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5 février 2003

Pourquoi a-t-on peur d'être homosexuel ou lesbienne?

Comment se fait-il que tant de personnes ont peur lorsqu’elles découvrent qu’elles ont homosexuelles ou lesbiennes?

Équipe -Pose ta question!-


Bonjour,
C’est une question très intéressante et très pertinente que tu as posée. Chacun et chacune réagit de manière très personnelle à la découverte de son homosexualité. À la suite d’une première attirance envers une personne de même sexe, un premier regard, un premier baiser échangé, ou un premier rapport sexuel, on peut ressentir un certain trouble. Certain(e)s s’en accommodent en quelque sorte et l’idée d’être homosexuel(le) ne les perturbe pas davantage. Mais pour d’autres, cette découverte occasionne un réel malaise, une inquiétude, une angoisse… Une peur qui peut mener jusqu’à la tentative de suicide. Il est difficile de donner une raison précise à cette peur ressentie, car il y a autant d’explications possibles que de personnes qui se découvrent homosexuelles. L’homosexualité est une forme de désir, donc personnelle, et toute formulation de règle générale en ce domaine est hasardeuse.
Néanmoins, on peut essayer de comprendre cette peur, parce que dans nos sociétés occidentales, nous rencontrons plus ou moins les mêmes types d’obstacles à la reconnaissance du droit des gais et lesbiennes, de la réalité homosexuelle, autant de facteurs qui font que l’acceptation de soi comme homosexuel est souvent promise au terme d’un cheminement et d’un travail sur soi. Dans d’autres circonstances, dans une société plus acceptante, se découvrir comme gai ou lesbienne ne poserait peut-être plus de problème et l’orientation homosexuelle serait tenue pour une forme légitime du désir amoureux et sexuel.
C’est la présence de ces obstacles qui, à mon sens, fait que les homosexuel(le)s qui se découvrent éprouvent des difficultés à se faire à cette idée, à s’accepter, à s’aimer en tant que gais ou lesbiennes. Ce sont ces obstacles qui font que l’on ressent souvent la peur , voire la frayeur de ne pas être hétérosexuel(le), c’est-à-dire d’être attiré par une personne d’un autre genre.
Pour être bref, je dirais que, en général, l’inconnu fait peur. Celui ou celle qui se sent attiré(e) par des personnes de même genre se retrouve dans une situation où il n’a pas de prise, une situation que l’on ne lui avait trop souvent pas expliquée ou mal exposée. Pour dissiper nos craintes d’enfants, nos parents nous racontent des histoires, nous font voir les monstres qui nous hantent et dont nous avons peur, nous rassurent sur ce qui nous parait inquiétant. Mais on n’apprend pas aux jeunes que l’on peut être homosexuel(le), qu’il est possible d’être attiré par des personnes de tous les genres, et que ce n’est pas mal que d’éprouver une attirance pour les personnes de même genre.
Si on a peur de parler d’homosexualité (à l’école, en famille, entre amis, …), c’est qu’en fait l’homosexualité elle-même fait parfois peur. Historiquement, on la redoutait trop souvent comme une maladie, contagieuse, et qui risquerait d’infecter les jeunes si on leur en parlait… On considère périlleux de parler d’une autre orientation que hétérosexuelle. L’homosexualité, effrayante parce que mal connue, reste confinée dans le cercle de l’inconnu. Mais restant méconnue, elle continue à faire peur.
À la personne qui se découvre homosexuelle, on ne lui a, le plus souvent, enseigné que le silence… Un silence sur l’homosexualité qui est lourd de conséquences, et amène avec lui cette peur de l’inconnu dont je parlais, l’angoisse des secrets d’alcôve dont on ne parle pas mais dont on pressent le danger.
Cette personne se retrouve plongée dans le domaine que l’on avait voulu taire, justement pour éviter qu’elle n’y tombe, elle peut avoir le sentiment d’avoir été jetée dans le piège de l’homosexualité. Est-ce sa faute, sa responsabilité si elle y est tombée ? Est-elle un monstre ? Va-t-elle faire souffrir ses parents ?
La peur d’être homosexuel peut alors prendre différentes formes et s’accompagner d’un sentiment de solitude et d’une véritable détresse :
peur de soi, d’être anormal, d’être un monstre, accompagnée d’un dégoût de soi, d’une haine…
peur de la réaction des gens (amis, famille professeur, école,collègues de travail, …) qui conduit à se cacher et à avoir honte de soi, et souvent à mener une double vie, à vivre son homosexualité (ou sa bisexualité) clandestinement…
peur de l’incompréhension et du rejet des proches, peur de perdre ceux qu’on aime…
peur de faire souffrir : si on ne lui avait pas parlé d’homosexualité, c’est que cela doit être un mal… On se demande alors si on va faire souffrir ses parents, si on est digne d’être aimé, … Peur de décevoir…
peur de l’avenir : les espoirs que l’on fonde dans la vie, les projets de vie, sont plus ou moins conditionnés par le modèle hétérosexuel : avoir une femme / un mari, des enfants, une belle maison, des petits enfants, … Le ou la homosexuel(le) qui se découvre peut anticiper et accentuer les problèmes futurs. Et c’est bien normal, puisque souvent, personne ne lui a appris qu’il y a un avenir en dehors d’une vie marquée par une orientation homosexuelle !
peur de ne pas pouvoir être heureux, ne pas pouvoir trouver l’âme sœur, de finir seul(e)…
Dans tous les cas, j’imagine que cette peur est directement liée à la méconnaissance de ce qu’est l’homosexualité. Si celui ou celle qui se découvre attiré(e) par les personnes de même genre avait déjà entendu parler d’homosexualité autrement que par les préjugés véhiculés, ou par le silence qui entoure le sujet, cette peur aux multiples facettes et branches n’aurait pas lieu d’être, ou en tout cas, n’aurait pas l’intensité de l’angoisse et de la dépression, comme on l’observe encore trop souvent de nos jours.
C’est la réponse que je peux apporter à ta question. Si tu as d’autres interrogations, n’hésite pas à revenir la poser sur le site d’AlterHéros. Merci d’avoir visité le site.

David Bertet, Jeunesse Lambda
avec la participation de Joseph Boulos et Maude Trudeau Morin

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