J'aime énormément m'habiller en femme...

Bonjour
Je vis une situation depuis des années qui me trouble… j’aime énormément m’habiller en femme. C’est à dire bas, talon haut, porte jarretelle, soutien gorge, faux sein autoadhésif (que je porte d’ailleurs en vous écrivant) etc… j’ai déjà fréquenté à deux occasions des transsexuelles (shemales) . J’ai beaucoup aimé l’expérience et j’aimerais être comme elles. Mais mon âge (fin cinquante) me freine beaucoup… Parfois je me vois 20 ans plus tôt, avec les moyens techniques d’aujourd’hui, pour vivre en femme en permanence.. Bon dans le moment j’accepte mon état, mais dès que j’ai un moment je me transforme. Tous les soirs je dors avec mes prothèses au moins 20 jours par mois.. car je travaille à l’extérieur .. seul donc rien pour m’en empêcher.. à mon retour à la maison: homme aimant pour son épouse . Ai-je un problème???? je n’ai jamais consulté à cet égard et je suis comme cela depuis que j’ai 14 ans soit la première que j’ai porter un soutien gorge et des bas (ceux de ma mère)

Marion Téjédor

Bonjour Mozart00!
Merci de faire confiance à AlterHéros!
Si je comprends bien, vous aimez vous vêtir en femme. Cela doit être difficile, surtout si vous devez concilier cela avec un travail en extérieur et une vie de famille. Vous vous demandez si vous avez un problème, et ma réponse est tout simplement « non, ça n’est pas un problème ». Il existe énormément de personnes arborant de manière occasionnelle attributs, vêtements ou accessoires féminins. Dans un sens large, on appelle ça le « travestisme », c’est-à-dire « le fait de s’habiller avec les vêtements opposés à son sexe biologique ».
Cependant, les motivations pour avoir recours à ce genre de pratique sont ce qui va différencier les trois catégories de travestisme. Je vous proposerais donc d’analyser les différentes catégories, et d’essayer de vous situer, dans ce que vous pensez vous correspondre le plus.  Cela vous permettra peut-être d’y voir un  peu plus clair!
1.       Le travestisme mimétique ou en relation avec le sentiment d’appartenance à son sexe biologique
Celui-ci est en lien étroit avec l’identité sexuelle de la personne (« sentiment d’appartenir à son sexe biologique »): le travestisme ici illustre donc le souhait de l’homme « d’être femme », à un certain niveau. Cette forme de travestisme se retrouve plus chez les hommes que chez les femmes, et ces derniers, malgré le désir d’appartenir au sexe opposé, sont capables d’une bonne érection. Cette motivation spécifique de travestisme peut possiblement mener à l’hormonothérapie, qui a pour effet une restructuration morphologique et hormonale plus « féminine » (pilosité qui chute, masse musculaire aussi, affinement du visage, etc.). Certaines personnes iront encore plus loin, jusqu’à la chirurgie de réassignation sexuelle, mais ce n’est vraiment pas un passage obligé (c’est le cas des « shemale » : pas de chirurgie génitale).
Certaines personnes vivront également leur travestisme au sein d’une « double vie volontaire », en se travestissant à certains moments en femme, tout en ayant la capacité de revenir au sexe et au genre biologique à tout moment, sans que cela ne soit contraignant. De plus, ces personnes ne souhaitent pas nécessairement avoir recours à l’hormonothérapie et à la chirurgie. Un tel cas a été médiatisé par exemple en 2011, en France, dans l’émission de tété réalité Secret Story 5, dans laquelle une candidate, Morgane, avait pour secret « mon père s’appelle Brigitte » : son père passait de l’homme à la femme (« Brigitte »), suivant les moments et les évènements, et vivait très heureux avec sa femme et sa fille. La jeune fille en question s’est présentée dans cette émission dans le but de briser les préjugés et de montrer que l’on pouvait grandir très fonctionnellement en ayant un père travesti.
2.       Le travestisme théâtral ou de métier
Celui-ci renvoie au fait de se travestir pour l’amusement (Halloween, mardi gras), sans que l’identité sexuelle n’en soit troublée pour autant. Il n’y a donc pas d’inversion ou d’ambivalence dans le sentiment d’appartenance au sexe biologique (identité sexuelle), et le travestisme ici n’induit pas non plus d’excitation génitale.
3.       Le travestisme paraphillique ou fétichiste
Ici, le fait de porter des vêtements ou des attributs  du sexe opposé induit une excitation génitale chez la personne. Ce travestisme-là n’est donc plus en rapport avec l’identité sexuelle, mais plutôt avec le désir sexuel de la personne. Cette excitation sexuelle passe par une introjection de la femme, dont l’essence pure se trouverait alors dans ses attributs (porte-jarretelles, gants, perruque, etc.), ceux-ci dégageant donc un pouvoir sensuel et sexuel très puissant.
Voici les trois différentes catégories de travestisme. D’après ce que vous me dîtes, je pense qu’il y a  davantage de probabilités que vous fassiez partie de la première catégorie, puisque vous dîtes vous-même que vous aimeriez parfois être une « shemale ». Si c’est le cas, et si vous ressentez que ce désir de vous vêtir dans le sexe opposé se transforme en besoin, sans lequel votre bonheur sera toujours incomplet, je vous conseille d’agir. Dans un premier temps, vous pourriez en parler à votre femme, à un ami, ou à un spécialiste qui pourrait vous aider à cheminer dans votre réflexion. Je comprends que cela puisse vous paraitre très difficile, et j’espère que votre âge ne sera pas un élément dissuasif à votre passage à l’acte. Il vous reste encore le temps de changer la direction de votre vie si elle ne vous satisfait pas pleinement.
Voici quelques références, si vous habitez Montréal et éprouvez l’envie de vous confier à un professionnel spécialisé :
–          Ordre des psychologues du Québec (www.ordrepsy.qc.ca)
–          Association des sexologues du Québec (www.associationdessexologues.com)
De plus, l’ASTT(e)Q (Action Santé Travesti(e)s et Transsexuel(le)s du Québec) est un  organisme qui pourrait vous intéresser. Il organise des activités variées durant la semaine (conférences, présentations vidéo, etc.), celles-ci permettant à des personnes travesties et transgenre d’échanger et de pouvoir se créer un certain réseau social. Voici le numéro de téléphone, si vous souhaitez recevoir plus d’informations à ce sujet : 514 847-0067, poste 207.
J’espère que cette réponse a pu vous aider! N’hésitez surtout pas à nous réécrire si vous avez encore des questions ou si de nouveaux questionnements font leur apparition! Nous serons heureux de pouvoir vous aider à nouveau!
Marion, stagiaire chez AlterHéros.

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