J'ai une peur presque maladive qu'on découvre que je puisse être attiré par les hommes...
Bonjour,
J’ai 19 ans et cela fait quelques années que je n’arrête pas de me poser des questions sur mon orientation sexuelle. Au début, je ne me posais pas de question bien que je ne me retrouvais pas dans le schéma de l’hétérosexualité alors j’évitais d’y penser. J’ai toujours vu l’amour tel que les gens le concevait comme quelque chose d’abstrait : le désir physique et émotionnel étant à mes yeux presque deux opposés.
Avec le temps, j’avais finis par me dire que ce n’étais pas pour moi, que c’était malsain et dérangeant et qu’il fallait que je m’élève au-delà. Cela à fonctionner pendant un temps mais j’avais l’impression d’avoir comme verrouiller une porte en moi-même et que je n’étais pas vraiment qui j’étais, seulement le fragment d’un ensemble.
Cependant, la vérité m’a rattrapé lors du confinement quand je me suis rendu compte que j’étais tombé inconsciemment amoureux émotionnellement d’un de mes amis de lycée et que je me rendais compte que je me levais chaque matin en pensant à lui, à ce que j’allais lui dire, de ce dont nous allions discuter. J’étais triste quand nous nous quittions le soir et heureux de le retrouver le matin d’après. Quand il était triste, le monde devenait gris et fade, sans valeur. Mais quand il était là, toute les couleurs brillaient et dansaient à l’unisson… Bref, je me suis voilé la face jusqu’à ce qu’il soit trop tard et que nos chemins se sépare après le lycée (j’étais en terminale l’époque).
Ce choc à sembler ouvrir cette porte dont je parlais plus tôt à la façon d’un tremblement de terre qui s’est répandue dans tout mon être tandis que tout mes questionnements à propos de moi-même ressortissaient à la surface. J’étais comme submergé, je ne pouvais pas y faire face alors j’ai commencé à me renseigner afin de comprendre ce qui m’arrivait. Cependant, la pression accumulée était telle que je me suis senti presque obligé de l’annoncer à mes parents (qui heureusement ont bien réagi).
Cependant, la douleur était là. J’étais perdu, j’avais vraiment peur, je ne savais même plus ce que j’étais ni même où j’allais. Ce sentiment de malaise extrême à durer longtemps (environ un an) où je n’arrivais même plus à communiquer avec les autres. Je disais quelque chose puis son contraire, je m’énervais à propos de choses stupides et dont je n’avais que faire, je me sentais horrible et détesté pour mes maladresses. De plus, j’avais une peur presque maladive qu’on découvre que je puisse être attiré par les hommes et qu’on me fasse du mal. Je me méfiait donc de tout et de tout le monde y compris de moi-même.
Puis, les choses se sont calmées mais les questions sont restés. J’ai toujours été attiré par les femmes mais bizarrement je ne me suis jamais vu être que ce soit de manière physique ou émotionnelle avec elles (ce qui est étrange, non?). Pour les hommes, ça à toujours été plus floue.
Je suis sincèrement désolé si je me suis étalé plus que nécessaire sur le sujet mais cela avait vraiment besoin de sortir.
Blackjack
Bonjour!
Merci beaucoup de te confier, mettre ses pensées et émotions par écrit peut aider grandement à mieux les comprendre et les accepter. 🙂
Je ne crois vraiment pas que ce que tu décris est aussi étrange et inhabituel que tu ne sembles le croire. Les attirances et les désirs, que ce soit sur le plan sexuel et/ou romantique ou encore intellectuel, émotionnel, physique (etc.), peuvent se manifester de plein de façons diversifiées, inattendues et contradictoires. Parfois, on peut avoir de la difficulté à trouver ses repères sur la matrice de nos attirances, mais ce qui compte dans le fond n’est-ce pas le voyage plutôt que la carte ;)?
Mais toujours est-il que tu fais bien de chercher à mieux te connaître et à définir plus clairement tes attentes. La pandémie et l’entrée à l’âge adulte est un excellent moment pour faire cet exercice d’inventaire intime. C’est clair que l’avalanche de questionnements et de a dû être particulièrement déroutante au début, mais à ce que je peux lire tu sembles avoir retrouvé beaucoup de tes moyens depuis! Il y a quelques conseils et pistes à explorer que je pourrais te partager si tu le veux bien. Tu commences ton récit en disant savoir que tu n’es pas hétéro depuis un bon moment, et bien c’est tout à fait valide de simplement s’identifier comme n’étant pas hétéro sans aller plus loin. C’est aussi possible de parler des types de personnes qui nous intéressent et de relations que l’on cherche sans mettre de mot précis quant à son identité. Bien que parfois mettre un mot aide à faire du sens et donne le sentiment d’appartenir à un groupe, d’autres fois cela est plus compliqué qu’autre chose. Surtout considérant que nos attirances et notre identité peuvent changer ou fluctuer au fil du temps, de notre contexte de vie et nos expériences personnelles.
Tu sais, tu peux trouver un partenaire et une relation qui correspondent à ce qui te plait et t’intéresse. Il existe une multitude d’arrangements, d’ententes et de configurations relationnelles, que ce soit des relations intimes, profondes et significatives sans aucune composante sexuelle, des aventures d’un soir sans attachement, etc.
Encore aujourd’hui beaucoup de gens ressentent le besoin de cacher ou de camoufler leurs attirances homoérotiques pour leur propre sécurité, par exemple lorsqu’iels commencent à avoir des sentiments pour un ami hétéro. C’est important de prioriser sa sécurité, mais c’est tout aussi essentiel de trouver des moments, des espaces, des communautés, des groupes et/ou des relations qui nous permettent d’être confortablement nous-même. Je te souhaite d’arriver à te sentir de plus en plus souvent en sécurité dans ta vie quotidienne sans pour autant avoir à te cacher ni à te fragmenter.
Si jamais, il est possible que cette réponse puisse te soutenir dans tes réflexions : Comment avancer dans la découverte de mes attirances homosexuelles et effacer cette honte?
J’espère que ma réponse te rassurera un peu et que tu seras à l’aise de nous écrire s’il y a quoi que ce soit, même si c’est simplement pour le sortir de ta tête 🙂
Maxime, intervenant·e pour AlterHéros
Iel/they/them, accords neutres