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28 mars 2024

Assigné fille, j'aimerais avoir un pénis. Est-ce qu'une phalloplastie me permet d'avoir des sensations?

Bonjour j’ai vu que la question a ete poser mais ce n’ai pas exactement ce que je voulais savoir je suis une fille et j’aimerais beaucoup avoir un penis et etre un garçon et j’Ai peur de la réaction de ma famille et surtout si j’ai un penis j’aurai aimé avoir des sensations mais si j’Ai bien compris ce n’est pas le cas pouvez-vous m’aidez….?

Shinri

Bonjour j’ai vu que la question a ete poser mais ce n’ai pas exactement ce que je voulais savoir je suis une fille et j’aimerais beaucoup avoir un penis et etre un garçon et j’Ai peur de la réaction de ma famille et surtout si j’ai un penis j’aurai aimé avoir des sensations mais si j’Ai bien compris ce n’est pas le cas pouvez-vous m’aidez….?
Annaelle
 

Bonjour Anaëlle,

Merci de ta confiance pour te confier à nous. Ce que je peux comprendre c’est que tu as été assignée fille à la naissance et que tu ressens ce désir d’être un garçon et également avoir un pénis, mais de craindre la réaction de ta famille face à cette nouvelle. Ta question a également un deuxième volet au niveau des chirurgies génitales et des sensations suites à ces opérations.

Je vais donc te répondre en deux temps.

Être en période de questionnement est assez stressant et ça c’est parfaitement normal. Selon ce que j’ai pu comprendre, tu as moins de 13 ans donc tu es à un moment de ta vie où il y a énormément de changement dans ton corps qui se développent. C’est aussi une période où il y a beaucoup de questions sur notre identité propre. Encore une fois, c’est parfaitement normal. On se cherche et on veut se trouver. La première chose importante est de te respecter toi et d’être en harmonie avec toi-même. Tu es la personne la plus importante dans ta propre vie puisque tu vas vivre chaque jour avec toi-même. En pensant d’abord à ton bien-être intérieur, ce sera plus facile d’être avec les autres. Prends le temps qu’il te faut pour réfléchir à ton genre : n’hésite pas à contacter des groupes de soutien pour les jeunes personnes trans en France afin de rencontrer d’autres jeunes dans une situation similaire à la tienne, à regarder des vidéos YouTube pour voir si tu te retrouves dans les témoignages de garçons trans, de réfléchir à ce qui te fait sentir bien, heureux et émancipé. Il n’y a pas de presse.

Le coming-out à sa famille, peut être assez difficile pour certain.e.s. On a souvent beaucoup d’appréhension et on se fait facilement beaucoup de scénario de catastrophes. Peut-être as-tu quelqu’un de proche de toi en qui tu puisses avoir confiance pour te soutenir dans tes démarches d’aborder le sujet avec ta famille? Tu peux jeter un coup d’oeil à cette réponse de notre collègue Gabriel.le concernant le sujet du coming-out à la famille et de la transition.

Si je me prends en exemple, (qui sait si ça peut t’inspirer) la parole n’était vraiment pas mon fort. Mais j’écrivais. J’avais plus de faciliter de m’exprimer à l’écrit. Alors j’ai écrit mon ressenti dans une lettre et je l’ai donné à ma grand-mère. C’était la personne que j’avais le plus confiance dans ma famille d’être ouverte et à l’écoute de ma détresse. J’avais confiance qu’elle n’allait pas me critiquer ou me juger. Avoir des questions, oui, mais j’avais confiance qu’elle n’allait pas le prendre de façon négative. Elle a été mon support et mon soutien pour que ce soit plus facile d’aborder cette question délicate avec mes parents.

C’est là des idées que je te laisse. Si parler de vive voix est trop difficile, écrire peut aider. Si tu as des frères et sœurs et qu’ils sont au courant, ils peuvent être là au moment d’en parler. Avoir du soutien ça peut donner du courage. On se sent moins seul face à la situation.

