Commencer l’hormonothérapie sans le dire aux parents
Je suis une personne non-binaire assigné mâle à la naissance qui considère sérieusement l’hormonothérapie féminisante. J’ai 23 ans. Je ne débats plus de « si » je tenterai l’hormonothérapie, mais plutôt de « quand et comment ». J’aimerais la faire sans que mes parents le découvre. Je suis curieux si on peut m’offrir des avertissements.
Je reste toujours chez mes parents et je prévois le faire durant les quatre prochaines années. Ensuite, j’achèterais ma première propriété. J’étudie dans un domaine qui me permet de bien gagner ma vie. Je ne suis donc pas inquiet d’être financièrement dépendant de mes parents. Cependant, mes parents sont intimement liés à mes finances pour le moment. J’ai vu plusieurs signes de transphobie dans leur comportement et je ne veux pas risquer perdre leur support financier pendant que j’en ai besoin.
Je crois que le seul changement qui serait remarquable est la croissance des seins. J’ai un pourcentage de graisse corporelle assez bas, mais ma famille semble prédisposée à avoir une plus grosse poitrine. Toutefois, presque toutes les personnes en question ont un surplus de poids et ont donné naissance. Je prévois me procurer un « binder » pour comprimer ma poitrine, au besoin.
Autre que les changements physiques, je pense que je pourrais me faire découvrir si ma médication est trouvée par un membre de ma famille ou si j’utilise les assurances professionnelles de mes parents et que l’un deux consulte les réclamations.
Avez-vous vous des conseils pour garder ce processus secret? Des expériences contées par les personnes qui ont vécu un cas similaire pourraient m’aider à prévoir des situations auxquelles je n’ai pas pensé.
Merci d’avance pour toute aide!!
Salut Fagus,
Merci d’avoir partagé tout ça avec l’équipe d’AlterHéros. De ce que je comprends, tu souhaites entreprendre l’hormonothérapie féminisante sans que ta famille ne le sache. Ai-je bien compris?
Au niveau des prescriptions et des assurances, si tu passes par les assurances professionnelles de tes parents (ex : pour l’endocrinologue, les médicaments, etc.), il est probable qu’iels puissent voir les réclamations. Même les noms génériques des hormones peuvent éveiller des soupçons.
Par contre, si tu es capable de ne pas utiliser leurs assurances pour les frais médicaux liés à l’hormonothérapie, comme tu mentionnes avoir un assez bon revenu, cela pourrait permettre de limiter les traces. Tu pourrais aussi demander à ta pharmacie de ne pas imprimer les reçus ou de les garder confidentiels. Il pourrait être envisagé d’ouvrir ton propre compte bancaire pour éviter que leurs relevés bancaires montrent des transactions liées à des pharmacies, cliniques, ou laboratoires.
Sache que les hormones sont couvertes par la RAMQ (même hors assurance privée) si elles sont prescrites pour dysphorie de genre. Mais les suivis endocrinologiques ne sont pas toujours gratuits. Sache toutefois qu’un diagnostic peut apporter une stigmatisation supplémentaire, alors réfléchis bien à ce que tu veux avant de te lancer dans cette solution.
Un autre risque est au niveau de la médication prise à la maison. Il est facile de tomber sur une pilule ou un tube de gel dans la salle de bain ou dans ta chambre et cela pourrait éveiller les soupçons, surtout s’iels sont habitués à connaître tes autres prescriptions. Fait donc attention de garder ta médication dans un endroit discret et sécurisé (ex. : petite boîte verrouillée ou sac personnel toujours avec toi).
Tu peux demander à ta pharmacie d’utiliser des flacons discrets et de ne pas étiqueter la boîte extérieure si tu reçois un envoi postal. Si tu utilises du gel (comme l’œstrogène en gel), sache que ça peut avoir une odeur spécifique. Privilégie l’application dans un endroit où tu peux t’isoler.
Au niveau des changements physiques, tu as bien identifié que la poitrine est le changement le plus visible à court/moyen terme. Les binders peuvent être efficaces, surtout si tu as un torse plutôt plat de base. Tu pourrais aussi miser sur des vêtements plus amples, superposer les couches ou orienter subtilement ton style pour détourner l’attention. La peau peut s’adoucir, la pilosité corporelle diminuer et ta répartition des graisses changer légèrement avec le temps, mais ce sont des modifications progressives qui passent généralement sous le radar si tu vis dans un environnement peu attentif à ces détails.
Certaines personnes débutent avec de très faibles doses pour voir comment leur corps réagit tout en limitant les effets visibles. C’est aussi une option plus discrète dans certains cas, mais ça dépend de tes objectifs.
Dans le cas où tes parents découvriraient ta prise d’hormone, tu peux les référer à ce lien: Commencer l’hormonothérapie sans le dire aux parents
Tu fais déjà preuve d’un immense courage en te choisissant malgré les limites actuelles. Quand tu seras libre d’en parler, ce ne sera pas parce que tu dois quelque chose à qui que ce soit, mais parce que tu seras prêt·e et dans un espace plus sécuritaire.
Si tu veux aller plus loin, voici des liens qui pourraient t’être utiles:
Comment commencer l’hormonothérapie? Comment changer de nom et mention de sexe au niveau légal?
Bonne chance pour la suite,
Mélo, intervenante sociale pour AlterHéros