sentais obligée de le faire, pourtant il était si prévenant et attentif, s’assurant toujours que j’étais consentante mais je mentais.
Je ne ressentais certes aucune excitation durant les rapports, mais il y avait tout de même un certain plaisir lorsqu’il me pénétrait, c’était agréable, mais ça n’avait rien d’intense, et je n’atteignais jamais l’orgasme. Lorsqu’il me faisait des cunnis, je pouvais certes sentir sa langue sur ma vulve mais c’était comme s’il léchait un endroit random, et je n’avais aucune sensation particulière. Les questions et la culpabilité de lui mentir se multipliaient.
Je me suis demandé si j’étais asexuelle. Après tout j’arrivais à prendre beaucoup de plaisir seule, et à être très d’excitée, mais c’était au travers de fantasmes tordus, fait d’humiliation de ma personne, de régression et d’impuissance. Quand j’imaginais simplement un homme ou une femme me faire l’amour je ne ressentais rien. Finalement ce que j’aimais, c’était l’affection et la douceur, j’étais comme un petit enfant en manque affectif, j’avais besoin qu’on prenne soin de moi, je me sentais si fatiguée et apeurée par les rapports humains qui me paraissaient froid et dangereux. 2 autres théories sont apparues dans ma tête, peut-être que j’étais réellement asexuelle mais hétéromantique, ou peut-être avais-je une sorte de problème d’attachement, et les relations amoureuses devenaient un moyen pour combler ce manque. Comme une douce figure maternelle compréhensive et douce qui me prendrait sous son aile, où je n’avais plus à m’inquiéter ni à m’occuper de rien,
fantasmé sous des traits masculins, car imaginer des filles me rappelait trop ma mère (j’ai des rapports compliqués avec cette dernière). Je devenais la personne que mon copain voulait que je sois, j’ai toujours eu cette tendance que je détestais profondément. J’avais un côté complaisante (c’était toujours de petits mensonge, et je n’essayais jamais de flatter quelqu’un à dessein, tout mes compliments si j’en faisais était sincère, je voyais la beauté des gens, je m’attachais très facilement à tout le monde, et bien que je mentais, je n’ai jamais eu de mauvaises intentions, j’étais juste quelqu’un qui souffrait et qui ne savait pas pourquoi elle n’arrivait à vivre parmi les humains) je répondais toujours aux attentes des autres, je n’arrivais pas à faire autrement. Dès que j’essayais de m’affirmer, c’était mal accueilli, pas adéquat, alors je cachais mes véritables besoins derrière des mensonges finement tressés. Je m’égare mais je pense qu’il est important également de mettre un peu en contexte.
Malgré le fait que j’étais en couple, je m’imaginais avec d’autres gens, cette fois c’était surtout des femmes. Je ressentais pour certaine femmes une boule d’amour qui gonflait dans mon ventre, j’étais très étonnée de ressentir soudainement une attirance aussi forte, la nuit je rêvais de faire l’amour ou d’etre en couple avec une femme, c’était très récurrent, presque toutes mes nuits. Ce qui achevait de m’embrouiller dans tous ces sentiments contradictoires.
Bref voici à peu près l’envers du décor, j’ai conscience que j’en ai peut-être trop dit mais j’avais besoin de développer.
Bonjour Jaioaol!
Merci pour la confiance que tu accordes à AlterHéros pour te répondre. 🙂
J’ai quelques difficultés à cerner tes questionnements précisément, mais je crois voir que tu cherches à comprendre tes attirances sexuelles, tes fantasmes, tes attirances romantiques et tes relations passées, est-ce bien ça?
Je comprends donc que tu connais déjà la différence entre orientation sexuelle et orientation romantique. En effet, l’orientation sexuelle est la capacité de ressentir de l’attirance physique, sexuelle pour des personnes d’un ou plusieurs genres, tandis que l’orientation romantique est plutôt la capacité de ressentir de l’attirance sentimentale/amoureuse/émotionnelle pour des personnes d’un ou plusieurs genres. Ces deux types d’orientations peuvent coïncider ou pas selon chaque personne, donc tout comme une personne pourrait être homosexuelle et homoromantique, une autre pourrait être asexuelle et biromantique par exemple.
