Bonjour Nancy,

Il n’est pas toujours facile d’intervenir dans ce genre de situation et pourtant cela me semble primordial. D’un côté un enfant et de l’autre des parents qui veulent son bien… que faire ?

Il est certain que retirer tous les jeux ayant un côté traditionnellement féminin serait très ardu et surtout peu enrichissant à la fois pour l’enfant et pour les autres enfants du groupe. De nos jour, il est important de ne pas perdre de vue que le fait qu’un enfant s’intéresse à des jeux plus traditionnellement associés à un autre genre n’est pas négatif ni anormal.

La peine d’un parent de voir son enfant s’intéresser à une chose que l’on n’approuve pas nécessairement est difficile à surmonter, mais obliger l’enfant à jouer à des jeux traditionnellement associés aux garçons ne serait peut-être pas dans son intérêt non plus. Cela pourrait même blesser plus grandement l’enfant qui ne comprendra pas pourquoi les autres peuvent jouer avec d’autre jeux alors que lui se les voit interdire.

Vous amenez le point de vu d’une psy qui affirme que l’enfant n’accepte pas son corps de garçon. C’est peut-être le cas, et cela peut être temporaire ou pas du tout, mais dans tous les cas, brimer l’enfant ne risque pas de l’aider ou de l’empêcher d’aller dans certaines directions. Par exemple, si l’enfant était trans, le forcer à jouer à des jeux de petit garçon ne le «guérirait» pas: cela risquerait plutôt de le blesser dans ce qu’il est au plus profond de lui-même.

Si l’enfant est à un âge où il peut verbaliser ce qu’il ressent, essayez de comprendre ce que représente ces jeux pour lui. Est-ce une question de goût ? Est-ce qu’il ne s’identifie qu’au monde des filles ? Est-ce qu’il est lui-même une fille ? Est-ce qu’il s’intéresse également à des jeux dits «de garçon» ?

Plusieurs personnes pensent qu’en éloignant les jeux de filles d’un enfant, on arrivera à en faire un «vrai homme». Si la situation était inverse, et que des parents vous demandaient de retirer les jeux «de garçons» à une petite fille, que feriez-vous ?

L’intervention vise surtout à rassurer les parents et à leur faire comprendre qu’il est important de ne pas perdre de vu l’importance de l’ouverture d’esprit ainsi que l’acceptation de l’individu qu’est l’enfant. Forcer l’enfant dans une direction ne lui ferait probablement aucun bien, malgré le fait que cela peine les parents.

Il peut être intéressant de donner l’occasion à l’enfant d’explorer plusieurs jeux différents. Si jamais il s’avère que l’enfant, effectivement, ne s’identifie pas du tout à son sexe assigné à la naissance et déclare être une fille, les parents ont le choix entre deux décisions : lui faire accepter de force son sexe assigné à la naissance (garçon) ou l’amener à exprimer sa véritable identité de genre. Tout dépend également de l’orientation théorique de la psychologue qui a vu l’enfant : certains psychologues croient encore qu’il faut faire accepter de force leur sexe assigné à la naissance à l’enfant… alors que ce n’est absolument pas la meilleure chose à faire.

Vous faites face à une situation très complexe, et nous espérons vous avoir un peu aidé !

Inge, équipe AlterHéros