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19 mai 2020

Comment éliminer entièrement ma libido?

Bonjour a vous
D’abord, je tiens a vous remercier du travail que vous faites en répondant aux questions qu’on ne peut normalement pas poser a tout le monde.
En effet, c’est après avoir suivi la réponse donnée via «est il possible d’éliminer ses pulsions sexuelles» que je reviens vers vous.
Croyez-moi que depuis des années, je cherche des moyens pour éliminer définitivement ses pulsions sexuelles de ma vie, car au fil des années, je suis devenu masturbateur compulsif. Et ceci m’angoisse au plus profond de mon être et m’a même conduit a fréquenter des prostituées.
J’ai eu plusieurs rapports et jamais réussi à jouir pendant l’acte au cas où ma dernière partenaire m’a demander si j’avis pris du viagra.
Bref, j’ai décidé formellement de chercher à ne plus ressentir de désir sexuel et ceux par tous les moyens notamment la solution de castration chimique m’intéresse beaucoup, sauf que j’aurais compris qu’il fallait consulter un psychologue pour avoir des médicaments.
j’ai conscience que le sexe est pour certains un très beau cadeau, mais me concernant ce n’est que souffrance, angoisse, addiction, mal-etre, inconfort.
Alors ma question est la suivante : comment puis-je obtenir des médicament pour la castration chimique sans forcement passé par un psy ? Ou sinon existe des produits naturels pouvant vraiment baisser toute envies sexuel chez moi ?
PS : Ma décision est déjà prise depuis bien longtemps alors s’il vous plaît pas de conseil allant contre cette volonté de totalement éliminer ma libido.
Jacques

