#changer d'idée
#Famille
#genderfluid
#genre
#non-binaire
#perdu
#Trans
#Transition
11 juin 2020

Je suis complètement perdu sur mon genre, devrais-je laisser le temps faire les choses?

Bonjour, depuis 1 ans je pensais être trans mais depuis qu’un membre de ma famille ma dit de me poser plus de questions différentes au niveau de ma transidentité je suis perdu. Je me considère comme un garçon même si mon sex assigner à la naissance est féminin donc pour moi c’était sûr que je sois trans, mais depuis quelques jours je suis perdu, j’ai été lires des articles de personnes qui se pensait trans alors quelles ne l’étaient pas. Des fois je me dis que si, je suis trans car je préfère qu’on me genre au masculin qu’on utilise un nom masculin, je préfère porter des vêtements qui de base sont fait pour les garçons. Mais je me dis que si j’ai un corps féminin ou masculin c’est pas un problème, enfaite je m’en fou du corps que je peux avoir jusqu’à un certain point, par exemple j’aimerais avoir une vois plus grâve et visage plus masculin je sais que ça entre en contradiction avec ce que j’ai dit plus haut mais moi même je ne comprends pas. Je me demande même si je ne suis pas non-binaire, genderfluid, ou autre. Je suis complètement perdu sur mon genre et je ne sais plus quoi en penser, devrait-je laisser le temps faire les choses? Ma famille me disent ça et je comprend que si j’attends encore 1 ou 2ans en plus je pourrais peut être mieux connaître mon vrai moi, mais j’ai toujours quelque chose en moi qui me fait hésité, je ne saurais pas dire quoi exactement, peut être est ce le fait de me dire qu’au font je ne suis pas trans mais peut être garçon manqué qui m’attriste, le fait de dire que ma famille avait raison et moi tord ? Je ne sais pas. Si j’aurais eu le choix je choisirais d’être un garçon. Voilà je ne sais pas si vous sauriez m’aider mais en tous cas je suis content d’avoir enfin pu écrire ce que je ressentais.
Quentin

Jessica

Bonjour Quentin !

Merci d’écrire à AlterHéros. Assigné fille à la naissance, tu nommes que si tu avais eu le choix, tu aurais plutôt choisi d’être garçon. Avant d’être remis en question par ta famille et la lecture de certains articles, tu étais plutôt certain d’être trans. Maintenant, tu ne sais plus.

D’abord, pour reprendre les mots de Séré, qui intervient avec nous dans l’équipe d’AlterHéros (tu peux lire son article ici):

«… je veux te dire que c’est tout à fait normal de ne pas être certain.e de son identité de genre. Moi, ça m’a pris beaucoup d’exploration avant de mieux comprendre mon identité et de trouver des mots qui fonctionnaient pour la décrire. Certaines personnes disent que si on est pas sûr.e de notre identité, ça doit vouloir dire qu’on est pas vraiment trans, mais moi je crois que c’est le contraire! L’exploration et l’incertitude font très souvent partie d’un parcours trans, et je connais très peu de personnes cis qui ont questionné leur identité de genre aussi intensément que mes ami.e.s trans. »

D’ailleurs, dans cet article, Séré parle de non-binarité ( « Je ne savais pas que j’avais le droit d’être ni un garçon, ni une fille » ) et du rapport au corps ( « Je ne savais pas qu’on n’avait pas besoin de détester son corps et vouloir des chirurgies pour être trans » ). Je t’invite à y jeter un coup d’œil après avoir terminé ta lecture ici, pour t’éclairer davantage sur la question de la non-binarité, et de la fluidité de genre.

    Ensuite, pour t’aider, tu pourrais essayer différents prénoms, pronoms et adjectifs. Quentin, tu aimes ? Lorsque l’on s’adresse à toi au masculin, ça te plaît ? Si ça ne t’apparaît pas tout à fait adéquat, tu peux peut-être essayer d’autres prénoms, d’autres pronoms – est-ce que la sonorité de certains pourraient être plus plaisants à ton oreille ? Te coller davantage à la peau ?  Te sembler plus représentatifs de ce que tu es ? Peut-être que d’alterner d’un pronom à l’autre, ça t’irait ? En essayant, au fil du temps, cela se clarifiera sans doute.

