6 novembre 2019

Je souffre car je suis bisexuelle et j'ai peur de l'annoncer.

Bonjour
j’ai 13 ans et je vis en france.Je souffre car je suis bi et j’ai peur de l’annoncer . Mes amis le prennent bien mes mes parents j’ai peur de leur dire … J’enchaine les conneries et je n’arrive pas a m’arreter …
Merci
Eleonore08

Claude

Bonjour
j’ai 13 ans et je vis en france.Je souffre car je suis bi et j’ai peur de l’annoncer . Mes amis le prennent bien mes mes parents j’ai peur de leur dire … J’enchaine les conneries et je n’arrive pas a m’arreter …
Merci
Eleonore08
 
Bonjour Eleonore08! 
Tout d’abord, un grand merci d’accorder ta confiance à AlterHéros pour répondre à ta question. J’essaierai de t’éclairer du mieux que je le peux!
 
De ce que je comprends, tu t’identifies comme bisexuelle. Tes ami.e.s sont au courant de ton orientation sexuelle et iels sont confortables avec cela, et tu aimerais maintenant faire ton coming-out aux membres de ta famille mais tu crains leur réaction. Cette situation te rend inconfortable et te pousse à adopter certains comportements qui sont différents de ce que tu as l’habitude de faire. Cela te semble-t-il juste?  
 
Le début de l’adolescence est une période où le corps et le cœur vivent beaucoup de bouleversements, et c’est souvent à ce moment que peuvent survenir les questionnements et les prises de conscience par rapport à l’orientation sexuelle. Tu as fait ton propre cheminement et cela t’a permis de clarifier tes attirances. Maintenant, tu aimerais aborder la question avec ta famille. Ce genre de discussion vient très souvent avec son lot de peurs et de doutes, donc rassures-toi : tu n’es pas la seule personne à vivre la crainte que ton entourage ne réagisse pas comme tu le souhaiterais. Faire un coming-out est souvent vu comme un « rite de passage » important pour les personnes LGBTQ+, mais je crois qu’il est important de mentionner que cela n’a pas besoin d’être une étape qu’il te faut absolument franchir. Il s’agit d’une expérience individuelle, personnelle et unique. Comme je l’ai écrit dans ma réponse à quelqu’un qui, comme toi, se questionnait sur la manière d’aborder le sujet avec sa famille : « la décision de faire ou non un coming-out (ou à quel.les personne.s tu te sens à l’aise de faire un coming-out) t’appartient – elle se base sur ton désir de dévoilement, sur tes valeurs, sur ton sentiment d’être à l’aise et d’être prête ». 
 
J’aimerais tout d’abord t’inviter à réfléchir aux raisons (ou à la raison) qui te pousse à craindre les réactions des membres de ta famille. As-tu déjà entendu l’un de tes proches faire un ou plusieurs commentaires homophobes ou biphobes? Si oui, ces préjugés témoignent-ils d’une intolérance, ou plutôt d’une incompréhension? Quelle est l’opinion des membres de ta famille au sujet de l’homosexualité? De la bisexualité? En te questionnant sur leur point de vue, il te sera peut-être moins difficile de « prévoir », dans la mesure du possible, la manière dont ils et elles pourraient réagir. Cela peut aussi t’aider à « planifier » la manière dont tu aimerais leur annoncer- il y a en effet autant de façons de faire un coming-out qu’il existe de personnes dans le monde. Encore une fois, tu es libre de choisir ce qui te rend le plus confortable – une lettre, une discussion autour de la table, une annonce informelle… une chanson 😛 (pour te faire sourire, tu peux jeter un coup d’œil à ces 24 personnes qui ont choisit de dévoiler leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre de façon plutôt colorée 😉 ). L’important, c’est de trouver une manière qui te ressemble, et avec laquelle tu te sens bien. Un dossier très intéressant sur le coming-out est aussi disponible sur le site web C’est Comme Ça : « Le coming out : Quand ? Pourquoi ? Comment ? ».  
 
Il est très difficile de s’imaginer la réaction des autres face à un coming-out, et c’est pourquoi il est important de se préparer à recevoir des réponses différentes – attention, cela ne veut pas nécessairement dire que toutes seront négatives. Pour citer une collègue chez AlterHéros, « [s]i certaines personnes de ton entourage risquent d’être inconfortables voire peut-être discriminantes par rapport à ton identité, d’autres vont sûrement agréablement te surprendre ». Souviens-toi également que ne pas obtenir la réaction que tu espères ne signifie pas nécessairement que c’est négatif. Après le coming-out d’un.e de leur proche, certaines personnes ont besoin de temps pour « accepter » la nouvelle. Iels peuvent vouloir s’isoler pour réfléchir, pour faire des recherches, pour en parler avec un.e conjoint.e… il te faut donc non seulement être patiente avec toi-même, mais également avec les autres – pour autant que tu ne te sentes pas rabaissée ou blessée par les propos que tu reçois. Cette éventualité est bien sûre difficile à envisager – évidemment, on préfèrerait que les choses se déroulent sans problème! Cependant, si jamais la situation prenait une tournure plus difficile, y a-t-il un endroit sécuritaire où tu te sentirais à l’aise d’aller pour attendre que la poussière retombe? Il peut s’agir d’un.e ami.e, d’un membre de la famille éloignée, ou d’une autre personne de confiance. Si tu te retrouves dans une situation très difficile, tu peux également contacter C’est Comme Ça ou encore Fil Santé Jeunes.
 
Tu dis que tes ami.e.s sont au courant de ton orientation sexuelle, et qu’iels sont confortables avec cela. C’est très bien – avoir un bon réseau de soutien social peut être très rassurant et, si jamais les choses venaient à se passer moins bien qu’espéré, des ami.e.s qui nous supportent sont souvent une belle source d’aide et de réconfort. As-tu discuté avec eux et elles de la possibilité de faire un coming-out à ta famille? Y-a-t-il, dans ton groupe d’ami.e.s, une ou plusieurs personnes en qui tu as confiance, et qui en connaissent assez sur ta famille pour t’éclairer dans ta démarche? Peut-être peuvent-ils/elles mêmes t’aider à « répéter » ce que tu aimerais dire à tes proches? 
 
Pour terminer, j’aimerais te rappeler que tout ce que tu vis est extrêmement valide. Tu dis que ta situation actuelle te cause de la souffrance, et que cela te pousse à « faire des conneries ». Il est normal, lorsque l’on vit des moments difficiles, de parfois faire certaines choses qui ne nous ressemblent pas. J’aimerais seulement m’assurer que tu mets ton bien-être et ta sécurité au centre de tes préoccupations. Tu mérite de te sentir confortable non seulement avec ton orientation sexuelle, mais également avec toi-même, avec tes choix et au sein de ton cercle social. N’hésites pas à demander de l’aide ou du soutien si tu en ressens le besoin. 
 
Je t’invite également à consulter les nombreux témoignages de la rubrique « Sortir du placard », où on retrouve les questionnements de plusieurs jeunes comme toi qui désirent faire leur coming-out, qui recherchent des trucs ou qui ont besoin de soutien. 
 
Voilà, alors j’espère avoir répondu à tes questionnements! Prends soin de toi, et n’hésites pas à nous réécrire au besoin – notre porte est toujours ouverte! 
 
Claude, 
Baccalauréat en sexologie, UQAM

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