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28 juin 2006

Carnets de voyages : la Marche des Fiertés de Paris

AlterHéros

Pour marquer l’arrivée officielle de l’été, nous vous présentons le premier article de notre série « Carnets de voyages ». Dans le cadre de ses voyages et ses périples autour du monde, notre envoyé spécial, Marc-Olivier, fondateur d’AlterHéros, nous partagera tout l’été ses impressions sur des destinations voyages à découvrir. Première destination : Paris!

Si pour la grande majorité des Québécois, la fin de semaine du 24 juin marque les célébrations de la fête nationale du Québec, la St-Jean, avec ses concerts, défilés, fêtes, pour les Parisiens, ce week-end fait place à la fête aussi, mais pour une toute autre raison. Cette fin de semaine marque depuis plus de 30 ans les célébrations de la Fierté gaie, aussi appelée depuis 2002 la Marche des Fiertés lesbiennes, gaies, bi et trans.

Caméra à la main, bouteille d’eau bien remplie et crème solaire, j’étais sur place à Paris cet année, à deux pas de la Tour Montparnasse, pour découvrir cet événement au calibre international qui a lieu ce samedi 24 juin 2006.

 
En France comme au Québec : mêmes revendications
Bien que l’esprit soit à la fête avec la musique et les couleurs arc-en-ciel, la Marche des Fiertés se veut avant tout un événement pour revendiquer les droits des personnes LBGT.

C’est le 1e mai 1971 qu’a eu lieu la première manifestation homosexuelle à Paris. Par la

photo: Marc-Olivier Ouellet
À Paris, tout le monde peut circuler et se joindre à la parade à tout moment, y compris vélo, poussettes et motocyclettes. Les nombreux chars allégoriques qui composent le défilé circulent donc beaucoup moins rapidement et il faut s’armer de patience pour voir le défilé au complet!

suite, d’autres manifestions ont été organisées, comme la première Marche nationale pour les Droits et Libertés des Homosexuels et des Lesbiennes en 1981.

Or, c’est seulement en 1991 que le Collectif Gay Pride a vu le jour. Peu à peu, ce mouvement communautaire s’est structuré pour faire de cette marche un outil de revendication pour la défense des droits des personnes allosexuelles.

Atteignant des records de participation depuis 1995, la Marche des Fiertés, nouvellement renommée en 2002 pour exprimer un engagement en faveur des bisexuels et des trans, la Marche attire maintenant plus d’un demi-million de personnes!

En France, comme au Québec, les revendications sont sensiblement les mêmes. Avec le mariage égal officiellement dans la loi au Canada, il reste encore plusieurs batailles à gagner chez nos cousins français. Les revendications sont d’ailleurs de plus en plus criantes maintenant que d’autres pays européens ont ouvert la porte au mariage égal comme l’Espagne, la Belgique, les Pays-bas et bientôt la Suède.

Cette année, quatre grands axes de revendications étaient sur la place publique : lutte contre la discrimination, combat contre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie, la reconnaissance du mariage gai et la réforme de la famille.

Moins d’organisation, autant de plaisir!
Ayant assisté et participé activement plusieurs années aux défilés et aux journées communautaires organisés par Divers/Cité à Montréal, je connais bien l’événement montréalais. J’avais donc bien hâte de voir comment s’organisait et se vivait cet événement à Paris.

Lorsque je suis arrivé au point de départ, j’ai été vite surpris par la quantité phénoménale de personnes qui affluaient les lieux. Des dizaines de milliers de personnes, de tous genres, tous backgrounds culturels et toutes orientations sexuelles, affluaient les rues de Paris pour venir assister à cette grande fête.

Habitué à une sécurité rigoureuse et un certain comportement dans les lieux publics, j’ai été abasourdi par le manque de sécurité et l’affluence des gens dans la rue où allait se dérouler le défilé. À Paris, tout le monde peut circuler et se joindre à la parade à tout moment, y compris vélo, poussettes et motocyclettes. Les nombreux chars allégoriques qui composent le défilé circulent donc beaucoup moins rapidement et il faut s’armer de patience pour voir le défilé au complet!

Il faut aussi dire que l’organisme Inter-LGBT qui gère et organise tout l’événement ne bénéficie d’aucune subvention de l’État et n’est pas commandité de façon aussi grande que les événements au Canada comme Divers/Cité et Pride Toronto qui ont des budgets de plusieurs milliers de dollars des gouvernements et de compagnies privées.

