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23 février 2016

Suis-je trans? J'ai besoin de votre avis...

Bonjour, je vous écris car, je ne sais plus ce qui m’arrive. Depuis maintenant 4 ans, j’aimerais être un garçon. J’ai essuyé dans parler avec ma mère et elle dit que ça va passer et que je n’aurais plus envie. La dernière fois elle ma brisé le cœur en me disent que jamais je ne pourrais devenir un garçon.
Depuis que je suis petite, je traîne avec des garçons. Je jouais à leurs jeux, je me comportais comme eux et j’aime les jeux vidéo violents. Plus jeune je m’amusais avec des jouets de garçons. J’aime la manière qu’ils se coiffent, leur vêtement, costume, t-shirt.
Depuis un certain temps, j’ai trouvé par qui j’étais attirée. Si je reste une fille, je n’aime personne et si je suis un garçon je préfèrerais les filles. Dans ma tête ces comme ça. En ce moment je ne me sens comme si je n’appartenais à aucun de ces sexes. Je me sens totalement perdue… je ne sais pas qui je suis.
Pouvez-vous m’aider a savoir si je suis trans ou quelque chose d’autre… personne ne comprends ce que je ressens et j’ai peur dans parler aux autres membres de ma famille. SVP, aidez-moi à savoir qui je suis et à me donner des conseils pour l’avouer à ma famille.

Alessia

Bonjour,

Merci de contacter AlterHéros!

Vous avez 15 ans et depuis un bon bout de temps, vous aimeriez être un garçon. Vous vous questionnez à savoir si vous êtes trans. J’utiliserai des pronoms masculins pour vous désigner, en espérant que cela vous convienne.

Vous avez discuté de cela avec votre mère, mais elle vous a dit que ça allait passer. Sa réaction vous a fait mal, avec raison. Vous avez deux questions. La première est : est-ce que je suis trans?

Je ne peux pas vous dire si vous êtes trans ou non. Il s’agit d’une identification personnelle qui vous appartient. C’est comme si vous me demandiez si vous êtes hétérosexuel ou homosexuel, votre diner préféré, votre sport favori etc. Toutefois, pour vous guider, voici une définition du mot « trans » selon le Spectrum Center de l’Université du Michigan:

« Il est souvent utilisé comme un terme générique pour désigner tous les gens qui ne se reconnaissent pas dans leur sexe assigné à la naissance ou le système binaire des genres. Cela inclut les transsexuels, les travestis, les genderqueer, les drags, Two Spirit et autres. Certaines personnes trans ne sentent pas qu’elles existent au sein de l’une des deux catégories standards du genre, mais plutôt quelque part entre, au-delà, ou à l’extérieur de ces deux genres ».

Est-ce que cette définition vous rejoint? Si oui, génial! Cela peut vous aider dans votre cheminement, c’est-à-dire de trouver les bonnes ressources, les environnements accueillants pour vous soutenir et pour mieux vous intégrer dans les communautés trans. Autrement, cela vous amène à faire de l’introspection pour vous découvrir davantage, ce qui est très bien aussi. Rappelez-vous: vous devez aller à votre propre rythme.

L’adolescence amène toujours un lot de questions. C’est le moment où débute souvent un cheminement pour y trouver des réponses, pour se forger une identité. Vous avez entrepris ce cheminement avec maturité et courage. Je sais que cela peut être une situation difficile pendant laquelle vous pouvez ressentir de l’anxiété, de la peur, du stress et même de la honte. C’est une période plus complexe pour certain.e.s que pour d’autres, mais chacun.e de nous en sort grandi.e. Il est sage de vivre cela un jour à la fois!

Votre deuxième question est : comment le dire à ma famille?

Vous parlez d’avouer la situation à votre famille. Un aveu n’est-il pas la révélation de quelque chose de honteux? Le fait d’être trans n’est pas quelque chose de honteux. Vous avez entrepris une réflexion et songez à des solutions pour être mieux dans votre peau, ce qui est tout à votre honneur! Parlons donc plutôt de «révéler» la situation, si vous le voulez bien.

Le coming-out (action de révéler le fait d’être trans) peut être stressant pour certaines personnes. Dans tous ces cas, il est possible que les personnes qui font leur coming-out ne sachent pas quoi dire, à quel moment de le dire ou à qui le dire en premier. Pour cette raison, voici des stratégies pour vous aider dans ce processus.

Les stratégies:

  1. Réalisez que vous faites un choix courageux (en faisant son coming-out, spécifions, puisque être trans n’est pas une question de choix!) et vous serez beaucoup plus heureux à long terme que si vous aviez essayé de cacher la situation.

Il possible que les personnes à qui vous le dites aient une réaction positive ou bien neutre. Cependant, il y a la possibilité que ces personnes aient une réaction négative. Elles peuvent se sentir mal à l’aise avec votre divulgation. Toutefois, peu importe la réaction, vous pourriez vous sentir heureux et plus authentique si vous êtes ouvert.

Vous mentionnez que votre mère n’a pas pris votre divulgation au sérieux. Sa réaction a été douloureuse pour vous. Il est possible qu’elle ait besoin de temps pour accepter le fait que vous êtes trans, si c’est le cas. Pour éviter ou apaiser les réactions moins souhaitables, vous pouvez utiliser les stratégies suivantes pour faire un peu d’éducation autour de vous et pour avoir davantage confiance en vous-même.

