La transition physique FTM et comment convaincre mes parents

Je vous ai peut-être déjà envoyé un message sur le même point mais je ne sais pas si sa a fonctionné. Alors désolé si certains thème sont révoqués. Donc je suis un gars trans. J’ai fait mon coming out il y a un bout de temps et ma transition social est presque terminée, mon prénom est changé à l’école ma famille m’accepte etc. Mais maintenant il me faut commencer une transition physique.

J’ai les cheveux courts, mais mes parents m’ont aidé uniquement avec se point. Pour le binder je l’ai eu par l’intermédiaire d’un ami plus agé. Ma mère s’est fâché quand je lui est dit, mais je l’avais déjà et là accepté un peu. Il y quelques temps quand j’ai fait mon changement de nom à l’école mon père a parlé avec la psy scolaire. Elle lui a dit que j’avais souvent parlé des bloqueur de puberté. Mon père n’y voit pas d’inconvénient, mais ma mère a le dernier mot, malheureusement. Elle déteste les médicaments et maintenant j’ai besoin de la convaincre que les dangers sont faibles et que de toute façon si elle tient à moi elle doit me l’es donner.

Je suis vraiment dysphorique. Ma puberté féminine ne me sert strictement à rien. Mais ma mère est coincée au moment où pour des bloqueurs il fallait trois millions d’examen et de lettres. J’ai besoin de savoir où et comment en avoir, mais surtout de la convaincre. J’aime ma mère et je ne veux pas là décevoir, mais sans sa je ne sais pas si je vais tenir. Je n’ai plus d’idée suicidaire car je suis bien entouré, mais le social ne fait que pas toujours le physique et il va falloir qu’elle s’y fasse. Quand bientôt je commencerai les hormones et les chirurgies.

Sam (iel/elle)

Coucou Charlie! 

Merci de nous avoir contacté et de nous faire confiance avec ta question. Désolé du délai, j’espère que ma réponse pourra toujours être utile.

Si je comprends bien, tu es une personne trans, ayant presque terminé ta transition sociale, c’est-à-dire que tu portes des vêtements et des articles d’affirmation de genre (binders) qui valident ton genre, tu as modifié ton apparence avec une coupe de cheveux, et tu as changé ton prénom à la maison et à l’école. Tu consultes aussi une psychologue à l’école, afin de te soutenir dans tes démarches, ainsi que pour possiblement aider à gérer ta dysphorie, qui te cause beaucoup de détresse. Tu as aussi le soutien de tes parents, surtout de la part de ton père. J’ai aussi compris que ta mère n’était pas tout à fait d’accord avec ton usage d’articles d’affirmation de genre, mais qu’elle a fini par l’accepter, et qu’elle est réticente dans ton parcours de transition. En ce moment, tu désires commencer le processus pour obtenir des bloqueurs d’hormones (aussi appelés bloqueurs de puberté/inhibiteurs de puberté), dans le but de réduire ta dysphorie corporelle et d’affirmer ton genre de garçon, mais ta mère refuse, car elle est inquiète. Tu cherches donc à la convaincre de te laisser entamer ce processus, car tu ne désires pas passer à travers une puberté féminine. Tu te demandes aussi comment obtenir des bloqueurs de puberté.  Est-ce que ça résume bien ta situation?

D’abord, j’entends que tu appréhendes beaucoup la puberté féminine, étant donné que tu es un garçon. Je distingue de l’inconfort et de l’anxiété face à ton corps et ses changements que tu ne veux pas. Tu désires plus que tout vivre et être reconnu dans ton genre, et prendre des bloqueurs de puberté semble être pour toi une étape importante de ta transition physique et médicale. Est-ce correct? 

Pour résumer, les bloqueurs de puberté sont des hormones inhibitrices (ça veut dire qui ralentit/abaisse/réduit ou arrête) le niveau d’hormones responsables de la puberté. Le fonctionnement de ces bloqueurs se résume en un arrêt de la stimulation des ovaires ou des testicules et de la production d’hormones sexuelles, qui ont un impact à l’adolescence sur la puberté. Le rôle principal des bloqueurs est surtout d’empêcher l’apparition des caractères sexuels secondaires associés à la puberté. Ce développement de caractéristiques sexuelles secondaires irréversibles peut rendre la future transition médicale et chirurgicale plus difficile chez les jeunes trans.

