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29 mars 2024

Témoignage - Pas de chance en amour

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu cette différence en moi. Pourtant, j’avais l’air tellement «normale» et j’agissais de la sorte, mais au fond de moi c’était la confusion totale.

AlterHéros

Je ne savais pas quoi faire alors pour ne pas me faire remarquer, je m’isolais et je ne parlais avec personne. Dieu seul sait comment pénible j’ai trouvé mon enfance. J’étais, comment dire, mal habillée. C’était pour cacher ma personnalité. Maintenant je bats les records de la fille la plus sociable… Mais bon… Au début, je me sentais normale, j’étais une fille comme les autres; pas plus pas moins. Mais chaque fois que je croisais une super fille, je ne savais pas quoi lui dire, alors je ne parlais pas. Subtilement, j’essayais d’aller la voir pour m’approcher d’elle. C’était sans savoir que j’avais une attirance envers les filles. Le primaire a été normal, mais pénible à cause de ma gêne.

En entrant au secondaire, tout allait bien, du moins avait l’air. Je me souviens que j’ai connu cette fille qui était à côté de moi dans les cases. On avait les mêmes cours, sauf en musique parce qu’elle était en arts plastiques. Au début, on ne se parlait pas, mais après on s’est mis à se parler de plus en plus pis on a fini par partir ensemble de l’école. J’allais toujours au coin de sa rue et je m’en allais chez moi. On parlait de tout de ce qu’on avait le jour avant nos fins de semaines, tout. Mais arriva ce qui devait arriver, j’ai commencé à avoir une attirance vers elle. Elle m’intéressait plus qu’une simple amie. Un jour, j’ai eu cette image de moi en train de l’embrasser et je l’ai tout de suite effacée en me disant que c’était seulement dans ma tête.

Je ne voulais pas être aux filles. Bref, un jour elle m’a demandé si je voulais encore prendre le même chemin. Je ne voulais plus traîner avec elle alors je lui ai dit que ma mère ne voulait pas que je traîne et que je devais rentrer. Je lui ai sorti ça pendant 3 semaines jusqu’à ce qu’elle ne vienne plus me le demander. Je me sentais moche d’avoir fait ça… Maintenant, je ne sais même plus où elle est. À ce qu’on raconte, elle est allée vivre avec son père. Je l’ai vue une couple de fois. Les premières fois, c’était à la piscine et c’était elle qui m’avait saluée. Après, je l’ai revue un an plus tard à la même piscine, sauf que je pense qu’elle ne m’a pas reconnue quand je lui ai parlé. Je l’ai aussi revue dans l’autobus.

En secondaire 3, je n’avais pas tellement changé depuis le primaire. J’étais la même fille avec la même attitude, sauf que j’ai commencé à faire des niaiseries comme l’alcool et la cigarette. Les filles avec qui je traînais étaient toutes féminines, très féminines, tandis que moi j’étais masculine et mal habillée, grosses lunettes, gros chandail. Mais bon, ces filles-là ont essayé de me changer, mais ce n’était pas moi. Je ne me reconnaissais pas là-dedans : habillée fille, coiffée, blabla… non. J’avoue que des fois ça ne fait pas de mal de s’arranger, mais moi j’aime le simple, être confortable, pouvoir bouger librement. Un jour une de mes amies me questionna sur MSN (parce que je venais de lui parler d’une autre fille) si j’étais lesbienne et si j’aimais l’autre fille. J’étais complètement sans voix. Je ne savais pas quoi lui répondre.

Je m’étais déjà questionnée sur mon orientation, mais j’avais nié et rejeté cette possibilité. Maintenant, quelqu’un me le demandait, sûrement parce qu’elle avait vu quelque chose de bizarre dans mon comportement. Je lui ai alors répondu oui, mais que pour la fille, je ne savais pas si je l’aimais. Elle m’a répondu qu’elle m’acceptait et que je pouvais compter sur elle. C’est la première à qui je l’ai dit. Ça m’a pris deux ans avant de l’avouer à quelqu’un d’autre : un gars qui m’avait dit qu’il était bisexuel. J’ai alors saisi cette chance et je lui ai dit que j’étais aux filles. Ensuite, j’ai pleuré parce que ça venait enfin de sortir. Après ça, j’ai pu le dire à de plus en plus de personnes dont ma sœur.

