Comment accélérer le plus possible le processus de transition médicale, comment réduire la détresse que je ressens?

Bonjour, je (22 MTF) suis présentement en recherche de traitement hormonal pour transitionner médicalement. J’ai déjà contacté plusieurs cliniques, mon médecin de famille, mais soit je ne reçois pas de réponse, soit on me dit qu’on va me contacter ultérieurement (et je suis juste supposée leur faire confiance). Ça va bientôt faire 2 mois que j’ai commencé à faire ces démarches et j’ai l’impression de ne pas avoir avancé du tout. C’est vraiment difficile comme processus et je commence à désespérer que je n’aurai jamais accès à mon traitement hormonal. Je commence même à sentir un peu de détresse psychologique et à envisager faire un traitement DIY. Ma question est donc : comment accélérer le plus possible ce processus, ou comment réduire la détresse que je ressens en sachant que la testostérone continue de faire des dégats à mon corps pendant tout ce temps
Merci

Pez

Bonjour Coraly,

Je te remercie de nous avoir écrit et de nous avoir fait confiance avec ta question. Si je comprends bien, tu rencontres différents obstacles pour accéder à l’hormonothérapie et tu souhaiterais savoir comment accélérer ton parcours de transition médicale. Ces difficultés te font ressentir du désespoir et de la détresse psychologique et tu aimerais aussi savoir comment réduire cette détresse que tu ressens. Est-ce que c’est bien ça?

D’abord, je suis vraiment désolé.e que tu sois confrontée à de tels obstacles pour avoir accès à des soins de santé et d’affirmation de genre. Il peut être vraiment difficile et énergivore de contacter plusieurs cliniques et de ne pas avoir de retours. C’est compréhensible de ressentir des émotions négatives comme du désespoir en rencontrant de tels défis dans un parcours de transition. Malgré tout, je tiens à te féliciter parce que c’est un excellent réflexe que tu as eu de nous écrire. Nous sommes là pour t’accompagner dans les difficultés que tu rencontres. J’en profite aussi pour te féliciter parce que tu sembles bien te connaître et en mesure de bien identifier tes besoins.

Pour ce qui est de l’accès à l’hormonothérapie, je ne sais pas si tu connais la Liste des intervenant.e.s transaffirmatif.ve.s de l’Institut pour la santé trans? Tu pourras y avoir accès en cliquant ici. Le Trans Patients Union a aussi compilé une grande liste de professionnel.les et de cliniques pouvant prescrire des hormones que tu peux consulter en cliquant ici.

Je ne suis pas sûr.e pour Blainville, mais à Montréal certaines Aire Ouverte arrivent à prescrire de l’hormonothérapie en urgence en attendant un suivi dans une clinique spécialisée. Tu peux essayer de contacter celui de ta région en allant sur cette page.

Tu nommes que tu considères commencer un traitement hormonal DIY (do it yourself), je peux comprendre comment ta situation t’amène à te pencher sur cette option. Je tiens à dire que l’absence de supervision médicale comporte certains risques pour ta santé, et qu’il existe beaucoup d’arnaques (scams) et de pratiques prédatrices dans le monde des hormones DIY. Même si c’est beaucoup moins fiable qu’un suivi médical, je suis au courant que certaines personnes y ont recours dans une vision de réduction des risques. Cela dit, je t’encouragerais peut-être à commencer par faire des suivis dans les différentes cliniques pour parler de ta situation et voir s’il serait possible de reprioriser ta position dans leurs listes d’attente.

Sinon, Jeunesse Lambda offre également de l’intervention individuelle, dont « des rencontres d’écoute active dans une perspective inclusive et affirmative », et connaît de nombreuses ressources locales auxquelles référer les gens au besoin. Si cela t’intéresse, tu peux en apprendre plus sur leurs services en cliquant ici. Iels ont un.e intervenant.e aux services trans, Lou (ol/y/iel) qui se spécialise dans l’accompagnement à la transition et qui pourrait t’aider à trouver des solutions pour l’hormonothérapie. Tu peux écrire à Lou à trans@jeunesselambda.com. Parfois, juste pour discuter avec quelqu’un quand on vit de la détresse, ça peut beaucoup aider .

Il peut aussi être aidant de s’entourer de personnes qui vivent des expériences similaires à la nôtre. Si c’est quelque chose qui t’intéresse, les organismes communautaires LGBTQ+ (JL, P10) et trans (ATQ, ASTTeQ,) sont d’excellents endroits pour rencontrer des personnes passant par les mêmes étapes que toi, peu importe où tu es rendue dans ton parcours. Si tu préfères, il est aussi possible de regarder du côté des communautés en ligne, comme les serveurs Discord (FEMTL et JL), les chaînes TikTok, groupes Facebook et autres forums de discussion et de partage.

Avant de conclure, j’aimerais m’assurer de ta sécurité. Dans ton message tu nommes une grande souffrance. Est-ce que tu as des idées suicidaires ou des comportements d’auto-mutilation? C’est des choses trop communes dans nos communautés, et on prend ça au sérieux. Si possible, je t’encourage à essayer de trouver un suivi en santé mentale, par exemple auprès de ton CIUSSS ou CLSC, ou en consultant cette liste.

Enfin, je t’invite à trouver un peu d’espoir, même si c’est difficile. La transition peut être un beau processus qui apporte beaucoup de soulagement et de joie. J’entend ce que tu dis sur les «dégâts de la testo» mais je t’assure qu’il n’est jamais trop tard pour transitionner, ou pour atteindre tes objectifs de transition.

J’espère que ces ressources pourront t’aider et t’accompagner dans ton parcours. Surtout, n’hésite pas à nous écrire s’il y a quoi que ce soit d’autre, nous sommes là pour ça.

Chlo (iel/they), pour AlterHéros