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13 décembre 2016

Je suis trans et ma jeunesse ne s'est pas passée comme prévu. Que faire maintenant?

Bonjour, je suis une fille transexuelle ( mtf ) âgée de 18 ans. Je sais que je suis transgenre depuis l’âge de 8 ans. Mes goûts, ma personnalité, ce que je veux, tout diffère d’un homme normal. Pendant l’adolescence, je me suis dit que cela allait passer, mais plus les années passèrent, plus je me sentais mal dans ma peau, j’ai essayé plusieurs fois de me suicider mais je pense que c’était jamais l’heure de dire au revoir à ma vie actuel. J’ai cru avoir de la chance mais en fait, cela s’est changé en supplice lorsque j’ai eu des soit-disant amies qui m’acceptaient que lorsqu’elles avaient besoin. Du coup, je n’ai jamais eu de «vraie» vie sociale, d’amis, de copain ou tout autre chose que l’on expérimente lors de sa jeunesse. Je suis restée seule, car mes parents lorsque j’ai annoncé que j’étais transgenre, ma vie de lycéenne était un calvère, et ils ont juste pensé que je sortais une excuse bidon pour pardonner mon comportement au lycée. Je vous en supplie, aidez-moi…

Marie-Édith Vigneau

Bonjour, je suis une fille transexuelle ( mtf ) âgée de 18 ans. Je sais que je suis transgenre depuis l’âge de 8 ans. Mes goûts, ma personnalité, ce que je veux, tout diffère d’un homme normal. Pendant l’adolescence, je me suis dit que cela allait passer, mais plus les années passèrent, plus je me sentais mal dans ma peau, j’ai essayé plusieurs fois de me suicider mais je pense que c’était jamais l’heure de dire au revoir à ma vie actuel. J’ai cru avoir de la chance mais en fait, cela s’est changé en supplice lorsque j’ai eu des soit-disant amies qui m’acceptaient que lorsqu’elles avaient besoin. Du coup, je n’ai jamais eu de «vraie» vie sociale, d’amis, de copain ou tout autre chose que l’on expérimente lors de sa jeunesse. Je suis restée seule, car mes parents lorsque j’ai annoncé que j’étais transgenre, ma vie de lycéenne était un calvère, et ils ont juste pensé que je sortais une excuse bidon pour pardonner mon comportement au lycée. Je vous en supplie, aidez-moi…
-Mahélia
Bonjour Mahélia,
merci de faire confiance à AlterHéros.
Tu expliques dans ton message que tu as longtemps cru que ton mal-être allait passer avec les années et que tu as essayé plusieurs fois de t’enlever la vie. Ton coming-out (le fait d’annoncer que tu es trans) à tes parents ne s’est pas très bien passé: ils ont cru à une excuse pour ton comportement à l’école et tes «amies» ne reconnaissaient plus ta juste valeur. Maintenant, avec du recul, tu constates que tu n’as pas eu la jeunesse que tu aurais souhaité avoir.
La bonne nouvelle, c’est que ces mauvais moments sont maintenant derrière toi et il te reste du temps pour vivre une vie agréable. Toutefois, dis-moi, as-tu encore des idées suicidaires? Si c’est le cas, je t’invite à appeler rapidement la ligne Suicide Écoute au 01 45 39 40 00. Il est important de ne pas rester seule avec ta douleur et tu trouveras à ce numéro une personne qui saura t’écouter attentivement et, si tu le désires, te guider vers des solutions potentielles.
Dis-moi, qu’est-ce qui te fait du bien dans la vie, Mahélia? Aimes-tu un style de musique en particulier? Y a-t-il des aliments, des tissus de vêtements, des sports, des films, des endroits que tu aimes en particulier? Parfois, lorsqu’on se concentre sur de petites choses qui nous font du bien, ça soulage le moral, même si ça ne règle pas nos problèmes les plus importants. Si tu comprends l’anglais, je t’invite à consulter cette page qui dresse une liste d’applications qui aident à guider la méditation. Certaines apps offrent des méditations guidées, alors que d’autres proposent de la musique calme ou des ambiances relaxantes. Il y a plein d’autres façons de prendre soin de toi. Même les jours où tu n’en as pas envie, il peut être agréable de t’arrêter pour vivre un instant de confort physique ou de profiter d’un espace mental plus libre (avec la méditation ou en écoutant de la musique douce, par exemple). Je te laisse une référence québécoise en matière de santé mentale, l’organisme Revivre. La section «Pour reprendre du pouvoir sur sa santé» pourrait t’intéresser tout particulièrement.
