Salut Kaïden, j’espère que tu vas bien! Tout d’abord, merci de nous faire confiance pour t’aider. Même si ta question est courte, je vais faire de mon mieux pour adresser ce qu’il y a à dire sur le sujet!

Tout d’abord, de ce que je comprend, c’est que tu sais que tu es trans, mais que tu as de la difficulté à accepter cette réalité, et non que tu es incertain. De ce fait, je t’amène à te demander poser la question suivante: Qu’est-ce qui fait en sorte que tu as de la difficulté à accepter ta transidentité? Je tiens d’abord à te rassurer que tu n’est pas le seul à avoir ce type de pensées. Un grand nombre de personnes dans la communauté, ainsi que moi-même, d’ailleurs, entant qu’homme trans, sont passés par là! Ainsi, je peux émettre quelques hypothèses quant aux raisons pour lesquelles tu aurais de la difficulté à t’accepter, qui concerne différentes peurs.

Une des principales raisons pour lesquelles beaucoup de personnes de la diversité de genres (ainsi que de la diversité sexuelle) peuvent avoir de la difficulté à s’accepter est la transphobie internalisée (ou homophobie/biphobie/etc. internalisée). La transphobie internalisée, c’est la honte que l’on peut ressentir face à notre propre identité et cela amène beaucoup de stress. Il faut se rappeler que ce type de pensées vient souvent de préjugés et de stéréotypes que l’on aurait pu entendre. On peut aussi ressentir un sentiment d’injustice, qui peut nous faire se demander » Mais pourquoi moi? ». Je crois qu’une chose qui est importante de se rappeler dans ce contexte, c’est qu’être cis ou trans ne change pas la personne que tu es, ni ta valeur. Être trans n’est qu’une caractéristique parmi tant d’autres, tu n’est pas défini par cela, même si ce n’est pas non plus quelque chose dont on devrait se sentir honteux. D’ailleurs, les personnes trans, peu importe ce que les transphobes (ou tes propres peurs et insécurités) pourraient dire, réussissent leur vie, décrochent le métier de leurs rêves et trouvent l’amour comme n’importe quelle personne, je te le promets! Également, en cas de LGBTphobie internalisée, il peut être intéressant de penser à toutes les forces qu’ont les membre de la communauté, ainsi que le positif qu’y appartenir peut nous amener! Pour ma part, j’aime penser que cela m’a apporté une grande ouverture d’esprit et beaucoup de belles amitiés.

Si ce qui te fait peur est la discrimination, il s’agit d’un stress très valide! Cependant, même s’il est tentant de penser à ce qui ne va pas bien, il est important de souligner toutes les avancées faites en faveur des droits LGBT dans le monde et au Québec depuis quelques années. Il faut évidemment être conscient que personne n’est à l’abris d’un commentaire haineux, mais que les transphobes constituent seulement une minorité de gens. Tu pourrais essayer de te préparer à comment y réagir si cela arrive. S’entourer de personnes qui sont respectueuses, ouvertes d’esprit et qui te soutiennent est la solution miracle pour contrer le stress que peut causer la discrimination, et c’est un facteur clé également pour ton bien-être en général! Aussi, communiquer avec d’autres personnes trans et se créer un réseau social peut être rassurant. Il existe des groupes, par exemple, sur Facebook, « FTM Montréal et environs » pour les personnes transmasculines et « Personnes non-binaires du Québec » pour les personnes non-bianires, ou encore sur Discord, il y a FEMTL pour les personnes transféminines. Ces groupes peuvent autant servir pour la réassurance sur le processus de transition ou d’autres enjeux que pour simplement discuter avec quelqu’un qui nous comprend!

Il se peut que ce soit tout le processus lié à la transition qui t’inquiètes. En effet, cela peut paraître très compliqué et décourageant. Une transition, qu’elle soit légale (comme changer son nom et sa mention de sexe sur ses papiers), médicale (comme des hormones ou une opération) et/ou sociale (comme changer ses pronoms et accords) comportent plusieurs étapes et des délais. Quelque chose qui m’a été dit et qui m’a marqué, c’est « Le temps passera peu importe ». Ça veut dire que même si tu peux te dire que ça ne vaut même pas la peine de commencer, c’est faux parce que n’importe quel délai finit par passer, alors autant attendre le temps qui passe en étant, par exemple, en attente d’un.e psychologue ou d’un.e médecin.

Par contre, il faut se rappeler que la transition n’a pas de recette unique ni d’obligations! Il se peut que tu aies peur du changement, ou plutôt, que tu aies peur de regretter. Il faut que tu te demandes TOI ce que tu veux, ce qui t’aiderait à te sentir mieux avec toi-même. Des remises en questions sont normales, parce qu’un gros changement dans une vie comme une transition, peu importe ce que c’est, c’est stressant! Mais n’oublie pas que tu vis pour toi, et non pour les autres. Essaie de t’imaginer dans 20-30 ans, comment tu voudrais être, et également comment tu serais si tu n’apportais aucun changement à ta vie. Cela pourrait t’aider à t’accepter et à réaliser la bonne issue pour toi, puis rappelle toi que ton bien-être vaut la peine d’affronter sa peur de l’inconnu (tu pourrais même repenser à des situations dans d’autres sphères de ta vie qui peuvent appuyer cela).  Si tu décides de transitionner d’une quelconque manière, écoute toi, vas-y à ton rythme, et n’oublie pas que beaucoup de choses sont réversibles dans le processus, si jamais tu réalises que tu désires arrêter.

Je termine en te disant que quelque chose qui peut grandement aider à s’accepter et à normaliser la transidentité, c’est le soutien social, comme mentionné plus haut (autant par d’autres personnes trans que d’autres gens qui t’aiment comme tu es et qui te valorisent), et aussi la représentation trans. Que ce soit dans des séries (par exemple, Hearthstopper, Sex education, The Fosters, Fem (au Québec)) ou sur les réseaux sociaux (Jammiedodger, Sam Collins, Crazyden sur Youtube, par exemple), voir des personnes comme soit ou qui partagent une expérience semblable peut beaucoup contribuer à s’accepter! Aussi, s’informer de façon plus générale sur la transidentité (que ce soit sur les effets des hormones, le coming-out, etc) peut aider à réduire ses peurs.

Bref, j’espère avoir pu t’aider un peu à te lancer sur des pistes de réflexions qui te mèneront à mieux t’accepter. Tu mérites d’être bien-avec toi-même, n’oublies pas cela! N’hésite pas à nous réécrire si jamais tu as d’autres questions.

Bonne continuation!

Dom (il/lui)