Bonjour je suis une fille et j’ai toujours aimer les garcon depuis petite, je ne me suis jamais poser de questions sur cela.Mais depuis quelques mois j’ai actuellement 14 ans et demi et je me pose des questions et cela est vraiment bizarre. Je ne sais même plus si je suis une fille ou un garcon. Tout d’abord il y a deux mois je me suis couper les cheveux et depuis tout le monde me prend pour un garcon.Je ne c’est plus si j’aime les garcon ou les filles pourtant dès que je pense à aimer les filles cela me dégoûte et je bloque mon esprit à penser à sa je me fait une barrière car je veux être comme tout le monde dans la société. Et depuis quelque temps je regarde la transgenre identité et je m’y intéresse beaucoup de fois je me dis que j’aimerais bien faire pareille devenir un garcon et aimer les filles mais pourtant je regarde aussi les garçons parfois il me plaisent aussi. Defis j’aimerais Faire de la chirurgie, mais j’ai très peur de sa et j’ai aussi très peur de regretter. J’ai aussi peur de ce que peut penser ma famille, mon entourage et surtout la société dans laquelle on vis. Je ne me confie à personne svp aider je ne sais plus quoi penser.Merci d’avance
Thalia
Bonjour Thalia !
Merci de démontrer ta confiance envers AlterHéros en nous écrivant !
Tu expliques ne plus savoir si tu es une fille ou un garçon, ni savoir si tu aimes les filles ou les garçons. Tu écris aussi que depuis que tu t’es coupé les cheveux, les gens te prennent pour un garçon. En ce moment, tu gardes le tout pour toi et tu ne sais pas quoi penser. Tu as bien fait de nous écrire. On va essayer d’y voir plus clair ensemble !
Tu parles de trois choses différentes dans ton message. On va démêler le tout pour commencer.
1. D’abord, il y a l’orientation sexuelle. C’est basé sur le genre (non-binaire, femme, homme) des personnes vers qui on est attiré.e. Quand tu expliques que tu ne sais plus si tu aimes les garçons ou les filles, c’est en lien avec ton orientation sexuelle !
2. Ensuite, il y a l’identité de genre, qui est la façon dont tu te sens à l’intérieur au niveau du genre. Les identités de genre qu’on connaît le plus sont femme et homme, mais il existe toute une variété d’identités entre les deux et qui ne sont reliées à aucun des deux. Quand tu dis que tu ne sais plus si tu es une fille ou un garçon, c’est en lien avec ton identité de genre !
3. Enfin, il y a l’expression de genre. C’est notre façon de se présenter au monde qui nous entoure, la manière dont les autres nous perçoivent. Certaines personnes ont une identité de genre plus masculine – on y associe traditionnellement, par exemple, des cheveux courts, des vêtements plus amples, une démarche moins expressive… tu comprends que ce sont des éléments associés à des stéréotypes ! Lorsque tu parles de tes cheveux courts et du fait que les gens te prennent pour un garçon depuis ta coupe, c’est en lien avec ton expression de genre !
Pour mieux comprendre les
stéréotypes de genre, je te propose de regarder les BD d’Élise Gravel. Elle y explique qu’on n’est pas « moins fille » ou « moins garçon » si on a certaines caractéristiques, capacités ou attitudes. C’est surtout pour les enfants, mais les plus grands peuvent en apprendre beaucoup aussi, je te jure. Voici le lien vers
son fantastique poster sur les filles !
Maintenant que le tout est un peu plus clair, j’aimerais prendre un instant pour te rassurer. Les questionnements que tu traverses sont normaux. Plusieurs personnes (dont des gens autour de toi, j’en suis sûre) vivent des émotions similaires aux tiennes. Seulement, comme tu l’expliques, l’entourage, la famille, les ami.e.s et la société nous envoient parfois des messages qui nous font penser que ces questionnements ne sont pas bienvenus. Tu as bien fait de nous écrire, de sortir de ton « secret ». On est très privilégié.e.s d’avoir ta confiance.
Il est faux de croire que tout le monde est hétérosexuel et que tout le monde a une identité de genre semblable au sexe assigné à la naissance. Nos organes génitaux ne déterminent pas notre identité de genre. Les médecins peuvent constater ce qu’on a entre les jambes et se baser là-dessus pour cocher « garçon » ou « fille » sur les formulaires quand on naît, mais ne peuvent pas déterminer ce qui se passe dans notre esprit, n’est-ce pas? Tout ça pour te dire que tes interrogations sont valides et partagées par beaucoup de personnes.
