28 mars 2024

L'amour, ce mystère!

On dit souvent que la première impression dit tout sur une personne, mais les apparences sont trompeuses et j’en suis un excellent exemple. Quand les gens me voient ils se disent: garçon manqué, butch, travesti, lesbienne… mais je n’ai que faire de leurs minables insultes. Celui qui pointe une personne du doigt se pointe réellement lui-même.

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On dit souvent que la première impression dit tout sur une personne, mais les apparences sont trompeuses et j’en suis un excellent exemple. Quand les gens me voient, ils se disent : « garçon manqué, butch, travesti, lesbienne… » mais je n’ai que faire de leurs minables insultes. Celui qui pointe une personne du doigt se pointe en réalité lui-même du doigt. Rares sont ceux qui voient plus en moi et n’hésitent pas à me parler. En fait, la majorité des gens qui me jugent avant de me connaître sont surpris de ma personnalité qui a su en toucher plus d’un. Derrière ce masque de fille tom boy, qui a l’air d’être batailleuse et provocante, se cache une fille sensible, bien intentionnée et fidèle à ses amis, tranquille, enjouée, passionnée et artiste.

Une fois, j’ai écrit le parcours de ma vie. De mon enfance à mon questionnement sur mon orientation sexuelle, de mon acceptation à plus récemment. J’ai raconté mes déceptions amoureuses, mes folies dues à mon chagrin, l’abandon de certaines personnes que je pensais être mes amies. Peut-être ai-je parlé de mon coming-out à mes parents, mais je ne m’en rappelle pas. J’en garde un souvenir très amer car je ne m’attendais pas à ce qui s’est passé.
En fait, pour être plus honnête, ce n’est pas moi qui le leur ai dit mais plutôt ma mère qui m’a demandée si j’étais comme la fille dans le film « La confession de Jeanne » qu’on avait vu quelques jours plus tôt. J’ai vu qu’elle ne voulait pas prononcer le mot « lesbienne ». Au début, elle a dit que ça ne la dérangeait pas. Mon œil ! Deux jours plus tard, comme je revenais tard d’une sortie, elle a piqué une crise et a mis en désordre ma chambre en jetant mes affaires par terre, déchirant mes posters (depuis ce jour, je n’ose plus en poser) et criant que ce n’était pas normal, que je ne savais pas ce qu’était l’amour. Dans une totale confusion, je me suis juste réfugiée jusqu’à l’aube dans ma bulle. Je ne parlais plus. Je faisais semblant de ne pas les entendre, de ne pas sentir les claques que ma mère me donnait pour me réveiller. Je chantais une chanson et me parlais à moi-même. J’éprouvais un plaisir fou à voir la tête de mes parents et de ma sœur qui paniquaient en pensant que j’avais perdu la raison et qu’il fallait immédiatement appeler une ambulance. Je venais d’avoir ma vengeance. C’était l’une des trois rares fois que je me suis confiée à mes parents dans ma vie. Jamais je ne me confie à eux parce qu’ils ne savent pas écouter. Ils jugent et ne comprennent personne à part eux-mêmes.

Mais bon, je ne suis pas là pour parler de mes parents pendant des heures et des heures. Aujourd’hui, je me confie sur ce qui est arrivé ces dernières années.

Il y a trois ans de ça, ma meilleure amie m’a abandonnée après que je lui ai avoué mon amour pour elle. Non, elle n’est pas partie à cause de ça ! C’est que nous avons eu une chicane. Il s’est passé un événement que j’essaie d’oublier. Alors, elle a pris peur et elle est partie. J’ai été triste, abattue puis en colère, triste, puis encore en colère. Cette histoire avec elle m’avait tellement marquée que je ne faisais pas facilement confiance aux autres. Je n’avais même plus confiance en moi. J’étais triste et perdue. Une personne m’a tendu la main. En fait, plusieurs personnes.

