#adolescents
#affection
#âge consentement
#agressions sexuelles
#Algérie
#anxiété
#Attirances
#besoin
#comment rencontrer
#homophobie
#Islam
#pénétration anale
#recherche relation
#santé mentale
28 mars 2024

Puis-je me qualifier de gay même si je n'ai pas l'intention de pratiquer la sodomie? Mon attirance pour les plus jeunes personnes est-elle normale?

Je ne pensais pas qu’un jour que j’allais découvrir que je préfèrerai les garçons, même si je ne m’intéressais jamais aux filles auparavant, je n’avais pas une seule idée de ce que veut dire être homosexuel car cette différence n’a jamais eu de place dans la société à laquelle j’ai grandi. Je vais donc citer tous les points possibles qui ont un lien avec mon orientation sexuelle:

1- La révélation:

J’ai découvert donc mon homosexualité il n’y a pas très longtemps à l’âge de 18 ans et cela à travers une vidéo pornographique, même si moi personnellement je ne regarde pas ce genre de vidéos mais c’est ce qui m’a permis de connaître ma « vraie » orientation sexuelle. Comme si que l’univers me disait: « tu ne veux pas prendre conscience que tu es gay ? ». Je n’ai pas été choqué mais je me suis senti par contre un peu bizarre. Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais rencontré un garçon et je n’ai jamais évoqué ce sujet à quelqu’un d’autre.

2- la société à laquelle je vis:

Je vis dans un pays ou être gay est passible d’une peine de prison ferme, la société rejette radicalement l’homosexualité, un thème très difficile donc à aborder même avec les plus proches (surtout s’ils sont homophobes, comme la plupart des cas) parce que même un gay est forcé de se soumettre au modèle traditionnel, et plus on prend de l’âge plus la pression se fait ressentir surtout quand on dépasse un certain âge. C’est donc une véritable impasse, je ne sais pas comment vivre ma vie en toute discrétion tout en dissimulant les doutes et les soupçons de mon entourage et de la société, même si j’ai l’intention de quitter un jour ce pays et partir loin de là quand j’aurai assez de moyens, cette pression continuera tout de même de se faire ressentir, c’est difficile de cacher toujours cette partie de soi.

Personnellement je ne pourrai jamais avoir le soutien de qui que ce soit, même de la part des spécialistes, car j’ai déjà eu des expériences avec eux pour d’autres thématiques (comme la dépression, la douance) mais ils ne m’ont jamais compris, je suis obligé donc de cacher mon orientation sexuelle au risque de subir des moqueries, des violences verbales voir même physiques, une fois, Je vis donc continuellement dans la peur. Je porte un poids très lourd, non seulement je suis différent des autres mais aussi je me sens constamment menacé, ça fait vraiment très mal de ressentir ça au quotidien.

Cette société qui prétend être conservatrice et attachée à ses traditions, seulement des sentiments amoureux entre des personnes du même sexe est considéré comme contre nature, comme si la haine est tout à fait naturel et normal, une société aveuglée par beaucoup de maux malheureusement.

3- ma vision des choses:

Je peux me permettre de dire que je suis moi-même une personne conservatrice même si j’ai plein de défauts et je dois toujours m’améliorer. Contrairement au milieu auquel je vis, je suis quelqu’un de très tolérant et ouvert d’esprit et je ne porte aucune haine dans mon cœur pour quelqu’un d’autre, quelque soit sa différence.

J’admets que les textes religieux condamnent sans aucun doute la pratique de l’homosexualité (la sodomie), mais à la limite de mes connaissances je n’ai jamais vu un texte qui condamne deux êtres humains du même sexe qui s’aiment, mais l’hypocrisie c’est d’instrumentaliser les valeurs religieuses afin quelles soient compatibles avec l’attitude et la vision de la société vis-à-vis de l’homosexualité. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi aimer une personne du même sexe est considéré comme un crime et que tuer un être humain ou de faire une guerre est beaucoup moins grave qu’un bel amour authentique.

Pourquoi dois-je me battre à cause de quelque chose qui fait partie de ma personnalité au nom des convictions religieuses alors que je n’ai même pas choisi d’être comme ça ? pourquoi on nous fait sentir qu’on est toujours inférieur, qu’on est exclu de la communauté jusqu’à ce qu’on « se soigne » ?