L’affaire, c’est que j’étais tombée en amour avec une fille de ma classe et par l’intermédiaire de mon ami, oui le gars, je lui envoyais des lettres d’amour anonymes. À la troisième, j’ai vu qu’elle aimait les gars, alors j’ai arrêté. Un jour, elle est arrivée à l’école et elle a embrassé un gars, son chum. J’ai tellement pleuré. Si ce n’avait pas été de mes lettres, elle n’aurait jamais eu de soupçon sur lui. Quand je lui ai dit que je l’aimais, la première chose qu’elle a répondu c’est que je lui avais gâché sa journée. Il faut la comprendre, elle était sous le choc. Ensuite, elle s’est excusée parce que qu’elle embrassait son chum devant moi et qu’elle allait faire en sorte de ne plus le faire. Quand même son chum faisait exprès de l’embrasser devant moi, mais qu’est-ce que vous vouliez que ça me fasse. Je l’aimais toujours, mais il fallait me faire à l’idée qu’elle n’était pas intéressée. C’est la vie. Je m’en suis remise.

Plus tard, je l’ai dit a mes parents, mais je préfère oublier cette étape.

Ensuite, j’ai eu un kick sur une amie de ma sœur. Je lui ai dit et j’ai pleuré. Encore une autre fille inaccessible. J’ai eu nombre de kicks et la plupart, je ne leur ai pas dit. Ensuite, je suis rentrée dans un groupe et pour pas leur nuire je ne dirai pas de quoi il s’agissait. J’étais bien là-dedans. J’ai eu beaucoup d’amis et j’ai montré la véritable moi, même si à l’école j’étais pas mal déjà sortie de ma coquille. J’allais à une école pour adultes : Marie-Anne. Le fait est que dans ce groupe j’ai eu du plaisir et plus que ça avançait, plus que j’étais une personne appréciée, mais je me sentais terriblement seule. J’ai fini par aimer une fille plus vielle que moi, sauf que je pense que ça n’a pas été une bonne idée de lui dire que je l’aimais. J’ai eu aussi un kick sur une fille 4 ans plus jeune que moi, mais elle quand je lui ai dit ça a été correct et on n’en a plus jamais reparlé.

Plus tard dans ce groupe, j’ai commencé à parler avec une fille super sympa. Elle savait pour moi. Tout le monde dans ce groupe le savait au fond. Je me souviens quand je lui ai parlé : c’était dans un concert gratuit de Molson Dry et il y avait Q-Banito, Mentake et Marabu. Elle a commencé à me parler de sa relation avec un autre gars qui avait foiré pis je me suis demandée depuis quand elle me racontait ses histoires. On s’était déjà parlé lors d’une activité de financement dans un magasin et dans des sorties et des soirées, mais jamais une conversation de ce genre. J’étais contente et je me souviens que quand je l’ai vue, mais vraiment vue je me suis dit qu’elle avait quelque chose d’attirant. Je me suis tout de suite enlevé cette idée parce que j’étais encore aveuglée par une autre fille.