  1. Préparez-vous!

Peu importe la réaction des gens qui vous entourent, rappelez-vous les raisons pour lesquelles vous avez choisi de faire votre coming-out à cette personne. Si elle est négative, vous pouvez leur dire que c’est correct et que quand ils se sentiront prêts à vous parler concernant ce sujet, vous êtes ouverte à le faire (si c’est le cas, bien sûr). Vous pouvez leur dire que vous comprenez et respectez leurs opinions ou croyances. Cependant, ils doivent également respecter votre vérité. Si la réaction est positive, je vous invite à profiter de la positivité de cette réaction. Entourez-vous de ces personnes, si c’est possible. Vous pouvez commencer avec les personnes qui sont plus ouvertes en ce qui concerne ce sujet. Après, vous pourrez faire votre coming-out à ceux et celles avec qui vous pensez que ce sera plus difficile.

Par exemple, avant d’en discuter avec votre mère encore, vous pouvez faire votre coming-out à une (ou plusieurs) personne.s qui a/ont un esprit ouvert en ce qui concerne ce sujet. Ensuite, vous pouvez amener cette/ces personne.s avec vous quand vous vous sentirez à l’aise de discuter à nouveau avec votre mère.

  1. Soyez prêt pour les questions qu’ils pourraient poser.

Ils pourraient avoir peur de la façon dont les gens vont vous traiter, ou penser que vous ne serez jamais en mesure d’avoir des enfants. Pour eux, ce sont de réelles préoccupations. S’ils sont religieux, vous pouvez trouver à l’avance du matériel pour partager avec ceux qui exprime un point de vue positif. Il y a des leaders religieux qui ont une vision positive et saine des relations LGBT. Peut-être est-ce possible de les référer à cette personne.

Éduquez-vous! 🙂 Lisez sur le sujet, les règlementations et options en vigueur au Canada et dans votre province, les possibilités qui sont ouvertes au Canadien.ne.s trans. Amenez cette information quand vous discuterez avec votre mère et vos proches, si le cœur vous en dit.

  1. Choisissez la première personne à qui vous ferez votre coming-out, mis à part votre mère.

Soit un membre de la famille, un.e ami.e, un.e collègue, etc. que vous sentez capable de vous soutenir. Une façon de le faire est de leur dire que vous avez quelque chose d’important à partager avec eux, que c’est une chose à laquelle vous avez pensé pendant une longue période. Vous pouvez expliquer que vous avez réalisé que vous avez des attractions et des sentiments envers les femmes, que vous avez pris beaucoup temps pour réfléchir et faire de l’introspection. En disant cela, ils vont comprendre que vous avez fait du chemin avant de dire quoi que ce soit à quiconque.

  1. Faire votre coming-out un pas à la fois.

Vous pouvez choisir différents moments et endroits pour différentes personnes. Parfois vous aurez besoin de différents moment privés. Plus vous en faites, plus confiant vous deviendrez en le faisant.

  1. Êtes fier de qui vous êtes!

Autrement dit, ne pas avoir honte de qui vous êtes. Ne laissez personne vous faire sentir mal à propos de votre identité de genre. Certaines personnes auront peut-être besoin de temps pour faire face à ce que vous leur avez dit. Cependant, vous savez qui vous êtes, alors ne laissez personne essayer de dire le contraire! 😉

  1. Assurez-vous d’être en sécurité avant vous dévoiler le fait d’être trans.

S’il y a certaines personnes à qui vous aimeriez faire votre coming-out, mais vous ne savez pas quelles seraient leurs réactions, vous pouvez vous assurer d’être en présence d’une tierce personne, tel que mentionné précédemment. Cette personne peut être quelqu’un à qui vous avez déjà fait votre coming-out. De plus, c’est à vous de décider à quel moment vous allez faire votre coming-out et à qui.

Alors, je vous suggère de prenez votre temps et de penser à ce que vous voulez dire. Si vous êtes dans une situation où vous pensez que vous pouvez être renié ou même expulsé, il vaudrait mieux attendre d’être en sécurité ou encore indépendant.

Deux rappels pour vous

  • Rappelez-vous que ce qui est important d’abord est de vous accepter, d’apprendre à aimer qui vous êtes, peu importe votre identité de genre. Les autres ne savent pas ce que vous vivez à l’intérieur. C’est vous qui le savez, puisque c’est vous qui le vivez! Donc, en faisant plus d’introspection, vous aurez la capacité de confirmer et d’affirmer votre transsexualité, si vous en venez à cette conclusion.
  • Rappelez-vous que pour des parents, ça peut être difficile puisque pour eux, vous êtes leur petite fille depuis toujours. Cependant, pour certains parents, ce n’est pas le cas. Ces derniers connaissent les difficultés et joies qui viennent avec une transition (sociales, relationnelles, physiques, psychologiques), puisqu’il y a de plus en plus de représentations de personnes trans dans les médias.

Si vous trouvez que vous avez davantage d’inquiétudes et que vous avez besoin de discuter de la situation plus en détail, je vous invite à contacter soit un.e sexologue, un.e psychologue ou un.e intervenant.e dans un organisme LGBT.

J’espère que cela vous aide dans votre cheminement!

Si vous avez d’autres questionnements, n’hésitez pas à nous contacter. Nous vous répondrons avec grand plaisir!

Merci encore pour votre confiance!
Alessia, pour AlterHéros

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