En premier, le psycho-éducateur qui, très bizarrement, était plus de mon bord que de celui de mon ex-meilleure amie. J’ai passé des heures dans son bureau à pleurer mon malheur, à me confier, à rire avec lui. Je le voyais tous les jours. Toutes les raisons étaient bonnes pour manquer un cours que je n’écoutais pas, pour aller le voir et me confier. C’était toujours la même histoire. Pourquoi est-elle partie ? Pourquoi ne veut-elle plus me voir ? J’avais tout donné à cette fille. Je lui avais donné un toit où habiter pendant trois mois. Je l’avais nourrie. Ma mère n’était pas d’accord mais la laissait vivre chez nous parce que ça me rendait heureuse. Puis, elle me remercie comme ça ! Je devrais la détester à cause de ça, mais ce n’est pas le cas.

La deuxième personne qui m’a tendu la main est mon meilleur ami, Sébastien. C’est grâce à lui que j’ai pu me sortir de cet enfer. Il me tenait occupée à l’école. Partir fumer dehors, jaser dans le bureau du psy, bref ! Au début, quand il se disait mon meilleur ami, je n’en faisais pas autant. Je ne voulais même pas le voir en-dehors de l’école. On m’avait blessée comme amie et je ne voulais pas que ça se répète. Puis, un jour, je lui ai que j’étais lesbienne. Il était surpris. Le lendemain, il m’a dit qu’il avait un œil sur moi. J’étais surprise, mais bon, ça lui est passé.

Quelques temps plus tard, je suis retournée à ce groupe de discussion où j’avais déjà été quelques années plus tôt. « Jeunesse Lambda » m’a permis de découvrir le milieu homosexuel, trans, bi, etc. Grâce à cet organisme, j’ai connu d’autres personnes qui m’en ont fait connaître d’autres extraordinaires. De là, j’ai changé. Je suis devenue une fille plus confiante mais la blessure était toujours en moi. À ce qu’il paraît, ça se voit dans mes yeux. J’ai su séduire des gens avec ma personnalité. J’en ai « homosexualisé » d’autres ! Puis, j’ai recommencé à aimer.

Cet amour était comme l’autre, il faisait mal. La nuit, je pleurais en me disant : « Non, je ne l’aime pas ! Je ne peux pas. » Mon cœur était toujours fermé à cause de l’ancienne blessure. Cette fille, je ne l’ai pas aimée dès le premier instant. La première fois, je ne lui ai pas parlé directement. J’ai avoué la trouver à mon goût dans un jeu de questions qu’on faisait. Je ne pensais pas la revoir. Puis, une de nos amies en commun m’a invité à une fête que la fille faisait pour inaugurer son appartement. J’y suis allée et j’avais tellement bu que je faisais n’importe quoi. Pour le jeu « vérité ou conséquence », on s’est embrassées. Là encore, je n’étais pas amoureuse d’elle. Je pensais même l’avoir traumatisée. À ma grande surprise, elle a voulu me rajouter sur MSN. Alors, on a jasé et je pensais à ce baiser idiot dans ce jeu stupide. J’aurais voulu que le baiser soit vrai.

Une fin de semaine, je suis partie en camp d’hiver avec projet 10. Je n’étais pas contente parce que je pensais toujours à cette fille. Je me suis faite à l’idée, je l’aimais. Mais dans ce camp, j’ai connu une fille gentille et drôle. Elle acceptait les homosexuels, son frère en étant un. J’ai craqué pour elle et sa façon de voir les choses et j’ai oublié l’autre. Quand le camp s’est terminé, j’étais un peu triste mais je venais de me faire de nouveaux amis. Je pensais à cette nouvelle intruse dans ma vie et je ressentais quelque chose en moi mais il y avait l’autre aussi qui était de nouveau présente en moi. Quelle galère ! Je ne savais plus quoi faire. Puis, la nouvelle est partie en voyage et l’autre était toujours là. Les jours passaient et elle me plaisait. Chaque mouvement, chaque parole me plaisaient. J’aimais son côté fille fragile et son côté « fichez-moi la paix ». Elle avait plein de défauts et moi, je l’aimais malgré tout.

