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24 août 2022

Comment est-ce que, biologiquement, une personne peut devenir homosexuelle, asexuelle ou trans, alors que beaucoup à la naissance ne le seront pas?

Bonjour,

J’aimerais savoir comment est-ce que biologiquement une personne peut devenir homosexuelle, asexuelle ou trans alors que beaucoup à la naissance ne le seront pas. Quelles sont les découvertes scientifiques en recherche les plus récentes à ce sujet?

Merci beaucoup, bonne journée!

Sophie Desjardins
Salut Lalie,
Ta question tourne autour de l’idée d’expliquer la diversité queer par la biologie. Je vais assumer ici, dans ma réponse, que tu poses la question parce que tu te questionnes sur toi-même ou sur une personne dans ton entourage.
Cette idéologie n’est certainement pas nouvelle et elle n’a jamais mené à rien de concluant. Par exemple, à la fin du 20e siècle, plusieurs chercheurs ont tenté de trouver des origines biologiques à l’homosexualité, sans succès.
Le problème avec cette manière de penser est que, trop souvent, elle est en fait une recherche de justification ou de source du « problème ». Derrière la façade de recherche, il y a une croyance qui veut que la norme soit correcte et valide et que toute déviance face à la norme soit automatiquement incorrecte et invalide. C’est une manière de penser plutôt désuète qui met de côté la nature fondamentalement variable de l’être humain. Ne pas être comme une autre personne ne signifie pas automatiquement qu’on a un problème.
De plus, bien que la biologie soit un domaine fascinant, les sentiments et les désirs humains sont très fortement liés à la psychologie et à la socialisation, pour n’en nommer que ces aspects-là. Être homosexuel, asexuel ou trans n’est pas la même chose qu’être hémophile (une condition liée spécifiquement à la génétique).
La réelle question qu’il faut se poser n’est donc pas ce qui fait qu’une personne est comme elle est. Certes, c’est une question qui peut être intéressante et nous apprendre des choses, mais ce n’est pas la première question à se poser et ce n’est pas celle qui devrait nous intéresser le plus à notre époque. La réelle question, c’est de savoir si notre manière de nous sentir est valide. Et la réponse, dans la majorité des cas, est oui. Règle générale, tant que ce qu’on est ne nous rend pas incapables de vivre et de fonctionner en société, c’est valide. Et j’ajouterais à cela que l’oppression que certaines personnes vivent n’est pas une incapacité, mais un obstacle qui n’a pas lieu d’être.
Cette manière de voir les choses se trouve, j’en conviens, très loin de la normalisation dont j’ai fait mention plus haut, mais elle est aussi plus ouverte d’esprit et respectueuse de la différence.
Quelques petits détails avant de terminer. Tu parles de « devenir homosexuel, asexuel ou trans ». On ne devient pas ces choses, on réalise qu’on l’est. C’est un sentiment profond en nous, pas une décision prise face à plusieurs cases à cocher. On ressent, on se questionne, on s’écoute et éventuellement on en arrive à accepter (préférablement) comment et qui on est. « Pourquoi suis-je ainsi » rend curieux, mais ce n’est pas le plus important.
Je vais faire un parallèle avec l’attirance hétérosexuelle. Quand une fille commence à ressentir de l’attirance pour des garçons, ce n’est pas spécifiquement parce que la société lui a dit de se sentir ainsi. Il y a, certes, une certaine éducation et pression dans ce sens, mais le sentiment profond d’avoir envie de passer du temps avec la personne, de se coller et de plein d’autres choses est là … ou il ne l’est pas. Le sentiment se développe, peut changer beaucoup, subtilement ou pas du tout et il fait partie de qui cette personne est. Toutes les femmes hétérosexuelles n’aiment pas le même type d’hommes et les mêmes caractéristiques de la même manière et on ne devrait pas remettre en question leurs intérêts et leurs préférences. Hélas, plusieurs se permettent de le faire pour les personnes de la diversité et pour eux, je répète : « on réalise qu’on l’est ».
Un autre détail : tu as listé ensemble et comme s’ils étaient similaires plusieurs aspects de qui une personne est. Ces aspects ne sont pas liés entre eux. L’homosexualité est une attirance sexuelle. Elle définit qui nous attire, qui on aime. L’identité de genre est le genre qu’on se sent être, qui on est. Enfin, l’asexualité et ses diverses nuances définissent simplement qu’on ne ressent pas ou moins d’attirances pour les autres, dont notre niveau d’attirance.
Pour terminer, tu te souviens, vers le début, que j’ai dit que la recherche d’une source biologique à la diversité queer n’avait pas donné de résultats? Et bien, l’information la plus près d’un tel résultat dont j’ai entendu parler est une étude qui mentionnait avoir trouvé une quinzaine de gènes (sur environ, quoi, 21 000?) qui pourrait avoir un lien potentiel et qui pourrait partiellement expliquer l’homosexualité en combinaison avec plusieurs autres facteurs non biologiques. Quand tu comprends le langage du domaine de la recherche et les mathématiques utilisées pour arriver à ces conclusions, ça se traduit un peu comme : « ces quelques gènes semblent être un peu plus présent chez les personnes homosexuelles, mais on ne peut vraiment pas parler d’un lien de cause à effet et ce serait, au mieux, une explication d’une toute petite partie de cet état d’être, sans plus. » Et, que je sache, cette étude ne fait pas l’unanimité et pourrait être incorrecte. Une seule étude, en science, c’est très, très peu.
J’espère que tout ceci t’aide dans ton questionnement et que tu comprends maintenant que « l’explication biologique » est moins importante que la compréhension et l’acceptation de la diversité humaine.
Sophie (elle/she), bénévole pour AlterHéros

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