27 août 2024

Je me suis attachée à ma prof de français mais je ne pense pas du tout que ce soit réciproque

Je me suis attachée à ma prof de Français mais je ne pense pas du tout que ce soit réciproque,elle m’a aidé un jour quand je n’ étais pas très bien c est ce qui a fait que je me suis encore plus attachée à elle mais je m étais déjà attachée à elle avant cela parce que je me sens bien dans son cours pourtant elle fait juste son cours normal.J ai tout le temps hâte d avoir que ces cours,je suis triste quand je finis mon cours avec elle,j ai envie de tout le temps lui parler mais elle m’a dit que ce n était pas possible parce que c était ma professeure et qu elle pouvait m aider que si j avais un problème et que j avais envie de lui en parler.Rien que d aller dans ses cours,elle me donne de l affection juste en posant un regard sur moi et je ne sais pas quoi faire,pouvez-vous m aider s’il vous plaît?

Lorena (iel/they)

Salut Veve!

Merci de nous avoir contacté‧e‧s avec ta question! Je vais faire de mon mieux pour y répondre

Si j’ai bien compris, tu as des sentiments pour ta professeure de français. À plusieurs reprises, elle t’a aidé lorsque tu en avais besoin, ce qui fait que tu t’es attaché à elle. Après lui avoir dit que tu souhaitais lui parler davantage, elle a refusé et a créé une distance entre vous. Néanmoins, cela n’efface pas tes désirs pour elle, et tu te demandes ce qu’il faut faire dans cette situation. Est-ce que c’est un bon résumé ?

Il est tout à fait légitime de ne pas savoir comment faire face à une telle situation, elle peut être assez complexe à gérer, et les sentiments associés peuvent également être difficiles à interpréter. Il se trouve que de nombreuses personnes ont vécu des expériences similaires, et je vais ajouter ci-dessous des questions similaires qui ont été posées à Alterhéros :

Avant d’aborder la manière de procéder, j’aimerais préciser pourquoi une telle situation peut être dangereuse pour l’élève. 

Les enseignant‧e‧s peuvent tout à fait être une source d’admiration, car iels sont souvent matures, bienveillant‧e‧s et charismatiques. Il est également possible que ces sentiments d’admiration se développent suite à l’impression qu’iels offrent une traitement spécial à soi et non offert aux autres élèves. C’est un peu comme si iels avaient des sentiments en retour. Cependant, les relations entre enseignant‧e‧s et élèves sont interdites (et illégale si c’est un‧e mineur‧e et un‧e adulte) pour une bonne raison. Il y a un rapport de pouvoir clairement inégal, une personne pouvant exercer une autorité sur l’autre. Supposons que l’enseignant‧e demande de l’affection physique en échange de meilleures notes pour l’élève. Cette situation peut facilement devenir abusive pour l’élève, car tout acte non approuvé par l’enseignant‧e peut mener à, par exemple, de moins bonnes notes (bref, il y a des conséquences pour l’élève, tandis qu’il n’y en as pas dans l’autre sens). Ainsi, si l’élève ne veut pas montrer de l’affection physique envers son‧sa professeur‧e (sentiment d’inconfort, pas encore prêt‧e, etc.), iel sera plus enclin à accepter malgré tout parce qu’iel ne veut pas décevoir son‧ses parent‧s avec de mauvaises notes (ou selon la conséquence que le‧la professeur‧e présente). Par ailleurs, l’enseignant‧e peut demander à ce que la relation demeure un secret, ce qui peut amener l’élève à se sentir coincé‧e, obligé‧e de faire des activités qu’iel n’aime pas, mais si iel veut sortir de cette situation à en parlant à quelqu’un, il y a la pression de potentielles conséquences ou de jugements des autres (comment les autres élèves vont me percevoir ?). Cette situation peut faire perdurer l’abus pendant des années, menant à une grande souffrance mentale, voire physique, pour l’élève. Toute cette situation est une définition parfaite d’une absence de consentement.

