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4 juin 2007

Témoignage - Je suis une Schtroumpfette

Bonjour, je m’appelle Élyse! Je suis une petite Schtroumpfette, ne le voyez-vous pas?

Élyse Vander


—Mais les Schtroumpfettes ont la peau bleue. La tienne est blanche! —
Et pourtant! La nuit, quand j’étais petite, le ciel étoilé faisait apparaître sur mes bras des reflets bleutés. Et aussi étrange que cela puisse vous paraître, à ce moment-là je sentais que c’était là ma vraie couleur. Et durant une de ces nuits, j’ai réalisé que si ma peau était bleue, c’était parce que j’étais une Schtroumpfette. Et au diable cette poussière blanche qui me recouvrait de partout! Oui, je vous le dis, ma peau est bleue, et si vous ne le voyez pas c’est que les nuits ont toujours été sombres depuis.

—Mais les Schtroumpfettes sont hautes comme trois pommes. Tu fais 5 pieds 8!—
Mais la grandeur est quelque chose de relatif. Si je me mets à côté de trois pommes empilées, je suis en effet une géante. Mais je suis si petite par rapport à ma belle planète, et cette planète si petite dans l’univers, et cet univers si petit face à Dieu! Même si je pèse 170 livres, et même si j’écrase maladroitement brins d’herbe et fourmis à chacun de mes pas, je me sens toujours haute comme trois pommes dans ce monde où j’ai tant de difficulté à prendre ma place.

—Mais les Schtroumpfettes habitent dans des champignons au milieu de la forêt. Tu habites dans un 1½ dans la grande ville bruyante de Montréal! —
Mais qu’est-ce que Montréal si ce n’est une forêt pleine d’animaux étranges et fascinants, de coins sombres et de clairières, où les blocs et maisons poussent comme des petits champignons? Quand je marche dans ma ville l’été et que j’entends la musique d’un saxophone ou les chants d’une chorale de rue, il s’agit pour moi d’un son plus doux que tous ceux de vos supposées forêts.

—Mais les Schtroumpfettes parlent en Schtroumpf. Tu parles un français tout à fait banal! —
Je sais, je parle la langue des grandes personnes. Si vous saviez à quel point je me sens schtroumpfement schtroumpf d’être une Schtroumpfette! Mais à chaque fois que j’essaie de vous le schtroumpfer, les mots se schtroumpfent dans ma bouche. La vie serait si simple si les gens parlaient la langue des Schtroumpfs. On n’aurait qu’à se dire « Tout est Schtroumpf! », et on serait heureux et on ne se poserait pas plus de questions. Mais les humains sont compliqués, et ils ont inventé des milliers de mots et concepts compliqués pour dire des choses qui ne le sont pas tant que ça, finalement.

—Et qu’est-ce que ça change dans ta vie d’être une Schtroumpfettes plutôt qu’un humain? —
Ce que ça va changer, je ne le sais pas. Je ne sais rien de l’avenir. Mais quand je me regarde dans le miroir et que je revois enfin des traces de bleu dans mon visage, et que je m’arrête pour me dire « Élyse, tu es une Schtroumpfette maintenant! », il me vient une telle fierté et une telle joie que je sais que mon avenir sera plein de choses belles et spéciales.

—Non tu n’es pas une petite Schtroumpfette. Tu vis dans un monde de rêve! —
Je suis une Schtroumpfette, malgré toutes les apparences. Ce n’est pas un rêve, c’est la réalité que je vis depuis toujours même si je ne l’ai pas choisie. C’est la réalité quand je me lève le matin, quand je me regarde dans le miroir, quand j’entre en contact avec les autres. Et s’il faut que je porte un bonnet blanc et que je parle en Schtroumpf pour que vous le voyiez, je le ferai. Et si malgré tout vous ne me croyez pas, hé bien mangez de la schtroumpf!

—Mais les Schtroumpfettes ont peur de Gargamel. As-tu peur de lui toi? —
Si vous connaissez l’histoire des Schtroumpfs, vous saurez que c’est le vilain Gargamel qui a créé la Schtroumpfette. Il voulait l’utiliser pour capturer les petits Schtroumpfs, mais elle s’est révoltée contre lui et a plutôt choisi de faire partie de cette bande de joyeux lurons bleus! Gargamel et la Schtroumpfette sont indissociables l’un de l’autre. La Schtroumpfette a beau avoir peur de lui, elle ne pourra jamais nier qu’il est une partie d’elle-même.

J’ai très peur de Gargamel. Seulement mon Gargamel n’est pas un vilain sorcier au nez crochu. Mon Gargamel, c’est la solitude et la tristesse que j’ai mises autour de moi pour cacher ce que j’étais, mais surtout pour m’éviter de vivre des émotions, qu’elles soient belles ou moins belles. Mon Gargamel m’a empêchée d’aimer, d’être aimée. Il me voulait pour lui seul et m’a gardée prisonnière dans son laboratoire puant. Plein de Schtroumpfs ont essayé pendant des années de me parler, de m’inviter à leur fête au village… certaines autres Schtroumpfettes m’ont peut-être même dit qu’elles m’aimaient sans que je ne les écoute. Gargamel se plaçait entre moi et elles et me ramenait presto dans son château, en me disant : « Les Schtroumpfs semblent vouloir ton bien, mais ils te trahiront et te feront du mal quand ils sauront qui tu es vraiment. »
Et je le croyais le vieux sorcier! Parce que je croyais que Gargamel était mon seul ami et qu’il me protégeait. Parce que Gargamel était tout ce que je n’avais jamais connu. En fait, je croyais que j’étais Gargamel. Et je n’avais pas tort… Schtroumpfette, Gargamel… ce sont toutes des facettes de moi. Et même si aujourd’hui je vous dis haut et fort que je suis une Schtroumpfette, j’ai encore très peur que Gargamel soit en fait le vrai moi, et que rien ne servira de changer, qu’il sera toujours entre moi et les autres.

Mais allons, je dois être forte maintenant! Les petits Schtroumpfs m’attendent, c’est fête au village. Et cette fois-ci, je vais y aller. Je vais mettre ma plus belle robe blanche et je vais enfin aller danser avec eux autour du feu!

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