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29 mars 2024

Histoire - Aimer sans retour

Voici une histoire, quelque chose qui fut très difficile dans ma vie et que je veux bien partager. C’est une longue histoire, entre un garçon et moi… Olivier, 16 ans, était en secondaire 5. Moi j’étais en quatrième secondaire et j’acceptais réellement mon homosexualité.

CW: psychiatrie, idées suicidaires

AlterHéros

En début d’année précédente, il était environ comme moi, avec un certain surplus de graisse. J’étais membre de l’harmonie de l’école avec lui, on jouait de la clarinette. Je m’entendais bien avec lui, mais je n’avais aucune réaction encore. Au début de l’année suivante, le voilà qu’il nous arrive grand, mince et magnifiquement beau. Encore là, aucune réaction. J’ai commencé à le connaître un peu plus et à le trouver vraiment beau. C’est alors que j’ai cru que j’en étais amoureux.

J’en ai parlé en premier à Shanta qui m’a toujours aidé et conseillé. Elle m’a dit qu’il était sûrement mieux que je lui en parle que de déprimer. On s’est entendu pour que je lui écrive un message. Au même moment, j’ai écrit le message, l’ai fait lire à Shanta et l’ai envoyé à Olivier. Avec une des plus grandes chances du Saint Ciel, il s’est connecté dans la soirée. J’avais le cœur à l’envers, je me demandais ce qu’il allait répondre. Pourtant, au fin fond de moi, je savais que ce n’était que son physique qui m’attirait, mais je ne voulais pas croire la réalité, je voulais garder les yeux fermés pour croire en mes rêves, mon imagination, mes fantasmes, mais ce n’était pas le bon choix. Je ne m’en étais pas encore rendu compte. La première chose qu’il m’ait dite sur MSN, ce n’est pas salut, c’est quelque chose comme : « Max, je suis désolé, oui je suis hétérosexuel. Mais je veux que rien ne change entre nous, s’il vous plaît! » Je croyais en sa sincérité, mais j’en ai douté beaucoup plus tard. Je lui ai répondu que c’était correct et que tout allait revenir comme avant. Il avait l’air soulagé et moi aussi.

Dès que j’ai annoncé mon homosexualité comme mes frères, j’ai immédiatement recherché une relation. J’étais déjà dépendant affectif. Je ne m’en rendais pas compte, mais je m’accrochais au premier gars que je trouvais beau et gentil. Aucune relation n’était possible puisqu’ils étaient tous hétérosexuels et que j’étais vraiment trop jeune et pas assez mature.

Pour Olivier, ça s’est bien passé, à mon grand étonnement. Pendant l’été, j’ai rencontré sur Internet quelques personnes, dont un certain Hubert. Il était vraiment gentil et beau. J’ai appris à le connaître et je voulais tellement une relation que je me disais que c’était lui mon homme idéal. Pour le garder, le charmer, je lui disais de belles choses, de belles phrases, des poèmes… mais ce n’étaient que des illusions, de l’irréalisme. Je l’ai rencontré en vrai au mois de janvier et ça n’a pas du tout cliqué. Je me suis vraiment excusé de lui avoir, si on peut dire, menti à ce point-là. C’est là que j’ai vu mon problème : je voulais une relation à tout prix. Je me suis rendu compte, enfin, que je n’étais pas vraiment prêt à vivre ça.

Ensuite, je suis allé à une activité, l’Excelsior. Cette activité, qui était la suite du Relai Jeunesse, est un séjour pour les jeunes qui veulent se découvrir plus, en apprendre sur la vie et s’aider à voir leurs problèmes. La dernière soirée était une soirée « divers », dans le sens qu’on se mettait tous en cercle autour d’une bougie et on parlait de ce qu’on voulait. Après m’être enfin décidé, j’ai pris la parole et j’ai parlé de mon problème d’affection et d’attention. Depuis que je suis jeune, je veux toujours avoir de l’attention. J’en ai énormément de mon entourage aujourd’hui, mais j’en veux toujours plus, c’est un de mes problèmes. De plus, je ferais tout pour avoir de l’attention. J’exagère, je dramatise, j’essaie de faire pitié. Pendant un bout, je me créais des problèmes, mais les gens se sont tannés, alors j’ai arrêté.

Ma nouvelle tactique, par contre, était que, lorsque j’avais des problèmes, je les gardais. Je ne faisais rien pour y remédier. Alors, devant les autres, j’en ai parlé. C’est là que j’ai parlé d’un certain Olivier que je côtoyais à mon école. Je n’étais pas amoureux, je ne croyais pas, mais j’étais tellement en manque d’affection aussi, pas seulement d’attention, mais aussi d’amour. J’expliquais que je voulais de l’affection de la part d’un gars et qu’Olivier m’attirait particulièrement. Et je ne compris pas pourquoi, mais j’ai pleuré, pendant longtemps. Je disais que je voulais être avec lui, m’accoter, et je pleurais. Je ne comprenais pas! Comment se faisait-il qu’il me fasse autant d’effet? Ce n’est que quelques jours après que j’ai remarqué que j’en étais amoureux. Cependant, je ne voulais pas de relation. J’aimais sa façon de penser et d’agir, son sourire, ses yeux. Voilà que le physique ne m’intéressait plus beaucoup. Je me suis vraiment surpris. Je m’intéressais à lui!