Malgré tout, on se rend compte bien vite que les gens répondent à l’appel en grand nombre (même très très grand nombre!!) et que tout se déroule naturellement et sans ennui, et sans une présence abusive du corps policier, comme ça peut l’être ressenti quelques fois à Montréal.

Plus de jeunes et moins de complexes!

Une fois la cadence amorcée, les véritables différences se sont fait apparentes et c’est tant mieux. On réalise très vite que l’ampleur de la Marche est nettement plus grande que celle de Montréal. Selon mes estimations, le défilé est composé d’au moins trois fois plus de contingents et s’étend sur plusieurs kilomètres.

Aussi, contrairement aux défilés auxquels j’ai assisté au Québec (Montréal, Québec ou Gatineau), la Marche des Fiertés de Paris a un caractère beaucoup plus communautaire et jeune qu’à Montréal. Très rares sont les chars allégoriques où des hommes au corps parfait se déhanchent.

Bien sûr, les hommes épilés, musclés et en petite tenue sexy se font voir, mais leur présence est davantage dans le public qu’en évidence sur les chars. À Paris, c’est plutôt les jeunes qui dominent, où l’esprit est à la fête et non aux complexes.

Alors qu’à Montréal, les organismes et associations tentent difficilement de rejoindre un grand nombre de jeunes, à Paris, c’est le contraire qui se produit. La majorité des chars sont bondés par des jeunes entre 16 et 25 ans, qu’ils soient en provenance d’une association jeunesse ou non.

Dans le public, il semble que la Marche des Fiertés est l’événement numéro un parmi les jeunes, allo comme hétéro, qui viennent en groupe pour s’amuser. J’ai d’ailleurs été drôlement surpris de voir tous ces jeunes montés sur les abribus à danser sur le rythme techno des chars!

De nombreux chars
Autre surprise, la quantité impressionnante de chars allégoriques en provenance d’associations LBGT des variées les unes des autres. Ici, on sent davantage le caractère revendicateur de la Marche plutôt que son côté commercial.

En fait, sur presque la cinquantaine de chars allégoriques qui ont défilé, moins d’une dizaine étaient en provenance de discothèques ou commerçants gais. Les commanditaires se faisant moins visibles, la place était laissée réellement aux messages de sensibilisation : promotion du sécuri-sexe, lutte à l’homophobie, coming-out, homoparentalité, tous les sujets de l’heure étaient représentés. Ça fait du bien de voir que la fête n’a pas perdu tout son sens.

Après la Marche, une méga T-dance

Les Montréalais sont chanceux. Le festival Divers/Cité se déroule sur une semaine avec plein d’activités d’organisées : soirées de danse, ballet, exposition, raves, journées communautaires, cinéma, défilé. À Paris, tout est condensé dans une journée.

Après la défilé, les contingents se déplaçaient cette année vers la Place de la Bastille : un énorme lieu public en plein milieu de Paris où Inter-LGBT avec Radio FG organisaient un méga concert de musique dance, techno et house avec DJs invités.

C’est donc dans une foule d’une centaine de milliers de personnes que j’ai dansé sous le chaud soleil parisien sur des rythmes électroniques. Tout était à la fête, la chaleur y compris!

Le Marais…
Paris, comme la plupart des grandes villes, est très accueillante pour la diversité sexuelle. Le quartier gai de Paris se situe dans le Marais, un endroit qui est étendu sur plusieurs arrondissements centraux de Paris. Et inutile de vous dire que dans le Marais, la fête se poursuit tout au long de l’été.

Au contraire de Montréal où le village gai est très concentré « gai » et décrié par certains comme un ghetto, le Marais est un quartier très sympathique où les gais sont très présents, sans l’être majoritairement. On peut donc facilement s’y promener sans même réaliser avoir passé le quartier gai!

Le Marais est d’ailleurs très fortement habité par la communauté juive de Paris. Les juifs et les gais cohabitent ainsi très pacifiquement depuis plusieurs années.

 
Une ville à découvrir
Très connue pour sa Tour Eiffel, son Arc de triomphe, son musée du Louvres ou bien ses Champs Élysés, Paris a aussi beaucoup d’autres choses à offrir! C’est une destination à mettre sur votre top 10 de destinations voyage à ne pas manquer. Paris restera toujours Paris!
 
Ne manquez pas les prochains carnets de voyage de Marc-Olivier. Prochain arrêt : la Californie et l’Amérique Latine!