Un hétérosexuel n’est pas en droit d’imposer son orientation sexuelle à d’autres personnes différentes juste parce que cette différence peut être répugnante de son côté et/ou parce que la majorité des gens le sont.

J’aime le thé pourquoi m’imposes-tu le café?

je suis végétarien pourquoi dois-je manger de la viande?

J’aime le vert pourquoi dois-je aimer le jaune?

N’ai-je pas donc le droit d’aimer et d’être aimé par une autre personne juste parce qu’elle est du même sexe ?

4- je me sens toujours enfant:

je me sens toujours enfant et je n’apprécie pas l’idée de grandir ou de quitter l’enfance et plus mon âge avance plus je me sens encore plus mal dans ma peau car mon âge chronologique ne correspond pas à « mon âge psychologique ».D’ailleurs, j’ai difficilement accepté les changements physiologiques survenus à l’adolescence même si je me sens toujours un garçon, je cite: la modification de la voix, la pilosité en particulier la pilosité faciale, l’élargissement du thorax et des épaules, la pomme d’Adam ou même les premières éjaculations.

Aussi, à l’heure où je suis entrain d’écrire ces mots, je garde toujours à mes côtés mon doudou depuis mon enfance et je ne peux pas m’en séparer de lui. J’admets, avec une certaine gêne évidemment, que je suis fétichiste de couches depuis plusieurs années déjà (j’achète que très rarement des paquets mais discrètement).

Le paradoxe c’est qu’on me qualifie de personne mature par rapport à mon âge chronologique.

Je précise également que je préfère avoir des amis plus jeunes que moi (disons 15/16 ans et plus), à l’opposé, je ne préfère pas côtoyer des gens plus âgés que moi bien que je le fait, surtout quand j’étais petit je préférais rester avec des adultes. Même si à la base je n’ai pas de vrais amitiés et je suis isolé depuis mon enfance et mes interactions sociales sont très limitées, ou que peut-être ma définition de l’amitié est bien plus profonde par rapport aux autres. Je ne sais pas si cette préférence est liée à mon orientation sexuelle ou à autre chose. Maintenant je suis au début de ma vingtaine, mais dans quelques années je ne pourrai plus nouer des liens amicaux avec des personnes beaucoup plus jeunes que moi.

J’ajoute également qu’il m’est parfois difficile d’endosser certaines responsabilités « d’adultes » et qu’en aucun cas j’ai l’intention de devenir un père même si je n’étais pas gay et quand quelqu’un m’imagine même le devenir je deviens très en colère.

5- les agressions/ harcèlement que j’ai subi:

Bien qu’il existe certaines causes de l’homosexualité, les différentes agressions que j’ai subi ont probablement influé sur mon orientation sexuelle, la première fois que j’ai subi ces abus date depuis mon adolescence. J’avais 16 ans, j’étais dans une librairie quand un homme a commencé à me dire des mots comme: « mon amour je t’aime » et il m’a embrassé de force, j’étais tellement sous le choc que quand je suis parti à la maison je me suis enfermé dans ma chambre et j’ai commencé à pleurer. J’ai aussi subi de cette même personne mais aussi d’un autre homme des attouchements 2 ans après. J’ai également été dragué par plusieurs autres personnes, tous sont des inconnus et à chaque fois je me sentais si dégoûté. Quand je me retrouve en tête à tête avec une personne même si je la connais déjà, j’ai peur de subir des harcèlements.

6- la personne que je veux rencontrer:

Quand je suis dans la rue ou même sur les réseaux sociaux, je suis souvent attiré physiquement par des garçons (souvent des adolescents de 15 ans et plus mais qui ne dépassent pas mon âge) mais je ne ressens pas une certaine « connexion spirituelle », donc c’est juste une attirance physique rien de plus, même si le physique a potentiellement sa place. En quelques sortes je suis très inquiet de moi-même car j’ai très peur de vouloir harceler à l’avenir de jeunes personnes et de reproduire les mêmes scénarios que j’ai subi.

