Peut-on transitionner médicalement à 78 ans?

Dire d’emblée que l’on a 78 ans et que depuis la première enfance, on a une addiction au travestissement, n’est pas forcément la façon la plus intelligente de se présenter, sinon de poser une question, là où la tentation (!) est grande, de dire, entretenir plus justement, un regret lancinant de n’avoir point fait de transition tout jeune comme on le pratique au Canada.
Ajouter avoir « raté » toute sa vie professionnelle à cause de cet écartèlement, relève maintenant du doux euphémisme, alors que marié (mais veuf depuis 16 ans !) et père et grand père,
La question serait en fait de savoir si rester convaincu (pour avoir subi sans problème une opération de la hanche – sic !) de ce qu’une transition puisse encore être effectuée vous paraît raisonnable, tant le caractère obsédant à ne se trouver « normal » qu’en fille – et bien dans sa peau – me poursuit (!).
Sinon, existerait-il une voix « moyenne » de féminisation possible, tant le rêve d’une poitrine par exemple, et de hanches, demeure ?

Élyse Vander

Dire d’emblée que l’on a 78 ans et que depuis la première enfance, on a une addiction au travestissement, n’est pas forcément la façon la plus intelligente de se présenter, sinon de poser une question, là où la tentation (!) est grande, de dire, entretenir plus justement, un regret lancinant de n’avoir point fait de transition tout jeune comme on le pratique au Canada.
Ajouter avoir « raté » toute sa vie professionnelle à cause de cet écartèlement, relève maintenant du doux euphémisme, alors que marié (mais veuf depuis 16 ans !) et père et grand père,
La question serait en fait de savoir si rester convaincu (pour avoir subi sans problème une opération de la hanche – sic !) de ce qu’une transition puisse encore être effectuée vous paraît raisonnable, tant le caractère obsédant à ne se trouver « normal » qu’en fille – et bien dans sa peau – me poursuit (!).
Sinon, existerait-il une voix « moyenne » de féminisation possible, tant le rêve d’une poitrine par exemple, et de hanches, demeure ?
Bonjour,
Je vous remercie de la confiance que vous nous portez. Dans votre lettre, on sent tout le regret qui vous habite, cette nostalgie face à ce qui a été et ce qui aurait pu être. Mais on sent aussi qu’une flamme brûle encore en vous, que l’idée de vous réaliser pleinement ne vous a pas abandonnée malgré le poids des années. Vous vous demandez si ce désir en vous est légitime ou est une folie. Laissez-moi vous dire qu’il n’y a aucune honte à avoir et que contrairement à ce que vous dites, vous vous êtes présentée de façon très intelligente. Vous vous demandez ce qui est encore possible pour vous. Est-il possible, à 78 ans, de faire une transition, c’est à dire de commencer les démarches sociales et médicales pour pouvoir vivre en tant que femme? La réponse est évidemment oui, mais je comprends tous les obstacles que vous y voyez.
Au niveau médical, la prise d’hormones est tout à fait possible à tout âge. Ce sont les oestrogènes qui permettent le développement des hanches et de la poitrine, et la féminisation de la peau. Toutefois, leur potentiel varie énormément en fonction de la génétique et de l’âge de la personne. Vous vous demandez également s’il est possible de subir une chirurgie de réassignation sexuelle. Bien que les risques soient plus élevés et que la récupération est plus longue, c’est possible si votre santé est excellente.  À ce que j’ai pu comprendre, le critère le plus important est d’avoir une bonne circulation cardio-vasculaire, de ne pas fumer et d’avoir un poids sous contrôle. Si je peux vous donner cette information, c’est que je connais quelques personnes qui ont transitionné médicalement après 60 ans. Je dois toutefois mettre un bémol et dire que je ne peux vous donner un avis médical et donc que l’avis et la supervision d’un(e) médecin est essentiel.
Vous demandez s’il existe une voie moyenne de féminisation. Ne connaissant pas vos aspirations et besoins les plus fondamentaux, je ne peux vous répondre. Ce que je sais toutefois, c’est qu’il est possible de procéder à petits pas dans une transition, de façon prudente. Peut-être le premier pas serait-il de rencontrer une personne de confiance, qui connait le phénomène trans et les réalités du milieu. À mon avis, le principal obstacle auquel font face les personnes âgées trans n’est pas médical mais social. Souvent dans une situation où leur autonomie est réduite, les personnes âgées en transition risquent d’être ignorées, voire dénigrées par leur entourage et par le système médical. De là l’importance de s’armer d’une grande dose de détermination et d’avoir des alliés à travers toutes ces démarches. S’il ne s’agit pas de vos proches actuels, ça peut être des amis, des intervenants communautaires d’un organisme trans ou un(e) psychologue spécialiste en matière de transsexualité. Ce dernier pourra d’ailleurs vous munir des lettres d’autorisation nécessaires pour obtenir certains traitements médicaux. Et si jamais vous faites face à de l’âgisme (discrimination basée sur l’âge), un(e) avocat ne serait pas de trop non plus. Pour vous entourer de bonnes ressources, je vous suggère d’entrer en contact avec l’organisme LGBT de votre région. Je ne peux vous diriger de façon plus précise car j’ignore où vous vivez, mais n’hésitez pas à nous réécrire si vous avez d’autres questions.
Merci encore de votre confiance, et bon courage!
Élyse, pour AlterHéros

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