Marion Brodeur-Laperrière
Bonjour Jacques!
Merci à toi d’utiliser notre plateforme pour répondre à tes interrogations!
Tu me vois navrée que la sexualité soit synonyme de souffrance et de mal-être pour toi. De ce que je comprends, dans les dernières années, tes «pulsions sexuelles» sont devenues un fardeau pour toi. Tu as commencé à te masturber d’une manière que tu juges compulsive et tu as eu des difficultés à atteindre l’éjaculation lors de relations sexuelles avec une partenaire et cela te fait vivre beaucoup d’anxiété. Ainsi, tu cherches à éliminer ces «pulsions» et tu considères la castration chimique comme moyen d’y parvenir. Par contre, tu dis ne pas vouloir consulter de psychologue à cette fin. Il y a beaucoup de choses que j’aimerais aborder, alors pardonne-moi pour le long texte!
Tout d’abord, bien que l’autonomie corporelle soit quelque chose de très important pour moi, je crois qu’il est particulièrement important de faire des choix de manière éclairée. Avoir des informations sur ce que l’on souhaite, mais aussi sur les autres options qui s’offrent à nous est très utile pour faire les meilleurs choix pour soi. C’est pourquoi, quelle que soit la décision que tu prennes à propos de ta santé sexuelle, je vais quand même t’amener à te questionner sur certaines choses et te donner quelques infos sur la castration chimique.
Lorsque tu parles de masturbation compulsive, qu’est-ce que tu entends par là? Pour une personne, se masturber trois fois par jour peut être sain tandis que pour quelqu’un d’autre, une fois par semaine peut causer de la détresse. Dans ta situation, je comprends que tu éprouves de la détresse par rapport à ton besoin de te masturber, mais comprendre ce qui cause cette anxiété pourrait t’aider à la diminuer. Est-ce que le fait de te masturber interfère avec ta vie sociale (par exemple en te poussant à refuser de voir ta famille ou tes ami.es pour pouvoir te masturber), ton travail (par exemple en te faisant manquer des jours de travail ou en diminuant significativement ta productivité) ou tes besoins de base (tu ne manges ou ne dors pas parce que tu te masturbes)?
Par ailleurs, est-ce que tu consommes de la pornographie lors de tes séances de masturbation? Une grande consommation de pornographie peut parfois mener à des difficultés au niveau de l’érection ou de l’éjaculation lors de relations sexuelles avec des partenaires. Autrement, puisque tu nommes avoir eu de la difficulté à plusieurs reprises à éjaculer lors de relations avec une partenaire, saches que l’anxiété peut être un frein au cycle de l’excitation sexuelle (érection, éjaculation). Ainsi, il est possible d’entrer dans un cercle vicieux où l’on éprouve de l’anxiété par peur de ne pas arriver à éjaculer et cette anxiété rend l’éjaculation plus difficile, ce qui alimente l’anxiété et ainsi de suite. D’ailleurs, tu ne spécifies pas si, lors de la masturbation, tu éprouves les mêmes difficultés. Il serait possible que tu aies de la difficulté également en raison de l’anxiété que la situation te cause, mais il serait aussi possible que tu aies moins de difficulté en étant seul parce que la pression de performance est moins grande sans partenaire.
Si je t’amène à t’interroger sur tous ces points, c’est parce que les comportements compulsifs dont tu nous fais part, ainsi que les difficultés que tu éprouves lors de relations sexuelles avec partenaire, prennent racine au niveau cognitif. Ce que ça veut dire, c’est que les comportements compulsifs sont un moyen, conscient ou non, pour calmer l’anxiété générée par des pensées obsessives, des peurs ou des traumatismes. Par conséquent, bien que les «pulsions» qui poussent à reproduire un comportement encore et encore causent de l’anxiété, la source du problème réside plutôt dans les pensées et les peurs envahissantes. Tu peux te poser la question : lorsque tu as ces «pulsions sexuelles», qu’est-ce qui t’inquiètes?
En comprenant la dynamique «pensées envahissantes vs comportements compulsifs», peut-être verras-tu mieux pourquoi la castration chimique est indissociable d’un suivi psychologique. En fait, ce que fait la castration chimique, c’est d’inhiber (réduire, si tu préfères) l’excitation sexuelle, soit la réponse physique face au désir sexuel (psychologique). Elle n’a toutefois pas d’emprise sur les fantasmes (les pensées qui créent de l’excitation sexuelle), les pensées ou les désirs. Puisque la détresse, bien que générée par les comportements sexuels compulsifs, prenne racine dans les pensées envahissantes, tu comprendras que la castration chimique ne permet pas d’éradiquer l’anxiété. Elle pourrait à la limite avoir une fonction de béquille et permettre de calmer les comportements afin d’offrir un répit permettant de se concentrer sur le travail psychologique qui, lui, peut réduire la détresse vécue.
Dans ton message, tu ne semblais pas très ouvert à rencontrer un.e psychologue ou un.e sexologue. Je ne connais pas les raisons derrière cette réticence, mais sache qu’il est normal d’avoir peur de consulter. On a parfois peur d’aborder certains sujets douloureux ou de revivre des émotions liées à des traumatismes, mais on n’est pas seul.e dans ce processus. On est encadré.e par un.e professionnel.le qui nous aide à nous adapter ou à guérir du passé dans un espace confidentiel et sécuritaire afin de nous défaire de notre détresse pour aller mieux. Certaines personnes peuvent aussi avoir l’impression que de consulter une personne pour du soutien psychologique démontre de la faiblesse, mais, au contraire, savoir admettre que l’on a besoin d’accompagnement par une personne formée démontre une grande sagesse! C’est correct de demander de l’aide : cela permet de nous offrir un espace où l’on peut se mettre en priorité et s’octroyer une chance d’aller mieux. D’ailleurs, tu as déjà fait un très grand pas en avant en te confiant à nous, c’est super!
Pour résumer, l’anxiété et les comportements compulsifs prennent racine dans des pensées envahissantes ou des peurs et traumatismes, parfois inconscients. Les comportements sont comme la pointe visible de l’iceberg, alors ce sont eux qui créent de la détresse. Par contre, pour réduire le mal-être lié à la sexualité, ce sont les angoisses et les peurs qu’il faut adresser. La castration chimique, en n’agissant que sur l’aspect physique, pourrait potentiellement t’aider à réduire les comportements compulsifs, mais n’aurait pas de véritable utilité si elle n’est pas liée de toute manière à un travail psychologique en parallèle. En nous écrivant et en t’interrogeant, tu as déjà amorcé un magnifique processus visant ton bien-être sexuel, psychologique et global. Par contre, un véritable suivi te permettrait d’aborder la source de ton anxiété et des comportements qui te causent tant de souffrance.
Quelle que soit la décision que tu prends, sache que le choix t’appartient. Je te conseille simplement de ne pas te précipiter et de prendre un temps de réflexion afin de faire un choix éclairé afin de favoriser ton épanouissement. Évidemment, notre boîte courriel reste toujours ouverte si tu souhaites nous écrire à nouveau.
Solidairement,
Marion, agente de soutien à l’intervention pour AlterHéros

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