Personnellement, je veux me connecter spirituellement et émotionnellement avec un garçon et me fusionner avec lui et former un seul être, je me dis souvent qu’il y a bien une personne compatible mais que nos chemins ne se sont pas encore croisés, ça sera donc beaucoup plus une retrouvaille qu’une rencontre. Je suis très anxieux de ne pas être avec l’autre partie manquante de moi-même, je ne veux pas d’une relation basée exclusivement sur la sexualité, même si je peux ressentir une certaine attirance sexuelle.

je veux rencontrer un autre esprit qui ressemble au miens, un autre moi avec une meilleure version, mais aussi une version qui ne possède pas tous mes défauts et qui me complète en même temps, qui possède plusieurs points communs à la fois et partage les mêmes valeurs et passions que les miennes, qui veut bien entreprendre plusieurs choses avec moi, une personne qui me pousse encore plus à me développer, un guide, un soutien, un refuge, une personne qui m’accepte comme je suis, qui m’écoute et me comprend, me fait sentir en paix et en sécurité, qui m’apporte aussi plein d’amour, un amour inconditionnel et qui « prend soin de moi et me protège ». Comme j’aimerai bien que cette personne soit présente dans ma vie car je me sens tellement seul et je suis si anxieux, souvent je n’arrive pas à me concentrer sur certaines choses tellement j’en souffre. Je n’ai pas réussi à faire de la solitude un moyen d’épanouissement personnel.

7- Un grand besoin de tendresse:

je ressens toujours un très grand besoin d’avoir des câlins, des bisous, un simple mot comme : « je t’aime », qu’une personne me caresse ou me touche. Cette soif me pousse parfois à prendre mon oreiller et de le serrer dans mes bras.

Le soir, avant de fermer les yeux, j’imagine toujours qu’un garçon à côté de moi me prend dans ses bras, de ressentir la chaleur de son corps et de plonger dans un sommeil profond et passer une paisible nuit. Je suis souvent si anxieux tellement il y a ce grand vide à combler et ça fait très mal de vivre ce manque au quotidien. Il m’arrive même de faire des rêves la nuit où une personne me donne de l’affection.

Après avoir lu tous ces points, ce que j’aimerai bien avoir/savoir:

1- obtenir une analyse de ma situation et avoir un point de vu.

2- mon attirance pour les plus jeunes personne est-elle normale? Cette attirance peut-elle disparaître avec le temps ?

3- mon envie d’avoir des amis plus jeunes a-t-elle un lien avec mon orientation sexuelle ? cette envie peut-elle disparaître aussi ?

4- puis-je me qualifier de gay même si je n’ai pas l’intention de pratiquer la sodomie ? Ou bien existe t-il un terme plus approprié pour mon cas ?

5- puis-je rencontrer cette personne idéale ? Si oui, ai-je la possibilité de la retrouver sur des sites de rencontres spécifiques avec des tests de personnalités ? Ou bien existe-il un autre moyen plus sûr ?

6- mes attentes et mes exigences sont-elles trop hautes ?

7- Pourquoi j’ai cette soif d’affection ?

8- avoir quelques conseils.

Je vous remercie du fond du cœur d’avoir lu mes mots, je me réjouis à l’avance de vos réponses.

Je m’excuse si j’ai été un peu long.

Émilie Grandmont

Bonjour à toi!

 

Merci de faire confiance à notre équipe pour répondre à ta question.

 

Pour résumer les grands points de ton message, tu as découvert ton homosexualité à l’âge de 18 ans, mais vivant dans un pays où celle-ci est passible d’une peine de prison, tu es obligé de te cacher et n’a personne à qui parler. La sodomie étant condamnée dans les textes religieux, tu ne souhaites pas la pratiquer et te demandes donc si tu peux tout de même t’identifier comme gay. Tu abordes ensuite le fait que tu te sens encore comme un enfant et que tu n’apprécie pas grandir et avoir des responsabilités reliées à l’âge adulte. Tu préfères avoir des ami·e·s adolescent·e·s, d’environ 15-16 ans et tes attirances sexuelles sont aussi généralement vers des adolescents, soit de 15 ans à ton âge. Tu te demandes donc si ces attirances sont normales et si le fait de souhaiter être ami avec des adolescents peut être relié à ton homosexualité. Finalement, tu développes sur le type de relation que tu souhaiterais avoir et ton partenaire idéal, en te demandant si c’est réaliste et comment tu peux le trouver.

 

Premièrement, puisque tu mentionnes que tu souhaites une analyse de ta situation, je trouve important de préciser que je ne peux pas émettre de diagnostic ou d’analyse en profondeur, soit clinique, car, premièrement il est très difficile de faire cela en lisant un texte (un processus d’évaluation en plusieurs rencontres avec un·e professionnel·le serait plus approprié), mais aussi car je ne suis pas psychologue ou psychiatre. Toutefois, mes études et mes connaissances sont assez bonnes pour pouvoir t’offrir quelques pistes! Pour te répondre, je vais séparer mon texte en quelques catégories pour plus de clarté.