Après, les sorties sont devenues fréquentes. Elle venait toujours coucher chez moi. Moi j’aimais qu’elle soit là parce que d’une certaine façon elle complétait ma vie. Elle a été là pour moi dans les moments les plus difficiles, les plus joyeux et les plus banals de ma vie. Elle était devenue ma meilleure amie. J’étais toujours avec elle. On sortait partout. Un jour pour la remercier je lui ai fait un cadeau : un cube en cristal avec le dessin de son instrument. Je savais qu’elle l’avait cherché partout sans résultat et c’était moi qui l’avais trouvé. Je me suis sentie tellement bien. Juste à voir son visage s’illuminer à la vue de son cadeau, ça faisait ma journée. J’ai commencé à comprendre que je l’aimais plus qu’une amie. Le plus drôle c’est que sa mère l’avait remarqué, vraiment cool sa mère, et quand j’ai décidé de lui dire, c’était par une lettre. Je ne suis pas bonne à dire les mots. Ensuite, elle m’a dit que j’avais le droit de l’aimer, que c’était normal. Non mais c’est toute une fille. C’est pour sa que je l’aimais. Mais arriva une bourde.

Je me sentais tellement mal parce que je l’aimais que je changeais d’attitude envers elle. Un soir, je lui ai sorti une connerie sur son passé. Je pense que c’est là que ça a commencé. Par la suite, on est allé dans un club et j’ai trop bu, alors j’ai commencé à pleurer devant tout le monde. Je ne sais pas d’où c’est sorti l’histoire que j’étais jalouse. Je ne pleurais pas parce que j’étais jalouse, mais parce que je savais que je n’allais jamais l’avoir. Elle ne voulait pas me parler et moi j’essayais et j’essayais, le lendemain, le jour d’après, mais rien… Je ne voulais que son amitié et la maudite merde a été que les autres s’en mêlent ainsi que l’école et moi j’ignorais ce que je faisais. Je voulais son amitié et j’étais prête à tout. J’ai insisté à cause de tous les blabla… S’il n’y avait pas eu du monde qui avait parlé sans cesse de ça, on n’en serait pas la maintenant. Et vous vouliez que je fasse quoi, que j’abandonne après tout ce qu’on avait vécu… Non. Cette fille-là était la meilleure amie que j’ai pu avoir et ce qui était beau c’est que je l’aimais pour vrai et c’était grâce à l’amitié que j’avais pour elle, sinon je l’aurais remarquée bien avant… Maintenant, on ne se parle plus… mais bon… même après tout ce qu’elle a pu dire et faire contre moi…. les mensonges qu’elle inventait pour se défiler… je l’aime toujours.

Maintenant j’ai un vide que je n’arrive pas à combler avec personne, aucune activité, rien du tout. C’est sa place et ça le sera pour toujours. Elle est irremplaçable… Je ne lui en veux pas. Je ne suis pas rancunière…OK d’accord, c’est vrai qu’au début, j’ai dit des choses qui allaient contre moi, mais c’était sur le coup de la colère, c’est normal. Pis j’ai eu beaucoup de misère à reparler à du monde. J’avais encore trop mal. Mais là c’est mieux, ce qui ne change pas, quand même que quand je la vois je me sens si triste et j’ai tellement envie de pleurer. Elle m’a vraiment beaucoup marquée. En mon intérieur, mon cœur pleure encore. Le jour où je me suis fait opérer à l’appendice, j’aurais voulu qu’elle soit avec moi pour me dire ses paroles si réconfortantes. J’aurais voulu qu’elle soit avec moi dans ce moment si pénible… mais non. D’ailleurs personne n’est venu, juste ma famille. Sauf qu’au moment où je partais me faire opérer, il n’y a eu personne pour me dire que tout allait bien se passer. Je me le suis dit à moi-même. J’aurais voulu qu’elle soit la personne qui me dise ça… et qui m’attendrait après l’opération. Mais il n’y a eu personne. Après on vient me dire qu’ils sont mes amis. S’ils avaient été à ma place, je serais venue…

Mais bon, quand la bonne fille arrivera, je vais l’aimer et je ne referai pas les mêmes erreurs qu’avec mes kicks ou amours d’avant. Je vais l’aimer comme si chaque jour était le dernier. Faut pas perdre espoir et si je dois pleurer je pleurerai, car aucune larme n’est un mal, mais plutôt une preuve qu’on a encore des sentiments.

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