J’en ai parlé à une de mes très bonnes amies, Geneviève, elle qui a toujours de bonnes morales, qui est attentive et sincère. D’après mes souvenirs, elle m’a soutenu, mais elle savait qu’il était aux filles, donc elle m’a bien sûr proposé de l’oublier. Pour le moment, c’était bien petit. Je m’en souvenais qu’il m’avait dit qu’il était hétérosexuel, mais cette fois, mon cœur ne voulait pas décrocher. En plus, je manquais d’attention et c’était l’idéal pour en attirer. Après un cours de théâtre, dans un autre contexte que celui d’avoir de l’attention, je suis allé parler avec Kassandra, la meilleure amie d’Olivier. Je me suis dit qu’elle le connaissait plus que moi et qu’elle pourrait sûrement m’aider. Elle m’a proposé, elle, de lui en parler, d’aller le voir et de le lui dire. Elle était convaincue qu’il était hétérosexuel, et c’est vrai, mais elle savait qu’il serait très compréhensif. Elle m’a même dit qu’il venait chez elle le lendemain matin pour faire une animation à la garderie de sa mère. Alors, je lui ai dit que j’allais sûrement passer après mon travail.

Durant toute la matinée, je me demandais ce que j’allais lui dire, si j’allais vraiment y aller. Vers midi, j’ai appelé Kassandra pour lui dire que j’allais finalement passer et lui demander d’avertir Olivier de ma venue. Rendu chez elle, je suis descendu dans la cave comme son frère me l’avait dit et ils étaient là : Olivier, Kassandra et sa sœur. Kassandra et sa sœur ont quitté la pièce pour nous laisser lui et moi, j’étais content de cette gentillesse. Je m’assis sur un divan, je le regardai et je lui demandai : « Tu sais pourquoi je suis ici? » Il me répondit que sûrement. Je le regardais dans les yeux et je voyais la tendresse, la douceur que je recherchais chez un garçon. En plus, à cause de l’animation à la garderie, il avait un petit maquillage de requin sur la joue, ce qui le rendait tellement adorable, mignon et même mangeable. J’ai commencé par lui expliquer pourquoi je faisais parfois passer mes messages par d’autres personnes : parce que je ne voulais pas l’écœurer et lui attirer des ennuis et des questions gênantes.

Vous savez quoi? Il a été très compréhensif envers ça. Je n’en revenais pas. En plus d’être merveilleux, moi qui voulais l’oublier, il fallait qu’il soit compréhensif, doux, affectueux… Je ne lui en voulais surtout pas, je voulais qu’il soit lui-même. Ensuite, je lui ai dit : « Il me reste quelque chose à déterminer. Si je ressens seulement de l’affection pour toi ou si je t’aime. Mais peu importe la réponse, cela est impossible et tu sais pourquoi. » Il a approuvé en disant : « Vu de même. » Je lui ai ensuite dit que c’était difficile d’oublier quelqu’un. Encore une fois, il a été compréhensif et je l’en remercie. On n’a ensuite changé de sujet et parlé de tout et de rien.

Kassandra est finalement revenue avec sa sœur et Olivier m’a demandé si j’avais dîné. Il voulait m’inviter à écouter le reste du film avec eux. Au diable le dîner pour du bon temps avec lui. Mais voilà que Kassandra, sans faire exprès, me situe carrément à côté de lui. Alors, pendant tout le film, je voulais lui prendre le bras, m’accoter sur son épaule, ce que je ne fis pas par signe de respect, puisqu’il n’aurait pas vraiment aimé ça et que je devais l’oublier. C’est à partir de là que je me suis mis dans la tête que je devais vraiment l’oublier. À cause de mon manque d’attention, je ne faisais rien pour le faire. Mais pas seulement ça. Lorsque j’étais en sa présence, je me sentais tellement bien. Dans mon monde imaginaire, je me sentais bien, mais vivre avec de faux espoirs, ce n’est vraiment pas bon. Je ne m’en rendais pas compte.

Pendant six mois, j’ai écrit des poèmes, des textes, j’ai créé un espace personnel où seulement une dizaine de personnes pouvaient aller. J’y mettais tout ce que je pensais, comment je me sentais. Mais je n’y mettais jamais mes moments heureux. J’ai conté la fois à la Saint-Valentin où au cours de théâtre, il a dit qu’il aurait aimé recevoir un toutou. Je n’ai donc pu m’empêcher d’aller en acheter un. Je suis parti du théâtre à l’avance, j’ai été au carrefour et tout était en train de fermer. Je suis donc allé chez Jean Coutu et il y avait des toutous tout petits à 10 $. Je n’en avais que 8. Je suis donc allé chez le Jean Coutu d’en face et j’y ai vu un beau toutou qui ressemblait beaucoup à un lionceau, à 8 $ avec les taxes! Je l’ai donc pris. Rendu chez moi, je lui ai écrit ceci :

Salut Oli,
C’est avec un jour de retard que je te donne ce petit cadeau. J’espère que tu as passé une joyeuse Saint-Valentin! J’ai entendu hier que tu aurais voulu recevoir un toutou, alors je t’ai acheté ceci. Ce n’est pas grand-chose, mais j’espère que tu apprécies quand même. Je ne te le donne pas seulement parce que tu en voulais un, mais surtout pour te voir sourire. Rien de plus joyeux que de voir les gens autour de moi heureux, surtout ceux qui me sont proches. Avant que tu ne le penses toi-même, si ce n’est pas déjà fait, je ne te cruise pas! Tu es quelqu’un que j’aime beaucoup, oui, mais nous savons très bien qu’une relation sérieuse est impossible :P! Tout ce que j’aurais voulu de ta part, c’est de l’affection, mais tu n’as pas à assouvir un manque que j’ai, surtout avec la mentalité du monde d’aujourd’hui. Peu importe. Passe une belle journée quand même. N’oublie pas Oli, que tu es parfait comme tu es. Celle qui ne t’aimera pas comme tu es ne te mérite pas, toi qui es si exceptionnel! « La perfection se trouve dans les défauts de la personne imparfaite, c’est-à-dire du fait qu’elle les remarque et qu’elle fait son possible pour en réduire ses actes. » Je ne sais même pas si ç’a un sens :P, mais dans le fond c’est de faire de son mieux. Dans le fond, on peut s’améliorer, mais pas changer, et toi il ne faut surtout pas que tu changes! En tout cas, reste comme ça. Je suis sûr que tu es écœuré d’entendre ça, mais c’est qu’on le pense. On t’adore Oli! Prends bien soin de toi, @+
 