 

Orientation sexuelle, culture et religion

J’aimerais d’abord souligner la grande bienveillance dont tu fais preuve envers toi-même et ta sexualité. Tu as en effet raison lorsque tu dis que rien de précis n’est mentionné dans les textes par rapport à l’homosexualité. En fait, selon Ludovic-Mohamed Zahed, un imam ouvertement gay ayant fondé la première mosquée en France, Sodome et Gomorrhé sont mentionnés, mais leurs actions qui étaient condamnés était le viol, ils n’étaient pas homosexuels. Bien évidemment, les écrits peuvent être interprétés de manières bien différentes et il y a beaucoup de divergences d’opinions, mais l’important est ton interprétation personnelle de ceux-ci. Je suis aussi vraiment désolée de lire que tu es dans l’obligation de te cacher et que tu vis dans la peur, sans avoir de personnes avec qui en parler. Tu dis être différent des autres, pour toi, est-ce une bonne ou une mauvaise chose? Tu sais, chaque personne est différente, c’est ce qui nous rend unique. Il peut être difficile parfois de s’accepter, d’accepter ce qui nous rend différent·e˙s dans un sens, mais c’est aussi quelque chose de très important. De plus, tu n’es pas seul. Il y a certainement plusieurs autres personnes ayant une orientation sexuelle qui diffère de l’hétérosexualité où tu vis. Je sais que tu peux ressentir un énorme isolement présentement, puisque tu ne vois pas d’autres personnes ayant des expériences similaires à la tienne, mais tu aurais la possibilité de briser cet isolement, ce qui selon moi t’offrirait un plus grand bien-être! Tu pourrais, par exemple, prendre contact avec Alouen par Facebook, une association de jeunes LGBT algérien·ne·s, ça te permettrait de parler avec d’autres personnes et d’obtenir du soutien et de l’écoute.

J’aimerais aborder rapidement le fait que tu mentionnes que, même en quittant le pays dans lequel tu es, tu devras continuer à cacher ton homosexualité. Pourquoi exactement? Est-ce que c’est parce que tu ressens des craintes, de la honte? Parce que tu penses que tu auras intériorisé cette pression? Je ne sais pas où tu compterais aller, mais il y a beaucoup d’endroits où tu peux retrouver plusieurs associations 2SLGBTQIA+ qui pourraient te permettre de rencontrer d’autres personnes de la diversité sexuelle et de genre, ce qui te créerait un cercle social beaucoup plus ouvert et accueillant. Ça peut être un dûr travail sur soi-même, mais je suis certaine que tu aurais la chance de développer plus de positivité envers ton orientation sexuelle, qui n’est absolument pas mauvaise! Au contraire, comme tu le sais déjà, toutes les orientations sexuelles sont égales. 🙂

Pour finir sur le sujet de l’homosexualité, je tiens à faire un petit point sur cette phrase que tu as écrit: « J’admets que les textes religieux condamnent sans aucun doute la pratique de l’homosexualité (la sodomie) ». Je comprends absolument que les points de vue sur les pratiques comme la pénétration anale peuvent varier, mais en soi, celle-ci n’est pas une pratique seulement homosexuelle (plus précisément pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes). N’importe qui peut aimer et pratiquer la pénétration anale, peu importe leur genre et leur orientation sexuelle. Ceci dit, les préférences et les limites varient selon chaque personne, c’est absolument dans ton droit de ne pas souhaiter la pratiquer. Ce n’est pas une pratique que tous les hommes gays apprécient non plus, c’est pourquoi le fait de ne pas vouloir le faire ne signifie pas que tu n’es pas gay. Tu peux être gay et ne pas souhaiter pratiquer la pénétration anale!