Je crois que je ne t’apprendrai rien en te disant que je ne peux pas te dire à ta place quelle est ton orientation sexuelle/romantique, car c’est un processus d’identification qui t’appartient à toi seulement. Comme ma collègue mentionne dans cet extrait de réponse:
« L’orientation sexuelle se décline en trois aspects : les désirs, les comportements et l’identité. Les désirs, ce sont nos attirances et envers qui elles se déclarent (est-ce qu’on est plutôt attiré par tel ou tel type de corps, tel ou tel type de personne, qui on aurait envie d’embrasser, etc.). Les comportements, ce sont les actions que l’on pose réellement, à l’inverse des désirs qui renvoient à l’imaginaire (ex : avoir embrassé notre amie, avoir eu une relation sexuelle avec un homme, avoir regardé les fesses d’une personne dans la rue). Finalement, l’identité, c’est l’appropriation et le choix de mots pour se décrire par rapport à notre identité sexuelle (hétéro, lesbienne, pansexuel.le, etc.). Certaines femmes, par exemple, qui auraient des désirs invariablement de l’identité de genre des personnes qui l’intéressent, mais n’avoir eu des expériences sexuelles qu’avec d’autres femmes, pourraient se définir comme lesbiennes (se basant plutôt sur leurs comportements) ou comme pansexuelles (se basant davantage sur leurs désirs) ou même d’autres termes s’ils lui conviennent mieux! L’identité, c’est vraiment propre à chaque personne, sa façon de se percevoir et son sentiment d’appartenance à une orientation sexuelle plutôt qu’une autre.
Par ailleurs, bien qu’il ne soit pas possible de volontairement modifier notre orientation sexuelle,celle-ci reste néanmoins fluide et elle peut se modifier avec le temps. »
L’orientation romantique peut elle aussi se décliner en ces trois mêmes aspects. Il revient donc à toi de savoir si tu préfères baser la détermination de ton orientation sexuelle et de ton orientation romantique sur tes attirances, sur tes désirs, sur les deux, ou aucun. Il est aussi important de mentionner qu’il n’est pas obligatoire de s’identifier à une orientation spécifique, il est tout à fait acceptable de ne pas utiliser un terme quelconque pour nous définir.
Il y a aussi une différence à faire entre les fantasmes et les attirances sexuelles. Les fantasmes peuvent être des scénarios sexuels provenant de notre imaginaire qui ne représentent pas nécessairement nos attirances et/ou nos comportements sexuels en réalité. Il n’y a donc absolument rien de malsain à s’imaginer des scénarios que nous ne souhaitons pas reproduire en vrai. Il est aussi possible, par exemple, d’avoir des fantasmes sur des relations sexuelles homosexuelles sans que ceci influence notre orientation sexuelle.
Tu mentionnes aussi avoir pensé être asexuelle, c’est une possibilité, mais encore une fois, tu es la seule qui peut le savoir. Puisque l’asexualité est un spectre, il y a plusieurs termes qui en font partie qui pourraient se rapprocher de comment tu te perçois, comme l’aegosexualité, l’inactsexualité, l’orchidsexualité, ou bien évidemment simplement l’asexualité.
Finalement, peu importe l’orientation sexuelle/romantique à laquelle tu t’identifies (ou pas), il se pourrait que ton besoin relationnel penche vers un type de relations qu’on appelle queerplatoniques, étant « une relation qui est plus intense et intime que ce qui est considéré comme commun ou normal pour une « amitié », mais qui ne correspond pas au modèle traditionnel romantico-sexuel. Une relation queerplatonique est caractérisée par un lien fort, de l’amour, et un engagement émotionnel, mais n’est pas perçue par les concerné.es comme « romantique » » (source).
J’espère que ces quelques pistes d’information pourront t’aider. N’hésite pas à nous recontacter au besoin!
Émilie (elle/she), pour AlterHéros