Maxou xxx

J’ai essayé de brûler le contour pour en faire un parchemin. Après en avoir flambé 4, j’ai réussi, je l’ai roulé et emballé avec le toutou. Le lendemain, je ne pouvais le lui donner comme ça alors je l’ai fait passer par Shan, pour qu’elle le lui donne discrètement. Il est venu me voir après pour me remercier et me dire que je n’avais pas besoin de lui offrir un cadeau pour le faire sourire puisqu’il souriait tout le temps. Aussi, une fois, à un spectacle, il a chanté « S’il suffisait d’aimer » et ça m’a complètement bouleversé. Je me suis mis à imaginer des choses horribles que je voulais me sortir de la tête. J’ai ensuite tout fait pour qu’il soit dans la comédie musicale Chicago montée à notre école, pour passer du bon temps avec lui et exploiter ses merveilleux talents que sont le chant, la danse et le théâtre.

Un soir que j’étais devenu presque fou, j’ai écrit un billet où je disais que je voulais me suicider. Pourquoi ça? C’est que je ne savais vraiment pas ce que j’étais pour lui. Tout ce qu’il laissait croire me disait que je n’étais pas grand-chose. Je voulais être pourtant un bon ami pour lui, mais dans le fond, je l’aimais encore, après six mois… Il y avait aussi le fait que je ne m’aimais pas… Mais il y a aussi ma meilleure amie Geneviève qui m’a dit que j’ai été le garçon qui l’a fait le plus souffrir, que je l’avais manipulée, que je ne pensais jamais à elle, qu’elle ne me ferait plus jamais confiance, car je répétais tout à tout le monde (ce qui est faux) et que je l’avais tout simplement perdue. Ça m’a complètement bouleversé, chagriné, je l’aimais tellement. Et aussi, elle se rapprochait d’Olivier, ils étaient devenus de super bons amis et ça me rendait beaucoup trop jaloux…Kassandra a finalement rejoint mon frère et lui a tout raconté. Mon frère en a parlé avec mes parents et mes autres frères.

Mon frère Mathieu est donc venu me parler. Il m’a conseillé une chose, enlever Olivier de ma vie. L’oublier en ne lui parlant plus, en ne le voyant plus… Je n’étais pas encore conscient que j’allais vraiment le faire, je n’ai donc eu aucune émotion sur le moment. On a jasé d’autre chose, mais je pensais surtout à ce que j’allais faire. Pour le prévenir, Math m’a conseillé de lui écrire une lettre très brève qui est celle-ci : « Salut Olivier, je m’excuse pour toutes les fois où je t’ai blessé ou mis mal à l’aise. J’ai décidé de t’oublier. Donc, je ne te parlerai plus. Peut-être des mois, même des années. Je ne serai plus en contact avec toi. Peut-être qu’un jour, je te reparlerai, je ne sais pas. Bonne chance dans tout ce que tu entreprendras, ne change surtout pas et Bonne Vie. Maxime ».

Avant de me coucher, j’avais les yeux grands ouverts dans mon lit et j’ai pleuré… pendant longtemps. J’avais écrit la lettre entre-temps. J’étais prêt à la lui donner le lendemain matin, en personne, même à la lui lire. J’ai regardé l’horaire des examens et il en avait normalement un le lendemain matin. Il durait trois heures, donc il pouvait sortir après deux heures, c’est-à-dire 10 h 30. Je me suis levé à 9 h 30, j’ai pris ma douche, je suis monté vers 10 heures et voilà que mon père était parti. Il me restait donc 30 minutes pour aller à l’école à pied, sous la pluie, sans avoir déjeuné ou fait de lunch. J’ai couru… Rendu à l’école à 10 h 28, je suis allé m’asseoir avec une de mes amies, et j’ai vu les élèves de secondaire 5 sortir de leur examen. Je suis donc allé à sa case. Il était là. Je lui ai demandé si je pouvais lui parler. Il m’a dit que oui, mais qu’il voulait aller à la toilette avant. J’ai parlé un peu avec Kassandra, je l’ai remerciée. Oli est revenu et je lui ai demandé si on pouvait aller dans un endroit plus tranquille. Il a suggéré la cafétéria puisqu’il n’y avait pas beaucoup de monde, mais avec le sentiment que j’avais, ce n’était pas l’endroit idéal. Je nous ai conduits à la pastorale, puisque je savais qu’il y avait un petit local. Pendant le chemin, il me parlait… Il me parlait, comme un ami… Je me sentais bien, mais mal en même temps, avec ce que je voulais lui dire…

Rendu dans le local, j’étais tout d’abord muet, mais j’ai finalement commencé à parler. Je lui ai dit que la fois où je voulais lui parler, qu’il me lise sa liste de défauts, c’était pour lui dire que, oui, il a des défauts, mais oui, il a des qualités. C’est là que je lui ai donné mon sac avec les lettres de tous qui lui disaient ce qu’ils aimaient chez lui, sauf la mienne, que j’avais dans les mains. Il a ouvert le parchemin où tout le monde avait signé « On t’aime Oli! »Il était content, puis il m’a fait un câlin. J’en ai profité, si on peut dire, puisque c’était sûrement le dernier… Je lui ai finalement lu ma lettre et je me retenais pour ne pas trop pleurer. Il m’a dit qu’il trouvait ça direct, mais qu’il ne croyait pas que c’était la meilleure chose à faire, que c’était la plus difficile. Et moi, je n’étais plus sûr. Je lui ai dit que si je faisais ça, c’est qu’on m’avait dit qu’il était tanné, même écœuré, que je le mettais très mal à l’aise… Mais il m’a dit, même confirmé, que ça ne le dérangeait pas. Il a dit qu’en ce moment, il était mal à l’aise, mais que c’était compréhensible, et c’est vrai. Il m’a dit que, depuis la pièce de théâtre du 10 mai, je ne le mettais plus vraiment mal à l’aise.

