Salut Anton,
Ça va bien de notre côté, merci ! On est en route vers Québec pour quelques rencontres politiques, c’est ben excitant.
Merci de nous faire confiance avec ta question.
Tu te demandes comment distinguer un modèle positif d’une personne qui veut profiter de la vulnérabilité d’un mineur pour lui faire du mal d’une manière ou d’une autre.
C’est une question pour le moins inquiétante ; j’espère que tout est sous contrôle de ton côté.
La première chose, c’est de suivre ton instinct. Tu dis que tu es inquiet sans savoir d’où ça vient. Je t’invite à rester à l’écoute de ton feeling comme tu le fais déjà, c’est important.
Certaines personnes sont plus méfiantes que d’autres. Si tu as tendance à être méfiant à outrance ou, au contraire, à faire confiance à tout le monde, tu peux demander l’avis d’une autre personne qui te connaît bien… mais tu restes la personne sur qui tu dois le plus te fier, selon la façon dont l’adulte dont tu parles te fait sentir.
Tu mentionnes la jalousie dans ton message. Est-ce que c’est parce que c’est un.e ami.e qui a un lien avec cet adulte de qui tu te méfies? Est-ce qu’il s’agirait de jalousie envers cet.te ami.e qui a un lien privilégié avec une autre personne, ou envers cette personne qui a un lien privilégié avec ton ami.e ? La méfiance et la jalousie nous font parfois sentir de façon similaire, c’est vrai, mais on peut se méfier d’une personne sans qu’un sentiment affectif soit présent. Par exemple, tu peux te méfier d’un inconnu dans l’autobus sans le connaître et sans qu’il ait un lien avec quelqu’un que tu connais. Si tu rencontrais cette personne dans un autre contexte, par exemple si elle essayait d’aider un.e ado que tu ne connais pas vraiment, aurais-tu cette même méfiance? Cet exercice pourrait t’aider à distinguer jalousie et méfiance en général.
S’il s’agit d’un.e ami.e dont il est question, tu peux lui demander comment il / elle / iel se sent face à cette personne. Ça peut être difficile de mettre de côté la jalousie (si tu en ressens), la colère, la peine ou l’inquiétude en le faisant – tu peux lui parler de la manière dont tu te sens, mais je te propose d’abord de l’écouter, simplement. Tu connais bien ton ami.e, probablement, et tu sauras peut-être déceler les émotions et situations moins agréables qu’il / elle / iel vit. Tu peux lui faire parvenir notre message au besoin, aussi, pour ouvrir la conversation. Qu’en dis-tu?
Pour revenir au cœur de ta question, tu as raison – il y a des gens qui souhaitent véritablement aider et servir de modèles positifs aux plus jeunes. Ces personnes savent établir une saine distance avec la ou les personnes aidées, laissent de l’espace à cette personne pour exprimer ses besoins et limites, respectent ces limites, ne demandent pas de services ou d’objets en retour, n’offrent pas d’éléments luxueux (ex: bijoux, alcool, voyages), respectent la personne et son rythme dans son ensemble et acceptent les refus sans broncher, se plaindre ou faire sentir l’autre coupable.
Quant aux personnes qui ont des intentions sous-jacentes, elles ne sont pas toujours facilement repérables. Par contre, lorsque nos limites ne sont pas respectées (et oui, ça inclut le flirt, la séduction, le chantage, les menaces l’insistance, l’entretien d’un rapport d’influence qui nous paraît louche et autres éléments du genre), c’est un signe qu’il faut bouger.
Dès que la personne éveille en nous un sentiment d’inconfort, de malaise, de méfiance, on peut commencer à se poser des questions. Jeunesse, J’écoute a rédigé un article sur l’exploitation et les abus sexuels en ligne qui fournit beaucoup de pistes à ce sujet, mais aussi en lien avec l’exploitation en général.
Je te laisse le lire ici en espérant que ça t’aide à y voir plus clair.
N’hésite pas à parler de la situation et de tes doutes à un.e adulte en qui tu as confiance. Ça peut être une personne de ton entourage ou encore un.e professionnel.le – personne qui travaille à ton école, en santé ou en services sociaux, par exemple. Aussi, n’hésite pas à nous écrire si tu as d’autres questions ou si tu veux nous parler un peu plus de la situation.
Passe une belle semaine, prend soin de toi !
Marie-Édith, B.A. sexologie, pour AlterHéros