En d’autres mots, les changements pubertaires du corps (ex: apparition des seins, pilosité, voix qui change, hanches qui s’élargissent, augmentation de la grosseur des testicules,etc.) n’arriveront pas, sous les bloqueurs de puberté. C’est aussi important de noter que d’autres changements seront influencés par la prise de bloqueurs de puberté, comme la croissance, l’apparition de la libido, la calcification des os et la fertilité (notamment l’apparition des menstruations chez les personnes assignées fille à la naissance et la production de spermatozoïde et érections chez les personnes assigné garçon à la naissance).

Toutefois, cet arrêt provoqué par les bloqueurs de puberté ne peut être fait qu’en début de puberté, avant les gros changements pubertaires, mais leur effet est entièrement réversible. Ça veut donc dire que si tu arrêtes les bloqueurs de puberté, la puberté d’origine reprendra (menstruation, seins, voix, pilosité, croissance et plus!). 

On peut donc dire que c’est mettre sur pause ta puberté associé à ton sexe biologique, pour prendre une décision éclairée sur ton corps et ses changements, notamment d’avoir un corps qui est en accord avec ton identité de genre.  Ça donne le temps de choisir si tu veux vivre la puberté typiquement associée à ton sexe assigné à la naissance ou débuter une hormonothérapie masculinisante ou féminisante. Est-ce que tu étais déjà familier avec ces informations? Est-ce que ça fait du sens pour toi?

Il est important de se rappeler que ces bloqueurs de puberté existent depuis très longtemps, et étaient utilisés pour traiter les enfants qui souffraient d’une puberté précoce. Ce n’est donc pas un nouveau traitement, même si son utilisation pour les jeunes trans est différente. Comme j’ai expliqué plus haut, les bloqueurs de puberté sont réversibles et sécuritaires et aident le jeune trans en lui donnant le temps de prendre une décision face à son futur et son corps! 

Par ailleurs, tu mentionnes que ta mère est inquiète et réticente face à ta possible prise de bloqueurs de puberté. Tu mentionnes aussi avoir eu des idées suicidaires par le passé, et tu sembles difficilement voir un futur sans ta transition physique et médicale. Est-ce que je comprends bien la situation? 

D’une part, merci pour ta vulnérabilité et ton partage en lien avec tes idées suicidaires. Il n’est pas rare que des jeunes trans, comme toi, aient des idées suicidaires ou des troubles dépressifs. Plusieurs jeunes trans peuvent avoir ce genre d’idées lorsqu’il y a un manque de soutien de leurs entourages en lien avec leur identité de genre et lorsqu’il y a des embûches sur leur parcours de transition. Le manque de soutien dans la société ainsi que les discriminations en lien avec leur genre, leur apparence ou orientation sexuelle et romantique peuvent aussi être l’une des raisons amenant les jeunes trans à avoir des pensées suicidaires. Ça peut aussi venir du sentiment de dysphorie de genre, avec lequel tu es familier. Est-ce que tu te reconnais dans ces raisons? C’est tout à fait ok si aucune d’entre elles ne résonne avec toi, il existe toutes sortes de raisons pour lesquelles une personne peut avoir des idées noires. Ce n’est pas une liste exhaustive! 

Je suis quand même désolé d’entendre que tu ais dû passer par ces moments difficiles, et que tu ais dû gérer ce genre de pensées. Est-ce que tu en as parlé à tes parents, à ta psy ou à des ami‧es et personnes de confiance? À quoi ressemble ton réseau de support? As-tu des ami‧es ou d’autres personnes, à part tes parents et ta psy, à qui tu peux parler en cas de besoin? 

Connais-tu cette ressource? Si non, je t’invite à l’utiliser, au besoin. Les personnes de cet organisme m’ont beaucoup aidé lorsque je passais moi-même des moments difficiles en lien avec mon orientation sexuelle et romantique, mon genre ainsi que des expériences de discriminations, en raison de cela. J’espère qu’iels pourront te soutenir de la manière dont tu as besoin, si jamais des idées suicidaires reviennent. Tu peux aussi appeler Jeunesse J’écoute, qui sont disponibles 24h/24h, 7 jours sur 7, partout au Canada.