Je ne savais plus quoi faire. Suivre les conseils de mon frère, ou écouter mon cœur, lui qui ne m’a causé que du mal… Je ne voulais pas le perdre… Pas dans le sens d’amour, mais bien d’ami… J’aimais parler avec lui, l’écouter, en apprendre sur lui. Je n’étais plus amoureux, mais bien en manque d’attention. C’était une personne avec qui je me sentais comblé, pour ce manque. C’était tellement simple à faire en plus… Je lui ai dit ce que je pensais de lui, qu’il avait plein de qualités. Je lui ai dit que je m’en foutais que ses yeux soient bruns et que moi, je les trouve vraiment trop beaux. On a continué de parler et à la fin, j’ai finalement choisi de ne pas faire ce que je voulais faire en arrivant. Je voyais une belle amitié… Je lui ai dit que j’allais peut-être être plus distant. Pourtant, il fut difficile de l’être, puisque j’avais 2 cours de théâtre par semaine avec lui et un de la comédie musicale Chicago. Plus l’été avançait, plus j’avais des idées suicidaires et je ne me gênais pas pour les laisser paraître parfois…

Vers la fin juillet, après me l’être fait beaucoup conseiller, j’ai encore décidé de couper le contact. Je l’ai donc fait venir chez moi encore, dit ce que j’avais à lui dire et que c’était peut-être mieux pour moi qu’on ne se parle plus et ne se voit plus. Il fut d’accord. Et là, je lui demandai un câlin, qu’il accepta. Cependant, croyant que c’était le dernier, je le gardai dans mes bras beaucoup trop longtemps… La semaine qui suivit s’est très bien passée, puisque nous ne nous sommes pas vus. C’était la semaine de congé des activités. Toutefois, lorsque le 1er août arriva, un lundi, les cours de théâtre qui recommençaient, ce fut infernal, autant que pour moi que pour lui. C’était très difficile de se voir sans pouvoir s’adresser un mot… Surtout dans la scène qu’on pratiqua, il fallait que je le pogne par le collet et que je le regarde dans les yeux… Ç’a été vraiment difficile! Après le cours, j’allai dans ma chambre pleurer encore une fois et je décidai que je voulais en parler à Kassandra.

J’allai chez elle et surprise! Olivier était là. C’est donc à lui que j’ai parlé. Je lui dis que ça m’était insupportable et que ça ne m’aidait pas vraiment. Il me dit que c’était insupportable pour lui aussi. Alors, on était d’accord et on a continué à se parler, mais je ne sais pas si on a bien fait… Dans la nuit du 24 au 25 août, j’ai pris ma bicyclette pour aller à sa maison qui est dans une municipalité un peu plus loin, à une demi-heure. Je m’étendis sur son gazon, je savais que tout le monde dormait, je pédalai même dans une direction inconnue et je revins après une heure. Je m’étendis encore une fois et repartis chez moi. Le lendemain, le célèbre jeudi noir de ma vie, ne fut pas une journée de tout repos. Au matin, je retournai chez lui pour pouvoir lui parler, mais il était au cégep. J’allai voir chez Kassandra puisque c’était l’heure du dîner, mais ils dînaient à l’école. J’allai au cégep et je vis Shanta et Olivier, mais je n’ai rien pu dire, je dis simplement que je cherchais Kassandra… Je revins chez moi et j’attendais que Kassandra me rappelle. Elle me rappela, je lui demandai où était Olivier et elle me dit qu’il était chez lui. Je me suis d’abord connecté sur MSN et j’ai parlé avec Marie-Pier, une de mes amies. Là, elle voulait tout savoir, sauf que moi je ne voulais pas tout raconter! Phil, mon cousin, voulait lui aussi tout savoir.

Ils m’ont comme un peu harcelé, c’est qu’ils voulaient que je leur fasse confiance. Je leur faisais confiance, sauf que je ne voulais pas leur en parler. Ils disaient tous les deux que je leur faisais du mal, et plein d’autres choses aussi, et ça me fit souffrir, parce que je déteste faire du mal aux autres. Je leur dis d’arrêter et je me déconnectai. J’appelai Olivier et il était sur une autre ligne. Je lui ai dit que j’aimerais beaucoup qu’on se voie ce soir. Il m’a dit qu’il avait plein de devoirs, mais qu’il allait essayer et qu’il allait me rappeler. Il m’a rappelé et m’a dit qu’il allait passer chez moi vers 7 h 30. J’avais juste envie de lui demander : « Tu va me prendre dans tes bras hein? Tu vas me serrer fort? » Sauf que je ne l’ai pas fait par peur. Il m’a dit aussi qu’il avait peur pour sa vie, autant que pour la mienne. Pourquoi donc? Je ne comprenais vraiment pas. Il m’a dit que d’autres le comprenaient. Ensuite, je retournai sur MSN m’expliquer à Phil et Marie-Pier, leur conter toute l’histoire en gros. J’ai réussi à être bref, comparé à la soirée qui arrivait. Ils m’ont compris et m’ont vraiment remonté le moral! J’ai beaucoup réagi à ce qu’ils m’ont dit et ça allait tellement mieux. Je me disais qu’il ne restait plus qu’à régler les dernières affaires avec Olivier ce soir-là et ça allait bien aller!