Un jour, je suis restée coucher chez elle. J’étais dans sa chambre sur son lit avec elle et je l’ai sentie se lever pour aller travailler. J’étais toujours bouleversée de l’aimer et ce qu’elle a fait n’a pas arrangé la chose. Je faisais semblant de dormir et, de nulle part, avant de partir, après m’avoir regardée pendant quelques secondes (je n’avais pas complètement les yeux fermés), elle s’est penchée et m’a donné un bec sur le front. Misère ! J’ai senti toutes mes entrailles se presser et ai été parcourue d’un frisson. « Oui, je l’aime ! » me suis-je dit et, quand elle est partie, j’ai pleuré silencieusement en me demandant pourquoi diable elle avait fait ça. Ensuite, les choses ont été encore plus bizarres. D’après les autres, tout portait à croire qu’elle était intéressée par moi mais n’osait pas le dire. On essayait de me remplir la tête de faux espoirs. Ça a marché à moitié. Une partie de moi l’espérait et l’autre savait que ce n’était pas ça.

Puis, un jour, je lui ai dit que je commençais à ressentir plus pour elle. Un autre jour où tout le monde avait un peu trop bu, elle m’a avoué qu’elle aurait voulu m’aimer plus qu’une amie mais que ce n’était pas le cas, qu’elle avait été conne de m’avoir rempli la tête d’espoirs. J’avais le cœur brisé. Ma raison était dans le vrai ! Même encore après, on me remplissait la tête de l’espoir que, peut-être un jour, elle viendrait vers moi. J’essayais de ne pas les écouter mais juste penser que, peut-être quelque chose était possible entre nous, me remplissait un vide. Mais le vide était toujours vide malgré ça. Des choses arrivèrent qui auraient pu briser notre amitié. J’étais à bout, je n’étais plus capable de la voir et j’ai essayé de m’éloigner d’elle, Dieu seul sait combien j’ai essayé. Mais plus je voulais m’éloigner, plus je me rapprochais d’elle.

Puis, le jour qui brisa encore plus mon pauvre petit cœur déjà brisé par plusieurs événements arriva. Elle venait de rencontre un gars. Elle dansait avec lui et l’embrassait. J’étais jalouse. J’ai pleuré ! J’avais l’air d’une conne dans le club à pleurer comme un bébé. Du monde essayait de me réconforter mais rien à faire. Il me fallait elle. Quand j’ai voulu partir, elle n’était plus là. Elle était partie toute seule chez elle alors j’ai fait pareil en espérant qu’elle était peut-être encore dans le métro à attendre. En arrivant au métro, elle était là. Assise par terre en écoutant son iPod. J’ai fait semblant de ne pas la voir et quand le métro est arrivé et qu’elle s’est levée, elle m’a vue et est venue me voir. Lorsque nous faisions le chemin ensemble, elle m’a raconté que c’était sa plus belle soirée. Je l’écoutais, en bonne amie que je suis. Puis, elle a remarqué mon air triste et m’a demandée ce qui n’allait pas. Je lui ai dit qu’en effet, il y avait quelque chose qui n’allait pas mais que je n’allais pas le lui dire car je ne voulais pas pleurer encore une fois. Puis, en sortant à ma station, après lui avoir dit au revoir et bonne nuit, les larmes me sont montées aux yeux et, encore une fois, je me suis mise à pleurer comme une conne en plein public. Je n’avais personne pour me consoler. Alors, j’ai trouvé la consolation en écrivant une cinquième chronique que je m’amuse à publier sur mon profil Facebook. L’inspiration était là. La soirée que j’avais vécue était tombée pile poil. J’étais heureuse de mon exploit mais ce bonheur se dissipa peu à peu après que j’ai eu fini et les larmes revinrent. J’ai passé la nuit à me lamenter, à haïr ce gars qui avait été avec elle.

