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1 juin 2020

Est-ce que la prise de testostérone et les opérations sont coûteuses?

Bonjour Je m’appelle M. Je suis dans le corps d’une femme mais je préfère Aiden puisque je me sent plutôt comme un homme j’ai 24 ans, Je me demande ou pouvons nous trouvé des binder a Montréal car ma dysphorie est très intensive, je supporte très mal ma poitrine et je veux réussir a calmer cette anxiété le temps de pouvoir obtenir des suivis, Je me demandais aussi est ce que la prise de testostérone est coûteuse, les opérations pour le genre aussi, j’aimerais quelques éclaircissement.

Merci.

Séré

Bonjour Aiden!

Merci de faire confiance à AlterHéros avec tes questions!

D’abord, tu te demandes où trouver un binder à Montréal. Il y a quelques organismes qui offrent ce service, mais je crois que la meilleure option pendant la pandémie est l’organisme Projet 10, qui offre des services aux personnes LGBTQ+ de 14 à 25 ans. Tu peux leur écrire au services@p10.qc.ca.

J’en profite pour rappeler quelques règles de sécurités importantes quand on porte un binder :

  • Prévoir des moments durant la journée afin de s’étirer et de respirer profondément
  • Bien s’hydrater et rester au frais lorsqu’on porte un binder l’été
  • Ne pas porter un binder trop petit
  • Ne pas porter un binder plus de huit heures de suite
  • Ne pas porter un binder pendant son sommeil
  • Ne pas porter un binder si on a un rhume, une grippe, une bronchite ou toute autre infection qui affecte les poumons
  • Ne pas porter un binder pour faire du cardio (course, vélo, etc.)
  • Ne pas porter un binder pour faire de la musculation ou alors porter un binder une taille plus grande
  • Arrêter de porter le binder et consulter un médecin si on éprouve des douleurs prolongées

Tu dis vivre beaucoup de dysphorie ces temps-ci. Voici donc quelques trucs qui pourraient aider, que j’ai donnés à une autre personne qui nous a écrit récemment :

Personnellement, je peux faire la différence entre deux « types » de dysphorie que je ressens : la dysphorie physique et la dysphorie sociale.

La dysphorie physique est quand je me sens mal par rapport à une caractéristique de mon corps, quand je suis chez moi, seul. Pour moi, la plus grande source de dysphorie physique que j’éprouve est liée au fait de ne pas avoir de pénis.

Quand je ressens de la dysphorie physique, j’essaie de me rappeler que mes organes génitaux ne font pas de moi moins un garçon que les garçons cisgenres. Notre société a tendance à associer certaines caractéristiques aux garçons et d’autres aux filles, mais ce ne sont que des stéréotypes. Tu dis que tu te sens comme un homme et ton corps t’appartient : tu as donc un corps d’homme. Pour me rappeler cela quand j’avais de la difficulté, je m’étais inspiré d’une BD de Sophie Labelle et j’avais fabriqué un petit collant que j’ai mis sur mon agenda et qui disait : « Je suis un garçon et mon corps m’appartient. C’est donc un corps de garçon. Les garçons ont toutes sortes de corps. »

Un autre truc que j’ai est de porter attention aux détails que j’aime de mon corps et qui me font sentir bien. Ça peut être difficile dans un contexte où on sent que notre corps est « contre » nous, mais ça se pratique. Par exemple, j’aime bien mes jambes et mes yeux, et à force de me le répéter j’ai tendance à plus remarquer ces parties de mon corps que j’aime et à moins remarquer celles qui me dérangent.

La dysphorie sociale, elle, est liée au fait de se faire mégenrer par d’autres personnes et provoque souvent de la dysphorie physique sur le moment ou par après. Ça peut être compliqué à gérer, car malheureusement on ne contrôle pas les autres personnes et les personnes cisgenres qu’on est obligés de fréquenter, par exemple à la maison ou à l’école, peuvent ne pas comprendre l’impact de leurs mots sur nous. Moi, mon truc par rapport à cela est de m’entourer le plus possible d’autres personnes trans, par exemple en fréquentant un groupe de discussion pour les personnes trans et non-binaires. Ça me permet si on veut de « faire le plein » d’euphorie de genre (le contraire de la dysphorie) et de me rappeler que je ne suis pas seul dans ce que je vis. Quand je vais à ces groupes, je me sens bien et ça me donne de l’énergie pour faire face aux personnes qui me mégenrent au quotidien. Qu’en dis-tu? Est-ce une possibilité pour toi d’assister à un des groupes de soutien virtuels qui se tiennent pendant la pandémie? Il y a Projet 10 qui offre des groupes de discussion tous les jeudis pour les personnes LGBTQ+ de 14 à 25 ans, le groupe Euphorie trans Montréal qui organise également des rencontres virtuelles chaque jeudi, et l’organisme Trans Outaouais qui offre un groupe de discussion pour les personnes trans du Québec tous les vendredis. Tu peux aussi consulter cette liste de services et d’activités qui sont offerts aux personnes LGBTQ+ pendant la pandémie.

Ensuite, tu demandes quels sont les coûts associés à la prise de testostérone et aux opérations d’affirmation du genre. Pour les personnes qui ont une carte d’assurance maladie du Québec, la majorité des frais sont reliés aux démarches qu’il faut faire pour obtenir ces traitements, et non aux traitements eux-mêmes. Je cite une réponse de mon collègue Guillaume sur les démarches pour accéder à l’hormonothérapie au Québec :

L’accès à l’hormonothérapie pour personnes trans n’est pas standardisé au Québec. Il existe deux parcours pour obtenir sa prescription d’hormones : le parcours traditionnel et le parcours par consentement éclairé. 

