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30 juillet 2005

«Journal intime»

Témoignage

AlterHéros

11 juillet 2005

Pourquoi est-ce que j’écris cela? Qu’est-ce que j’espère trouver en rédigeant ce «journal intime», si l’on peut vraiment appeler cela ainsi?
Un journal n’est-il pas supposé exprimer ce que je ressens d’une façon brute et non travaillée? Si j’ai envie de me vider le coeur pourquoi est-ce que je le fais sur un ordinateur? Si j’écris un «journal» n’est ce pas qu’afin, quelques années plus tard, je puisse le ressortir le lire et en rire (ou en pleurer)? N’est ce pas là l’utilité d’un «journal»? Alors pourquoi est-ce que je perds mon temps à écrire un «journal» sur un traitement de texte en risquant de tout perdre par un simple accident?
Je pourrais aussi enfoncer les touches Crtl+A et peser sur la touche Delete ou Backspace et ce serait la fin…à vrai dire ce ne le serait pas vraiment , car je pourrais tout simplement enfoncez les touches Crtl+Z, mais encore là ça n’a pas d’importance…
Pourquoi est-ce que je me pose toutes ces questions vides de sens? Je prend la décision d’écrire un journal et je commence en me demandant, pourquoi je le fais? Mais qu’est-ce que c’est? Mais qu’est-ce que j’ai?…

Mais merde!?!?!?!? Qu’est-ce que je veux!?!?!?!?!? Qu’ai-je donc envie!?!?!?!? Coucher avec lui!?!?!?!?!?

Non et oui. Oui parce que, bien sûr, je voudrais coucher avec lui. Bien sûr, je le désire… c’est inévitable! Ce ne serait que mensonge que de le nier…et non, non parce que je sais que cela ne m’aiderais pas, que cela ne ferait que me donner de faux espoirs.
Pourquoi, pourquoi n’est-ce pas si simple? Pourquoi m’a-t-il laisser le toucher? Pourquoi a-t-il fait ça? Pourquoi a-t-il douté? Pourquoi est-ce si compliqué? Pourquoi est-ce que je l’aime?!?!?! Pourquoi!?!?!?!?!?!?!?!?!

C’était si simple au début, nous nous touchions, j’en ressentais du plaisir et lui aussi, où était le problème? Et il y avait eu l’été. Deux mois de paix où, si je me rappelle bien, je n’avais pas du tout pensé à lui. Et nous sommes revenus à l’école pour une deuxième année. Je l’ai vu et je me suis souvenu. Lui aussi semblait ne pas avoir oublié.

Et nous avons continué. Et puisque ce que nous faisions commençait à être trop voyant, nous avons donc arrêté. Mais c’était loin d’être fini!
Et c’est là qu’il m’a invité chez lui, la première fois que nous avons fait, ce que nous avons fait. Et j’ai dû m’en retourner chez moi. J’étais content, j’avais légèrement assouvi une flamme, un désir ardent, j’étais très content et j’avais raison d’ailleurs. Nous ne l’avions pas fait, mais c’était proche, c’était très proche. Nous avons recommencé quelques fois encore et après on a arrêté.
Il a arrêté, il ne voulait plus. Ce fut un coup dur, à vrai dire le terme le plus approprié serait…déception. J’ai été déçu et j’ai accepté, qu’est-ce que je pouvais faire d’autre d’ailleurs, l’obliger à faire ce que nous faisions? Certainement pas, ce serait contre ce que je suis, contre ma nature.
Et c’était fini le fantasme, le désir, la flamme. Tout cela était fini. Et quelque chose est né, parmi les cendres de ce qui avait été, ce sentiment est né, me prenant pas surprise et contre ma volonté.
L’amour.