J’ai donc attendu 7 h 30. À 7 h 40, on sonna à la porte, je montai les marches et Olivier et Kassandra étaient là! J’étais vraiment content! On a commencé par se faire un câlin et là Olivier m’a serré vraiment fort et j’étais encore plus content! Là, je suggérai qu’on descende lorsque Kassandra me dit : « On n’a plus le choix Maxime! » J’ai fait « QUOI? » avec des yeux très méchants suite à ce qu’ils m’ont dit plus tard. Je savais qu’ils voulaient tout dire à mes parents! Moi, je ne voulais surtout pas! L’affaire, c’est que ça allait bien là! Je disais que j’avais autre chose à dire, que je n’avais pas fini, sauf que Kassandra disait qu’il n’y avait pas d’autre choix, que je n’écoutais personne. Je descendais les marches une à une, je ne voulais pas! Ils l’ont fait. Mes parents étaient rendus tout affolés. Là, Kassandra et Olivier allaient partir.

Je leur ai demandé : « Vous partez? Vous allez revenir? » Oli m’a répondu qu’on allait se revoir une autre fois. J’avais envie de crier, de pleurer, de lui sauter dessus, parce que je ne voulais pas qu’il parte, je voulais qu’il soit à mes côtés, surtout que c’était à lui que je voulais parler! Ils voulaient nous laisser en famille et ils sont partis… Je me suis ramassé avec mes parents dans le salon à tout leur expliquer. Je leur disais que ça allait mieux, sauf que là, j’étais en beau tab*****! Je sais très bien que c’était pour mon bien, qu’ils m’aimaient beaucoup et c’était pour ça qu’ils l’avaient fait, mais il fallait que je dépompe avant de ne plus leur en vouloir. J’ai ensuite appelé Shanta parce qu’il fallait que je lui raconte ça! Le plus drôle, c’est qu’elle était pas mal déjà tout au courant parce qu’aussitôt que Kassandra m’avait rappelé avant souper, elle avait appelé Olivier, Marie-Pier avait aussi appelé Olivier. Surtout que j’avais laissé ce commentaire sur son espace personnel : Oli, ça fait un bout que je n’ai pas eu de tes nouvelles… Oli, je suis plus capable… je ne « tofferai » pas… tu m’as vu aujourd’hui, c’était sûrement une des dernières fois… je m’excuse… mais je suis plus capable…

Quand je suis arrivé chez Shan, j’étais frustré comme je ne l’avais jamais été! Elle sortit, me regarda et eut peur! Elle reculait et me demandait si ça allait. C’est à peine si je ne faisais pas de l’écume! Je lui ai ensuite dit que je n’allais pas la tuer. Là, elle a eu vraiment peur! Ensuite, j’ai commencé à hyperventiler et tout mon corps s’est engourdi. Je suis tombé par terre et là, Shan a pris son cellulaire et m’a dit qu’elle appelait Marie-Pier, puisqu’elle voulait ravoir des nouvelles, sauf qu’elle appela Kassandra et je ne m’en rendis pas compte. Elle leur disait que j’étais ici et qu’il serait peut-être bien qu’ils viennent l’aider. Moi, j’étais rendu fou, j’étais tout engourdi, tout allait mal et je riais comme un maniaque. Kassandra m’entendait au téléphone. Elle disait à Olivier et sa sœur (qui était leur transport) : « Il rit! Il rit! Vous imaginez? Il rit comme un maniaque! » Elle était traumatisée! Ensuite, Olivier a appelé chez moi pour parler à Mathieu. Lui aussi était traumatisé par mon rire. « Il rit, tu imagines, il rit! Il rit! » Il m’a conté à la fin de tout que son cœur avait battu comme jamais, qu’il avait eu peur, qu’il avait eu envie de vomir! Il avait eu vraiment peur et je m’en veux beaucoup de lui avoir fait autant peur.

Ensuite, Kassandra a suggéré à Shanta d’appeler la police. WOH! On se calme les pompons! Il n’aurait pas fallu! Ils sont donc arrivés chez Shanta pendant que je lui contais tout ça à partir du début de l’été. Je me demandais tellement ce que Olivier, Kassandra, Anick (la sœur d’Olivier) et mon frère Mathieu faisaient là! Mais j’étais tellement content de revoir Olivier, j’aurais voulu lui sauter dans les bras et pleurer. Kassandra était sur le bord des larmes, Oli aussi, Shan alla pleurer dans les bras d’Anick. Je me sentais vraiment mal et je me disais qu’il fallait que je recommence toute l’histoire. Nous sommes allés dans la cabane derrière chez Shanta. Tout le monde s’est assis sauf moi qui étais encore beaucoup trop sur les nerfs. J’ai ensuite décompressé et je me suis assis. Je les ai tous regardés et ils me regardaient avec beaucoup d’attention et d’intérêt. Shanta avait peur que je me lève avec un fusil et que je les tire, c’est cela qu’elle m’a dit à la fin. Peu importe, ça m’a pris du temps avant de commencer à tout conter.

J’ai finalement décidé de partir du début, au jour où je l’ai aimé. J’ai vraiment tout conté, ç’a pris une heure et demie environ. De temps en temps, je levais la tête pour regarder Olivier, puisque c’est surtout de lui que je parlais. Je le regardais toujours avec un sourire parce que je disais que je l’aimais, sauf que lui avait les yeux rouges et se sentait très mal, ce qui me faisait mal aussi. J’aurais voulu arrêter de parler, m’asseoir à côté de lui, le prendre par la main et lui dire que je l’aimais, sauf que je ne pouvais pas vraiment. J’aurais aussi voulu me lever et lui faire un câlin. Je m’en voulais tellement de l’avoir mis dans cet état-là! Je voulais vraiment le serrer dans mes bras et m’excuser, mais j’ai continué mon histoire quand même. Quand j’ai eu fini, il fallait que je rajoute quelque chose. Je voulais dire ce que je n’avais jamais dit à Olivier avant. Tout le monde pensait que c’était quelque chose de grave et ils ont suggéré de s’en aller quelque temps, mais je leur dis que c’était seulement quelques mots simples. J’avais beaucoup de misère, parce que ce que j’allais dire, je savais que ce n’était pas par simple amitié. C’était pourtant des mots simples… que je n’avais jamais réussi à lui dire dans ces propres termes… Il savait ce que je voulais lui dire et il me proposa même de le dire avant moi, ce que je refusai. Je le regardai dans les yeux et lui dit pour la première fois : « Je t’aime. »