 

Âge psychologique, ami·e·s et attirances adolescent·e·s

Ensuite, concernant le fait que tu te sentes encore comme un enfant, je dirais que la maturité psychologique dépend encore de chaque personne et qu’il n’y a rien d’anormal ou de mauvais en soi que celle-ci ne soit pas aussi avancée que notre âge physique. Ça peut prendre plus de temps à se développer et, dépendamment des facteurs qui influencent ce sentiment que tu as, ça peut être sain comme ça peut être aussi moins sain, ça dépend de beaucoup de choses et c’est assez compliqué à dire. Il se pourrait, par exemple, que ce soit pour toi une méthode de « self care », que ce soit ta manière de te sentir confortable avec toi-même. Je souhaite ajouter aussi que tu n’as absolument pas à avoir honte d’avoir gardé ta doudou et d’avoir un fétichisme de couches. Encore une fois, je n’y vois rien de problématique.

D’un autre côté, tu mentionnes que plus tu vieillis, plus tu te sens mal avec ton corps. C’est sur ce point que j’aperçois que cette divergence entre ton âge psychologique et ton âge physique pourrait poser problème dans le cas où ça pourrait te causer de la détresse psychologique. Pour ajouter, le fait de se sentir comme un enfant peut parfois se relier plus ou moins à des traumas, à de la dépression, de l’anxiété, de l’isolement, etc., ce serait donc possiblement une manière d’éviter la réalité dans laquelle on se trouve. Alors, si tu considères toi-même que cette situation a un impact négatif sur toi, t’empêchant peut-être de socialiser, de faire tes activités quotidiennes, de travailler, la meilleure solution serait de faire un suivi en psychologie ou en psychothérapie. De mon côté, je ne peux malheureusement pas te dire si cela est mauvais ou pas.

Le fait de souhaiter avoir des ami·e·s adolescent·e·s, soit de 15-16 ans, pourrait être relié au fait que tu te perçois toi-même comme un enfant et il en va de même pour ton attirance pour des adolescents de 15 ans et plus. Ça pourrait donc être parce que tu t’identifies plus psychologiquement à cette tranche d’âge. Je ne pourrai malheureusement pas te dire si ça va changer au fil du temps, mais peut-être que le fait d’apprendre à connaître des personnes de ton âge pourrait aider? Tu pourrais, par exemple, sortir faire des activités que tu aimes, ce qui te permettrait de rencontrer d’autres personnes ayant les mêmes intérêts que toi. Tu te demandes aussi si ton attirance pour les adolescents est normale. Il est très difficile de définir ce qui est considéré comme « normal », je te dirais plutôt que tu n’es pas le seul adulte à avoir ce genre d’attirances et que celles-ci pourraient être qualifiées différemment selon plusieurs facteurs. Par exemple, est-ce que tes attirances sont exclusivement envers des adolescents? Ou ressens-tu aussi parfois de l’attirance pour des adultes? Ces attirances se présentent-elles sous formes de fantasmes seulement? Ou est-ce des désirs pour lesquels tu aimerais éventuellement passer à l’acte? Comment définirais-tu ces attirances? Est-ce de l’admiration? Est-ce qu’elles sont une source d’excitation sexuelle?

L’important ici, c’est de savoir si tes attirances pourraient porter préjudice aux adolescents pour lesquels tu ressens des attirances. Tu mentionnes craindre un jour harceler ou agresser des jeunes, reproduisant ce que tu as vécu à ton adolescence. Je tiens à te rassurer que ce n’est pas parce que tu ressens ces attirances que ça veut dire que passeras à l’action. Tu sembles reconnaître la gravité des agressions sexuelles et du harcèlement et que cela a des conséquences graves non seulement sur toi, mais aussi sur la personne les subissant. Ces fantasmes ont le droit d’exciter tant qu’ils restent simplement des fantasmes, soit dans ton imaginaire, tes pensées et qu’ils ne te causent pas de détresse. Toutefois, si tu crains vraiment passer à l’acte à un certain moment, tu peux chercher l’aide dont tu aurais besoin. Je n’ai malheureusement pas trouvé de ressources d’aide en Algérie, mais nous avons, au Canada, l’association Ça suffit qui a un site Internet pouvant te donner beaucoup d’informations sur les attirances envers les mineur·e·s et sur lequel il y a une section d’auto-assistance pour évaluer si tes attirances et comportements sont problématiques. Il y a aussi un clavardage en ligne. Concernant la légalité de la chose, je te dirais que la majorité sexuelle (l’âge du consentement sexuel) est souvent à 16 ans dans beaucoup de pays. C’est un peu plus difficile à déterminer en Algérie, puisque la loi sur la majorité sexuelle vise seulement les femmes et la pénétration vaginale, mais celle-ci est aussi à 16 ans. Ce que ça signifie, c’est qu’en dessous de 16 ans, la personne n’est pas en position de consentir à une relation sexuelle. Ainsi, si un·e adulte touche, caresse, ou fait tout acte de nature sexuelle avec un·e mineur en bas de 16 ans, ceci est considéré comme une agression sexuelle. Ainsi, si tu visualises le tout surtout d’un point de vue éthique (considérant les lois floues et discriminatoires d’où tu es), tu aurais la possibilité d’avoir une relation quelconque avec une personne de 16 ans ou plus, tant que cette personne est consentante, de manière libre et éclairée et que tu n’exerces pas de pouvoir sur celle-ci.