Cette haine m’envahissait tous les jours depuis et je savais que ce n’était pas correct parce que je ne le connaissais même pas. Je m’étais faite une idée sur lui qui resta pendant de longues semaines. Quand elle essayait de parler de lui, je lui disais gentiment que je ne voulais pas savoir et que ça me faisait mal. Pour la fête d’un ami, je savais qu’il allait être là, je ne voulais pas le voir et j’étais triste. Mais pour elle, parce que je l’aime beaucoup, j’ai affiché mon plus beau sourire et je me suis amusée toute la soirée sans down ni rien, juste un fichu mal de dos que j’avais depuis un bout de temps. Au club, il n’est même pas resté longtemps et quand il est parti, j’étais toute contente. Même si je les ai vus s’embrasser encore une fois, pour elle, je suis restée forte. A la fin de la soirée, elle m’a dit qu’elle était contente de me voir heureuse enfin car depuis quelques temps, j’affichais un air triste. Mais la douleur était là et je la refoulais. Je devais accepter l’autre pour elle mais c’était difficile car je l’avais déjà jugé, chose que je ne fais jamais avant de connaître mieux une personne.

Puis, une autre fête est arrivée et il était là. J’essayais de ne pas porter attention à leurs gestes mais ça me déchirait le cœur de la voir avec lui. Mes larmes, je ne pouvais plus les retenir et à chaque instant que je n’avais pas en main le tuyau de la shisha pour fumer, je partais soit dehors, soit aux toilettes pleurer. Aux toilettes, elle est venue cogner à ma porte mais je ne voulais pas parler. En plus, je ne pouvais pas ouvrir la porte parce que j’étais sur le bol. Ensuite, je suis sortie fumer une cigarette et tout le monde, tour à tour, est venu me voir pour m’apporter des paroles que je ne voulais pas entendre. Je voulais qu’on me fiche la paix et qu’on me laisse souffrir seule. J’ai été comme ça toute la soirée jusqu’à ce qu’on s’en aille et qu’il parte de son côté. La peine est repartie aussitôt en peu de temps, jusqu’à ce que j’arrive chez moi et que je pleure à nouveau. Alors je l’ai haï encore plus. Je ne l’aimais pas. Plus tard, un ami nous a invitées à passer trois jours chez lui, en-dehors de Montréal, et il allait être là. Alors j’ai essayé de penser à une façon de l’envoyer promener mais je n’en étais pas capable. Je n’avais plus de force pour le haïr sans raison. Alors, pour elle, pour notre amitié, j’ai décidé de lui donner une dernière chance pour le juger. J’ai bien fait car il n’était pas celui que je pensais. Il l’aimait et elle l’aimait. Ça m’a fait très mal mais je l’ai accepté. Son bonheur fait le mien. Il était super drôle et gentil. Je ne le haïssais plus. C’était fini. J’étais contente car je n’aime pas ce sentiment. J’ai dit à mon amie que j’aimais bien son chum et qu’il n’était pas ce que je pensais, que je m’étais trompée.

Je ne pensais jamais être à un tel point amie avec une personne que j’aime autant. Aujourd’hui, notre amitié est forte et ce, grâce à tout ce qui s’est passé ces derniers mois. Mon amitié pour elle est aussi forte que ce sentiment que j’ai pour elle et c’est ce qui fait que je peux me tenir debout face à cet obstacle que la vie m’a imposé. Elle est avec lui et non avec moi, et alors ? Ça me réjouit de la voir heureuse et c’est ce qui compte le plus à mes yeux, voir mon entourage heureux et en forme. Mes amis passent avant toute autre chose et peu importe le jour ou l’heure, je suis là pour eux. Je suis là pour vous, je suis là pour toi !

 

 

 

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