J’essayais d’expliquer dans quel sens, mais mes mots sortaient tout croche. Il me dit, lui aussi pour la première fois : « Moi aussi, je t’aime Max, je tiens à toi! En ami… » J’avais envie de pleurer, autant de peine que de joie. J’avais même envie de le prendre dans mes bras, mais je me sentais un peu mal et le cœur très faible. J’avais fini ce que j’avais à dire, et là tout le monde a lâché un gros soupir de soulagement. Surtout Olivier qui a dit que lorsqu’il était entré dans la cabane, il sentait son cœur battre dans ses doigts. Tout le monde se leva pour s’en aller, mais moi j’ai voulu encore parler avec Olivier. Je me suis levé avec lui devant moi et les autres plus loin. On s’est regardé et on s’est fait un câlin. Je l’ai serré fort autant que lui! Je me sentais vraiment bien dans ses bras, mais toute bonne chose a une fin. Nous sommes ensuite sortis de la cabane et les autres étaient en avant de nous. Olivier m’a ensuite dit qu’il avait été très inquiet et il m’a ensuite expliqué pourquoi il avait eu peur pour sa vie. C’est que lorsque Marie-Pier lui avait dit ce que j’avais écrit sur son espace personnel, elle a mal formulé et a dit : « On va se voir aujourd’hui, sauf que c’est la dernière fois. » C’est pour ça qu’il avait capoté. Mais finalement, il n’avait plus peur pour sa vie, mais beaucoup pour la mienne. Il m’a dit aussi que lorsqu’il était chez moi, il ne voulait pas partir. Aussi, lorsqu’ils sont sortis, sa sœur Anick était là et ils se sont fait un câlin collectif et ils avaient tous les larmes aux yeux. Je m’en veux de leur avoir fait de la peine comme ça.

Il y a eu ma rentrée scolaire, ça commençait bien. Pourtant, chaque jour, ça dégringolait de plus en plus… Chaque jour, Olivier me revenait en tête de plus en plus souvent, je recommençais à trop l’aimer, à penser à lui! Les mois ont passé et mes idées suicidaires étaient revenues… Bien plus présentes, bien plus ancrées, encore plus intenses. J’allais de moins en moins bien, dans mes cours, il m’arrivait parfois de pleurer, mais maintenant je faisais de mon mieux pour ne pas me faire remarquer. Je n’avais plus envie d’attention. J’avais juste envie que tout ça finisse. Alors le 30 novembre 2005, j’ai eu un cours de théâtre. Olivier était le professeur avec Kassandra. Mathieu, un ami dont j’essayais de ne pas tomber amoureux, était un des comédiens et Geneviève avait décidé de venir voir la pratique. C’était trop pour moi, beaucoup trop. Je me sentais mal à l’aise comme je ne l’avais jamais été. J’ai donc été voir Kassandra pour lui demander si je pouvais quitter la pratique, parce que je n’étais plus capable. C’est à ce moment que j’ai recommencé à hyperventiler.

Elle a appelé mon père, qui est venu me chercher, et je lui ai demandé de me déposer chez Christelle, une amie avec qui je parlais très souvent après l’école. Je suis entré, elle écoutait la télévision, elle s’est levée, m’a regardé et m’a demandé ce que j’avais. C’est alors que je sanglotai et pleurai comme un débile profond, je tombai à genou par terre et je pleurai, et pleurai encore… Elle m’a ramassé et m’a assis. J’ai discuté avec elle et je lui parlai finalement de… cet hôpital où elle a passé un mois ou deux, cet hôpital où on t’enferme pour un temps indéterminé, lorsque tes idées suicidaires deviennent trop grandes. Elle me décrivit l’endroit et je décidai, après plusieurs mois de réflexion, d’y aller. Elle m’accompagna jusqu’à chez moi pour en parler à mes parents. Ils étaient très bouleversés, ils avaient les larmes aux yeux et ma mère me dit « si c’est ça que tu veux, on va l’accepter » avec la voix tremblotante qui me fit pleurer aussi. Nous décidâmes donc d’aller à l’urgence le lendemain matin, après mon exposé de français, puisque je ne voulais pas laisser ma coéquipière seule. Je regardai l’heure et remarquai que le cours de théâtre allait finir bientôt.