Parlons d’abord d’orientation sexuelle. Tu dis avoir toujours aimé les garçons et te demander maintenant si tu aimes les filles, mais que quand tu y penses, tu te crées une barrière parce que tu ne veux pas être différente des autres. Pour t’aider un peu, je te suggère quelques pistes de réflexion. D’abord, qu’est-ce qui t’indique que tu aimes (ou que tu as aimé depuis ton enfance) les garçons? Qu’est-ce que les garçons qui t’attirent te font ressentir? Est-ce qu’il y a un type de garçon en particulier avec qui tu as envie de passer beaucoup de temps, de connaître davantage et de révéler des parties de ta personnalités que tu gardes généralement pour toi? Tu peux te poser les mêmes questions pour les filles, puis faire le même exercice en changeant le mot « fille » par « personne ». Qu’en dis-tu? Qu’est-ce que tu retires de ces réponses?
Concernant cette « barrière », est-ce que tu sens qu’elle est assez forte pour t’empêcher de vivre des sentiments envers les filles ? Est-ce qu’elle est présente lorsque tu t’imagines en relation avec une fille ? Si tu t’imagines que ton désir pour les filles, si tu en as, est invisible et que personne n’est au courant et que tu peux librement aimer qui tu veux sans égard à ce que les gens autour de toi pensent, est-ce que tu arrives à surmonter cet obstacle ?
Je t’amène à te poser ces questions pour éclairer deux choses: d’abord, si tu ressens quelque chose pour les filles ou si tu réfléchis à la possibilité d’être attirée par les filles, et si cette barrière dont tu parles est plutôt à l’intérieur de toi ou plutôt causée par de l’homophobie autour de toi. Qu’en penses-tu?
Ensuite, j’aimerais te parler d’identité de genre. Tu dis ceci: » Et depuis quelque temps je regarde la transgenre identité et je m’y intéresse beaucoup de fois je me dis que j’aimerais bien faire pareille devenir un garcon et aimer les filles mais pourtant je regarde aussi les garçons parfois il me plaisent aussi. Defis j’aimerais Faire de la chirurgie, mais j’ai très peur de sa et j’ai aussi très peur de regretter. » Comme je l’expliquais plus haut, l’identité de genre et l’orientation sexuelle sont deux choses complètement différentes. Les personnes qui font une transition / des chirurgies d’affirmation de genre ne le font pas à cause de leur orientation sexuelle (parce que ce sont des filles qui aiment les filles et qui préfèreraient être des garçons pour être hétéro), mais bien à cause de leur identité de genre qui diffère de leur sexe assigné à la naissance. Il y a plusieurs personnes trans qui sont homosexuelles ou bisexuelles, d’ailleurs.
Il faut savoir aussi que plusieurs personnes trans ne font pas chirurgies. C’est le choix de chaque personne de vivre des chirurgies ou non. Par contre, on ne choisit pas d’être trans. On ne choisit pas non plus notre orientation sexuelle. On peut par contre choisir d’avoir une relation avec une personne d’un genre ou d’un autre, tant que l’autre personne a envie aussi d’avoir une relation avec nous. Tu comprends ?
J’espère que le tout est un peu plus clair maintenant. Même si je n’ai pas de réponse claire à tes questions, j’espère que tu comprends un peu mieux ce que tu traverses en ce moment et que ces nouveaux éléments de réflexion pourront t’aider. Je veux aussi te dire que c’est normal d’avoir peur, de se sentir perdu.e, d’être triste ou d’être en colère quand on traverse ces questionnements-là, quand on se demande qui on est. J’aimerais d’ailleurs revenir sur le fait que tu ne parles à personne de cette situation. Tu peux choisir de garder ça pour toi, mais tu peux aussi aborder le sujet avec une personne de ton entourage ou un.e professionnel.le en qui tu as confiance. Ça peut être une tante, un oncle, un.e cousin.e, un.e prof, assistant.e social.e… Des fois, le simple fait de verbaliser ce qu’on vit fait énormément de bien. À toi de voir si tu es en sécurité pour le faire et si tu as envie d’en discuter avec d’autres personnes. Que tu le fasses ou non, n’hésite pas à nous écrire à nouveau si tu en as envie ou besoin.
Merci encore pour ton message et passe une belle journée !
Marie-Édith, B.A. sexologie, pour AlterHéros