Ce qui m’amène au 2e volet de ta question. Tu as de la chance, je suis assez bien placé pour t’en parler 😉 J’ai eu la phalloplastie, donc la construction du pénis. La question des sensations était d’ailleurs quelque chose que je craignais beaucoup avant ma chirurgie. J’ai longuement réfléchit là-dessus. Mais je voudrais te rassurer que, des sensations, il y en a. Ce qui est différent, c’est la façon de les ressentir. C’est assez difficile de l’expliquer et de le décrire, il faut dire que c’est propre à chacun. C’est également un moment d’adaptation et tout un réapprentissage de ses sensations, de ses zones plus érogènes ou non. C’est différent, mais il y en a.

Avec la phallo, le clitoris est encore là mais il est enfoui sous le pénis. Donc, cette structure qui est très sensible aux sensations est toujours présente. Là où ça peut être un peu plus ardu c’est que comme il est sous le pénis, ça peut prendre un moment pour savoir comment se stimuler et avoir de bonnes sensations. L’autre chose aussi est qu’au début, on n’a effectivement pas de sensation dans le pénis. Il faut compter environ un bon 2 ans pour que les nerfs se reconstruisent dans le pénis et avoir une certaine sensibilité pénienne. Pour cette étape, encore là, c’est très différent d’une personne à l’autre. Il y en a qui auront beaucoup de sensation et d’autres qui en auront peu. Personnellement, j’en ai peu, mais je dois prendre en compte le facteur complication, chose que j’ai eu vraiment beaucoup. Mais ça ne m’empêche pas d’en avoir quand même un peu. J’ai juste eu à travailler beaucoup plus que d’autres pour trouver des manières et m’adapter pour trouver ce qui était le plus optimal pour moi. Je rajouterais aussi que quelque chose que j’ai remarqué est que mes zones érogènes ne sont plus centrés à la zone génitale, elles se sont étendues à d’autres endroits sur mon corps, comme mon dos par exemples. Alors ma sexualité est beaucoup plus variée maintenant grâce à ça parce que je peux avoir beaucoup de plaisir avec d’autres parties de mon corps.

Sinon, les orgasmes sont toujours possibles avec la phallo. Encore là, c’est différent pour chacun. Pour ma part, je considère qu’ils sont différents, mais je ne saurais dire en quoi. Là-dessus, je cherche encore à m’ajuster et apprivoiser tout ça. Tu peux aussi lire cette réponse d’une collègue abordant le sujet de l’orgasme chez les gars trans.

Sinon, il existe aussi la métaiodoplastie, qui est de faire un micro pénis à partir du clitoris en lui-même. Ils peuvent ou non fermer la cavité vaginale et faire ou non un scrotum. Dans tous les cas, les terminaisons nerveuses du clitoris sont tout intactes et telles quelles. Les sensations ne sont pas brimées. Les orgasmes et les sensations sont hautement plus naturel qu’avec la phallo qui demande une redécouverte des sensations. Tu peux aussi lire cette réponse de notre collègue Sam à ce sujet.

Une autre info qui peut peut-être t’intéresser est que non, il n’y a pas d’éjaculation avec la phalloplastie. On ne peut pas produire de sperme parce qu’on a pas tout le système de production du sperme. Par contre, dans certains cas, dont le mien, on peut avoir un certain équivalent si je peux le dire vite comme ça. Ce qui se passe, c’est qu’on a certaines muqueuses encore présentes et qui s’occupaient habituellement de la lubrification vaginale. Pour certaines personnes, j’ignore la proportion par contre, elles peuvent être encore assez active pour qu’il y ait un liquide lubrifiant qui coule de l’urètre, donc du pénis quand on est assez excité. Ça peut donner une impression de pre-cum ou d’éjaculation dite « baveuse » (qui ne sort pas en jet). Chaque corps étant différent, cela dépend de plusieurs facteurs!

Voici un article abordant à le sujet des bloqueurs d’hormones en France lorsqu’on a moins de 18 ans, si c’est quelque chose qui peut t’intéresser.

Donc voilà, j’espère avoir réussi à bien couvrir ta question et t’avoir amené les réponses que tu avais besoin. Sinon n’hésite pas à nous demander plus de précision ou de poser d’autres questions.  Bonne chance à toi.

Shinri, bénévole pour AlterHéros

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