Jamais, je n’aurais cru que je pouvais l’aimer? Aimer ce gars, comment pouvais-je? Je savais que c’était sans espoir. Mais c’est arrivé. Je l’ai aimé et je l’aime encore. Toujours autant.
Maintenant je crois que j’aurais dû pleurer, je crois que ça en valait la peine, je crois que j’aurais dû en être capable. Mais ce ne fût pas le cas et ce ne l’est pas encore. Mais au moins maintenant, je n’ai pas envie de pleurer, je ne suis plus triste. Je l’aime, il ne le sait pas et d’ailleurs il n’a pas à le savoir, je ne sais ce qui arriverait, et si je ne peux avoir son amour, je ne veux pas perdre son amitié.
Non je ne veux surtout pas perdre son amitié. Et je suis loin de vouloir sa pitié. Ça non…

Je me demande pourquoi j’écris maintenant? Cela me fait rire! Je vais bien en ce moment! Enfin, beaucoup mieux qu’à l’habitude! Je me suis procuré une photo de lui sur le blogue d’un ami.
Il est… indéfinissable sur cette photo, je le regarde et j’ai simplement envie de sourire. Cela me trouble, car j’ai sûrement l’air d’un imbécile à sourire de devant mon écran.(Soupir- je crois m’éloigner légèrement du sujet…)

Je l’aime tellement, mais lui ne m’aime pas. Ce qu’il a fait, il l’a fait parce qu’il était en manque, qu’est-ce que j’étais sinon un bouche-trou? Il était en manque ou peut-être doutait-il vraiment de son orientation sexuelle? À vrai dire, je ne sais pas, je ne suis pas lui. Je ne sais pas s’il m’avait jamais désiré. Je ne sais rien sinon qu’il ne m’aime pas et il ne m’aimera sûrement jamais. Sûrement jamais.

12 juillet 2005

Sûrement jamais…
Sûrement jamais…
(Léger rire) Toujours une place pour l’espoir, cette lumière, qui sûrement finira par me détruire.

Me détruire?
Mais qui suis-je pour me plaindre?
J’ai des amis qui m’apprécient comme je suis et qui savent que je suis bisexuel, il m’accepte et d’ailleurs leur comportement face à moi n’a pas changé depuis que je leur ai dit. Non, j’ai des amis qui m’aiment, des gens qui me détestent. J’ai des gens à haïr, des gens à mépriser, des gens à aimer, des gens à aider…
Aider…
Je crois que c’est cela que je pensais faire lorsque que l’on a commencé.
L’aider, je pensais l’aider. Il doutait et j’étais celui qui pouvait lui permettre d’y voir clair. Mais cela semble ne pas avoir été de même pour moi, je l’ai aidé à comprendre quelque chose, mais moi je me suis embrouillé les idées.
Moi.
Moi.
Moi.
C’est troublant, comme tout dans ce journal revient à moi. Je déteste cela, même si c’est le but d’un journal intime.

Comme je n’arrête pas de me plaindre! Mes amis savent que je suis bisexuel et ils m’acceptent. Il y a d’autres gens comme moi qui, à mon âge, se cachent de tout le monde et sont incapables de s’afficher, mais moi j’ai…j’ai…eu le courage?
Non. je ne me suis pas affiché par courage.
De l’audace, un défi?… Je ne sais vraiment pas… à moins que ce ne soit tout simplement parce que j’étais ce que j’étais (et suis toujours) et j’en avais assez de mentir… Même si je ne mentais pas vraiment, les filles que je regardais avec mes amis, je les trouvais véritablement désirable, après tout, non?
(Soupir)
C’est étonnant…comme ma vie n’a pas changé après que j’ai fait mon…«coming-out», mes amis ne changeaient pas de comportement avec moi, la seule chose qui était différente c’est que certaines personnes semblaient plus distante, mais ces personnes ne se tenaient pas vraiment avec moi, je n’avais donc pas de quoi me plaindre.

Et maintenant, certains peuvent croire que je m’affirme et que personne ne me fait chier…bien sûr que non!(Rire) Ma vie n’
est pas une série télévisé américaine! Il y a des gens qui m’envoient promener sur ce sujet, mais bien sûr ils ne le font pas ouvertement.
Je trouve ce comportement…lamentable. Si au moins ils avaient l’audace d’afficher leur mépris, au moins comme cela je pourrais les ignorer, ou peut-être quelque fois les envoyer promener.
C’est peut-être pour cela qu’ils ne m’écoeurent pas ouvertement, ils savent que cela ne changerait rien. Mais n’empêche que je les méprise.

