7 février 2007

Témoignage - Lettre à mon meilleur ami

Je n’arrive pas à oublier. Fred, un nom qui n’est sorti qu’une fois en ta présence, même là je n’ai pas été en mesure d’expliquer de vive voix ce que ce nom représente pour moi. La douleur est encore trop forte pour que face à quiconque, je raconte ce qui signa le début de la fin….

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Je n’arrive pas à oublier.

Fred, un nom qui n’est sorti qu’une fois en ta présence, même là je n’ai pas été en mesure d’expliquer de vive voix ce que ce nom représente pour moi. La douleur est encore trop forte pour que face à quiconque, je raconte ce qui signa le début de la fin… et l’obligation de créer le renouveau. Le renouveau de cette vie qui s’est effacée (tu vas peut-être mieux comprendre ma poésie…)

J’ai envie d’inscrire un titre à cette aventure, je pourrais peut-être l’appeler: Comment détruire psychologiquement un être humain en peu d’étapes.

Finalement, considérons que ce qui suit n’a pas de titre. Lui donner un titre c’est lui donner une importance et Fred n’en serait que trop fier.

J’ai fait mon coming-out complet face à ma mère seulement cet été.
Ça te donne tout de suite une idée.

Secondaire 5

J’ai 16 ans. Et je suis amoureux.

Nom : Vincent
Âge : même chose que moi
Aspects physiques : blond, yeux bleu clair, à peine plus petit que moi et terriblement beau.

Plus jeune, je me savais attiré par les garçons sexuellement, mais je n’avais eu des sentiments que pour les filles.
Plus jeune, je me savais déjà mélangé.

Mais cette fois.
Mais cette fois Fred n’est pas seulement une attirance physique.
Cette fois, je n’ai pas l’intention de rater l’occasion.

Dans la cour où tout le monde discute après la classe.

Ce jour-là j’ai pris mon courage à deux mains.
J’ai pris le convoité à part des autres.
Je lui fis une maladroite déclaration.

La réponse fut évasive.
Pantois sur le béton, je suis resté seul.

Le jeu était risqué
Mes amis me savaient gai
Mais de son côté, je n’avais aucune idée!

Je l’ai vu s’éloigner vers ses amis.
Ces amis qu’on ne partageait pas.

Deux semaines s’écoulent

Sans nouvelles.
Je crois avoir fait la bêtise du siècle.
Je le fuis donc.
On ne reste pas dans les jambes de celui qui détient un secret tel que celui-là.

Mais il s’approche!
Que me veut-il?

« Vincent, je veux bien aller le prendre ton café… »

Pardon?
Il accepte?
Suis-je schizophrène? j’entends des voix!

Il avait bien répondu positivement à la demande faite deux semaines auparavant.

Un mois et 2 semaines.

J’ai eu avec ce gars-là des discussions comme j’en avais rêvé.
Des fous rires monstres.
C’était bien mon « chum ».
Mais on ne le disait pas.
Moi je n’aurais jamais eu de problème à afficher ce bonheur.
Mais je le suivais.

Un mois et 2 semaines…

J’avais un chum!
Je me foutais s’il se disait mal à l’aise.
Je me foutais s’il ne voulait pas m’embrasser.
J’avais un chum!

Un mois et 2 semaines…

Je n’avais plus de discorde avec mes amis.
Je n’avais plus de problèmes
Tout flottait.
Je flottais.

Un mois et 2 semaines plus tard…

J’entre dans la cafétéria pour rejoindre mes amis.
Moi et mes amis avons toujours la table tout de suite à la droite de la sortie.
Un endroit permettant à celui qui arrive dans la cafétéria d’être caché par le mur.
Mais je pouvais entendre bien sûr ce qui se dit, au moins à la première table.
Justement où mes amis sont installés.

Je me suis déjà brisé un bras.
Tu cries.
Mais ce n’est que physique.

Et ce moment-là, je peux l’affirmer, mon cœur a cassé.
Tu sens la douleur tout autrement.
Le souffle coupé.
Tu ne peux cesser d’écouter.
Tu te dis : « Non…ils ne parlent pas de moi ».

Quand on dit que les mots causent les pires maux…

« Mathieu a perdu, Fred a duré plus longtemps que prévu hein?!? Hahaha. »

Seule cette phrase se répète en mon esprit, telle un mantra
Non…ils ne parlent pas de moi…

« Tu me dois 5 piastres… »

Non…ils ne parlent pas de moi…

« Neunon, tu as gagé…tu paies… »

Non…ils ne parlent pas de moi…

« Comment il peut être aussi cave cet enfant-là…comment il fait pour jouer le jeu encore!?! »
« Il veut vraiment gagner!»

Dites qu’ils ne parlent pas de moi par pitié!

Je m’avance.
Ils me voient maintenant.

« Shhhhhuuut! Vos gueules! »

Oui Vincent… ils te font l’honneur de parler de toi!

L’effondrement.

C’est vraiment ce qui nomme le mieux ce moment de ma vie.
Pourtant si bref, mais Ô combien lourd.

Zéro estime de soi
Zéro confiance en qui que ce soit
Zéro joie de vivre
Zéro … je ne suis plus rien
Je ne valais plus rien.

Tout ça parce que le jour de ma déclaration à Fred.
Après la nébuleuse réponse.
Il est allé en a parlé à son ami Phil.

J’ignore comment la situation a dégénéré de la sorte.
Mais le fait est que ça a fini en gros pari sportif.

Misez sur la question suivante :
« Combien de Temps Fred et Vincent resteront ensemble? »

Phil avait poussé l’autre au défi de passer pour un gai
Et de me faire durer le plus longtemps possible.

Mêmes mes amis les plus proches ont parié.

Je suis sûr de t’avoir dit une fois que mes amis sont ce que j’ai de plus précieux.
C’est vrai, comme ce l’était à cette époque…
Une époque pas si lointaine au fond.

J’ai tout perdu d’un coup.

Mes amis
Mon chum
Je me suis perdu.

J’ai 2 ans de thérapie dans le corps.
Je ne m’en vante pas mettons.

Mais encore aujourd’hui tu vois.
Je souffre encore des restants de ça.
Je souffre de ce rejet.
Je peine à courir après le « Moi ».

J’ai retrouvé une fierté.
Je suis conscient de mes succès et je suis moins atteint qu’avant mes échecs.
Mais le plus dur, c’est dans l’interpersonnel.
Pas l’amical.
J’ai su retrouver confiance en mes amis
Mais pour celui qui aspire à plus.
À celui qui veut déballer mon cœur.
Je lui dis bonne chance.
Car, je n’ai même pas osé le faire moi-même encore.

Merci mon ami, merci de me lire, merci d’Être.

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