Mon père m’y reconduit et je dis à Olivier que je voulais lui parler à la fin, phrase qu’il a sûrement entendue plus d’une centaine de fois. Rendus chez Kassandra, je leur annonçai la nouvelle. Je ne perçus aucune réaction… J’amenai Olivier plus loin pour lui parler seul à seul et lui expliquai ce que je vivais, et que, malheureusement, j’étais encore sous son charme, que j’avais trop besoin d’affection et que de le voir si souvent me rendait plus que malheureux. Je le suppliai de ne pas se sentir coupable, et il me dit heureusement qu’il ne se le sentait pas. Depuis la rentrée, lui et moi avions décidé de ne plus nous faire de câlins, dans le but de m’aider. Cependant, à ce moment-là, il tenait beaucoup à m’en faire un. Alors, je le serrai dans mes bras, lui dit à l’oreille « Je t’aime Oli! » et il me répondit « Moi aussi Max, je t’aime ». Je le serrai donc encore plus fort dans mes bras et pleurai. Cela me prit du temps à m’endormir ce soir-là. Le lendemain matin, je pris l’autobus, j’allai à l’école et j’en profitai pour dire la nouvelle à mes amis proches, leur dire au revoir. Plusieurs en furent bouleversés… Je me souviendrai toujours de mon cours de mathématique à la première période, où une de mes amies est partie à pleurer en me regardant… Ensuite, ce fut le cours de français et l’exposé fut… très normal, je n’étais vraiment pas à mon meilleur. Mes parents sont venus me chercher après, nous sommes allés aux urgences pour rencontrer un docteur. Après avoir expliqué mon problème à la trieuse, nous avons attendu 2 heures. Ensuite, je dus raconter encore une fois ma vie au docteur, ce qui fut très difficile parce que mes parents étaient avec moi, pour finalement me dire : « Tu as déjà un rendez-vous chez un psychiatre lundi (nous étions vendredi). Alors, nous allons attendre jusque-là, et nous verrons après. Je vais te prescrire des calmants. »

WOW! J’étais fou de joie… J’ai réussi à survivre à la fin de semaine, pour finalement arriver à mon rendez-vous de 10 h, le lundi. La psychiatre s’appelait Sylvie. Ça, je vais m’en souvenir longtemps! Je lui racontai ma vie, elle fit venir mes parents après pour nous dire : « Alors, je vais appeler à Lévis quelque part dans la semaine et je vous en redonne des nouvelles. Voyons Maxime, quelque chose ne va pas? »… Quelle question! Ça me frustrait énormément! Je lui répondis : « Qu’est-ce que t’en penses? Ce n’est pas la semaine prochaine que je ne vais pas bien, c’est aujourd’hui! » Elle dit pour terminer que si nous le voulions absolument (je lui lançai un regard frustré!), nous pourrions nous rendre directement à Lévis pour voir s’il y avait une place. Ce que nous fîmes sans attendre. Nous arrivâmes à l’Hôtel-Dieu vers une heure. Je vis la trieuse, je racontai ma vie, je me rassis. Je vis le docteur, je racontai ma vie, je me rassis. J’ai vu un psychiatre, je racontai ma vie, je me rassis. J’ai vu le responsable du couloir psychiatrique, je racontai ma vie et je me rassis encore dans la salle d’attente. On vint nous chercher finalement à 7 h 30 pour nous dire que j’allais avoir une chambre. On m’y amena alors. On nous expliqua les règlements, que je n’avais droit à aucun contact extérieur pendant au moins 7 jours après avoir été inscrit sur le tableau. Et ces 7 jours-là, il fallait que je sois sage et que je respecte les règlements. Mes parents partirent et je pris connaissance des lieux. La chambre était tellement trop colorée qu’un arc-en-ciel se serait senti dépaysé. Le lit était fait en carton. Même avec mon livre de math en dessous de mon oreiller, c’était le même confort. Aucune porte ne se barrait, à part celle des intervenants. Ni celle des chambres, ni celle des toilettes… Il y avait seulement les armoires qui étaient toutes barrées. Chaque jour, j’avais un intervenant qui venait me voir le matin, et un autre le soir. Même que parfois, certains changeaient de place, alors j’ai eu le droit à 7 intervenants différents… Une chance que je n’ai pas eu la grosse folle… Elle était tellement bête!

Peu importe, je ne savais pas combien de temps j’allais rester là… Les premières journées, il fallait que je mange dans ma chambre, avec des ustensiles en plastique, mais je n’avais pas le droit au couteau. Le gars est venu me porter mon déjeuner et m’a dit : « Tu beurras tes toasts avec ta cuillère… » C’était super enrichissant! À un moment donné, je fus inscrit sur le tableau et je pus aller manger à la cuisine avec les autres jeunes. Ils étaient tous vraiment gentils! On avait des activités de groupe tous les jours et parfois certaines activités solitaires. J’avais aussi de l’école, une heure par jour de semaine. J’avais maintenant une rencontre familiale à préparer, ça n’a pas été facile. On nous laissait dans nos chambres, avec des questions auxquelles il fallait répondre. Ce n’était… pas nécessairement facile à l’intérieur de soi. Les jours ne passaient vraiment pas vite. Ça m’en demandait beaucoup.

Un soir, j’ai comme explosé. Je n’ai jamais autant crié et pleuré… Je me souviendrai aussi lorsque l’intervenante m’a conseillé fortement : « Tu devrais arrêter de le voir. » J’étais seul dans ma chambre et je criais : « NON, NON, non… » Je voulais tout, sauf ça… Après 7 jours, j’ai enfin eu le droit au téléphone! J’avais le droit à 10 minutes par soir… c’était mieux que rien. Alors, j’ai appelé mes parents pour les rassurer, avec des nouvelles et leur demander une faveur… si Olivier pouvait m’appeler le lendemain. Ils m’ont dit qu’ils allaient essayer. Le lendemain arriva trop lentement, mais il arriva. J’entendis le téléphone sonner dans le bureau des intervenants, on est venu me chercher pour me dire que j’avais un téléphone. J’allai dans la petite cabine et répondis. C’était ma mère… qui me disait qu’Olivier était dans notre cave à attendre de décrocher. Alors, elle me le passa. J’étais tellement content de lui parler! Il me manquait… Je le lui ai dit, et il m’a répondu : « Moi aussi. » Pour un garçon qui n’exprime que rarement ses émotions, j’en fus très touché. Je lui ai ensuite dit que j’avais hâte de le revoir et de lui faire un câlin. Et il m’a répondu : « Moi aussi, j’ai hâte. » J’en fus encore une fois très touché! Ensuite, il m’a dit : « Il n’y a pas eu une journée où je n’ai pas eu de pensée pour toi. »Ça, ça m’a trop ému! On a parlé pendant 30 minutes, de tout et rien, jusqu’au moment où un intervenant s’en est enfin rendu compte et m’a demandé de raccrocher. J’ai eu un point rouge sur le tableau, mais ça ne me dérangeait pas, puisque c’était peut-être prévu que je parte cette journée-là! J’avais trop hâte!