Pour ajouter, les agressions sexuelles que tu as subi ne sont absolument pas de ta faute et ne te mettent pas à risque de reproduire la même chose dans l’avenir. Tu n’étais pas consentant, tu n’as pas souhaité vivre cela, ce qui fait que ces agressions n’ont pas non plus d’influence sur ton orientation sexuelle.

Pour répondre à ton autre question, tes préférences amicales (ou aussi physiques) pour les adolescents ne sont pas influencées par ton orientation sexuelle. Il n’y a aucun lien entre orientation sexuelle et les attirances pour personnes mineures, l’un ne prédispose pas à l’autre.

 

Relation idéale, besoin d’affection et rencontres

Je vais passer sur ce dernier point plus rapidement, car ma réponse s’allonge beaucoup et je ne veux pas perdre ton attention. Il est très commun de souhaiter rencontrer une personne qui a les mêmes valeurs que nous, mais le type de relation que tu souhaites avoir semble être une relation très fusionnelle, ce qui parfois peut devenir rapidement toxique. En fait, tu souhaites que cette personne te complète pour ne former qu’un, ce qui peut mener à ce que chaque personne s’oublie, oublie de se prioriser et de s’écouter. Avant d’embarquer dans tout type de relation, il est très important de se considérer comme une personne entière et d’apprendre à s’apprécier, reconnaître notre valeur et apprécier passer du temps avec soi-même. Il ne faut pas oublier non plus que toute personne a ses propres « défauts » et que nous pouvons aimer cette personne en appréciant aussi ses défauts, sans toutefois l’idéaliser. Je répète, c’est très bien de souhaiter rencontrer une personne qui nous ressemble, en ayant les mêmes passions et les mêmes valeurs, je ne crois pas que ce soit trop demandé, ou trop espérer. Il se peut aussi que tu vives le genre de relation que tu décris, tout en possédant ta propre indépendance. Ce qui peut blesser les personnes au sein d’une relation fusionnelle, c’est si nous voyons l’autre comme la personne qui est là pour nous réparer, répondre à absolument tous nos besoins (incluant ceux auxquels nous pourrions répondre nous-même), souhaitant presque que l’autre mette tous ses besoin de côté pour faire de nous sa priorité constante. Je te souhaite tout de même de trouver une personne qui te sera source de réconfort et de sécurité, qui ressentira aussi un fort amour pour toi, mais ne t’oublies pas dans tout ça et n’oublie pas les besoins et les limites de l’autre personne. Il se peut que ton futur partenaire ait besoin de temps à lui seul, de voir des ami·e·s, de faire des activités sans toi et que toi aussi tu prennes soin de lui en retour du soin qu’il t’apporte.

Pour ce qui est de ton besoin d’affection, je te dirais que c’est un besoin très commun. C’est quelque chose de très agréable qu’on peut chercher à avoir de bien des manières. Tu mentionnes que ce besoin te rend anxieux, c’est peut-être dû à un certain isolement?

Je n’ai malheureusement pas de moyens absolus à t’offrir pour rencontrer ta personne idéale, mais ce que je peux te dire, c’est que le meilleur moyen de rencontrer des personnes ayant les mêmes intérêts et les mêmes valeurs que toi serait de sortir et aller faire ce que tu aimes faire. Si, par exemple, ta passion est la peinture, tu pourrais participer à des activités ou des cours de peinture, ou aller à des expositions. Tu pourrais aussi possiblement te créer des amitiés qui pourraient (on ne sait jamais) se développer en autre chose si jamais tu décides de contacter l’association Alouen que je t’ai envoyé plus haut.

 

J’espère avoir répondu à tous tes points. N’hésite pas à nous recontacter au besoin!

 

Émilie (elle/she), pour AlterHéros

Similaire