Tu as déjà fait un coming-out à tes parents. Ça prend tellement de courage de s’affirmer! Je t’en félicite. Tu as eu la force d’en parler même si ce n’était pas chose facile. Maintenant, est-ce que tu as envie de réessayer avec eux? Habitez-vous toujours ensemble? Si c’est le cas, est-ce que tu es à l’aise d’exprimer ton genre en leur présence? Si tu habites toujours avec eux et qu’ils n’ont toujours pas reconnu que tu es une femme, tu as trois options: déménager (ça prend du temps, de l’énergie et de l’argent), tenter de faire un autre coming-out (ça demande du courage et de l’énergie), ou décider de continuer de vivre la situation telle qu’elle est (ça demande beaucoup d’énergie, mais t’évite des situations potentiellement désagréables liées aux réactions de ta famille).
Au cas où tu choisirais de reparler à tes parents du fait que tu es trans, je te laisse le lien vers une page qui pourrait te donner un coup de pouce: «Comment faire son coming-out trans?» par l’organisme québécois Gai Écoute. Un extrait:
«Toutes les expériences de coming out sont uniques, mais certaines étapes peuvent généralement faciliter le processus. Le coming out est rarement complètement positif, ou complètement négatif. Il risque d’y avoir de bons et de mauvais moments. Il est donc important de réfléchir aux avantages que peut vous apporter le fait de faire votre coming out, ainsi que les considérations à prendre en compte. Parmi les avantages, on peut compter : vivre de façon plus authentique, se libérer d’un fardeau, rencontrer des gens comme soi, devenir un modèle pour d’autres personnes, briser les stéréotypes. Du côté des considérations,  il y a la possibilité de transphobie, le risque d’avoir des réactions négatives, le manque de compréhension de la part de certaines personnes et le long processus de transition.»
Je te propose également de t’armer de documentation concernant les personnes trans. C’est pratique pour ton coming-out auprès de tes parents, mais aussi pour les autres personnes qui t’entourent. Tu peux aussi lire cette magnifique réponse de ma collègue Élyse, destinée à un jeune homme trans. Elle y propose ce guide (en anglais) destiné aux parents de personnes en transition.
Pour donner un petit regain à ta vie sociale, que dirais-tu de consulter des organismes trans ou LGBT de ta région? Plusieurs d’entre eux organisent des ateliers et des rencontres réservées aux personnes trans ou en questionnement. Tu peux consulter le site web d’OUTrans, organisation concentrée à Paris, celui de ORtrans (Objectif Respect Trans) qui offre des services extérieurs à Paris, et finalement l’A.N.T (Association Nationale Transgenre), offre aussi des services de soutiens aux trans ou personnes en questionnement. Tu peux aussi contacter le MAG Paris. Je t’invite à aller visiter leurs sites web respectifs pour plus d’information et pour savoir quel organisme près de chez toi pourrait te permettre de rencontrer des gens qui t’apprécient à ta juste valeur… et éventuellement développer un réseau d’ami.e.s et d’allié.e.s. Ça peut être difficile de faire le premier pas, mais ta qualité de vie risque de s’améliorer si tu oses ! En attendant, tu peux jeter un coup d’oeil à notre groupe de discussion Trans Power.
Voilà. J’espère que ma réponse a pu t’apporter un peu de réconfort.
Prend soin de toi et n’hésite pas à nous écrire à nouveau si tu en ressens le besoin.
Toute l’équipe d’AlterHéros t’envoie des ondes positives de l’autre côté de l’Atlantique, Mahélia!
Marie-Édith, B.A. sexologie, pour AlterHéros

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