Je rencontrai le psychiatre de l’établissement pour lui expliquer comment je me sentais maintenant. Je lui ai dit que j’avais beaucoup appris, que j’avais mûri et que je savais maintenant toutes les possibilités que la vie m’offrait. Bon, j’ai été quelque peu « téteux », mais je voulais trop quitter cet endroit où l’on me forçait à dessiner, chose que je déteste le plus au monde! Et vous savez quoi? J’ai même trouvé le tour de sculpter dans le bois un dessin pour Olivier… Ça m’a pris 4 heures pour le faire. J’ai dessiné un lion, son signe astrologique. Je lui ai même écrit un message derrière et je l’ai verni, pour le lui offrir pour Noël. Voilà que mes parents sont enfin venus me chercher pour quitter cet endroit. Heureusement, je partais de là avec un bon coffre d’outils! Je suis revenu le 17 décembre, un vendredi, juste à temps pour passer la journée des tuques de Noël à mon école! J’étais trop content de revoir tout le monde.

Le 26 décembre, après souper, Olivier passa chez moi. Je lui offris son cadeau et il m’offrit les siens. Je lui avais demandé pour Noël de me dire ce qu’il aimait chez moi, ainsi qu’un câlin et, s’il le voulait bien, un petit « Je t’aime »… Il m’a tout donné et j’en fus tout heureux. Les journées, les semaines passèrent et ça allait bien! Les vacances de Noël ont bien été, à part l’accident de voiture de mon frère avant le souper de famille. L’école recommença, ainsi que tous mes projets, et ça avançait bien tout ça. Cependant… plus les jours passaient et… plus je ressentais encore de l’affection pour Olivier… Je n’ai voulu en parler à personne, même pas à ma meilleure amie, par crainte que ça s’échappe, par peur que le monde soit simplement plus capable d’en entendre parler. J’ai caché ça sous silence pendant longtemps, jusqu’au jour de ma fête…

Le 24 avril, c’était la générale technique de la première partie de Chicago. Je me sentais trop mal avec Olivier. Il m’arriva quelques fois d’aller pleurer dans les toilettes pour ne pas me faire entendre. Quand je suis revenu dans les coulisses, Olivier était à côté de moi. Il me demanda ce qui n’allait pas. Je me retins de pleurer… Il me demanda si c’était à cause de lui, je me retins encore plus. Je lui dis que non, pas nécessairement, que c’était plutôt… Et il finit la phrase à ma place : « Ton manque d’affection? » Disons que de sa part, c’était trop pour moi et je partis en sanglot et courus encore une fois vers les toilettes. Il vint cogner à la porte et me demanda de parler. Je sortis et il a fallu que je me trouve un peu une excuse. Je lui dis que oui, c’était bien mon manque d’affection et que son charme, comme celui d’autres personnes, me faisait parfois trop d’effet et me mettait dans cet état. Cela passa alors sous silence et je ne reçus pas son câlin que j’avais demandé pour ma fête. À vrai dire, aucun de mes amis ne m’offrit rien pour ma fête. Même pas un cadeau, ni de surprise… Je me fous de l’objet, de la grosseur et de son prix, j’aurais simplement voulu que quelqu’un ait l’intention de m’offrir quelque chose.

En tout cas, les jours passèrent encore, jusqu’au 26 mai où il m’avoua qu’il aimait une fille et que c’était réciproque, mais qu’ils n’étaient pas encore prêts. Je lui dis finalement sur un coup de tête : « J’aurais aimé jamais le savoir. Bonne nuit Oli! » Quoique je l’avais un peu cherché… Je m’enfermai dans ma chambre et ma crise fut presque aussi forte que celle à Lévis. J’avais l’impression de recevoir des décharges électriques, je pleurais, je criais… Lorsque je lui parlai le lendemain, je fus obligé de lui avouer que j’étais encore un peu sous son charme. Il s’en doutait, mais il aurait aimé le savoir avant, que je n’eusse pas besoin de faire de cachotteries, puisqu’il aurait aimé mieux le savoir avant par moi et faire attention à ce qu’il disait, plutôt que de l’apprendre par quelqu’un d’autre plus tard après avoir fait une gaffe. Cet été, il est parti en Ontario, à Toronto. Je crois que ça va me faire du bien de ne plus le voir pendant un certain temps. Et cet automne, je m’en vais étudier à Québec, alors je le verrai encore moins, et je crois que c’est pour le mieux.

Encore aujourd’hui, je n’ai pas beaucoup de chance en amour. La première étape, c’est le physique, et il y en a très peu qui passent par-dessus ça, parce qu’on prend toujours le temps de me dire « Ark, t’es vraiment laid! » ou « Viens même pas me parler », etc.! Deuxième étape, ma partie très sensible… Alors là, on me bloque sur MSN ou on ne me parle plus. J’essaie de travailler sur moi et mon estime et ça fait fuir les gens… Ça me donne encore  moins le goût de rencontrer d’autres personnes, mais je crois que la meilleure solution est de laisser du temps au temps. Seulement, il m’arrive parfois de penser que j’aimerais être hétérosexuel, de me demander pourquoi j’ai autant besoin d’affection, pourquoi j’ai une grande trappe et je dis trop souvent mes sentiments… ce qui en fait fuir plus d’un… Je m’attache trop vite je crois, mais aujourd’hui, je n’ai plus trop le goût de m’attacher à quelqu’un…

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