Le consentement est donné lorsque toustes les participant‧e‧s à une activité sont sincèrement enthousiast‧e‧s à y participer (il ne s’agit pas seulement de dire oui ou une absence de non). Cela permet de s’assurer que personne n’est forcé‧e de prendre part à l’activité ou ne se sent inconfortable. Le consentement est souvent évoqué dans le cadre de relations sexuelles, mais il peut s’appliquer à toute forme d’activité. Dans le paragraphe précédent, il n’y a pas de consentement de la part de l’élève, parce qu’il y a des conséquences à ne pas faire ce que l’enseignant‧e veut. L’élève ne peut donc pas vraiment choisir si iel veut participer ou non. Cela peut facilement entraîner un trauma à long terme pour l’élève, et des difficultés dans ses relations futures, parce que ses émotions et son inconfort ne sont pas pris en compte. 

J’aimerais aussi aborder la différence d’âge, qui est, comme j’ai mentionnée au début, illégale, et qui crée également un déséquilibre de pouvoir supplémentaire. L’adulte peut facilement mettre de la pression sur le‧la mineur‧e avec des conséquences si iel ne lui obéit pas, en lui disant que, parce qu’iel est l’adulte, iel doit être écouté, que iel a l’autorité. De plus, le‧la mineur‧e n’a souvent pas assez de maturité (ce qui est normal, les enfants « matures » ont généralement vécu des choses qu’iels n’auraient pas dû vivre) pour comprendre qu’on profite de iel, et iel peut avoir l’impression que iel est à blâmer pour ce qu’il lui arrive. En fin de compte, c’est la responsabilité de l’adulte de ne pas créer une telle situation, car celui‧celle-ci est conscient‧e de l’écart entre la maturité, les expériences de vie et le fait que les mineur‧e‧s peuvent ne pas être conscient‧e‧s des mauvaises intentions d’un‧e adulte. En somme, un enfant et un‧e adulte ne sont tout simplement pas sur un pied d’égalité dans une relation amoureuse. L’adulte le sait, l’enfant ne le réalise probablement pas. Par conséquent, les adultes qui s’engagent délibérément dans une relation amoureuse ou sexuelle avec des enfants savent ce qu’iels font et connaissent le pouvoir qu’iels exercent sur l’enfant. La victime sera toujours la personne plus jeune, et il y aura très souvent des conséquences négatives à long terme pour cette personne, qui affectent son estime de soi, ainsi que sa façon de voir l’amour, le consentement, la sexualité, les relations, les adultes, et bien plus encore. Cela n’en vaut tout simplement pas la peine. Mais j’aimerais mettre l’emphase sur le fait que ce n’est jamais la faute de l’enfant. 

Tu te demandes probablement ce qu’il en est pour les étudiant‧e‧s adultes encadré‧e‧s par des professeur‧e‧s adultes (comme à l’université). Cette situation est souvent plus souvent légale, mais elle peut néanmoins entraîner un déséquilibre de pouvoir si l’enseignant‧e a un impact académique sur l’étudiant‧e. Il est donc en général non recommandé.

J’espère qu’avec les informations ci-dessus, il soit clair qu’il est problématique d’être romantique avec son‧sa enseignant‧e. Je ne te blâme pas, parce qu’en réalité, cette situation est souvent présentée de façon romantique dans les films et les livres. Ta professeure a bien fait d’établir une distance entre vous deux. Cela montre qu’elle se soucie de toi, qu’elle t’apprécie en tant qu’élève et qu’elle ne veut pas te faire de mal. 

Quant aux sentiments que tu as pour elle, ils sont valides. Tu as le droit de les ressentir. Cependant, ils ne peuvent pas aboutir à une relation avec ta professeure, et tu devras donc faire face à l’impossibilité d’une telle relation. Comme pour tout deuil, ce ne sera pas facile, mais ce sera infiniment plus facile que si quelque chose s’était produit. En fin de compte, tu pourras toujours la garder dans ton cœur comme une merveilleuse enseignante.

J’espère t’avoir aidée avec cette réponse. N’hésite pas à nous contacter si jamais tu as d’autres questions. 

Lorena (iel), étudiant‧e en sexologie

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