En bref, je crois qu’il est normal d’hésiter, de ressentir de l’incertitude. Surtout, ça ne doit pas aider lorsque, plutôt que de nous encourager dans notre affirmation et notre auto-détermination, notre entourage nous invite à nous poser davantage de questions, et à prendre notre temps. En ce sens, je crois que l’on peut aussi se demander… Pourquoi crois-tu que ces personnes te font ces demandes ? As-tu l’impression qu’elles te reflètent ton besoin à toi de ralentir le rythme et d’explorer davantage, ou plutôt, qu’elles sont elles-mêmes inconfortables et incertaines et donc, aimeraient que tu te questionnes plus avant d’affirmer davantage ton genre ? Selon la réponse à cette question, je crois que l’approche est différente. Penses-tu qu’une partie de toi sait et ressent une vérité ? Cette partie serait-elle alors plus forte que celle qui hésite en raison des commentaires des autres ? Penses-tu être fondamentalement incertain, et avoir besoin de plus de temps ? Je te laisse y réfléchir.

En ce qui concerne les articles concernant les « dé-transitionneurs », j’aimerais contextualiser ceux-ci. J’ignore sur quel article tu es tombé au fil de tes recherches, mais rappelons-nous que, bien que cette réalité existe et soit valide (certaines personnes changent d’avis en cours de transition, et manifestent le désir de s’identifier à nouveau au genre leur ayant été assigné à la naissance), elle demeure assez rare. Aussi, il est possible de cesser un traitement hormonal p. ex., sans « cesser d’être trans » – certaines personnes mélangent ces notions dans les articles, et induisent les lecteur.ice.s en erreur. Parfois, un traitement médical sera cessé, soit parce que c’était déjà prévu (effets voulu atteints), parce que c’est désiré pour toutes sortes de raisons, ou par pressions extérieures (difficultés avec l’entourage). Cela ne veut pas nécessairement dire que la personne s’était « trompée », ou qu’elle désire faire un retour en arrière. À ce sujet, Florence Ashley a écrit un bon article, que tu peux lire ici. Enfants Transgenres Canada, un organisme Montréalais, a aussi publié quelque chose ici.

Ensuite, la question du temps… Une petite étude bien intéressante (Trans Pulse Project), dégage les chiffres suivants :

À quel âge les enfants se reconnaissent-ils comme personnes trans ?

59% avant l’âge de 10 ans;

80% avant l’âge de14 ans;

90% avant l’âge de 19 ans.

Cette bande dessinée de Sophie Labelle illustre aussi bien le double standard que la société impose aux personnes cis versus les personnes trans. Est-ce que ça te parle ? 😉

Finalement, la seule condition pour être trans, c’est de ne pas s’identifier au genre que l’on nous a assigné.e.s à la naissance. Et il n’y a pas de corps « féminin » ou « masculin » ; que tu t’en foutes, eh bien, c’est tant mieux ! Nous naissons avec une variété d’organes génitaux externes ayant toutes sortes d’apparences, d’organes internes, nous produisons toutes sortes d’hormones… Et ce ne sont pas ces éléments qui définissent notre genre. Alors si tu te sens garçon, tu n’as pas besoin de vouloir « changer de corps » pour que ton expérience soit valide. Et, au final, tu es le seul à le savoir. Je serais bien surprise que d’autres personnes aient plus raison que toi au sujet de ton identité. La connaissance de soi est un processus parfois long, complexe et plein de remises en question, mais c’est un processus qui t’appartient entièrement et qui ne devrait pas se laisser entraver par les opinions des autres. D’accord ?

Je ne sais pas si j’ai pu t’aider, mais je suis contente que tu aies eu l’opportunité de t’exprimer sur ce que tu ressens.
Bonne route Quentin !

Jessica

Similaire