Quand j’y repense (et je crois que je vais me répéter, mais bon…) je ne suis pas tant à plaindre. J’ai vraiment tout ce qu’un adolescent normal a besoin pour… s’épanouir pleinement? (Rire)
C’est vrai quoi? Que serai-je si je n’avais Jessica, et mes amis? Qu’est-ce que je serais si je n’avais pas ces idiots hypocrites à mépriser, ou ces personnes simplement imbéciles à haïr?

Qu’est-ce que je serais si je n’avais pas lui à aimer?
Je crois pouvoir répondre à cette dernière question, je serai la même personne, mais je serais sûrement plus faible, je serai sûrement plus sensible, je serai sûrement plus chaleureux que je le suis en ce moment. Je serai simplement plus jeune. Plus innocent.
La seule chose que cet amour non partagé m’a amené, c’est de la tristesse. Tristesse qui m’a amené à réfléchir. À beaucoup réfléchir. Et je crois que ces réflexions m’ont fait grandir. Pas tant que ça…bien sûr. Je suis toujours aussi immature, mais je crois que j’ai perdu de mon innocence.

Et ça continue, car c’est loin d’être fini, si c’est destiné à finir un jour.

16 juillet 2005
Cela fait quelques jours que je n’ai pas écris dans ce journal…
Et bien que puis-je ajouter sur à propos de mes lamentables tourments? Comment moi, Firmin ayant quatorze ans et vivant dans la banale métropole qu’est Montréal, pourrais-je ajouter à ces pathétiques confidences?


Ah ! Ma mère!
Ma mère, quel grande dame, cruelle et froide autant qu’elle est chaude et (parfois) gentille…un vrai paradoxe, comme moi. Mais je crois que ce n’est pas la seule chose que nous avons en commun, il y a aussi cette franchise d’une étendue inimaginable, cette manie de trop souvent dire ce que nous pensons…
Ah! qu’il m’arrive de te détester mère, toi et ta façon de me juger sur chacun de mes gestes, mais d’une certaine manière, tu as le droit et je ne peux t’empêcher de le faire…
Ah, mère…pourquoi ai-je peur de te le dire ?
Pourquoi ne te l’ai-je pas dit, pourquoi ?


Pourquoi est-ce que je me pose cette question d’ailleurs ?
Je connais déjà la réponse. Elle est d’une telle simplicité. Tu parles, tu dis ce que tu penses, et j’ai peur de ce que tu penses. J’ai peur de comment tu vas réagir, j’ai peur de ce que tu pourrais dire, car quand tu dis des choses et qu’elles sont… intelligentes.
J’en ai très peur.
Simplement peur…

Là je dois vraiment avoir l’air d’un enfant battu, qui est terrifié par sa mère! (Rire) Je crois que je vais arrêter de parler d’elle. Je doute que cela me fasse le plus grand bien.
J’en doute beaucoup.
Beaucoup.

Je n’ai pas la moindre idée de pourquoi j’envoie cet extrait de mon journal intime en témoignage, peut-être parce que j’avais juste envie de voir quelque chose que j’ai écris sur Internet. Peut-être parce que je tenais à ce que quelques personnes désespéré lisent ce que j’ai écris et voient qu’ils ne sont pas seules, peut être parce que je voulais que les gens voient que, même à quatorze ans on est capable d’écrire et d’exprimer quelques chose d’aussi chaotique que nos pensées et nos sentiments d’une façon…convenable…?

Je ne sais vraiment pas pourquoi j’envoie ceci, mais cela n’a aucune importance tant que des gens lisent ce témoignage et y apprennent quelque chose ou y trouvent simplement quelques secondes de divertissement ou encore qu’ils puissent lire ce témoignage et pouvoir se dire plus tard qu’ils n’ont pas perdu cinq minutes de leur vie à le faire.

Firmin

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