Après avoir subi un abus sexuel dans l'enfance, avoir de l'attirance pour les filles est-il normal ?

Bonjour, et bonne année! Voila, j’ai 19 ans et étant plus jeune (13 ans) j’ai été abusée sexuellement par une personne que je connaissais, le problème étant réglé psychologiquement, ( je sais que ce n’est pas de ma faute .. ) je me posais la question à savoir si mon attirance pour les filles était normale. Je m’explique, j’ai un petit copain avec qui je m’entend bien, mais je le fais attendre pour avoir des rapports sexuelle étant donné mon passé. Je ne parviens pas à lui dire Je t’aime ni avoir de marque d’affection .. Par contre, j’ai des amies, collègues avec qui je suis très proches, genre je ne les connais pas depuis longtemps, mais je leur fais des câlins, et tout …Je suis tellement proche d’une collègue que je l’embrasse sur la bouche pour lui dire bonjour et au revoir, ( j’en rêve même la nuit ) et nous jouons au couple devant les clients ( je travaille dans une grande surface ) … Alors ma question étant, suis-je une lesbienne refoulé, bi, hétéro curieuse ? merci d’avance

Marion Téjédor

Bonjour Pearl, et merci de te confier à nous. Nous allons tenter de t’aider le mieux possible.

Si je comprends bien, tu as un petit copain depuis maintenant quelques temps (la durée exacte n’est pas spécifiée), et tu veux attendre avant d’avoir des rapports sexuels avec lui, étant donné ton passé. Que tu veuilles attendre est tout à fait normal, vu ce que tu as traversé.

Maintenant, tu me dis aussi qu’il t’arrive d’être très proche d’autres filles… Il y a de nombreuses questions que j’aimerais te poser pour déterminer d’où vient réellement le « problème », si problème il y a.

Mais tout d’abord, nous allons nous attarder sur deux aspects différents de la situation : tout d’abord, ta relation avec ton copain. Tu me dis « t’entendre bien » avec lui. Tu me dis aussi être dans l’incapacité de lui parler de ce qui t’es arrivé et de tes émotions. À quoi penses-tu que cela est dû? Un manque de confiance ? Un manque d’intimité entre vous? Penses-tu qu’avec le temps tu auras davantage envie de lui en parler ?
Et mis à part le fait que tu aies du mal à exprimer tes sentiments, est-ce que cette relation te comble sur le plan affectif? Ressens-tu de l’attirance sexuelle envers ton copain? Quels sont les sentiments et émotions qui t’apparaissent quand tu t’imagines faire l’amour avec lui? Est-ce de l’envie doublée de peur et d’appréhension, ou n’en as-tu simplement pas envie du tout? Penses-tu que lui en parler pourrait avoir des conséquences positives, comme diminuer ta charge émotive et ta peur d’entrer en relation sexuelle avec lui?

D’un autre côté maintenant, as-tu des fantasmes sexuels?  Si oui, s’orientent-ils majoritairement vers des hommes ou vers des femmes ? (bien que cela ne fasse pas de toi une lesbienne pour autant si tu érotisais des femmes).

Maintenant, lorsque tu penses à tes collègues et aux rapports que vous entretenez, quel est l’effet que cela a sur toi? Ressens-tu de l’attirance pour elles? Quand tu « joues au couple » à ta job avec ta collègue, comment te sens-tu? Quel effet est-ce que cela te fait? Penses-tu que tu pourrais être en couple avec une femme sur du long terme, et que cette relation pourrait te satisfaire affectivement et sexuellement?

Au delà de ça, je ne peux pas te donner de réponse précise quant à ton orientation sexuelle : toi seule peux le découvrir (sans te mettre de pression!!), mais les questions posées plus haut sont des bons moyens de guider ta réflexion et de parvenir à une réponse.

De plus, il est difficile de savoir avec certitude si tu fais un « blocage » envers le sexe masculin, à cause de ce qui s’est passé lorsque tu avais 13 ans (quoi que tu aies dit que le problème était réglé psychologiquement), ou si tu ressens actuellement une attirance envers les filles que tu aurais tout de même ressenti, même si tu n’avais jamais été victime d’abus.
Si tu penses que l’hypothèse du blocage reste plausible, je te conseille d’aller consulter un.e psychologue ou un.e sexologue spécialisé.e sur le sujet de l’abus physique et sexuel. Voici un lien internet, qui te permettra d’avoir accès à un annuaire des psychologues et psychiatres de Belgique (descendre plus bas dans la page): http://www.resilience-psy.com/spip.php?article64

Pour chaque professionnel.le, il y a sa description et sa spécialité : les professionnelles Evelyne Josse, Anne Delorme, et Michèle van Santen semblent avoir la spécialité qu’il te faut! Je t’encourage donc à prendre contact avec l’une d’entre elles, si tu sens que cela pourrait t’aider.
Sinon, il est tout à fait probable que tu ressentes tout simplement de l’attirance pour les filles, sans avoir besoin de chercher plus loin. Alors, « bisexuelle, lesbienne refoulée ou hétéro curieuse » ?  Voici un outil qui pourrait t’aider à te positionner. C’est une échelle d’orientation sexuelle, développée par Alfred Kinsey, et qui te permettra d’avoir une petite idée de l’endroit où tu pourrais te positionner.

0             Hétérosexualité exclusive (46% de la population)
1             Hétérosexualité prédominante, avec quelques expériences homosexuelles
2             Hétérosexuelle préférentielle, avec expériences homosexuelles plus qu’occasionnelles
3             Bisexuel sans préférence (autant de comportements homosexuels qu’hétérosexuels)
4             Homosexualité préférentielle,  avec expériences hétérosexuelles plus qu’occasionnelles
5             Homosexuelle prédominante, avec quelques expériences hétérosexuelles
6            Homosexualité exclusive (4% de la population)

D’après ce que tu me dis, tu pourrais te situer aux numéros 1 ou 2. Cependant, il est important de préciser qu’une personne peut très bien se fixer à un numéro pendant toute sa vie, comme une autre pourrait de déplacer d’un bout à l’autre de l’échelle sans jamais se fixer. Il n’y a pas de modèles types en ce qui a trait à l’orientation sexuelle…

Mais quoi qu’il en soit, les numéros 1, 2, 3, 4, et 5 illustrent tous une forme de bisexualité différente, et représentent environ la moitié de la population. Si tu tiens réellement à te mettre une étiquette, au jour d’aujourd’hui, la tienne serait surement « bisexuelle » au sens large, ou à défaut, « en questionnement ». Mais, encore une fois, les étiquettes sont souvent très restrictives et décrivent une réalité incomplète et hermétique, je te conseille donc d’être prudente et de te forger ta propre étiquette personnalisée en étant à l’écoute de ton corps et de ton esprit!

J’espère que ces quelques mots ont tout de même pu t’aider… N’hésite surtout pas à nous réécrire si tu as d’autres questions!

Prends soin de toi!

Marion.

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