D’autre part, tu mentionnes que ta mère ressent de l’inquiétude par-rapport à ta possible prise de bloqueurs de puberté, ainsi que face à ta transition médicale et physique. Je pense qu’il est important de se rappeler qu’il est normal pour elle de se sentir déboussolée et dépourvue; voir son enfant passer à travers plusieurs changements, dans une transition, peut être une étape difficile pour un parent. Cela ne veut pas dire que tu mérites de la colère ou un manque de respect, alors que tu ne cherches qu’à être toi-même. 

Pour certains parents, voir son enfant entamer une transition, quelqu’elle soit, peut être vécu comme un deuil de la personne et du futur qu’iels avaient projeté sur leur jeune. Pour d’autres, la transition de leur enfant est vécue comme une renaissance, une nouvelle personne à apprendre à connaître. Est-ce que tu perçois plus une situation ou une autre? Si oui, te sens-tu assez en sécurité avec tes parents ou avec ta psy pour ouvrir la discussion à ce sujet?

De plus, il peut arriver qu’on dit aux jeunes personnes trans qu’elles sont trop jeunes pour réellement connaître leur identité de genre. Est-ce que c’est quelque chose que ta mère ou ton père t’a déjà dit? Si oui,  je t’invite à partager cet article qui résume une grande étude aux États-Unis sur les enfants trans et leur sentiments d’appartenance à leur genre, avec tes parents pour ouvrir la discussion. En résumé, l’étude montre que les jeunes trans se sentent tout aussi garçon ou fille que les enfants qui ne sont pas trans! 

Par ailleurs, ta mère peut aussi ne pas savoir comment bien t’accompagner dans ce processus. Si tu en ressens le besoin et que tu sens une ouverture de sa part,  je t’invites à réfléchir sur les manières dont tu aimerais qu’elle te soutienne concrètement (aller à des rdvs médicaux ensemble, aller magasiner de nouveaux vêtements, etc.). Est-ce que ce sont des choses que tu fais déjà avec elle ou avec ton père?

Il est aussi possible qu’elle soit inquiète, en raison de discours de désinformations, qu’elle peut trouver en ligne, autour des bloqueurs de puberté et leur prise par des personnes mineures. Malheureusement, la population générale manque souvent de connaissance et d’éducation sur les enjeux trans ainsi que les bloqueurs de puberté. Je t’invites à lui partager les informations partagées plus-haut. Voici d’autres articles et informations que tu peux lui montrer, au besoin: 

Voici aussi un site que tu peux lui référer pour des rencontres destinées aux parents de jeunes trans, qui se passent en ligne. Ce genre de rencontres peuvent aider à calmer les inquiétudes parentales, et leur donner des informations véridiques sur les enjeux trans à l’adolescence. Peut-être que ça pourrait intéresser ta mère (ou ton père) ? 

Par ailleurs, tu te demandais comment débuter les démarches pour avoir accès à des bloqueurs de puberté.  Voici un résumé de la réponse d’un‧e collègue: 

Il ne faut généralement qu’une lettre ou une attestation de diagnostic de dysphorie de genre pour qu’un‧e médecin te prescrive des bloqueurs de puberté. Cette lettre est comme une sorte de «preuve» écrite que tu es trans, et que tu as les renseignements et la maturité nécessaires pour prendre une décision éclairée. Tu auras probablement à faire une prise de sang et un bilan de santé, et quelques rendez-vous de suivi, surtout pour s’assurer que les bloqueurs de puberté n’ont pas trop d’effets néfastes sur ta densité osseuse. On est loin des trois millions d’ examens ou de lettres! Tu peux aussi prendre contact avec le Centre de santé Meraki ou trouver des infos sur transitionner.info!

Il en va de même pour les prescriptions futures d’hormones – une lettre, un rendez-vous et quelques rendez-vous de suivi, surtout dans la 1ere année. 

Entre temps, voici d’autres questions similaires à la tienne:

Voici aussi un guide de réflexion sur l’hormonothérapie, qui pourra t’accompagner dans tes futures décisions futures. 

N’hésite pas à nous contacter à nouveau, 

Prends soin de toi

Bon été et bonne chance dans tes démarches, 

Sam, (iel/elle) Intervenant‧e d’été pour Alterhéros, Étudiant‧e en Sexologie

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