Selon ton profil et tes besoins, dans le cas du parcours traditionnel comme celui du consentement éclairé, un.e médecin pourrait te demander une lettre de support d’un.e professionnel.le de la santé qui a fait une évaluation de ta situation avant de te faire une prescription d’hormones. Cette évaluation sert habituellement à confirmer que ta situation psychosociale est jugée comme stable et que tu as une bonne compréhension de tous les effets de l’hormonothérapie. Si tu as accès à un.e médecin qui pratique avec les standards de WPATH (SoC 7) et que tu n’as pas de conditions particulières, tu pourrais avoir accès à l’hormonothérapie suite à un bilan sanguin adéquat.

i) Parcours « traditionnel »

L’accès le plus courant à l’hormonothérapie au Québec débute par l’obtention d’une lettre de recommandation d’un.e professionnel.le de la santé

La personne débute par un suivi psychologique avec un.e sexologue ou psychologue spécialisé.e en santé trans (Liste des professionnel.le.s reconnu.e.s est disponible auprès de la majorité des organismes communautaires trans) pour obtenir une lettre de recommandation pour débuter l’hormonothérapie. En moyenne, trois rencontres ou 1 mois de suivi suffisent. Ces services sont privés et ne sont pas couverts par la RAMQ. Une liste des professionnel.le.s reconnu.e.s est généralement disponible auprès de la majorité des organismes communautaires œuvrant auprès des personnes trans. Tu peux aussi jeter un coup d’œil à la liste des professionnel.le.s de la santé adoptant une approche transaffirmative au Québec qui a été compilée par l’Institut pour la santé des minorités sexuelles et qui est régulièrement mise à jour.

 

Une fois que la personne a sa lettre de recommandation, celle-ci peut prendre rendez-vous avec un.e médecin généraliste pour obtenir sa prescription. Malheureusement, de nombreux.ses médecins généralistes ne sont pas à l’aise de suivre des personnes trans et risquent de refuser l’hormonothérapie à la personne malgré sa lettre. Dans ce cas, le ou la médecin préférera donner une référence pour un.e endocrinologue, soit un.e médecin spécialisé.e en hormonothérapie. La référence du médecin et la lettre du spécialiste de la santé mentale permet d’avoir accès à l’hormonothérapie auprès d’un.e endocrinologue, malgré que certain.e.s endocrinologues, pour des raisons personnelles, de valeurs et/ou de discrimination puissent refuser.

ii) Parcours du consentement informé (WPATH Soc 7)

Une personne trans déterminée à commencer l’hormonothérapie peut obtenir sa prescription d’hormones auprès d’un.e médecin généraliste sans lettre de recommandation d’un.e sexologue ou psychologue. Lors de la première rencontre, le ou la médecin fera une évaluation de la demande pour s’assurer que les conditions médicales nécessaires à l’hormonothérapie sont remplies. Dans ce cas-ci, le ou la patient.e doit signer un formulaire de consentement informé avec son ou sa médecin où il ou elle atteste comprendre les risques de l’hormonothérapie et retirer toute responsabilité au médecin concernant de potentielles complications reliées au traitement. Ce parcours simplifié est adopté par une minorité de médecins, dont certain.e.s aux cliniques médicales montréalaises suivantes : Centre de santé Meraki, Clinique médicale 1851, Clinique accueil santé de Laval, Clinique médicale La Licorne, Clinique l’Actuel, Centre médical Louvain.

En ce moment, la clinique montréalaise offrant le consentement éclairé qui a la plus courte liste d’attente semble être la Clinique l’Actuel. Ce serait l’option la plus rapide et économique pour toi d’avoir accès à la testostérone à Montréal. 

Ensuite, une fois que tu as ta prescription, les coûts de la testostérone prise par injection sont relativement bas. Une fiole de testostérone injectable coûte environ 20 $ avec le régime public d’assurance-médicaments du Québec et dure de 3 à 6 mois selon ta dose. La testostérone en gel est beaucoup plus coûteuse, soit environ 100 $ par mois avec le régime public d’assurance-médicaments du Québec. Si tu as une assurance-médicaments privée, ces coûts seront moins élevés.

Pour ce qui est des chirurgies, la mastectomie (ou masculinisation du torse), la phalloplastie et la métoidioplastie sont couvertes pour les personnes ayant une carte d’assurance maladie du Québec et se déroulent à la clinique GRS Montréal. Pour ce qui est de l’hystérectomie, soit l’ablation de l’utérus, elle est couverte par la RAMQ et est pratiquée dans la plupart des hôpitaux du Québec. 

Par contre, pour y avoir accès, il faut préalablement avoir une lettre de recommandation d’un.e sexologue, psychologue ou psychiatre, pour la mastectomie, et deux lettres pour les chirurgies génitales. Comme mentionné plus tôt, il faut passer par le réseau privé pour avoir ces lettres. Il existe certaines ressources pour les personnes qui n’ont pas les moyens de payer le plein prix pour ces rencontres. Il y a entre autres le réseau Pride Therapy Network Montreal qui recense des professionnel.le.s LGBTQ+, dont certains offrent des tarifs réduits ou même des rencontres gratuites pour les personnes qui correspondent à certains critères. L’organisme ASTTeQ pourrait également t’orienter vers d’autres ressources pour les personnes trans à faible revenu. 

Outre ces frais, il faudra aussi prévoir une période de convalescence où tu ne pourras pas travailler : de 4 à 6 semaines pour la mastectomie, de 3 à 6 semaines pour la métoidioplastie, de 6 à 8 semaines pour la phalloplastie et de 3 à 4 semaines pour l’hystérectomie. 

J’espère que ça répond à tes questions. N’hésite surtout pas à nous réécrire si tu en ressens le besoin!

 

Séré, intervenant pour AlterHéros

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