Bonjour.
Je suis une adolescente de quatorze ans, et je me sens très mal dans ma peau. J’ai un copain, que j’aime, mais depuis un peu plus d’un mois, les femmes m’excitent. Ca me ronge, je pleure souvent, et je me fais des «test» : je prends des photos de femmes nues/dénudées et je vois ce que ça me fait. Et quand ça m’excite, je me sens mal, très mal. Je n’ai jamais été attirée par les femmes.
Suis-je lesbienne ou bisexuelle ?
Bonjour à toi et merci de faire confiance à AlterHéros.
Je tiens d’abord à m’excuser pour le délai de réponse. J’espère que la situation s’est améliorée pour toi depuis que tu nous as envoyé ton message.
Depuis quelques temps, tu réalises que lorsque tu vois des photos de femmes nues, tu te sens excitée. Cela te fait te sentir très mal et tu te questionnes sur ton orientation sexuelle.
Je comprends que la situation est difficile. Confusion, tristesse, mal-être… tu ne sais plus trop où tu en es, si je saisis bien ta question. Tu n’es pas la seule à te questionner sur ton orientation sexuelle après avoir réalisé que tu es excitée par certaines images. En fait, je t’assure que c’est un processus tout à fait naturel. Tu découvres d’autres corps féminins, tu explores des sensations que tu n’as pas vécues auparavant… ça peut certainement être bouleversant! Serait-ce de la curiosité? Une certaine excitation causée par le sentiment d’interdit? Un moment d’exploration qui te fait réaliser que, finalement, tu es peut-être attirée aussi par les femmes?
Tu sais, les images érotiques ou pornographiques sont faites pour créer de l’excitation, peu importe par qui elles sont regardées. Il est donc normal que tu te sentes excitée ou perturbée en te «testant», comme tu l’expliques. Est-ce une bonne chose pour toi de le faire? Si cela t’apporte de l’anxiété (stress) et de la tristesse, pour quelles raisons continues-tu à le faire? Y aurait-il une meilleure façon pour toi d’explorer, sans te faire passer par toutes sortes d’émotions négatives?
Le processus que tu vis en ce moment te permet de mieux te connaître, de savoir ce que tu aimes, ce qui t’attire et ce qui t’attire moins. Ça te fait vivre toutes sortes de choses plus ou moins agréables, mais c’est un cheminement normal.  Je sais que c’est parfois désagréable de ne pas avoir réponse rapidement à toutes nos questions, mais rien ne presse. Rassure-toi, c’est à travers les événements que tu vivras que tu pourras déterminer ton orientation sexuelle. Nul besoin de te «tester» et de te faire plus de mal.
Chose certaine, tu aimes ton copain et ça semble clair pour toi. Tu es donc attirée par les hommes, du moins par lui. As-tu été attirée par d’autres garçons par le passé? Habituellement, les hommes te font-ils plus d’effet que les femmes? Dans le futur, te vois-tu en couple davantage avec un homme ou une femme? Si tu imagines avoir des relations sexuelles avec des filles, est-ce que cela te fait de l’effet ou te laisse indifférente? Ce sont quelques questions qui pourraient guider ta réflexion. Tu es la seule à pouvoir déterminer ton orientation sexuelle. Tu as aussi la possibilité de laisser les choses aller et de ne pas te «catégoriser», ne pas t’identifier tout de suite à une orientation sexuelle en particulier. Pour certaines personnes, ça permet d’éviter beaucoup d’anxiété.
Quand tu dis que tu te sens mal, est-ce par rapport à ton copain? Par rapport au fait que tu te questionnes à propos de ton orientation sexuelle, face à la possibilité d’être bisexuelle? C’est surtout cette section de ta question qui m’inquiète, puisque c’est ce sentiment qui semble prendre le plus de place. Peux-tu trouver une façon de te sentir mieux dans cette situation? Par exemple, en parler à une personne de ton entourage en qui tu as confiance? Visiter notre groupe de discussion concernant l’orientation sexuelle, où tu pourras partager ton questionnement avec d’autres membres d’AlterHéros? Crois-tu que ce serait une bonne idée d’en parler à ton copain?
Quoi qu’il en soit, je crois qu’il serait bien pour toi de briser l’isolement et d’en discuter avec au moins une personne qui t’entoure. Quand des questions prennent trop de place dans notre tête, vaut mieux partager tout cela avec quelqu’un en qui on a confiance. La situation peut nous sembler bien moins pénible par la suite!
J’espère avoir su te réconforter un peu. Bonne route et prend bien soin de toi! Si tu en ressens le besoin, tu peux consulter un.e sexologue ou travailleur.euse social.e à ton école ou dans ton milieu. Aussi, n’hésite pas à nous réécrire si tu as d’autres questions. Je promets que nous te répondrons plus vite! 😉
Marie-Édith, B.A sexologie, pour AlterHéros