Est-ce que des pratiques permettant de « supprimer » son envie de changer de genre existent ?
Bonjour, c’est encore moi, Personne.
J’ai lu la réponse à ma dernière question et maintenant je m’en pose une nouvelle.
Est-ce que des pratiques permettant de « supprimer » son envie de changer de genre existe ?
Car j’ai réfléchis, et même si je veux devenir une fille ou non-binaire et que ça me fait mal de ne pas l’être je ne peux pas l’être.
Je n’ai aucun soutien possible, je perdrai mes amis, ils me regarderaient différemment, je fermerais des portes dans ma vie professionnelle, comme je veux faire de la politique être Trans ou NB risque de me retirer des voix inconsciemment. C’est comme le sexisme inconscient, là c’est de la transphobie inconsciente et elles feras très mal dans ma vie professionnel futur.
Arrêter d’être un homme détruirais ma vie sociale et ma futur vie professionnel. Et je ne peux pas quitter ma vie sociale, je viens juste de réussir à faire en sorte que les gens arrête de penser que je suis bizarre et différent, je ne veux pas retourner dans cette enfer…
En plus sa serait trop compliqué à expliquer pour mes parents. Ils ne comprendrons pas que je sois Trans et que je continue à aimer les filles, et sa serais encore pire si j’étais NB…
Personne
Bonjour Personne,
Merci pour ta confiance et pour ta patience envers nos réponses.
Je crois que je vais devoir commencer avec une mauvaise nouvelle, il n’y a pas vraiment de façon de se forcer à arrêter de vouloir changer de genre. Tu peux continuer de te présenter en homme dans ta vie de tous les jours, mais l’impression que quelque chose ne va pas risque aussi de rester, voire d’empirer.
Il existe ce qu’on appelle des thérapies de conversion visant à forcer les gens à reprendre les comportements et pensées atendues par la société envers leur sexe assigné à la naissance. Fais très très attention à ce type de soi-disant thérapie, non seulement elle n’accomplissent pas ce qu’elles prétendent faire, mais elles peuvent être extrêmement dommageables et dangereuses.
Par contre! Effectuer une transition, affirmer ton côté féminin ou neutre de diverses façons selon ce que tu préfères est le moyen le plus efficace pour faire diminuer ton inconfort et ton mal être. Je sais que cela vient avec certains risques, tu nommes ceux sur ta vie professionnelle et sociale. Il est possible que cela ait un impact, certes, mais peut-être que ça n’a pas à être uniquement négatif? Tu vises une carrière en politique, un parcours de transition pourrait mettre de côté les votes plus conservateurs, mais pourrait attirer le soutien des personnes LGBTQ+ et de leurs allié·e·s. De plus, il y a énormément de domaines et de carrières différentes possibles en politique! Il n’y a pas que le président de la république, tu pourrais faire du travail de bureau, de réseautage, de scrutateur·ice, dans des journaux ou des blogues, etc. Tu n’as pas toujours à nécessairement tout dévoiler de ton identité et de ton parcours de vie au public dans tous les types d’emplois. Et tu n’as pas à travailler en politique pour être actif·ve politiquement, discuter d’enjeux sérieux et avoir un impact sur les gens de ta communauté.
Je connais plus d’exemples au Québec, mais as-tu déjà entendu parler de Michelle Blanc, candidate du Parti Québecois, Julie Lemieux mairesse de Très-Saint-Rédempteur en Montérégie ou encore Gabrielle Bouchard, ex-présidente de la Fédération des Femmes du Québec. Il y a plein d’autres exemples et de modèles de personnes trans et non-binaire qui réussissent dans leurs domaines. Le fait d’être trans ou non-binaire n’est pas un panneau d’arrêt à ta carrières et tes ambitions.
En tant que personne non-binaire ou transféminine tu pourrais prendre de la distance avec les personnes fermées d’esprit de ton entourage. D’une façon ou d’une autre, il y aura toujours des gens qui vont penser que tu es bizarre ou différent, ça leur appartient. Il n’y a pas de recette pour être accepté·e et admiré·e par 100% de la population. Mais je peux te dire que tu pourrais aussi rencontrer des personnes comme toi. Tu aurais la chance unique de te recréer une communauté et une famille choisie avec des personnes qui partagent tes valeurs et qui comprennent ce par quoi tu es passé·e.
Expliquer que tu es une fille, ou que tu es une personne non-binaire, à ses parents est presque toujours compliqué. Je peux comprendre tes appréhensions. Il est possible qu’iels ne comprennent pas d’un premier coup, que tu aies besoin de leur partager des ressources (comme ce pamphlet ou celui-ci) et que tu doives les corriger plusieurs fois. Il s’agit d’un processus d’adaptation qui peut prendre du temps, mais je t’assure que c’est possible. Si pour l’instant tu ne te sens pas confortable d’avoir cette conversation avec tes parents, si tu n’as pas la force ou l’envie, tu n’as pas à te sentir obligé·e de le faire non plus. Cela ne fait pas de toi une personne moins féminine ou non-binaire.
Je ne veux pas invalider ou ignorer tes craintes. Faire une transition pour exprimer son genre est difficile et vient avec des défis parfois importants. Ça peut être effrayant et inquiétant, surtout lorsqu’on commence. Je veux seulement que tu prennes une décision éclairée en étant informé·e. Il est possible de mener une vie réussie, satisfaisante et entourée d’amour et de joie tout en étant trans.
Avec beaucoup d’empathie et de solidarité,
Maxim·e, intervenant·e pour AlterHéros
Iel/they/them, accords neutres