Salut!
C’est tout à fait clair, ne t’inquiètes pas 🙂 Dans le fond, tu as entamé plusieurs étapes pour affirmer tes côtés masculins et neutres sans nécessairement avoir trouvé par quels termes tu aimerais te décrire. Malgré tes efforts durant la dernière année, ta mère a encore de la difficulté à ne pas te genrer au féminin.
Sans avoir vécu exactement la même chose je peux assez bien comprendre ce que tu vis. J’ai commencé à parler de ma non-binarité à ma famille il y a quelques années, je vais essayer de te donner quelques conseils basés sur mon expérience. Dans ma réponse je vais également te genrer en alternance au masculin et au neutre, mais si tu as une autre préférence n’hésites pas à le nommer!
Je veux juste commencer par dire que ça a dû être particulièrement blessant d’entendre ta mère invalider ton parcours et faire des suggestions déplacées quant à la façon dont tu devrais t’identifier. Désolé·e que tu aies vécu cela. Ton genre neutre/masculin est légitime et ne se limite pas à ton âge, ton corps ou ton style. Ses difficultés à te genrer adéquatement ne sont en aucun cas de ta faute, c’est sa responsabilité de faire un effort, même si c’est toi qui finit injustement par en payer les conséquences.
Je pense que lorsque vient le temps de parler de son genre et de la façon dont on veut être genré·e avec des personnes cis, il faut parfois vulgariser et simplifier beaucoup de choses. En particulier pour des personnes plus âgé·e·s comme des membres de la famille. Je te dirais qu’il faut y aller avec des termes simples et accessibles, des phrases courtes et au besoin des métaphores claires. Je t’inviterais à formuler des demandes précises, comme utiliser “enfant” au lieu de “fille”! Ça peut aussi être “personne” au lieu d’homme ou femme, des pronoms et des accords particuliers à l’oral et/ou à l’écrit, et ainsi de suite selon ce qui est important pour toi. Si ton genre fluctue, tu peux expliciter dans quels contextes, et si c’est plutôt aléatoirement de jour en jour, trouver une façon de l’exprimer. Tu peux également leur demander de se pratiquer lorsque tu n’es pas là.
Lorsqu’il s’agit d’un dialogue ou d’un échange, il peut être aidant d’avoir une certaine balance entre ouverture et fermeté, c’est-à-dire d’écouter respectueusement l’autre personne même lorsque ses arguments sont boiteux et ses informations sont fausses, sans pour autant se laisser marcher sur les pieds. Il y a toujours moyen d’accueillir cela tout en indiquant ce qui est faux et en corrigeant les informations. Cela demande de la conviction, même si tu te poses encore des questions et que tu essayes différentes choses, si tu exprimes des doutes iels risquent d’utiliser cela contre toi. Donc je t’encourage à adopter une image de confiance et de certitude, même si cela ne représente pas nécessairement l’ensemble des nuances de ce que tu sens réellement.
Si tu as de la difficulté à toujours improviser sur le moment, tu peux te préparer des arguments et des réponses pour les phrases que tu entends le plus souvent. Par exemple, cet article de C’est comme ça mentionne les réactions négatives des parents les plus fréquentes (mises en doute, déni, questions sur l’origine, honte ou dégoût, idées reçues, etc.) lors d’un coming out et quelques pistes de réponse.
Je dois t’avouer que même en préparant des demandes claires et des phrases parfaites, en mobilisant des ressources et en faisant preuve de respect et d’écoute, il y a des chances que ton entourage se trompe et se mélange encore, parfois pendant un certain temps. Ce n’est pas toujours facile et ça prend une bonne dose de patience et de force pour endurer cela. En tant que personnes trans, et particulièrement en tant que personnes non-binaires, on doit souvent apprendre à faire des efforts réguliers pour affirmer et visibiliser notre identité. Le côté positif est qu’on finit souvent par développer de meilleures compétences pour identifier et exprimer ses besoins et ses limites.
Dans ton message, tu abordes aussi la question de l’acceptation de soi dans le contexte de notre société avec ses normes très strictes sur la masculinité et la féminité. Je pense qu’un peu comme avec le genre, la réponse se situe peut-être quelque part entre les deux, qu’il y a peut-être façon d’apprendre à apprécier qui l’on est graduellement sans être en amour absolue avec tous ses défauts ni se détester au point d’ignorer ses qualités. Dans tous les cas, tu mérites du respect et de l’espoir, sans avoir à te forcer à aller magasiner tes comportements dans la section des gars.
J’espère que mes quelques paragraphes aident un peu! Hésites vraiment pas si tu aimerais avoir des conseils plus précis ou si tu as d’autres questions!
Amicalement, de l’autre côté du fleuve,
Maxim·e, intervenant·e pour AlterHéros
Iel/they/them, accords neutres